L’Etat n’est plus L’Etat mais un cartel contre les citoyens.
La liberté n’a pas de prix car le prix de la perdre n’existe pas ou plutôt, il est incommensurable lorsqu’elle est prise injustement, attaquée ou détruite par un groupuscule d’individus qui se sait au-dessus des lois.
Alors que le 21 siècle est en train d’achever son premier quart, si on a vu depuis les 20 dernières années une propension importante à l’information, avec ce que l’on a appelé la révolution numérique avec internet; il est tout aussi important de savoir que la circulation rapide de l’information a aussi permis le déploiement rapide des méthodes visant à soustraire la liberté d’expression, soit par des menaces qui emploient les mêmes canaux ou alors par la subversion qui vise à discréditer l’information et celui qui la porte.
Les attaques sur la liberté d’expression sont endémiques dans une société intolérante, et il ne faut pas être devin pour comprendre que l’intolérance est la pierre angulaire de l’extrémisme. Forcement lorsque l’on fait dans l’extrémisme on ne peut que le faire en brisant les lois fondamentales, qui garantissent les libertés fondamentales des uns et des autres.
Noam Chomsky disait : « pour les puissants les seuls crimes sont ceux que les autres commettent ». Aussi il faut comprendre que, pour ces mêmes puissants le meurtre n’existe pas, car il n’est qu’un moyen comme un autre pour atteindre ses objectifs comme ceux de vivre à leur aise sans avoir un journaliste qui viendrait troubler leur quiétude, alors qu’ils exercent leur privilège bourgeois, y compris en pillant les biens public. Une notion de bien public qui dans cette même optique n’existe pas pour le puissant. Pour l’élite politique et économique de plusieurs pays, du nord au sud l’argent public est l’impôt que les pauvres payent aux rois qu’ils sont. Cela semble être caricaturale, pourtant on n’est pas loin de la réalité. Sinon comment comprendre le mépris affiché par la classe des élus politique et de l’oligarchie envers leurs concitoyens avec leurs habitudes de cleptocratie chronique, qui vont de l’incivisme fiscal au détournement massif de denier publics ?
En Afrique subsaharienne tout comme en Occident L’idée de roitelets d’état n’est plus une vue d’esprit, mais une réalité qui depuis a accouché des comportements encore plus pervers comme le meurtre.
Si on admet que dans les états modernes, le citoyen lambda donne le droit à ceux qui représente l’état à user de la force pour que justice soit faite, est-il encore logique de continuer à donner carte blanche, à un cartel de malfaisants qui depuis trop longtemps utilise l’Etat pour ses desseins personnels ? Les citoyens des pays corrompus de l’hémisphère sud comme ceux de l’hémisphère nord doivent-ils continuer à faire confiance à leurs gouvernants ? Les citoyens doivent ils continuer de donner à l’état la liberté de prendre leur liberté ? Et pour quoi faire, lorsque l’on sait que c’est une arme qui est utilisée contre les mêmes citoyens ?
Ces questions sont essentielles et devraient interpeller plus d’un.
Si au départ on admet que l’Etat c’est d’abord avant tout le peuple, qui forme un pays ses gouvernants y compris, il faut comprendre que la perversion de l’Etat ou plutôt sa prise en otage par des cartels élitiste a au fil des ans modifié la mission essentielle des Etats. A partir du moment où la notion d’état moderne a commencé à renvoyer plutôt à l’idée de la puissance des gouvernants sur les gouvernées ; la maxime qui dit « l’Etat c’est nous tous » est devenue obsolète, ou plutôt inadéquate ; car de nos jours il serait plus exact de dire que l’Etat c’est eux et le « Eux » doit être compris comme la caste des roitelets qui font la pluie et le beau temps.
Il ne faut pas être un agrégé en droit public pour comprendre que les Etats sur leur forme actuelle ont perdu ce qui faisaient leur essence, à savoir une entité commune au service du peuple. En fait l’Etat est devenu ce monstre froid qui broie le peuple sous la férule d’un membre de la classe des privilégiés. Et du coup dans cette vision de chosification de l’État, comme Object appartenant à une certaine classe, le crime d’Etat ou plutôt le crime du cartel qui contrôle la force régalienne n’est devenu que chose logique.
Alors que l’actualité mondiale est échaudée avec des affaires comme celle du meurtre crapuleux du journaliste Camerounais Martinez Zogo, dont le seul crime fut d’avoir attiré l’attention du peuple sur les détournements massifs de la fortune publique par les apparatchiks de Yaoundé, on est en droit de poser la question de savoir, aussi bien dans les démocraties dites avancées que dans les taudis dictatoriaux de l’Afrique subsaharienne, si les Etats sont devenus essentiellement des entités qui servent à faillir les citoyens, et à servir les nantis, qui trouvent un malin plaisir à narguer la populace, avec des discours parfois pompeux qui ne servent pas à dire la vérité sincère au peuple, mais plutôt de manière pernicieuse à glorifier leur ego et leur éloquence. La crise des discours est aussi la crise de la vérité, car les politiciens de manière perverse non seulement ne disent pas la vérité, mais surtout en général se mettent en vitrine dans un exercice d’auto flagornerie et de remontrance envers les moins nantis, que des peuples abusés et manipulés ont du mal à comprendre, pas par ce que le degré de compréhension du citoyen lambda se serait réduit à sa plus simple expression, mais surtout par ce que ces discours sont creux et inaudibles malgré l’usage des mots pompeux, qui au-delà du pédantisme, illustre bien les maux d’une société en perdition..
Les Etats ne sont plus des Etats mais des cartels, qui prennent des commissions sur les citoyens, le dire n’est pas faire dans la surenchère, surtout que l’on sait que les crimes économiques sont intimement liés aux crimes de sang. Si, la définition laconique du crime d’Etat stipule que c’est un crime commis par un ou des représentants élus ou désignés d'un État souverain, en utilisant les moyens qui relèvent de l'autorité souveraine, comme l'administration et les forces armées, il est logique de penser que la force publique est depuis longtemps devenue une force privée qui défend avant tout les intérêts des cartels au pouvoir aussi bien dans l’hémisphère nord que dans l’hémisphère sud.
Si on a l’impression que de manière paradoxale les démocraties avancées et les dictatures tropicales n’ont jamais été aussi proches dans leur mode de fonctionnement, il faut plutôt comprendre que l’une a engendrée l’autre. Les historiens honnêtes peuvent confirmer que les démocraties occidentales ont toujours soutenu les dictatures tropicales, et ce depuis au moins les années 60, manipulant les élections et assassinant les figures politiques comme Lumumba au Congo; malgré les discours officiels qui semblent dire une autre vérité. Ces tours de passe-passe de l’horreur n’étaient pas toujours pour contrer l’union soviétique pendant la guerre froide, mais beaucoup plus, pour s’assurer qu’une élite tropicale corrompue servirait mieux ses intérêts, que ceux de leurs concitoyens spoliés.
Au lieu de continuer à enseigner dans les universités ce que devrait être l’Etat, il est temps que les universitaires définissent et analysent la cartellisation des états où règne népotisme, racket, trafic d’influence et crime, pour trouver les moyens de sortir de cette déliquescence qui prend des propensions dangereuses.
Hubert Marlin Elingui Jr.
Journaliste
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