Evolution ou dévolution l’homme moderne progresse ou régresse
Boris Vian disait que l’évolution inéluctable est parallèle à ce grand courant qui part du singe pour aboutir à l'homme, et qui de la même manière part de l'homme pour aboutir à l'imbécile.
Si du point de vue physiologique de la science cartésienne on ne s’entend pas déjà sur ce qu’est l’évolution car rien ne prouve que l’anthropocentrisme qui fait de l’homme le maitre absolu de la terre est une science exacte. L’échelle de valeur humaine, ne prend en compte que le monde dans la compréhension humaine, qui au fil des siècles s’est contentée de parler par la voix des forces dominantes dans l’aire du temps. Le monde selon la compréhension Mandingue, Ouighours, ou occidentale, diffère grandement, cependant l’échelle de valeur la plus usité aura toujours tendance être l’apanage de la civilisation dominante.
Les scientifiques depuis toujours ont évalué les organismes non humains selon l'anatomie et la physiologie humaine, et concluent à tort que les humains sont le produit ultime, et pire ils admettent volontiers que l’évolution a pour principal objectif de rendre service à l’homme qui serait ainsi le maitre des céans. Si l’on peut toutefois admettre que l’influence de l’humanité sur la terre reste hyper prépondérante vu ses dégâts sur la modification du relief la pollution et l’extinction de certaines espèces y compris celle du règne humain. L’homme n’est pas forcément le centre de l’univers même s’il semble mieux comprendre le monde, il ne sait pas qui du dauphin de la mer baltique, ou du singe de la forêt équatoriale du Congo, a une meilleure compréhension de la nature et du monde, car il ne saurait communiquer avec et comprendre les autres espèces.
Les cloisons étanches qui existent entre les animaux et les hommes, existent aussi hélas entre les hommes de différentes origines. Aussi, certains à cause de leur coutume ou choix de vie, sont appelés indigènes, un terme qui dans la terminologie occidentale n’est pas moins péjoratif, même si de l’autre côté il faut admettre que l’occidental lui-même dans sa manière d’être et d’agir n’est pas toujours décrit sur son meilleur profil par les cultures étrangères nonobstant son histoire trouble avec les peuplades diverses.
Le verdict des recherches sur les phénomènes d’évolution est sans appel, l’évolution doit être plutôt entendue comme la naissance, l’expansion, et le déclin, un triptyque infernal qui depuis des milliards d’années régit le code terrestre. En fait, plus de 99% de toutes les espèces qui ont vécu sur terre ont toujours disparu, ce qui sous-entend que la règle selon laquelle les espèces pour pouvoir vivre dans un monde en mutation doivent elle-même muter n’est vrai que sur 1 pour cent des cas.
Si les théories de l’évolution restent sujettes à la caution, car rien ne prouve jusqu’à présent que l’homme viendrait du poisson ou du singe, il est important de souligner que ce sont plutôt les conditions naturelles qui ont facilité l’expansion de l’humanité. Dans un monde où il y aurait eu des Dinosaures mangeurs d’hommes, l’humanité aurait eu très peu de chances de se développer tel qu’on la connait aujourd’hui.
C’est une notion plus grande qui définit qui survit sur terre ; et cette notion-là est plus liée à la nature qui elle est bien entendue le maitre ultime de la vie sur terre. Le changement de climat, les évènements écologiques, et extraterrestres comme la chute des comètes sont ceux qui ont changé radicalement le cours de la vie sur terre ; et non l’homme qui n’est qu’un habitant d’une planète qu’il essaye depuis de maitriser de manière souvent illusoire. L’homme n’a pas les moyens physiques ni technologique d’enrayer une éruption volcanique ou de stopper l’impact de la terre par un corps céleste tout aussi dense. Comme le montrent les archives fossiles, l'extinction est une réponse parfaitement naturelle, et même assez courante aux conditions environnementales changeantes.
Lorsque les espèces évoluent ou se développent dans un environnement donné, ce n'est pas par nécessité mais plutôt parce que leurs populations contiennent des organismes avec des variantes de traits qui offrent un avantage reproductif dans un environnement changeant. Aussi par exemple le gène de la peau claire qui actuellement est l’apanage des populations de l’hémisphère nord était bien présent dans les populations noires qui quittèrent le berceau de l’humanité qu’est l’Afrique.
Même si beaucoup restent sceptiques sur l’expansion phénoménale du phénotype pale, dans un intervalle très réduit environ 5000 ans, il est indéniable que le développement des humains communément appelés blancs n’a été possible que par ce que les premiers humains avaient déjà ce gène qui se trouvait opportun pour la vie dans des zones très froides du globe terrestre.
Cependant il est important de savoir que la théorie d’évolution par l’adaptation n’est pas toujours exacte, car de nos jours il ya bien des noirs qui vivent dans des régions très froides sans pour autant périr ou changer de peau, et il y a les hommes à peau blanche qui vivent dans des régions les plus chaudes. Quand il fait froid ou chaud tous les hommes, peu importe leur race ou phénotype génétique le ressente, et par conséquent en subissent les effets secondaires, même si la morphologie tendrait à rendre certains plus sensible à certains phénomènes.
En fait si l’on admet que certains peuvent bronzer en région tropicale, l’adaptation évolutive n’existe pas, car tant que le seuil de tolérance reste propice à la survie d’une espèce elle continu de vivre mais lorsque les conditions nécessaires à sa survie ne sont plus réunies l’espèces en question s’éteint tout simplement.
Du point de vue sociétal, la notion selon laquelle certains humains seraient plus évolués les uns que les autres, présume qu'il existe une hiérarchie préférée du style et du mode de vie. Aussi pour marcher, les jambes avec les pieds étaient meilleures que les jambes avec des sabots, ou respirer avec les poumons serait mieux que respirer avec les branchies. Ceci serait des assertions vraies dans la conception occidentale qui s’occupe de son paradigme ethnocentrique, oubliant que les poissons ne seraient plus des poissons si on les forçait à avoir des poumons et pire, s’ils devraient quitter les eaux pour vivre sur terre, ils feraient face à d’autres difficultés, car avoir les poumons ne suffirait pas. Se déplacer sur leur nageoire sur terre serait chose pratiquement très difficile.
L’allégorie est frappante mais elle explique mieux le danger de l’universalisation de certains principes dont l’on clame haut et fort l’indispensabilité pour tous. Et si la vision occidentaliste était erroné, et serait plutôt l’élément déclencheur de l’extinction de l’espèce humaine ?
Une question qui n’est pas sans fondement car l’expansionnisme occidental a amené beaucoup de problèmes et réglé en apparence certaines problématiques en se créant surtout un moyen de profit capitaliste.
Dans le domaine de la santé si l’on compare les taux de mortalité dans l’Égypte antique, et dans les communautés natives d’Amérique latine comme les indiens ou de la forêt équatoriale africaine comme les pygmées, à ceux des populations dites civilisées le ratio semble plutôt militer en faveur des populations dites indigènes dont la seule hécatombe en générale ne survient souvent que lors de leur contact avec ce qui est communément appelé la civilisation. Un choc phénoménal qui parfois a mené au bord de l’extinction certaines variétés de l’espèce humaine.
Le choc des cultures créé des populations hybrides en perpétuelle crise identitaire. L’acculturation des populations qui ont connu l’esclavage, ou la colonisation est un fléau abyssal. Si pour Emmanuel MOUNIER « la plupart des Noirs ont honte d'être noirs, une honte secrète qu'ils ne font pas la leur, mais qui hante jusqu'à leur fierté. » il faut cependant noter que le rejet identitaire qui avait atteint son apogée dans les année 80 et 90 est entrain de connaitre un chute vertigineuse avec le regain d’intérêt pour les nouvelles générations d’africains et d’afro descendants, de l’Afrique et de l’africanité , un signe qui montre s’il fallait encore le prouver que ce qui depuis est considéré comme la civilisation occidentale est en plein déclin, car cette dernière a failli dans sa mission dites civilisatrice en se forçant de formater des êtres qui ne pouvaient qu’être réfractaires au biotope ou société à eux imposée, à cause des règles rigides qui visent leur asservissement perpétuel, beaucoup ont attendu le moment propice pour partir dans leur direction non sans récupérer le bagage de leur expérience dans la société occidentale.
La société occidentale a toujours pensé à se pérenniser alors qu’elle connait la crise des valeurs qui la frappe actuellement, elle essaye d’appliquer des méthodes radicales qui sont à peine visibles.
Jean-Claude Michéa dans son ouvrage L’enseignement de l’ignorance et ses conditions modernes, explique que le déclin régulier de l’intelligence critique, c’est-à-dire de cette aptitude fondamentale qu’a l’homme de comprendre à la fois dans quel monde il est amené à vivre et à partir de quelles conditions la révolte contre ce monde est une nécessité morale, voire vitale, n’est plus à l’ordre du jour dans les enseignement dispensés dans le cursus académique, tandis que les médias font le reste. Il estime qu’en altérant le jugement critique qui repose sur des “ bases culturelles minimales, l’enseignement de l’ignorance, comme “ la destruction des villes en temps de paix, est au centre du dispositif d’acculturation que produit le mouvement du capital. Car ceux qui n’ont plus de culture, forcement consomme celle de la force dominante. Par exemple en France si les artistes français, et les cinéastes français ne sont plus capables de remplir les arènes, les musiciens américains et les films hollywoodiens à cause de l’acculturation que les Etats -unis ont depuis imposé à la France se produisent à guichet fermé. La destruction de la culture des autres est une guerre économique sans précédents, si par un curieux concours de circonstance les coupes de cheveux et les tresses africaines devenaient la norme acceptée par tous, combien gagneraient les coiffeuses africaines, et qu’est-ce que cela rapporterait à l’Afrique en termes de respect morale et de devises étrangères ?
En Afrique si la culture reste forte à cause des coutumes rigides et de la misère qui empêche la pénétration de certains outils d’acculturation comme les médias, le cinéma, la musique, la situation n’est pas moins critique.
Le capital ne fait pas cruellement défaut à l’Afrique, meme si elle n'en profite pas, elle est à la base du capital ; produisant à profusion les matières premières nécessaires à ce monde capitaliste. Paradoxalement en aval, c’est la population africaine qui est en danger, car elle n’a pas de pouvoir d’achat pour consommer les produits manufacturés et du coup elle commence à se trouver dans une situation où les conditions qui devraient faciliter son extinction commencent à être réunies, avec l’expansion continue de la société capitaliste qui ne pense qu’à maximiser son profit. Ce qui sous-entend acheter les matières premières pour moins que rien. Le déséquilibre outrageant des termes de l’échange entre le nord et le sud, provoque une paupérisation génocidaire de la populace noire des tropiques qui n’est pas un marché pour les produits manufacturés par l’occident, à cause de la faiblesse de son pouvoir d’achat. Aussi la logique d’une Afrique sans les africains n’est plus une vue de l’esprit la multiplication des conflits génocidaires, en Afrique subsaharienne, sont une guerre de dépeuplement strictement liée à la prédation des ressources minières du continent.
Pour survivre l’Afrique doit redéfinir ses priorités et « re-culturer » et les mouvements africanistes doivent prendre le relais et éviter de tomber dans les mêmes écueils qui plombèrent l’expansion des mouvements comme le négrisme de la caraïbe hispanophone et la négritude qui naquit en Europe et aux Etats-Unis s’encrant dans les thèmes ou les phénomènes littéraires qui dérivèrent du même radical prônant une prise de conscience de la populace noire mondiale dans un monde hostile. L’africanisme la fierté d’appartenir à l’Afrique et à son histoire riche semble être devenu un phénomène culturel, qui attire les foules et les mêmes prédateurs capitalistes. Aussi il faudra éviter que comme d’habitude la vedette soit ravie aux africains et afro descendants qui jadis firent face pour le meilleure ou le pire à un mouvement occidental de récupération de l’art africain, à la tête duquel les artistes Vlaminck, Apollinaire, Picasso, Braque, Derain, Léo Frobenius, et autres, dont André Gide, célèbre pour son Voyage au Congo (1929), piochèrent allègrement dans le réservoir culturel africain pour se faire un capital conséquent et gagner une notoriété fulgurante. Réduire l’africanité à un phénomène de mode et à un outil capitaliste est un procédé dangereux qui perverti le sacrée le rendant vulgaire, tout en le vidant de son essence.
Comme le disait Jean-Marie Abanda Ndengué dans son ouvrage De La Négritude Au Négrisme paru en 1970, " Un nouveau système de vie et de pensée du Négro-Africain, ne peut que forcer une nouvelle vision du monde". le négrisme, après sa timide prise de conscience, aura été considéré en Europe non seulement comme une mode du Noir introduite dans l’art et la littérature mais comme un paradoxe. Avant de gagner les lettres antillaises où, à l’époque, on a curieusement constaté que les premiers auteurs négristes étaient des intellectuels blancs qui, informés des travaux des ethnologues sur les survivances africaines dans le Nouveau Monde, s’inspirèrent des divers folklores afro-antillais pour créer leur fables. Dans la même veine les épopées américaines de Stan Lee avec sa panthère noire s’inspirent directement de cette logique de récupération de la culture noire, la tournant en phénomène de mode pour en faire un plat commercialisable lui vidant de son caractère sacré au passage. lire plus Sur www.flashmag.net
Hubert Marlin
Journaliste
Biologie sources: Scientific American