Entretien avec Nneka
La guest star de Flashmag ce mois est auteur-compositeur chanteuse et actrice. Nneka Egbuna Lucia est née la veille de Noël 1980 à Warri au Nigeria, d'une mère allemande et d'un père nigérian. À l'âge de 19 ans, elle a quitté l'Afrique pour l'Université de Hambourg, où elle a étudié l'anthropologie; alors qu’au même moment sa carrière musicale prendra de l’importance. Au début des années 2000, elle va commencer à travailler avec le Beat Maker de Hip Hop DJ Farhot, un producteur vivant à Hambourg. Très tôt elle gagnera l'attention du public en 2004 lors de sa performance comme acte d'ouverture de la star jamaïcaine de Reggae Dancehall Sean Paul, au Stadtpark d’Hambourg. Quelques mois plus tard, elle sortira son premier enregistrement, une pièce intitulée The Uncomfortable Truth (vérité inconfortable) produit par le label Yo Mama. En Avril 2005, elle va effectuer sa première tournée avec Patrice Bart-Williams jouant en Allemagne en Autriche et en Suisse.
Son premier album suivra la même année à l'automne. L'opus intitulé « Victim of Truth » (Victime de vérité) sera acclamé par la critique en Europe. Les années suivantes, elle confirmera son talent et son engagement sur les questions contemporaines, publiant des œuvres solides as No Longer at Ease en 2008, Concrete Jungle en 2010, et The Soul Is Heavy (l'âme est lourde) en 2012 et bien sûr My Fairy Tales qui est sortie le 2 Mars 2015. Nneka dans la ligne qui suit nous en dit plus sur sa carrière et sa personne, tout en donnant son avis sur des questions d'actualité, dans une interview ouverte. Vous ne serez pas déçus par la franchise de ses propos.
Flashmag: Bonjour Nneka c’est un plaisir pour nous et bien sûr notre lectorat de vous avoir aujourd'hui comme la vedette a la une, de la prochaine édition de Flashmag, merci de prendre quelques moments de votre agenda chargé pour répondre à nos questions. Sans plus tarder, nous rentrons dans le vif du sujet.
Flashmag: Vous êtes né au Nigeria dans la ville de Warri dans l'État du Delta, Warri l'un des principaux pôles d’attraction de l'activité des entreprises pétrolières dans le sud du Nigeria. C’est la capitale commerciale de l'État du Delta, comment vivre au Nigeria pendant les 19 premières années de votre vie a affecté le chemin que vous aviez à prendre plus tard?
Nneka: bien sûr être née au Nigeria a défini le type de personne que je suis aujourd'hui, aussi cela m'a donné une meilleure idée de qui je suis, comme personne, comme Nigériane comme femme, et aussi à cause du fait que je suis née dans une zone où il y a une importante exploitation pétrolière, avec ce que cela inclut, comme troubles sociaux et environnementaux, car en fin de comptes les populations riveraines ne reçoivent rien en retour sinon des méfaits liés à la pollution. Ce genre de situation d’injustice manifeste m'a donné le sentiment d'en parler, car cela me concerne en tant que personne, et en tant qu’une enfant qui a été élevée dans cet endroit, cela a laissé des mémoires assez vivantes dans mon esprit.
Flashmag: vous êtes arrivé en Allemagne à 19 ans pour étudier l'anthropologie à l'Université de Hambourg en dépit d'être une bonne élève, pourquoi avez-vous choisi de mettre l'accent sur votre musique?
Nneka: Premièrement à propos, je n’étais pas venu, en Allemagne pour étudier, à un certain moment, j’ai dû fuir le Nigeria. Je ne l’avais pas vraiment planifié à l’avance; la situation politique n’était pas si terrible à l'époque, en plus de la violence religieuse qui déjà faisait des ravages.
La musique a toujours fait partie de ma vie je la faisais avant même mes études universitaires, cela faisait partie de mon passe-temps favori, et à un certain point que je voulais explorer plus sur ce sujet, je voulais garder le secret aussi, mais simplement la situation a évolué naturellement, quand j’étais étudiante, en plus de la musique, j’ai dû jongler entre deux ou trois emplois en même temps, et bien sûr la musique était également un emploi à temps partiel qui m’aidait à payer mes factures d’école; parce que je n’avais personne pour me soutenir. Je ne voulais pas non plus emprunter de l'argent auprès des banques ou de l'état, parce que quand vous avez choisi d'emprunter, vous aurez à rembourser toute votre vie. J’ai utilisé la musique pour financer mes études.
Flashmag: à quel moment dans votre vie, vous vous êtes dit que la musique était votre vocation et comment a été la réaction de vos proches connaissances, et de la famille envers ce choix?
Nneka: Je n’ai jamais pris cette décision que j’ai fini mes études d'abord, en outre j’exerce toujours la profession d'anthropologue, archéologue, je ne suis pas seulement musicienne, je fais de la recherche scientifique aussi, je ne peux pas faire que la musique.
Flashmag: Donc, la musique vous aide en quelque sorte, à vous réaliser sur d’autres domaines dans votre vie?
Nneka: Certainement
Flashmag: Au moment où vous étiez devenu quelqu'un de remarqué dans la scène de la musique quel était la réaction de votre famille?
Nneka: Ma famille n'a jamais vraiment fait partie de mon éducation supérieur, de ma vie universitaire, j’étais vraiment indépendante. Après avoir passé plus de 3 ans en Allemagne c’est alors que j’ai décidé de retourner au Nigeria voir mon père, j’étais encore étudiante et même après quand j’ai fini mes études, je suis toujours retournée au pays. Faire la musique m’a permis de mieux me connecté à mon père et à ma famille, parce qu'à un certain point il y avait une rupture due à l’absence de près de quatre années, je pense que cela en quelque sorte nous a remis ensemble. Je pense en tout cas qu'il est aussi fier de ce que j’ai fait en utilisant la musique, non seulement comme un moyen de divertir, mais aussi de sensibilisation sur certaines questions cruciales. Je pense que vous en tant qu'Africain comme moi; je suis sûr que vous pouvez mieux comprendre cela.
Flashmag: vous avez commencé à travailler au début des années 2000 avec le hip hop Beat Maker DJ Farhot, comment la culture hip-hop a affecté l'artiste que vous êtes aujourd'hui?
Nneka: cela m'a beaucoup aidé parce que quand je suis arrivé en Europe, j’avais une connaissance très restreinte de ce qu’était vraiment la musique hip-hop. Tout ce que je savais, c’est la musique de Nas, les Fugees et ainsi de suite, je ne connaissais pas trop de grands noms, en quelque sorte, DJ Farhot m'a introduite dans le genre, de l'autre côté, lui-même il ne savait pas beaucoup sur la musique africaine, tout ce qu'il savait, c’est que les africains aiment la musique Reggae, et j’ai dû lui dire; nous ne faisons pas seulement le Reggae, en fait le Reggae vient de la Jamaïque, et en Afrique tout le monde ne fume pas le cannabis, nous avons plusieurs rythmes en Afrique, High Life, Afrobeat et ainsi de suite, nous avons une multitude de tribus et de genres ... en fait c’était un échange culturel et éducationnel. En même temps, pendant qu’il est de l'Afghanistan, il a cette influence Afghani mélangé à l'influence allemande, et moi venant d'Afrique, je suppose que cela a fait à ce que la musique soit si colorée.
Flashmag: lors de vos débuts quel était votre sentiment lorsque que vous aviez l’opportunité de partager la scène avec des artistes de renom tels que, Sean Paul, Bilal, Nas, Femi Kuti, les frères Marley ou Lenny Kravitz? Quelles leçons, avez-vous appris de ces rencontres musicales?
Nneka: J’ai beaucoup appris de ces rencontres, il faut être humble, peu importe où vous allez dans la vie l'humilité est très importante, et comment vous vous comportez, voire la manière dont vous devez communiquer avec vos membres de groupe. J’ai aussi appris beaucoup de choses sur la patience, avoir de la patience envers vous-même, de la patience dans la façon dont vous jouez, pratiquez vos compétences lorsque vous apprenez à jouer d'un instrument. Et consciemment cela m'a aidé à comprendre la responsabilité que nous avons en tant qu’artiste. Vous savez la musique est aujourd'hui presque plus grande que la politique. Nous avons beaucoup de responsabilités parce que beaucoup de jeunes sont à notre écoute ainsi que les aînés, alors il faut toujours garder cela à l'esprit.
Flashmag: vous semblez naviguer dans plusieurs styles de genres musicaux, hip hop, RnB, reggae, pop afrobeat, pensez-vous que tous les genres ont une approche différente pour le message que vous essayez de transmettre à votre public? Ou c’est juste une façon toucher plusieurs types de public?
Nneka: Je travaille librement si je finis par faire des enregistrements qui sonnent plus Reggae ou Afrobeat c’est ce qu’il en est. Mais il est évident que certaines personnes le prennent trop au sérieux essayent d'obtenir plus d'audience. Je n’ai jamais vraiment beaucoup pensé à cela. Et justement si c’était juste pour vendre de la musique, je ne ferais pas le type de musique que je fais. Je ne fais pas dans ce registre. Ce n’est pas cela qui me motive, je préfère mélanger plusieurs articulations musicales et être ravi de le faire.
Flashmag: vous chantez principalement en Igbo et en anglais, comment les langues que vous utilisez influencent votre style?
Nneka: Oui bien sûr, surtout quand je suis au Nigeria, quand les gens vous entendent chanter dans leurs langues ils se sentent plus connectés à vous, mais j’ai aussi commencé à chanter en anglais pidgin, je me sens émotionnellement attaché à ce que je fais, j’en suis passionné. Je pense que si je peux canaliser l'émotion, que je ressens lorsque j’utilise une certaine langue, alors j’aurais atteint l'objectif, qui est de toucher le cœur des gens. En attendant, je n’ai pas de barrière linguistique, parce que la musique elle-même est un langage universel. Vous n’avez pas besoin de comprendre les mots pour danser sur un air.
Flashmag: depuis votre premier album, « Victim of Truth » et bien sûr le second effort « No more at Ease » vous semblez avoir engagé le sens de votre art en parlant ouvertement de ce qui va mal dans le monde, en Afrique et dans votre pays d'origine le Nigeria . Vous avez dit, je cite: «il est important que les gens reconnaissent le fait qu'ils font également partie du problème," selon vous qu’est ce qu'il faut faire pour que l'Afrique et le Nigeria aillent de l'avant?
Nneka: Je pense que c’est exactement ce que nous devons faire. Nous demander, ce que nous pouvons proposer, au lieu d'attendre tout de nos gouvernements. C’est notre responsabilité individuelle. Au lieu de seulement blâmer. Oui, nous avons beaucoup de corruption. Il y a quelques temps je regardais une interview du président nigérian, une interview réalisée par CNN en 2013 avec Christiane Amanpour, franchement ce problème de corruption est là depuis des âges, nous ne pouvons pas vraiment dépendre de notre gouvernement seul. Nous même nous avons besoin de changer notre mentalité, il y a le tribalisme il y a la ségrégation, il y a le népotisme, et maintenant nous avons cette crise religieuse à cause de ces querelles tribales, si nous ne nous voyons pas comme un seul Nigeria, comme une seule Afrique il y aura toujours, certaines entités occidentales qui vont essayer de tirer profit de cette situation de chaos, il auront simplement le sentiment que puisque ces gens-là ne sont pas capables de s’entendre entre eux, alors nous avons l’opportunité de faire main basse sur les ressources et jouer aux échecs avec leurs dirigeants politiques comme pions. Nous disons en Afrique, cinq doigts font une main, si l'on en manque un, c’est un peu difficile, cela fonctionne, mais c’est difficile. Donc, nous avons besoin d'unité dans le pays, dans le continent et à partir de la base non seulement en surface. Nous devons être plus fiers de nous-mêmes, nous avons une mentalité qui est parfois très autocentrée, égoïste, et en même temps nous avons une faible estime de nous-mêmes envers les non-Africains, et c’est là deux extrêmes. Et il n’y a pas un sain équilibre entre ces deux aspects. Nous devons surmonter cela; il y a encore beaucoup relents de la mentalité coloniale là-bas, qui doivent être anéantis.
Flashmag: que pouvez-vous dire au sujet de la situation réelle vécue par le Nigeria et ses voisins comme le Cameroun, le Tchad, et le Niger, pensez-vous que si enfin ils se mettent ensemble pour faire face aux mêmes problèmes, cela va construire une meilleure perspective pour l'avenir?
Nneka: Je peux seulement l’espérer. Cependant c’est plus facile à dire qu'à faire. Vous savez, dernièrement, je regardais les infos à la télé, et je me suis dit qu’il fallait d'essayer de mettre un peu de foi en notre gouvernement, mais comme je l'ai dit tantôt chacun devrait faire sa quotepart, même si ce n’est pas assez grand, au moins vous aurez le sentiment que vous avez fait quelque chose, au moins vous avez essayé. Mais j’espère que cette lutte nous rassemble vous savez ...
Flashmag: selon vous que devrait être l'attitude des nations Africaines, en ce moment où le continent est confronté à un grand intérêt de la part des puissances occidentales et asiatiques?
Nneka: Vous savez que je suis un peu de la vieille école, je fais plutôt dans le registre de Thomas Sankara c’est-à-dire mettre à l’écart tous ces gens, (sourire), mais c’est une très drastique comme option… voyez ce qui se passe en Érythrée je regardais un documentaire sur ce pays, à la BBC, je pense qu'ils s’en sortent très bien par eux-mêmes, ils permettent à peine les touristes là-bas. Eh bien je ne sais pas les Chinois sont déjà en Afrique c’est définitif, et la plupart des grandes entreprises au Nigeria sont possédés par les Asiatiques, Chinois et Japonais. Je ne suis pas raciste, ni une personne de préjugés, mais je pense que nous devons nous construire nous-mêmes avant de nous ouvrir au monde, nous ne pouvons pas toujours compter sur les autres peuples, alors que nous avons la capacité, que nous avons les ressources, nous avons les moyens. C’est juste que nos leaders et nous-même devons mettre l'argent au bon endroit.
Flashmag: vous avez eu quelques interactions avec l'industrie du cinéma, composant des bandes originales de film et apparaissant dans quelques films… comment le cinéma influence votre art?
Nneka: je fais plutôt dans le documentaire comme par exemple la bande sonore de Sexy Money le documentaire que j’ai fait sur les prostituées au Nigeria, sur les femmes qui sont vendues dans le trafic sexuel, je préfère faire ce type de film que le type de film fait à Hollywood. Je suis plus pour le cinéma engagé, pour des films qui ont quelque chose à dire, et d'ailleurs je pense que c’est très difficile d'être actrice de cinéma Je suis presque trop réel pour jouer quelqu'un d'autre.
Flashmag: vous jouer de la guitare et de la batterie, jouer ces instruments vous a donné plus de confiance dans la confection de vos chansons?
Nneka: Oui, absolument, je me souviens quand je ne jouais pas, j’avais des gens qui venaient me dire écoute, tu devrais jouer plus, je suis encore dessus, je ne suis toujours pas parfaite, je ne suis toujours pas où j’aimerais être, je ne suis pas encore parfaite, mais bien sûr, cela vous donne plus de confiance.
Flashmag: votre cinquième opus est dans les bacs depuis le 2 Mars; un album intitulé My Fairy Tales (Mes contes de fées), que représente ce travail pour vous? Quelle a été la principale source d'inspiration?
Nneka: Eh bien, la principale source d'inspiration est le fait que, d'abord à propos, j’ai essayé de me détacher de ma zone de confort, je suis allé en France étudier une autre langue le français, et dans cette solitude j’ai rencontré des producteurs et je suis devenu plus ouverte à faire de la musique avec d'autres personnes, en général, je suis plus introvertie, quand je travaille sur ma musique; en ce moment-là, j’ai voulu m’ouvrir un peu plus. Donc ce qui m’a inspiré était de vivre dans un autre pays, j’ai écrit beaucoup de choses sur la diaspora africaine à propos des défis que nous devons relever dans notre vie quotidienne, les préjugés dus au racisme, j’ai écrit sur le sentiment d'être africain et de vivre dans des pays où on est toléré mais non intégré, même ceux qui sont nés en occident ne sont pas encore pleinement intégré dans la société. Ils ne savent pas où est leur place. Ce sont les principaux sujets, et aussi la maternité. Je ne suis pas encore mère, mais c’est un sujet majeur. Je ne sais pas, au cours de ces dernières années, il y a beaucoup d'irresponsabilité, qu’est ce qui ne va pas? Nous voyons les enfants mettre au monde des enfants, donc toutes ces questions ont foisonné dans mon esprit quand je méditais, passant du temps seule ...
Flashmag: parlant d'enfants voulez-vous avoir des enfants plus tard?
Nneka: Dieu a la réponse à cette question.
Flashmag: jusqu'à présent, la réaction du public envers votre single « The book of Job » (le livre de Job) est très positif, même si c’est vrai que vous avez eu pour habitude de sortir avec de bonnes vibes vous attendiez-vous à cette réception de votre nouveau travail?
Nneka: Pas du tout, j’étais un peu surprise au début, je me souviens que je voulais revoir les chansons quelques fois, et je ne pouvais pas le faire, j’ai quasiment enregistré les pistes entières dans mon ordinateur portable. Je me souviens du coproducteur, qui me disait écoute Nneka tu devrais revenir à l'enregistrement en studio avec ces chansons et je me suis dit, je pense qu'elles sont cool, comme elles sont, elles sonnent naturelles, donc nous avons eu beaucoup de réflexion à faire. Je ne pouvais pas imaginer que cet enregistrement allais aller si haut, bien sûr, j’ai foi en ce que je fais, mais ceci est un disque indépendant, et c’était la première fois pour moi de sorti quelque chose de façon indépendante, c’est une procédure différente une approche différente je me sens très proche des gens avec qui je travaille, le management, l'équipe de promo, les distributeurs et ainsi de suite. Vous savez, jusqu'alors, je n’avais été que sur un label majeur où vous n’avez pas ce genre de rapport avec les gens, avec qui vous travailler, vous ne voyez pas vraiment la quantité de stress qui est derrière le travail, cela m'a rappelé mes débuts et le soutien de mes fans a été impressionnant jusqu'ici.
Flashmag: Job est connu dans la Bible comme un homme sans peur qui pose à Dieu Quelques questions cruciales, nous avons le sentiment que, dans la même veine, vous poser quelques questions cruciales aux décideurs de ce monde est-ce vrai? C’est comme si vous demandez à ceux qui ont le pouvoir de faire bouger les choses de faire la bonne chose?
Nneka: Oui bien sûr, vous l’avez brillamment expliqué, mais en même temps j’ai ma relation avec Dieu. Je pense que Job était très fort, et je voudrais voir beaucoup d'autres gens et moi-même réagir de cette façon-là. Même si ça et là il y a des challenges, qui rendent la tâche plus ardue.
Flashmag: En regardant votre carrière jusqu'à présent si vous aviez à le faire à nouveau que changeriez-vous?
Nneka: Rien du tout
Flashmag: Plus tôt, vous parliez de l'image de l'artiste déclarant qu'ils ont une responsabilité depuis que leur profession a acquis une certaine notoriété au fil des ans et ils doivent être un exemple à suivre. Donc, je ne vais pas seulement parler des Africains, mais je vais parler de personnes noires dans le monde entier. Pensez-vous que l'image générale que les artistes noirs vendent partout dans le monde concernant les personnes noires est assez juste, malgré le fait que beaucoup de gens se plaignent de la mauvaise image qu’ils projettent sur la diaspora?
Nneka: Waouh! Celle-là est énorme, je pense que nous pourrions certainement être plus responsable ... mais en fait, cela dépend du genre d'artiste que vous êtes, certaines personnes le font juste pour l'argent et la célébrité parce qu'ils veulent être vu à la télévision gagner un Grammy ou un Oscar. Cela dépend de ce qui vous motive, c’est juste comme les chaussures dans un marché, vous avez des types différents. Celles qui sont pas chères, confortables, celles qui sont onéreuses, peu confortables, et ainsi de suite désolé, c’est la façon dont les êtres humains sont, et désolé de comparer ce que nous créons aux vulgaires chaussures. Cela dépend de ce qui vous motive, ce qui vous fait faire, ce que vous faites, si vous êtes concernés ou non. Je pense que nous devons être conscients des actes que nous posons, nous sommes une minorité; nous devons être concerné à cause de notre histoire. Carrément nous devons être concerné c’est tout ce que j’ai à dire. Nous devons être prudents et conscients
Flashmag: d’un notre côté, je pense qu'il est assez juste de ne pas blâmer seulement les artistes mais nous devons nous blâmer nous aussi, les journalistes. Ne pensez-vous pas que depuis que nous mettons tant de projecteurs sur un certain type de musiciens nous contribuons à ce problème, nous aidons ce type de comportement en l'exposant dans les médias, vous conviendrez avec moi que nous avons notre part de responsabilité?
Nneka: Bien sûr, je suis d'accord avec vous. Vous choisissez ce que vous diffusez, vous choisissez ce que vous écrivez, vous informez les masses, vous êtes l'intermédiaire, le filtre, vous êtes la pièce de montage de l'artiste. Je dirai votre responsabilité est encore plus grande. (Sourires)
Flashmag: Oui, tout a fait. Si nous ne montrons rien, ils ne verront rien (sourires)
Flashmag: vous me semblez être une artiste très sensible, est ce que vos sentiments et vos expériences personnelles entachent votre travail?
Nneka: Certainement, je pense que oui définitivement mon expérience en tant que personne, en tant que Nigériane, en tant que femme dans ce que j’ai vécu. Mais je ne voudrais pas que la vie dépende de ce que j’ai vécu. Je n’ai pas envie de donner au monde la même douleur, que je sens, je ne voudrais pas que le monde sente la même douleur, mais j’essaye plutôt de transformer cette douleur en quelque chose de positif, qui puissent donner des leçons bénéfiques aux gens c’est là que la musique arrive, c’est un processeur.
Flashmag: Malgré le talent des artistes africains l'industrie de la musique en Afrique est encore peu développée. Selon vous qu’est ce qui doit être fait pour donner aux artistes africains la place qu'ils méritent dans le concert des nations?
Nneka : ce n’est pas pour autant sous développée ...
Flashmag: par sous-développement je veux dire, les moyens dont ils disposent dans le monde occidental pour faire la musique ... en plus il y a un écart entre ce qui se fait ici et là-bas, pensez-vous que les Africains doivent suivre la voie de l'Occident ou suivre leur propre chemin?
Nneka: no man! Nous devons rester comme nous sommes, ils ne devraient pas être nous, et nous ne devrions pas être eux, même si c’est bon d'avoir ce mélange et les échanges culturels, ce qui est génial, mais quand il s’agit des capacités d'enregistrement en studio et de la gestion et de la distribution, nous avions toutes ces choses en Afrique dans les années 80 avant la crise des années 90. Pourtant, même Universal est au Nigeria je pense. Et il y a encore de très bon studio au pays. Je pense que nous devons projeter plus de lumière sur la musique en Afrique, la reconnaître, je pense que, jusqu'à présent, c’est sous-estimé, et mis à l'ombre et étiqueté comme un travail effectué par des gens qui ne veulent pas être des médecins, des ingénieurs et autres. Quoi qu'il en soit il s’agit de la mentalité aussi. Nous gagnerons en introduisant la musique dans le programme scolaire, cela peut aider nos enfants à devenir encore plus créatifs et inventifs dans d'autres secteurs. Je ne dis pas que tous nos enfants doivent devenir des musiciens, mais la musique peut les inspirer dans une carrière différente en ouvrant leur esprit.
Flashmag: Une vie sans cause est une vie sans effet quelle cause supportez-vous, en faisant des œuvres de charité?
Nneka: je les aide à se sentir mieux pas seulement par ma musique, j’ai une ONG appelée ROPE c’est l'outil majeur que nous avons utilisé pour aider les gens en Afrique, nous avons travaillé en Sierra Leone, au Ghana, au Nigeria. Et le principal objectif ne devrait pas être pour le monde de voir ce que je fais, mais de le faire en raison de l'amour, le faire parce que cela devrait être fait. Ces moments doivent être donnés par amour pour les gens et pour Dieu.
Flashmag: Alors que nous fermons ce discours avez-vous un mot particulier envers le public? Quelle est votre agenda des prochains jours?
Nneka: Un mot spécial faites ce que vous voulez, mais le faites-le à cent pour cent. Mon père dirait; Nneka, si tu laves les plats lave-les bien que quelqu’un t’observe le faire ou pas, que tu sois pressé ou pas. Lave-les comme si tu les lavais pour Dieu (Sourires) nous avons besoin de le faire à notre époque.
Flashmag: vous êtes en tournée maintenant?
Nneka: Oui, nous sommes en ce moment en tournée en Europe; nous serons en Amérique en Mai, nous nous y produirons tout le mois de Mai.
Flashmag: nous serons heureux de vous voir alors. Maintenant que nous terminons cet exposé, je suis très heureux de vous avoir eu aujourd'hui comme invitée vedette de Flashmag; notre lectorat se joint à moi pour dire merci pour cette causerie ouverte.
Nneka : Vous êtes les bienvenus, je vous remercie également que Dieu vous bénisse.
Entrevue réalisée par Hubert Marlin Elingui Jr