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Princess Erika, heroine de la musique


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Flashmag dans sa cuvée du mois de Décembre reçoit en « Guest Star » une grande dame de la musique contemporaine. Européenne de naissance, et Africaine dans les entrailles, Princess Erika la reine du reggae français n’a pas sa langue dans la poche. Dans les lignes qui suivent elle répond aux questions de la rédaction de Flashmag avec flegme et sans retenu aucune, nous parlant de sa vie et de sa carrière, tout en donnant librement son opinion sur certains sujets d’actualité.

Flashmag: Bonjour Princess Erika! Nous aimerions préciser que nous sommes heureux et les lecteurs de « Flashmag » avec nous de vous avoir comme invitée ce mois. Pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, pouvez-vous nous dire plus, sur votre personne, origines, cursus académique ; votre background en somme ?

Princess Erika : Bonjour! Je suis née à Paris dans le quatorzième arrondissement de parents camerounais intellectuels et musiciens par passion. J'ai suivi une formation musicale dès l'âge de 5ans (conservatoire etc…) puis je suis allée dans de très bonnes écoles et lycées et j'ai un DEUG en lettres modernes et littérature américaine.

J'ai formé différents groupes de musique avec mes sœurs très reggae et ensuite je me suis lancée en solo. Mon premier titre "Trop de blabla" est sorti en 1988. Et je dirai que j'ai toujours vécu dans une ambiance musicale.

Flashmag : D’où vous viens cette passion de la musique lorsque l’on sait que dès l’âge de 5 ans vous avez été admise au conservatoire de Paris. Fait plutôt rare c’est à croire que vous étiez une gamine surdouée ?

Princess Erika : Cette passion vient de ma famille. Quand je me suis rendue au Cameroun j'ai vu que toute ma famille du côté mon père est musicienne. Mon grand-père paternel était un banjoïste hors pair!! Et j'étais plutôt dans la moyenne vu le niveau de la famille!!

Flashmag :au conservatoire vous avez appris à jouer le piano et travailler les vocaux ; on s’attendrait à ce que vous, vous orientiez vers un genre de musique plus classique tel l’opéra, qu’est ce qui a été le déclic pourquoi avoir choisi de faire du reggae, qu’est-ce qui vous a influencé ? Et en tant que jeune artiste quels étaient vos modèles ?

Princess Erika : Le reggae est une musique de révolte parfaite pour délivrer des messages. C'est aussi une musique d'exil ce qui était mon cas, même si je suis exilée de la deuxième génération. Mes premières influences restent Bob Marley et David Bowie parce que ce sont de vrais chansonniers. Et Billie Holiday Pour le côté dramatique de sa vie...

Flashmag : pouvez nous donner un feed back sur votre sentiment lors de votre première scène ou était et en quelle occasion ?

Princess Erika :Ma première scène c'était lors d'un radio crochet en colonie de vacances et j'avais à peine 7ans. J'ai chanté Adam et Eve de Sheila et j'ai Gagné!! J'étais très fière.

Flashmag : très tôt vous vous êtes associée pour créer des groupes, soit avec vos camarades de classe du lycée, ou plus tard avec vos sœurs. Issue d’une famille de 4 sœurs vous êtes pratiquement toutes des musiciennes (the black hearts sisters) et en suite vous évoluez vers « the Royal Sound and the Princess » ou vous collaborer notamment avec le musicien Jamaïcain Dennis Brown, au début des années 80’ pouvez nous parler de cette époque de votre vie quel enseignement avez-vous tirez et comment cela à influencer votre future ?

Princess Erika : Les rencontres ont toujours stimulé ma création. Avec mes sœurs à la maison nous avions l'habitude de chanter et de travailler nos voix ensemble. J'ai toujours aimé travailler en groupe grâce à cet environnement ; j'ai rencontré beaucoup de musiciens et j'ai participé à plein de projets. Tout cela m'a permis une ouverture sur plein d'univers musicaux différents.

Flashmag : la deuxième moitié des années 80 sont à marquer d’une pierre blanche pour vous, car vous donnez naissance à votre fils Julien en 1985 l’année d’après, vous enregistrez à Londres votre premier album produit par vous-même. Le titre phare, « trop de bla bla bla », single de cet album est mis sur le marché en 1988, se classant à la modeste 39e place du top 50, ce titre connaitra un véritable succès plus tard lorsque utilisé pour un logo publicitaire peut-on en savoir un peu plus sur la genèse de cet album d’où vous ait venu l’inspiration pour le réaliser, et avec qui avez-vous travaillé pour le produire ? Tant il est vrai que cet album est considéré comme le tournant de votre carrière, ayant été une rampe de lancement en quelque sorte.

Princess Erika : Trop de bla bla est un titre que j'ai enregistré avec le groupe Aswad à Londres

et produit par Dennis Bowell (De LKJ). Il n'est sur aucun album!!! J'avais enregistré plusieurs titres avec Aswad et Dennis Bowell mais je n'ai sorti que celui-là à l'époque. Et j'ai payé avec mes petits sous car j'avais fait la bouffe pour Fela qui était venu enregistrer à Paris avec ses musiciens et qui cherchait des cuisinières…

Quand j'ai écrit ce titre je voulais parler avec sincérité et humour du milieu un peu macho chez les rastas et autres, des rapports de domination, et je me suis rendue compte que ça parlait à beaucoup de femmes…

Et le succès est venu tout seul…

Flashmag : puis suivront les albums « il faut que je travaille en 1990 » « Princess Erika » en 1992, « d’origine » en 1995 « tant qu’il y aura » en 1999 qui vous établiront en véritable diva de la musique reggae en France et dans l’espace francophone, tant le succès auprès du public sera grand quel est votre secret on est tout de même en admiration par ce que vous avez accompli ? N’était pas difficile d’être black et de percer dans ce milieu du show business un peu trop carrée parfois ? Ne vous êtes-vous jamais sentie sous-estimée à cause de votre couleur ?

Princess Erika : Le premier album est sorti en 1992 et s'appelle Princess Erika on peut y retrouver les titres Calomnie ou À la dérive de mes maux. C'est sur l'album "D'Origine" qu'il y a Faut que j'travaille sorti en 1996.

Oui ça reste très difficile de réussir en tant que black en France car on ne laisse qu'une petite place aux Noirs. Il y a toujours à un moment donné ce goulot d'étranglement… Il faut toujours se battre plus pour obtenir un résultat moindre.

Mais je ne me définis pas dans le regard des autres et je ne me sens sous-estimée que par moi-même… Et comme dit Frantz Fanon "C'est le blanc qui crée le noir".

Flashmag : merci pour la rectification… entre outre vous collaborez avec de nombreux artistes tels Marc Lavoine, Rita Mitsouko, Catherine Ringer, Pierpoljak, Sally Nyolo, les enfoirés et bien d’autres, en même temps vous écrivez pour les artistes tels les Nubians (embrasse-moi) ou Jane Fostin. S’il est évident que vous avez une maitrise de votre art qu’est-ce que cela vous a apporté artistiquement parlant? Ainsi que l’expérience humaine vécue avec ces gens du monde des arts comme vous ?

Princess Erika : Comme je vous l'ai dit j'adore les rencontres humaines et musicales. Avec chacun de ces artistes j'ai vécu des moments forts que je n'oublie pas. Ensuite on rencontre de nouvelles personnes et on vit de nouvelles émotions. C'est ce qui me fait avancer dans la vie donc ça m'apporte énormément!!!

Et je continue d'être ouverte à tout.

Flashmag : peut-on avoir votre point de vue sur la situation actuelle de la musique contemporaine, on a le sentiment qu’il n’y a plus de place pour les innovateurs tout semblant être formaté par les majors compagnie de production. On a l’impression d’écouter la même chose tout le temps ? Tout semblant être commercial ; y a-t-il encore moyen d’avoir des puristes comme vous se faire un nom en faisant la musique ?

Princess Erika : Tout à fait d'accord avec cette analyse: la musique d'aujourd'hui est formatée pour être consommée vite et en masse. Nous sommes programmés pour être des consommateurs et non plus des amateurs ou des mélomanes… Il faut toujours rester confiant et sincère c'est le seul moyen que je connaisse pour faire la musique qu'on aime et bien sûr le travail.

Flashmag : A partir de 2000 vous mettez en veilleuse votre carrière musicale pour mettre au monde votre second enfant Oudima en 2003, et surtout toucher à d’autres arts tels la comédie et le cinéma on vous a vue tourner aux côtés de Smain « charity Bizness », « le jardin de papa » de Zeka Laplaine en 2003, ou encore les planches du théâtre dans la pièce « le costume » de Peter Brooks en 2000 ;et « le Monologue du vagin » version française de la pièce de Eve Ensler, pourquoi cette incursion dans le domaine de la comédie, quel expérience artistique avez-vous tirez ? Une autre manière pour vous de passer votre message? En outre comment être mère a-t-il influencé votre carrière ?

Princess Erika : J'aime que l'art soit pluriel et pouvoir l'exercer de cette manière, c'est un luxe. J'ai eu la chance qu'on m'appelle pour jouer la comédie et qu'on me fasse confiance et j'ai appris beaucoup de ces nouvelles expressions, surtout au théâtre avec Peter Brook. Tous les jours avant de jouer nous faisons des exercices pratiques pour rester vifs!!!

Être mère m'a poussée à me dépasser et à rester combative quelque-soit la situation car je savais que je n'étais pas toute seule, je devais assurer pour mes enfants.

Flashmag : en 2005 vous retrouvez la scène musicale avec l’album « à l’épreuve du temps »un album de la maturité dont le titre en est révélateur, il est complètement produit par vous. Vous avez arrangé et écrit tous les lyrics quel message avez-vous voulu passer avec cet opus ? Était-ce une manière pour vous d’affirmer votre liberté d’artiste ? Si on prend en compte, ce que nous avons évoqué plus haut en matière de liberté dans la création artistique et l’emprise des majors compagnies dans la production musicale ?

Princess Erika : Oui c'est pour cette indépendance d'artiste que j'ai décidé de produire seule mon album À l'épreuve du temps. Mais j'ai eu des mauvaises surprises avec le producteur qui est venu à la fin pour reprendre le projet et qui est parti avec les bandes masters!!! Quand vous sortez du circuit sécurisé des majors vous prenez le risque de tomber sur de petits escrocs!!!

Flashmag : Vous êtes l’une des figures emblématique de la musique noires des années 80 et 90 qui de l’avis de nombreux observateurs furent les plus fastidieuses avec la déferlante du Rap, Funk, R&B Hip Hop Ragga sur les quatre coins de la planète aujourd’hui que penser vous de ce phénomène culturelle qui s’est essoufflé ? Qu’elles en sont les causes selon vous de son essoufflement ? Pensez-vous que la musique dites Black va dans la bonne direction ? Que faut- il faire pour redorer son blason ?

Princess Erika : Je pense que le hip hop n'est pas mort…encore. Mais comme toutes les musiques contemporaines comme nous le disions, plus tôt, le hip hop et le R&B se sont formatés. Je ne dirai pas la même chose du dance hall ou du reggae qui restent toujours des musiques urbaines underground. Et je pense que pour qu'un mouvement musical dure, il faut des "têtes d'affiches. Peut-être que nous en avons manqué en France dans ces musiques là…

Flashmag : En 2011 vous sortez votre 5eme opus « Juste Erika » pouvez-vous nous en dire plus sur les thèmes qui y sont abordés et par qui est ce qu’il a été produit cet album ? Avec qui est ce que vous avez collaborez pour son élaboration ? Ou a-t-il été enregistré ? Ou est-ce que l’on peut se le procurer est-il disponible aux États-Unis?

Princess Erika :« Juste Erika » a d'abord été enregistré chez Mariano Beuve un grand

producteur de Hip Hop. Nous avons travaillé pendant deux ans et il est mort brutalement au moment où nous finissions les mixages… Donc, comme je ne me suis pas entendue avec son ayant droit, j'ai tout recommencé avec un nouveau producteur Khalil Maouène, le frère d'Assia. Nous avons enregistré au studio Davout. C'est un album fait avec des musiciens que nous avons choisi Khalil et moi.

Flashmag : Princess Erika est-elle une artiste engagée ? Quels sont ses idéaux de société ? Tant il est vrai qu’une vie sans cause est une vie sans effet ? De quelle manière aimerait-elle contribuer à l’édification d’un monde meilleur ? que pense-t-elle de la période de mouvements sociaux qui secouent actuellement le monde, en Afrique, en Europe, en Asie et en Amérique ?

Princess Erika : Je pense que l'édification d'un monde meilleur passe par sa propre amélioration, des remises en question. Je pratique cela tout le temps et j'espère m'être un peu bonifiée avec le temps.

Ce qui se passe en Afrique en ce moment est édifiant d'ailleurs je remarque qu'à la CPI il n'y a que des chefs d'états africains… À croire qu'il n'y a de crimes qu'en Afrique… ça donne à réfléchir sur ce que l'Afrique doit réclamer à l'Occident: la justice équitable!!

Flashmag :êtes-vous satisfaite du chemin parcouru jusqu’aujourd’hui ? Si c’était à refaire que changeriez-vous ?

Princess Erika : Oui je suis satisfaite car j'ai toujours l'impression d'évoluer et d'aborder des territoires inconnus. Aujourd'hui par exemple je participe régulièrement aux Grosses Têtes de Philippe Bouvard sur RTL!!!

Flashmag : avant de clore les débats y a-t-il une autre question un autre sujet dont vous auriez aimez nous voir évoquer mais dont hélas nous aurions omis ?

Princess Erika :L'affaire DSK?? Non je rigole!! Non tout va bien, on a bien parlé!!

Flashmag :un message pour clore à l’endroit de vos nombreux fans et lecteurs de Flashmag ainsi que votre agenda pour les mois à venir ?

Princess Erika :J'apprécie la vie chaque jour et j'essaie de lui faire honneur! Je souhaite à tout le monde d'avoir une passion et un idéal ça aide pour tenir debout.

Mon agenda du début de l'année c'est des dates de concert, un livre très certainement…on y travaille!!!

Flashmag : Princess Erika, Flashmag et tous ses lecteurs vous remercie d’avoir accepté de répondre aux questions qui vous ont été posée de manière franche et sincère.

Inertview Realisée par Hubert Marlin Elingui Jr.


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