La misère rend-elle plus croyant ? Le cas des Africains du continent et de la diaspora
Dieu créa l’homme, ou l’homme se créa un Dieu à la mesure de ses aspirations ? Question fondamentale, quand il en vient à comprendre le sens de la foi et de la croyance en Dieu. Depuis que la terre est terre, et que l’être humain y vit, la croyance en un être divin créateur du monde et de l’univers a trouvé son existence dans le questionnement des premiers hommes sur la terre , qui rationnellement vinrent à la conclusion que le monde dans lequel ils vivaient était trop bien agencé pour que ce fut un simple hasard ou une création spontanée. Une posture qui sans forcément remettre en question les théories du bigbang de notre ère admet de facto que le bigbang lui-même était déjà quelques choses de réfléchi. Qui aurait eu l’idée de créer un bigbang qui plus tard créerait la vie sur terre ? Sinon une force contrôlant ce même bigbang pour l’utiliser à des fins que nous vivons tous aujourd’hui.
L’africain animiste voit Dieu partout, un Dieu qui se matérialise dans tout ce qui concoure à la vie sur terre ; et il n’a pas besoins de religion particulière pour interagir avec ce Dieu, car selon la sagesse africaine Dieu, anime aussi les êtres humains de son esprit, d’où le terme animiste.
Les religions Abrahamiques qui viendront plus tard ne sont que le fait d’une certaine socialisation de l’humanité. Socialisation qui avec elle a amené le concept de hiérarchisation et de domination des uns sur les autres. Aussi avec ces religions, dont le christianisme et l’islam sont les principales forces motrices, Dieu ne peut être atteint qu’en adhérant à un certains culte bien défini par un prophète dûment désigné par Dieu lui-même. Aussi un Dieu dont les dignes fils et prophètes ne sont pas africains a forcément fait des noirs, des moutons noirs des religions abrahamiques. Pourquoi Dieu un être si juste, a si bien fait les choses que les africains ne sont pas dignes de recevoir la primeur de sa volonté et de ses enseignements ? Les africains ne parleraient- ils pas la même langue que Dieu, afin qu’eux aussi aient le privilège de recevoir la lumière de sa sagesse divine, sans passer par d’autres qui vinrent de l’occident et de l’orient pour leur imposer des religions? Les puriste africains diront sans doutes que la bible et le coran relate les histoires des vainqueurs et que s’il n' y a pas de textes qui rapportent des expériences des mystique africains avec Dieu, cela ne sous-entend pas qu’ il n’y en a pas eu à l’exemple de Simon Kimbangu le mystique congolais qui passa la majeure partie de sa vie en captivité dans les prisons coloniales, et n’eut jamais l’opportunité de développer son ministère.
Il est d’ ailleurs intéressant de souligner que le salut congolais avec le terme Mboté Na Yo sous-entend que la lumière soit sur toi, loin de souhaiter le bonjour un jour d’affluence comme chez l’occidental, l’africain souhaite plutôt la lumière ; la lumière divine étant la vraie richesse. Cette Philosophie mieux expliquée par l’écrivain congolais Nsaku Kimbembe Sengele, qui ecrit “ MBOTE signifie: "reçois la bonne lumière que j'ai reçu moi-même" ou "brûle toi aussi du feu divin comme moi je brûle du feu divin" ou "brûle pour que tu éclaires". Celui qui salue transmet le feu, celui qui répond accepte ce feu. »
En tout cas la situation de la foi dans le monde est truffée d’un paradigme d’asservissement qui hélas place l’homme noir en position défavorable même aux yeux de Dieu tel que compris par ces religions importées. Aussi la religion et la croyance en Dieu ont par conséquent pris une coloration racialiste, si bien que désormais il existe un corollaire important entre la religion et l’assimilation d’un certain groupe d’individus à des dogmes. La croyance en Dieu et les religions qui sont intimement liés se manifestent mutatis mutandis dans la vie matérielle.
La vie spirituelle influençant directement la vie matérielle, comme jadis les animistes africains le comprirent, en définissant le lien rationnel entre la vie matérielle et la vie spirituelle, entre la pensée et l’action, l’énergie spirituelle qui donne vie aux corps solides liquides ou gazeux. l'animiste africains admet aussi qu’à chaque entité un esprit distinct, dont on invoque les faveurs en raison de ses besoins. Lorsqu'en cas de sécheresse, l’on voudrait la pluie en invoquerait ainsi l’esprit de la pluie. Ces esprits selon l’animiste concourent chacun à l’harmonie de la vie, en remplissant des fonctions distinctes dans une espèce de gouvernement dirigé par l’être spirituel suprême Dieu. L'animisme se distingue ainsi du paganisme occidental qui a une pléiades de dieux plus ou moins égaux, car il reconnait un seul dieu mais admet que le Dieu suprême a délégué certains pouvoirs à des sous dieux. Peu importe son appellation de Amen Ra, à Zambé ce Dieu suprême reste le même. Ce principe et bien d’autres prouvent que le monothéisme n’est pas que l’apanage des religions abrahamiques.
L’évolution occidentale de la croyance en Dieu du moyen âge, à la révolution industrielle en passant par siècle des lumières a consacré la croyance en la toute-puissance de la science cartésienne et rationnelle. Cet état des choses va aider dans un autre sens l’évolution des sciences occultes, qui elles en se concentrant sur les forces de l’invisibles exhortent celles-ci à se manifester matériellement en suivant un procédé pratique, des méthodes et rituels grandement inspirés de la religion traditionnelle et du rationalisme.
L’occidental grandement influencé par le capitalisme bien défini par l’érudit allemand Max Weber 1864 - 1920 qui dans son ouvrage l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme (Die protestantische Ethik und der Geist des Kapitalismus) admet que le rationalisme protestant a aidé les habitants de l’Europe du nord à accumuler les richesses et à faire des investissements rentables. Aussi les occidentaux en recherchant directement un résultat palpable, vont vulgariser des sociétés secrètes comme les roses croix ou les franc-maçonneries, qui nées dans l’église catholique romaine,( Franc-maçonnerie Templiers, et société de Jésus ou jésuites - Rose croix Schisme chrétien, Templiers, Huguenots , cathares protestantisme, Martin Luther portait fièrement les emblèmes des roses croix ) sont toutes des sociétés influencées par le spiritisme qui est la manifestation matérielle des esprits que l’on utilise pour influencer la vie et les évènements. Aussi il est monnaie courante d’admettre en occident que l’appartenance ou non de certaines personnalités occidentales aux sociétés secrètes définit leur bonne ou mauvaise fortune, et par conséquent leur importance dans l’échiquier social, Tandis que le contrôle de différents évènements qui marquent depuis plus de 500 ans la vie occidentale, est souvent à tort ou à raison imputé à des réseaux d’influence du monde de l’occulte.
Dans la même veine le monothéisme occidental au-delà de consacrer un seul Dieu, est plus le reflet de la conscience capitaliste occidentale, qui au lieu de traiter avec les sous dieux de son environnement, veut passer au Dieu suprême sans autre forme de procès en capitalisant sur le temps et les résultats imminents, vouloir le paradis sans mourir résume bien cette idée.
Chez l’africain du continent et de la diaspora la croyance en Dieu et à tout ce qui touche au monde immatérielle reste assez grandement influencée par la société dans laquelle il évolue, et son vécu quotidien marqué, par la misère la souffrance et le désir d’acceptation des autres, un fardeau qui en a fait de lui un être sans fondement spirituel intrinsèque, empruntant à gauche et à droite des éléments religieux et spirituels altérés qu’il avait pourtant mieux définie dans son passé avec l’animisme . Cette situation est grandement préjudiciable à l’Africain, cette dichotomie et ambivalence entre sa culture et les préceptes importés en ont fait de lui une espèce d’hybride spirituel sans précédent, un original greffé des imitations altérés de sa personne...
Au demeurant les adeptes des religions Abrahamiques, comme le christianisme et l’islam ont depuis très longtemps assimilé les dogmes religieux importés en y ajoutant une inculturation qui semble faire plus de mal que de bien. Dans une espèce d’alchimie nocive beaucoup de noirs sont arrivés volontairement ou involontairement, à la conclusion selon laquelle la vie en elle-même devrait être quelque chose de difficile et de misérable. il faut souffrir si on veut aller au paradis, et mieux on ne réussirait que si Dieu lui-même omniscient et omnipotent l’aurait ainsi voulu. Par un paternalisme béat l’on se dédouane, et l’on rejette la faute de ses échecs à ce père qui est aux cieux , et qui semble être lent à exaucer les supplications quotidiennes de ses enfants. Une situation qui est en directe antagonisme avec les principes des anciens africains qui dans l’animisme avaient reconnu à l‘homme la capacité d’être habité par Dieu, et donc par conséquent d’être capable d’influencer de manière décisive sa destinée au lieu d’être un simple objet entre les mains d’un Dieu adulé à cause de la crainte en lui. Le concept du bien et de l’amour est remplacé par la peur et la soumission, un principe qui a grandement préparé les esprits des peuplades noirs à l’esclavage. Pourtant dans la croyance des anciens africains l’homme est une excroissance de Dieu en étant animé de la flamme divine, et pour garder cette flamme et ce bien divin, l’homme devaient se comporter d’une certaine manière qui éloignerait de lui le mal, la misère la maladie et autres. L’homme respectait Dieu par ce qu’il se respectait lui-même, et mieux, il avait plus à gagner en suivant des principes liés à la bonne croyance qui lui étaient bénéficiaires, plus que la crainte de la colère de Dieu qui était en tout préjudiciable, l’autorité de Dieu reposait ainsi pas sur sa colère mais sur le bien absolu qu’il procurait. En outre quand les choses allaient males, l’africain ne s’en prenait pas simplement à Dieu il se savait lui-même responsable, puis que lui-même, il faisait partie de ce Dieu là, et forcement se remettait en question pour savoir où est que qu’il s’était fait du mal à lui-même ou est-ce qu’il avait fauté pour subir des conséquences. Le sage africain dit : " ne regarde pas où tu es tombé regarde plutôt où tu as trébuché"
Pareil au lien de causalité, l’africain animiste avait depuis admis le principe énoncé en latin , Nequaquam vacuum, à savoir que le vide n’existe pas, car pour lui si le vide se nomme vide, ce n’est pas parce qu’ il représente une entité vacante, mais il représente plutôt une entité remplie de substances non solides, comme l’atmosphère terrestre qui est chargé d’eau, d’oxygène et d'autres particules qui ne sont pas visibles à l’œil nue. Des entités avec lesquelles il faut vivre en harmonie, tout comme avec le grand tout qui est Dieu. La sagesse africaine dit on ne voit pas le vent mais on ne sent que ses effets. La téléphonie cellulaire et les ondes qui chargent notre atmosphère sont venus confirmées ce que les sages savaient déjà en Afrique. le vide absolu n'existe pas .
Le lien entre Dieu et les hommes tels que défini par les animistes sera repris par le christianisme dans certains de ses passages, en déclarant le royaume de Dieu est en vous. René Descartes plus tard avec le cogito ergo sum « je pense donc je suis » ne fait que réinterpréter l’expression de ce que l’on savais déjà dans l’Afrique antique où la création artistique fut très importante. Dieu créa le monde par sa pensée, et un homme qui pense peut créer alors il est aussi Dieu ou en tout cas une excroissance du créateur à qui il est lié. Les chrétiens diront plus tard Dieu créa l'homme à son image.
Cependant de nos jours pour les africains vivant sur le continent et en dehors, les choses sont tellement dramatiques qu’il ont fini par comprendre que dans ce « monde blanc », le plus important ce n’est plus les nuages noirs qui les plongent dans les abîmes de la misère, mais les éclairs de tonnerre dans le ciel noir, qui eux sont un présage de tempête. Aussi lorsque l’africain se questionne sur sa condition sociale il y a toujours un sentiment de : « cela aurait pu être pire » on se contente ainsi du moindre, en évoquant le pire au lieu de sortir du moindre pour exceller, oubliant que dans une échelle à 3 points constituée de l’excellent, du moindre et du pire, lorsqu’ on excelle on est deux fois plus éloigné du pire alors que lorsque qu’on est dans le moindre on est juste à un pas du pire.
La misère généralisée du peuple noir en a fait de l’africain de la diaspora et du continent un fervent croyant aux miracles, la situation sociale a atteint les cimes du scandale, si bien que logiquement beaucoup ne peuvent qu’espérer un miracle, et rationnellement on mets de l’entrain dans le travail au miracle, en s’ affiliant à toute secte au pouvoir de guérison et d’avancement social réel ou imaginaire. Lorsque la foi reste l’opium du petit peuple en lui donnant l’illusion d’échapper à la misère morale et matérielle, certains africains ont compris que l’occasion faisait le larron, et ont volontiers rejoint l’occidental dans la quête du bien matériel par la religion, à la simple différence que lorsque l’occidental lui, il avait intérêt à divertir l'africain avec la religion pour le « soulager » de ses biens , l’africain lui ne trouve des victimes que dans sa propre communauté, sciant du même coup la branche d’arbre sur laquelle il est assis. En détruisant sa propre communauté ce genre l’africain aspire hélas le plus souvent à être admis dans la communauté des autres, une fois qu’ il a acquis le butin de ses forfaits. C’est le cas des leaders africains qui pillent leurs pays pour se réfugier dans des palaces en occident, et c’est aussi le cas des célébrités noires qui vendent la destruction de la communauté noire en faisant de la propagande des comportements déviants pour pareillement se réfugier dans la communauté blanche avec le même butins de leurs forfaits.
Par Hubert Marlin Elingui Jr.