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Pourquoi je pense qu’Ava Duvernay sonne faux – l’interview qu’elle a snobé


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Il est parfois normal que ceux qui suivent l’actualité la commente et la propage, comprennent à travers les interstices des faits qui marquent notre temps, la signification de certains actes . Il y a un an le 2 février 2014, la rédaction artistique de Flashmag, se faisait un devoir pour la mémoire populaire des bonnes causes, d’avoir une interview de l’une des nouvelles coqueluches d’Hollywood côté réalisation, publiée dans ses pages. A l’époque nous pensions comme beaucoup d’autres qu’elle avait le profil de l’emploi dans la lutte des causes nobles, nous pensions que pour une fois le système avait produit une eau potable, mais hélas le temps nous a prouver qu’en général ce qui semble être adulé dans les media hollywoodiens, nage dans une eau trouble, ou se côtoie délusion, trafic d’influence traitrise et infamie.

Après une semaine à traquer le réalisateur par ses représentants nous avions afin trouver le sésame, une interview devait nous être accordée l’accord de principe était simple, avant qu’il ne devienne un non catégorique, la faute sans doute à une maladresse bienveillante, une infraction bienheureuse au code de déontologie. Dans le dessein de montrer la bonne foi de l’interviewant, et de son organe de presse et surtout dans l’optique d’avoir les meilleures réponses possibles aux questions qui devaient être posées lors de l’interview, un exemplaire des questions avait été envoyé à l’intéressé comme cela est souvent de coutume dans les milieux du show biz américain. On n’interviewe pas les personnalités sans qu’elles aient eu connaissance du sujet à traiter pendant l’entretien. Combien de fois ces célébrités ce sont écriées devant les medias « ce n’est pas ce dont on s’était convenu d’en parler! » en pleine interview télévisée. A Rome il faut parfois faire comme les romains font, mais bien mal nous en pris car notre interview fut envoyée à la poubelle. Qu’est ce qui aurait dont du motiver ce traitement? Voici un aperçu des différentes questions et jugez-vous-même pourquoi quelqu’un qui se targue d’être le fer de lance du mouvement de libération du cinéma noir américain a refusé justement de répondre aux questions qui gênent lorsque l’on sait que l’on mange dans la main de l’establishment blanc.

Flashmag: Bonjour Ava,

C’est quelque chose de très spécial pour nos lecteurs de vous avoir comme invitée vedette ce mois-ci, le moment, de cet exposé notre tribune est à vous, sans tarder nous allons rentrer directement, dans l’objectif de cet entretien. Est-ce que travailler comme agent commercial pour une entreprise qui avait sous contrat les meilleurs réalisateurs d’Hollywood était un tremplin pour votre entrée dans l’industrie de la confection du film?

Rien contre les autodidactes, ce phénomène a produit certains des esprits les plus brillants dans le genre, nous pensions qu’elle était de ceux-là mais apparemment non, elle aurait sans doute bénéficié du milieu, avec le sectarisme et le clientélisme qui y sévit. Hypothèse plausible. Sinon pourquoi ne pas en parler si c’est un point de fierté. Flashmag: est-ce que travailler dans l'ombre était une motivation particulière; lorsque que vous voyiez tous ces films dont vous faisiez la promo vous vouliez vos 15 minutes de gloire aussi, Ou tout simplement vous avez senti que vous aviez quelque chose à apporter, et prouver à vous-même et le monde?

Ceci nous ne le saurons jamais et épiloguer dessus, pourrait sonner revanchard sur les bords, alors qu’on ne l’est pas. Mais c’était une bonne question pour donner un exemple aux autres qui veulent faire carrière dans le domaine. Qu’est ce qui suscite les vocations est toujours bon à savoir. Flashmag: votre premier film a été un documentaire sur le Hip Hop sorti en 2008. Pourquoi avez-vous choisi de commencer par le Hip Hop? Était-il facile pour vous de le faire? Si vous avez à dire quelque chose sur le parcours de ce premier effort, que diriez-vous ?

Son documentaire sur le Hip hop sortie en 2008 est sans doute une ode au rythme qui a failli dans sa mission première qui était de susciter un sursaut d’orgueil de la population noire globale. À la fin des années 2000 faire l’apologie du hip hop peut être confondu avec une apologie à la destruction de la communauté noire par le gangstérisme et les comportements déviant. En tout cas elle sait ce qui s’y trame pourquoi le hip hop est devenu le keep down, ayant en premier travaillé dans la réalisation des vidéos clips. En tout cas ça aurait été cool qu’elle nous réponde au moins. Flashmag: Parlant du mouvement Hip Hop dans la communauté noire la dernière édition des Grammy (Grammy 2014) ont un goût amer dans la communauté afro-américaine, certaines personnes comme India Arie pensent que les Grammys sont à blâmer pour la chute de l'estime des musiciens afro-américains, la tendance semble de rester clair de musiciens afro-américains, les meilleurs rappeurs ne sont plus noirs par exemple. Que pouvez-vous dire à ce sujet? Lorsque d'autres blâment la qualité des enregistrements des artistes noirs avec leur absence de messages frappants et de positivité?

En 2014 la tendance était déjà là, la culture noire se meure entre les mains des noirs, si l’année dernière il y avait Macklemore Et Ryan Lewis qui ont tout raflé , cette année ce fut le tour d’Eminem et d’Iggy Azalea d’être sous les feux de la rampe, les noirs se font battre à leur propre jeu et c’est pas les jérémiades de Kanye West Contre Beck, Le gagnant du meilleur album de l’année aux Grammy qui devrait changer les choses, surtout quand on sait que la tendance de ces negro bourgeois c’est toujours de donner le meilleur aux autres races en les produisant sous leur label et en aidant leur carrière par des featuring et autres… ah ! J’oubliais Flashmag a un chef rédac noir, alors pas d’interview pour lui mais plutôt pour Ryan Seacrest avec joie…

Flashmag: votre film le plus acclamé à ce jour est "Middle of Nowhere" une histoire d’amour qui a recueilli plusieurs prix et distinctions, comme le Sundance Film Awards où vous avez gagné le prix du meilleur réalisateur en 2012, il semble que l'histoire de Ruby est le conte de la femme afro-américaine en général. Elle est toujours célibataire parce que le mari potentiel est toujours en difficulté. Si, aujourd'hui, 80 pour cent des femmes afro-américaines sont célibataires plusieurs auteurs comme moi, pensent que le darwinisme social est à blâmer, ce qui signifie que la société racialiste du monde occidental et en particulier aux Etats-unies, a érigé des lois draconiennes écrites et non écrites qui ne permettent pas l'amour entre les noirs de s’épanouir que pouvez-vous dire à ce sujet? Qu’est ce qui doit être fait pour changer cet état de choses?

Moi-même j’aurais flippé sur cette question la situation est grave mais ne pas en parler c’est faire partie du problème, le fait que certains de nous fassions partie de ces statistiques,ne devrait pas nous faire rougir au contraire libérer nos consciences du fardeau de la honte en parlant, sauf si certains pensent qu’il faille faire semblant pour plaire au système qui maintien cette injustice létale, dans les Amériques il y a un peuple qui se meurt à petit feu, il est une espèce en voie de disparition si rien n’est fait. Pas d’histoire d’amour, pas d’enfants, pas de noirs dans le future.

Flashmag: plus tôt nous avons parlé des Grammys et la présentation inexacte des artistes noirs, à Hollywood lors des Oscar ce sont les mêmes grincements de dents, ne pensez-vous pas qu'il est temps pour les Noirs de prendre conscience que les autres ne vont jamais leur donner le plus gros morceau de gâteau dans leur propre mariage?

sérieusement cette question était le pique de l’interview, j’attendais sa réponse ou sa non réponse, pour me faire une opinion de sa personne, comment peut-on espéré être l’invité de marque lorsqu'être le tapis rouge de la cérémonie est une situation qui nous convient et que l’on se batte parfois juste pour ça. En tout cas c’est bien d’être le tapis diraient certains car il n’y a pas de cérémonie à Hollywood sans tapis, en d’autres termes on peut leur faire n’importe quoi il y en aura toujours qui trouveront qu’il vaut mieux être dans ce bal d’hypocrite, qu’en dehors.

Flashmag: Parlant du AFFRM (African American film festival releasing movement) festival du mouvement de libération du film Afro-américain que vous avez créé quels sont les objectifs directs?

À ce jour j’ai jamais entendu parler de ce festival, je pense qu’il est plutôt un moyen pour réaliser des ambitions personnelles beaucoup jouent sur la sensibilité raciale pour atteindre leurs objectifs et une fois ces objectifs atteints ils n’ont cure. Quelqu’un qui revendique se battre pour la libération du cinéma noir américain ne se battrait pas bec et ongle pour être nominée aux Oscars, les Oscars qui après tout, sont une structure d’oppression de la communauté noire, Selma est sorti juste avant la nomination aux Oscars, ce qui sous-entend que le réalisateur visait les oscar, il a fait recette pendant le Martin Luther King Holiday (jour férié dédié au pasteur noir) comme quoi, on peut snober les noirs et espérer que les mêmes noirs nous rendent plus riche, quoi de plus normal, à Hollywood. Ce film s’il n’avait pas bénéficié du lobbysme du président américain, et de l'histoire noble dont il s’inspire n’aurait pas été nominé aux Oscar et lorsque que la réalisatrice et ceux qui la soutiennent osent prétendre qu’elle a été snobé d’une nomination comme meilleure réalisatrice on tombe des nues. Traiter d'un sujet important ne fait pas de vous des gens importants hélas. Souvient toi Ava les Oscar tu devrais t’en foutre tu milite pour la libération du ciné noir.

Flashmag: parlant de la libération du cinéma noir que pensez-vous du fait que les personnalités artistiques au teint plus foncé sont rares dans nos écrans, ne pensez-vous pas la question de colorisme in fine, torpille le progrès du cinéma afro-américain puisque lorsque plus de 90 pour cent des noirs Américains ont la peau foncée, 90 pour cent de ceux qui représentent l’Amériques noir à l'écran (exception faite du sport) ont la peau claire. Ne pensez-vous pas qu’ à la fin cette ambivalence est suicidaire? Aussi il est normal qu’à la fin un producteur en dépit de prendre pour les rôles ceux qui ressemblent aux blancs, il va plutôt choisir de vrais blanc pour les rôles?

Sujet Tabou et létale, la bouche qui mange ne parle pas dit le sage d’Afrique, Duvernay est elle-même de teint claire (métisse), alors forcément elle a eu des facilités que d’autres femmes noires n’auront jamais dans l’establishment hollywoodien à cause de leur pigmentation alors passons, la question en elle-même semble déjà sensibiliser sur le problème. en tout cas à Hollywood on dit parlant des noirs à l'ecran "being fair skinned is alright and being dark is bad." (être de teint clair ça va, mais être sombre c'est mauvais)

Flashmag : comment voudriez-vous que les gens commentent le sens que vous voulez donner à votre art, Si Hitchcock était le maître du suspense, qu’elle est la signature d’Ava Duvernay?

Mon erreur c’est de l’avoir mis dans une catégorie qui n’est pas la sienne sans doute alors on passe.

Flashmag: une vie sans cause est une vie sans effet est ce qu’Ava Duvernay est une artiste engagé? Quel est son combat?

Au vue de ce qu’il précède je laisse à chacun le choix d’apprécier. Tout en se rappelant ce que disait Sankara : « L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte, ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir. » Le comportement de l’establishment hollywoodien et de ses artistes noirs en est une triste illustration.

Hubert Marlin Elingui Jr.

Journalist Writer

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