Afrique: un continent sous occupation militaire
Toutes les armées du monde s’investissent en Afrique, le continent Africain une fois de plus est au centre de toutes les convoitises, tant et si bien que l’on a l’impression que c’est l’avenir du monde qui se joue en Afrique. Le continent dont les ressources minières ne sont plus à démontrer fait face cependant à une croissance exponentielle de sa population une donnée qui va à l’encontre des desseins de ceux qui espèrent faire haro sur ses ressources naturelles. Les armées étrangères en Afrique le sont sans aucuns doutes pour les intérêts stratégiques de leur pays respectifs, cependant il est légitime de savoir si ces intérêts cadrent avec les intérêts de l’Afrique et de sa population qui dans les années à venir devra disposer des moyens conséquents, pour notamment imposer un prix rationnel à ses ressources minière, si elle veut être capable de nourrir sa population grandissante.
Alors que les armées Africaines restent pour la plus part rudimentaires, les gouvernements du continent auront-ils assez de poigne pour protéger les intérêts de leur pays respectifs, lorsque l’on sait qu’en général ils sont assis sur des sièges éjectables, avec ces armées étrangères qui comme en Cote d’ivoire ont souvent été déterminantes sur le choix des locataires des palais présidentiels?
Quoi qu’il en soit l’influence des armées étrangères en Afrique, est proportionnellement liée à la fragilité des Etats africains et à leur subordination aux intérêts des nations étrangères, souvent plus développées qui en leur faisant miroiter du gain économique ou une protection qui n’a rien à envier au parrainage de la mafia pour les régents en place, hypothèque l’avenir des générations futures car il s’agit bien des forces d’occupation, et non d’aide au développement ou à la paix, car en fait beaucoup de ces forces représentent les pays qui sont à la base du drame de l’Afrique. En créant des problèmes, ces pays se sont arrogés le droit de trouver des solutions qui ne sont que des paravents à l’exploitation servile du continent.
On a pas tort de dire que rien n’a changé sous les tropiques; puis que le colon et son armée reste toujours maitre du jeu politique et économique.
La longue et peu glorieuse histoire des interventions militaires qui a commencé à l’époque des comptoirs esclavagiste et coloniaux, résiste au temps et aux époques, revêtant simplement des formes plus cyniques, comme la lutte contre le terrorisme, qui bizarrement a été le vecteur le plus important de la sauvegarde des intérêts occidentaux en Afrique par ses forces armées ces 20 dernières années .
Les zones les plus occupées sont aussi les plus stratégiques, à savoir le Sahel, la Corne de l’Afrique, et le golfe de Guinée d’où est issu plus 15 % du pétrole consommée par les Etats-Unis.
Le Sahel riche en ressources insoupçonnées, contrôle aussi la route migratoire empruntée par les jeunes hommes et les jeunes femmes qui traversent la Méditerranée, vers un el Dorado occidental. Parallèlement, c’est aussi une zone d’instabilité par excellence , où al Qaeda, le prétendu Etat islamique (EI) et Boko Haram sont présents. Le jeu de guerre qui s’y déroule a fait reculer le contrôle des Etats de la sous régions sur de vastes portions de leur territoire. Les différentes incursion des terroriste dans ces zones ont justifiés depuis la présence de bases militaires étrangères des pays occidentaux comme les Etats-Unis, et la France.
Cependant la fameuse guerre contre le terrorisme est dévastatrice pour les population riveraines, qui depuis payent un prix lourd aussi bien à cause de l’activité économique qui ralenti, que des migrations forcées des populations qui sont obligés de partir vers d’autres régions, abandonnant leurs terres et leurs moyens de subsistance.
Les terres ainsi abandonnées peuvent souvent être revendues aux pays qui veulent les exploiter comme la Chine, ou l’Arabie Saoudite, sans résistance aucune, tandis que les exploitations minières des grandes puissances occidentales dans des zone déguerpies comme à l’est du Congo restent prééminente dans l’exploitation servile du continent. En fin de compte il y a un effet pervers qui fait comprendre aux observateurs avertis que le terrorisme précède toujours une espèce d’investissement capitaliste.
D’un autre côté les gouvernants souvent décriés pour leur gestion scabreuse trouvent à travers les armées étrangères, des parrains qui les protègent contre une population souvent désemparée par la paupérisation, que lui inflige le système d’exploitation servile et les conflits qui le renforce. Les alliances stratégiques avec les forces étrangères permettent aussi aux dirigeants, comme Idriss Déby au Tchad, Ismaïl Omar Guelleh à Djibouti, ou Paul Biya au Cameroun de conforter leur pouvoir et de faire oublier leur bilan questionable.
Djibouti est incontournable, il se trouve sur le détroit de Bab-el-Mandeb, une porte d’entrée du canal de Suez qui est l’une des voies maritimes les plus empruntées au monde. Djibouti, est aussi au croisement des routes entre l’Afrique, l’Inde et le Moyen-Orient, et gagne beaucoup d’argent en accueillant les unités militaires de sept pays – les Etats-Unis, la Chine, l’Italie, la France, l’Allemagne, le Japon, l’Espagne et bientôt l’Arabie saoudite.
Le loyer de la seule base militaire permanente des Etats-Unis en Afrique, Camp Lemonnier, s’élève à 63 millions de dollars par an. La Chine, qui construit sa propre base de l’autre côté du golfe de Tadjourah, a fait une bonne affaire en payant un loyer de 20 millions de dollars seulement. Seul l’Iran semble avoir refusé de s’installer à Djibouti. Les bases impérialistes logiquement ne bénéficient pas aux populations, car tout cet argent semble plus servir la classe bourgeoise, que le peuple Djiboutien qui continu d’être l’un des plus pauvre d’Afrique.
Dans le Golfe de Guinée le Cameroun, le Nigeria, La Centrafrique, le Congo démocratique et le Gabon offrent des bases de fait aux armées occidentales. L’aéroport de Garoua dans le nord du Cameroun sert de base pour les drones qui officiellement frappent Boko Haram au nord-est du Nigeria. Il abrite des drones Predator non armés et quelque 300 soldats étasuniens. Une présence américaine qui intervient dans une zone stratégique où des ressources minières ont été récemment découvertes, et où la Chine commençait à être très présente. Il n’y a pas de doute que la présence américaine dans les environs devrait tempérer les ardeurs de l’expansionnisme économique du géant asiatique, et remettre sous le joug colonial un gouvernement qui pensait déjà prendre certaines libertés. Au moment où la préoccupation sur l’avenir à la tête du Cameroun fait rage le président Camerounais s’est rapproché de l’Asie pour vendre cher sa peau.
Au Gabon le site de lancement rudimentaire utilisé par les forces de réaction rapide françaises chargées officiellement de protéger les installations diplomatiques dans la région , veille officieusement à la protection de la famille Bongo, qui règne sans partage sur le Gabon depuis plus de 50 ans servant par les ressources pétrolifères les intérêts d’une France toujours gourmande quand il en vient à l’exploitation des ressources tropicales.
Au Tchad le quartier général de l’Opération Barkhane de lutte contre les insurgés, compte quelques 3 500 soldats français qui interviennent au Burkina Faso, au Tchad, au Mali, en Mauritanie et au Niger. En République centrafricaine, les forces spéciales étasuniennes installées sur les « bases temporaires » d’Obo et Djema soutiennent les opérations de l’armée ougandaise pour retrouver officiellement Joseph Kony et les combattants de l’Armée de résistance du Seigneur qui courent toujours tandis que l’arrivée de la Russie dans le pays qui depuis avait été désarmé laisse entrevoir un jeu de guerre très préoccupant entre les Etats-Unis, la France et la Russie dans le petit pays d’Afrique centrale riche en Diamants et en bien d’autres ressources minières. Le scandale minier qu’est le Congo, avec Dungu, dispose d’une autre « base temporaire » que les Etats-Unis utiliseraient officiellement pour la recherche de M. Kony, mais officieusement pour veiller à ses intérêts mercantiles dans la saignée meurtrière que subit le Congo depuis la chute du régime de Mobutu dans les années 90. Il n’est plus à démontrer que la guerre au Congo qui a déjà fait plus de 6 millions de morts n’empêche pas pour autant l’exploitation sauvage de ses ressources minières en complicité avec des pays riverains comme le Rwanda qui depuis a entretenu des groupes armées qui ont favorisé le climat de guerre incessante propice au pillage du pays. Même l’Allemagne et la Grande Bretagne, ancienne puissance coloniale par excellence sont depuis de retour sur le contient. Au Niger, il existe désormais une base militaire pour le transport aérien à l’aéroport international de Niamey pour appuyer la contribution croissante de l’Allemagne en terme de personnel dans la Mission des Nations Unies au Mali.
L’Angleterre quant à elle a retrouvé son bastion colonial au Kenya, où une unité permanente de soutien à la formation principalement basée à Nanyuki, à 200 kilomètres au nord de Nairobi a été ouverte en 2017. Il n’existe pratiquement pas de pays africain qui soit touché par l’occupation militaire des forces étrangères. Le continent est pratiquement quadrillé, et en dehors des pays dont l’histoire guerrière ne souffre plus du moindre doute, d’autres pays ont rejoint le contingent des forces d'occupation. Le Japon avec sa base à Djibouti depuis 2011, l’Arabie Saoudite toujours à Djibouti, la Turquie en Somalie, les Emirat arabes unis en Erythrée, en Libye, en somalie, et au Somaliland. L’Inde à Madagascar et dans les Seychelles ou elle compte un grande communauté, . Toute cette attention militaire d’une multitude de nations dans un continent qui a plus besoin de routes, d’hôpitaux et d’école, que de fusils, est devenu le pivot dans les jeux de guerre en Afrique, consacrant le multipolarisme de l’ère actuelle, qui hélas ne profite toujours pas à l’Afrique.
Hubert Marlin
Journaliste