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Laurent Evini “Zaki”


Né au Cameroun, à la Briqueterie, l’un des quartiers les plus chauds de la citée capitale Yaoundé, Zaki, est le condensé du talent qui éclot par les arcanes de la vie. Laurent Evini de son vrai nom aura écumé toutes les places fortes de la musique à Yaoundé avec sa silhouette longiligne, son sourire d’une jovialité ineffable, et sa guitare basse, cette épouse fidèle qui a fait de lui un musicien aguerri. Moins connu que ses compatriotes Vicky Edimo, ou Richard Bona, son talent n’est pas pour autant des moindres. Il confirme la tradition qui veut que les bassistes issus du Cameroun soient parmi les plus prisés au monde. Adepte du Jazz aseptisé aux effluves de la musique traditionnelle et urbaine des tropiques sud, Zaki qui réside depuis 1998 en France, est l’auteur de deux albums éclectiques. Enfants du village, sorti en 2003 et Reflex en 2007. Dans une entrevue inédite Zaki nous parle de sa musique de son groupe Zaki Groove et de sa vision sur la musique africaine contemporaine.Salut Zaki, Flashmag ! et son lectorat sont heureux de vous avoir comme invité de la page musicale ce mois. Salut enchanté d’être des vôtres.

La musique elle est partout en Afrique, mais tout le monde ne devient pas toujours musicien alors qu’est-ce qui vous a amené dans la musique ? et pourquoi le choix de la guitare basse ?

Il ya la musique partout en Afrique. Dès qu’on naît on pleure et pour moi c'est déjà la musique. Je deviens musicien par ma famille. Mon grand-père paternel était fabriquant de baguette de tam-tam. Le téléphone traditionnel pour les initiés . Mon grand-père maternel était guitariste, médecin du village, et chef de sa tribu. Mon frère aîné Bihina Flavien, fut un grand guitariste. Il était multi instrumentistes...il m’amenait avec lui à ces concerts . Ensuite ma mère étant choriste me fit aussi côtoyer La chorale de l’Église. C’est à travers elle que j’ai découvert le balafon.. Un instrument que dans des veillées et fêtes foraines, la guitare basse Je la découvre et adopte comme instrument après la mort de mon grand frère, et c’est aussi à cette époque que je me lance dans la musique corps et âme..... Le choix de la basse c'était pas un choix en tant que la carence d'instruments de musiques a fait que le seul instrument qui traînait autour de moi était cette basse alors je m’y suis appliqué à la jouer en faisant parfois dans la bricole, Mon ampli était un poste radio... Les cordes de guitares étaient souvent des câbles de freins de motos...

Après avoir fait vos armes en Afrique pour des raisons logiques d’expansion, vous allez mettre en vitrine votre talent en occident et notamment en France, cependant s’il fallait dire un mot sur votre période d’apprentissage au Cameroun que représente-t-elle pour vous dans votre carrière ?

Mes premières années de musiques au Cameroun ressemblent à ce que l’on appelle communément la galère, cela n’était pas évident , d’aller faire des concerts dans des villes riveraines de la capitale comme Akonoliga avec des artistes des plus en vue de l’époque tels K. Tino, ou Essama Elysé, Et rentrer chez toi sans un sou lorsque l’on est un homme avec des charges ce n’était pas très plaisant mais la passion restait plus forte la preuve la musique on y est toujours ….Mais ce fut une espèce de service militaire qui m’a aguerri aux épreuves de la vie.

Lorsque vous arrivez en France en 1998, comment s’est faite votre intégration dans les milieux des arts ?

Et parcours classique comme certains avant vous, vous retournez à l’école pourquoi aviez-vous pensez qu’il fallait y retourner qu’est ce que cela a apporté de plus à votre art ?il n’y a Pas d'école de musique à l'oreille... Dans la rue... En France je vais à l’ école pour comprendre de quoi il s'agit…. J’ai donc fait une école de jazz et musique du monde.. En France le problème reste le même quand tu es noir on ne te laisse pas le choix. Je ne sais pas pourquoi on appelle ma musique Afro jazz... Moi je dirais tout simplement que je fais de la musique…

En France vous formez un groupe de Music le Zaki Groove, quel est l’historique de ce groupe ?

Ce groupe est constitué des musiciens que j'ai rencontré à l'école de jazz.. Et dans certains clubs de jazz à Paris le Jawad KF.. Qui n'existe plus hélas.

Votre premier Album Enfants du Village sort en 2003 s’il fallait dire un mot sur sa quintessence son contenu et sa valeur émotionnelle, il représente quoi pour vous ?

Enfants du village est un album à titre préventif.. La mort des villages... La mort de nos cultures.... Au profit de la modernité occidentale

4 ans plus tard en 2007 vous sortirez Reflex un album de 10 titres qui confirme vos tendances Jazz Afro Groove, cet album-là il représente quoi pour vous ?

La réflexion sur le réel.. Cette transition entre ce que l’on a et que l’on n’exploite pas, et sur ce que les autres nous donne et que l’on consomme sans trop penser… j’évoque par exemple l’électricité et l'énergie solaire.. Notre style de vie … le vin de palme, est-il moins bon que le Whisky écossais ? Le contraste entre le tabac naturel et le paquet de Marlboro Lors de la création de votre œuvre qu’est-ce qui vous inspire le plus ? Avez-vous un message en particulier à passer avec votre art ?

L'avenir du Cameroun et de l’Afrique .... M'inquiète.. Quand je vois dans quelle direction le continent va. Il est important que l’on se pose les bonnes questions pour avoir de bonnes réponses Plus jeune on vous a connu plus en tant que musicien d’accompagnement des autres sur scène et de studio, comment s’est faite votre évolution vers la scène et 15 ans plus tard après la sortie de votre premier effort solo, comment appréciez-vous cette évolution que votre carrière connait ?

Ce n’est pas facile, mais la liberté vaut la peine d’être prise ... Certains accusent la nouvelle vague d’artistes, de vouloir être stars avant le métier. Et certains répondent de plus en plus que c’est aussi un art de jouer à la star car le métier de star de plus est un art en lui-même, à l’heure de la téléréalité, comment appréciez-vous cette situation peut ont être star sans art, ou alors être star c’est aussi un art ? Est-ce que l'Afrique noir a vraiment besoin de ça aujourd'hui ? d'autre joue au football dans l'espace... L'Afrique... Noire devrait retrouver la caisse à outils des ancêtres.... Arrêtez surtout de danser seulement, puisque on sait déjà danser avant même de marcher. Il faut travailler c’est la seule voie du salut. La musique en Afrique semble être riche dans les styles, mais pauvre dans l’exploitation des talents à votre avis qu’est qui fait défaut pourquoi les choses semblent si compliquées pour les artistes en Afrique ?

En tout cas ce n’est pas que la musique ... C'est surtout du folklore. De la musique traditionnelle.. Raison pour laquelle je parle de boîte à outils car c’est le creuset qui a le secret… Ce qui est grave est que les derniers éducateurs des genres de l’Afrique profonde ne sont plus qu’une poignée… et la jeunesse sans repère se débrouille comme elle peut ….C'est ça qui donne l'amalgame d'aujourd'hui Cela fait maintenant un bon bout que le public attend votre 3e album quand est ce que l’on peut l’espérer dans les bacs ?

Si tout va bien d’ici le mois de Mars le prochain album sera-la…

Au moment de clore cet entretien avez-vous un mot spécial envers le public quels sont les défis que vous vous êtes lancé pour cette année qui commence? Avez-vous quelques dates concert avec votre groupe Zaki Groove ?

Je vais aller en Inde pour la fin de l'album... Ensuite, Je Vous tiendrais informé Zaki, Flashmag et son lectorat vous disent merci pour cet entretien.

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Propos recueillis par Hubert Marlin Journaliste


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