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L’esclavage des sans-papiers


Le monde des profanes semble en état de choc face aux nouvelles informations qui relatent les réalités de la vie des migrants candidats à l’exile occidental, dans les camps de concentration en Libye. Une feinte indignation pour certains, lorsque l’on sait que tous les journalistes et hommes politiques dignes de ce nom savaient depuis 2011 ce qui se qui se tramait en Libye surtout que Benghazi même à l’époque du régime de la Jamahiriya libyenne était déjà l’antre des trafics des plus odieux. Et c’est avec ces trafiquants mercenaires, dissidents de l’ordre établi, que l’occident a cru bon de traiter avec, pour faire tomber le régime de Mouammar Kadhafi. S’il faut condamner avec véhémence le trafic des êtres humains, il ne faut pas non plus oublier que la situation critique dans laquelle est plongée l’Afrique a bel et bien une origine qu’il ne faut pas seulement trouver chez des régents ineptes, imposés par ces pays qui semblent vouloir s’ériger en donneurs de leçons.

Pendant que de milliers de vies sont détruites dans la recherche de cet ailleurs qui parait toujours plus attrayant, à cause de la propagande et de la misère qui règnent sous les tropiques, favorisés par les lois qui autorisent l’infamie, et l’injustice dans les rapports nord sud ; la vie en occident pour ceux qui réussissent à atteindre la terre prometteuse, est souvent la suite logique d’une vie de servitude, que leur octroi leur statut d’illégal.

L’illégalité des migrants en exile en occident est une manne pour l’économie souterraine des pays occidentaux. De Paris, à New York, il existe un esclavage qui ne dit pas son nom. Portés par l’envie de réussir leur vie, d’aider leurs familles restées au pays, les immigrants sont souvent prêts à toutes les compromissions possibles, pour s’en sortir dans ces contrées au climat rugueux où les températures hivernales flirtent avec moins l’infinie.

Loin de vivre de la fameuse charité occidentale, et des sacrifices des contribuables blancs, comme les nationalistes aiment bien le rappeler en parlant avec mépris de ces damnés de la terre d’une autre époque, qu’ils ont tôt fait de traiter de parasites, qui cependant sont moins nocifs que l’euphémisme nationaliste qui en fait est un courant haineux et xénophobe. Le capitalisme à outrance créé des monstres qui cherchent toujours désespérément des victimes. Aux Etats-Unis par exemple il est curieux de constater que ceux qui cautionnent les interventions létales dans les pays étrangers, sont aussi ceux qui refusent de comprendre que les conséquences directes des guerres de leur empire belliqueux, c’est la misère des peuples. Lorsqu’aujourd’hui ils refusent très humainement aux réfugiés le droit de vivre dans leur pays, la veille ils étaient pourtant prêts à leurs dire comment vivre très démocratiquement dans leurs propres pays, y compris en utilisant les canons pour se faire mieux entendre.

Refugiés économique ou sinistrés par les conflits, les migrants sont attirés par les mêmes raisons. Une vie meilleure. Un paradigme propre a tout être humain. Loin de vouloir bénéficier des aides gouvernementales des pays d’accueil la majorité d’immigrés clandestins comprennent mieux que quiconque qu’il faut travailler pour gagner sa pitance. Les sacrifices souvent consentis pour se retrouver dans les pays occidentaux prouvent en général qu’ils sont des hommes et des femmes ambitieux. Les traversées périlleuses des desserts, des mers, et de forêts, ne sont hélas pas souvent la fin de leur calvaire. Car en occident ils finissent presque toujours dans la caste des nouveaux esclaves , à savoir ces millions des besogneux souffreteux sans droits qui ont souvent peur de se plaindre des salaires impayés et des conditions de travail inférieures, parce que les employeurs peuvent riposter en prenant des mesures qui peuvent conduire à leur expulsion. Cela donne aux employeurs un pouvoir extraordinaire pour les exploiter et les sous-rémunérer.

Aussi loin d’être des parasites, les travailleurs au noir enrichissent l’occident. Les enquêtes et les chiffres parlent d’eux-mêmes.

Le marché noir du travail représente plus de 10 pour cent du PIB français et 16 pour cent du PIB de l’union européenne soit en environ 2.812 milliards de dollars par an dans l’union européenne,

Au Etats-Unis, 10 millions de travailleurs sont sans papiers et constituent plus de 5 pour cent du PIB soient environ 840 milliards de dollars par an.

Ces chiffres donnent une vision différente de ces hommes et ses femmes sans visage, qui travaillent pour survivre tandis que les pays qui bénéficient de leur labeur ont souvent tendance à faire la chasse aux migrants, par des politiques publicisées qui souvent servent à glaner les voix xénophobes aux politiciens qui font une spéculation odieuse de la misère des autres, tout en nourrissant la haine de leurs compatriotes envers les sans-papiers.

Cependant, le cynisme des lois radicales envers les sans-papiers renforce plutôt la précarité de leur condition de travail, qui elles profitent aux lobbys des patrons, qui contribuent souvent à coups de millions de dollars à l’élection des politiciens qu’ils soutiennent. Les lois draconiennes contre les sans-papiers sont une espèce de torture speculative qui renforce l’esclavage de ces forçats dont les pays qui en bénéficient ne sauraient logiquement s'en séparer sans accuser des contre performances économiques. En dehors des milliards qu’une campagne d’expulsion généralisée pourrait coûter à ces états, de la même manière, les pays comme les Etats-Unis ne peuvent pas se permettre de perdre plus 840 milliards de dollars ni encore l’union européenne, 2 812 milliards d’Euro.

Les états unis se sont bâtis sur le labeur des esclaves et continuent à profiter grassement des esclaves que lui apporte les immigrés illégaux tous les ans. Il est illusoire de penser que les américains puissent se passer de ce cette main d’œuvre bon marché. C’est pourquoi les différentes administrations aussi bien démocrates que républicaines ont toujours refusé de trouver des solutions idoines à ce phénomène qui rapporte énormément aux lobbys des grands patrons qui préfèrent payer des bas salaires à des sans-papiers qui ne sauraient se plaindre pour réclamer des droits ou une meilleure couverture sociale, qui elle viendrait diminuer les profits des états, et des patrons.

Cependant le peuple nationaliste (xénophobe) reste dans l’illusion que les immigrants illégaux ne sont pas légalisés par ce qu’ils sont des voleurs qui ne méritent rien, et qu’en plus il a une prévalence sur ces derniers en tant que citoyen de pays développé, mais pas en tant qu’être humain unique en son genre pour ses valeurs intrinsèques. Sans compter le fait qu’aucun pays ne s’est jamais développer sans avoir recours aux autres pays, dont les infortunés migrants sont originaires, et peuvent logiquement aspirer à leur part du gâteau mondial, en allant dans les pays qui ont le plus profité de l’effort de l’humanité depuis des siècles. Les naïfs qui donnent leur vote au nationalisme raciste, prétendent être meilleurs rien qu’à cause de leur appartenance à tel ou tel pays, et ne maitrisent rien ou presque de l’histoire du monde. Cependant cas par cas, la majorité d’immigrés illégaux ne sont pas toujours des criminels, ils sont souvent des gens ambitieux bardés de diplômes et de compétences et ont vécu des tragédies humaines qui ont fait d’eux des femmes et des hommes meilleurs et aguerris aux vicissitudes de la vie.

Légaux ou illégaux les immigrants en général ont souvent ajouté une plus-value à leur pays d’accueil.

Aux Etats-Unis, Selon l'analyse des données fiscales nationales et locales publiée par l'Institut de fiscalité et de politique économique (ITEP), les immigrants sans papiers, contribuent chaque année pour 11,6 milliards de dollars à l'économie américaine , dont près de 7 milliards en taxes de vente et d'accise. Ils sont, en termes économiques, des citoyens productifs, et paient un taux d'imposition effectif plus élevé que les super riches qui font les 1 pourcent des Etats-Unis

Si les travailleurs immigrés non autorisés ajoutent à l'offre de main-d'œuvre, ils consomment également des biens et des services, générant ainsi une activité économique et créant des emplois. Beaucoup d’immigrant illégaux aux Etats unis créent des petites entreprises car ils ne peuvent pas être employés légalement, mais doivent payer le fisc. A titre de rappel, la population active augmente tout le temps en raison de l'immigration et de la croissance de la population née au pays. Par exemple lorsqu'un nouveau diplômé entre dans la population active, il achète de la nourriture, des voitures, des vêtements, et paye un loyer. De même, les immigrants non autorisés ne sont pas seulement des travailleurs, ils sont aussi des consommateurs. En les supprimant on réduirait en effet le nombre de travailleurs, mais cela réduirait aussi les emplois créés par l'activité économique qu'ils génèrent.

Dans la caste des esclaves ont compte aussi les travailleurs étrangers légaux appelés communément «travailleurs invités». Ils n'ont pas légalement le droit de changer d'employeur, ce qui considérablement réduit leur pouvoir de négociation. Si leur employeur les traite mal, leur seul recours est de quitter le pays, et beaucoup ont souvent contracté de dettes énormes pour voyager et sont pris au piège. Les règles salariales dans les programmes des travailleurs invités permettent souvent aux employeurs des travailleurs invités de leur payer un salaire inférieur à celui du marché, qui en général correspond à ce qu’ils auraient gagné dans leurs pays d’origine qui ont un niveau de vie moins élevé . Un travailleur indien qui se retrouve aux Etats-Unis et est payé 2 dollars de l’heure comme à Bombay pendant qu’il vit à New-York indubitablement se retrouve dans une situation de détresse grave pour la raison logique qu’il ne peut pas vivre aux Etats-Unis avec ce genre de salaire.

Hubert Marlin

Journaliste


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