Jeremy Pastel- Comment cartonner dans les affaires?
Bonjour Jeremy Pastel Flashmag et son lectorat sont heureux de vous avoir comme invité de la page économique ce mois alors nous allons rentrer dans le vif du Sujet
Comment est-ce que Jeremy pastel arrive aux affaires pensez-vous qu’il y a quelque chose qui vous prédisposait à devenir un homme d’affaire ?
Ce n’est pas vraiment une question de savoir si j’étais prédisposé ou pas. La question n’est pas de savoir si on nait ou on deviens entrepreneur, dans ma vie ordinaire je me suis senti confronté à des besoins qu’il fallait bien sûr satisfaire, et pour les satisfaire au mieux, il fallait entreprendre trouver des solutions à mes besoins. Aussi dès l’âge de 15 ans, je m’y suis attelé. L’entreprenariat est venu à moi de la manière la plus naturelle possible, et plus tard j’ai simplement développé mes compétences.
De simple vendeur de glaces, sur les plages de Martinique votre vie change du jour au lendemain lorsque vous décidez de vous installer à Paris pour poursuivre vos études. Après vos études académiques vous avez bien sûr travaillé pour les autres comme on dit en général, pourquoi avez eu envie de devenir propriétaire j’en connais pas mal de carriéristes qui ce serait contenter d’un bon salaire dans une grosse boite ?
C’est une question de tempérament et je crois aussi une question de besoins, en effet je pouvais me contenter de travailler pour les grosses corporations j’avais un avenir prometteur, mais moi ce qui m’interpelle c’est de toujours s’améliorer, j’ai saisi l’opportunité de développer les produits qui étaient peut-être plus pointus sur certains aspects. En tout cas j’ai toujours eu le courage d’aller de l’avant. Moi j’ai la passion d’entreprendre, je pouvais me contenter d’être un manager a succès, mais je savais que j’avais un potentiel que je pouvais mieux exploiter moi-même.
Alors qu’est-ce que cela vous a apporté de plus ? La liberté ?
La liberté c’est une grande question. C’est souvent ce que certains se disent. Je vais lancer des affaires je vais ouvrir des entreprises et j’aurais moins de pressions. Vous savez en fait cela demande énormément de travail si on a pas l’habitude de travailler dure cela ne peut pas marcher lorsque l’on développe une entreprise on devient libre de toute autorité managériale mais en même temps on finit par être contraint aux réalités du marché. La liberté oui dans un certain sens, mais cela ne sous-entend pas que l’on va faire ce que l’on veut, comme l’on veut. On a la flexibilité des horaires certes, mais il faut répondre aux exigences de productivité. On ne se lance pas dans les affaires juste pour la liberté, mais aussi par ce que l’on a une vision, et une certaine passion d’entreprendre, à offrir un produit qui va combler les attentes du consommateur, et même créer de la demande, permettre au consommateur d’avoir un produit qui lui offres des perspectives qu’il ne soupçonnait pas. Est-ce que j’ai une certaine liberté ? oui, la liberté de faire ce que j’aime.
Après un diplôme en développement des techniques de l’information vous décider de vous installer au Canada en 2008. Pourquoi ? La France ne vous offrait pas de meilleure opportunité ?
J’ai toujours remercié la France pour l’éducation qu’elle m’a donnée, et l’opportunité professionnelle qu’elle m’a donnée. Je crois que la France a un système éducatif formidable ; mais il y a une certaine défaillance quelque part qui se vérifie par la fuite des cerveaux. Le marché français n’a pas répondu favorablement à la première entreprise que j’ai lancée. J’ai ensuite étudié le marché australien, le marché anglais et le marché Nord-américain, et c’est ce dernier qui a répondu favorablement. Je suis parti, pas par ce que j’aimais l’Amérique du Nord, mais parce que c’était l’endroit propice au développement de mon entreprise. La France dans mon domaine d’activité était saturée, et en plus moi je fais partie d’une minorité visible ce qui corse un peu les choses. Ce qui est sûr j’ai trouvé un avantage du côté économique, du côté du potentiel de développement, et bien sûr dans l’aspect social.
Au Canada vous avez connu que l’on appelle communément la dèche, pourquoi avez-vous persévérez ? Qu’est-ce qui vous a permis de tenir le coup ?
On n’a pas le choix. Lorsque l’on quitte son pays, et on arrive dans un pays étranger il n’y a pas de filet de sécurité. Il y en a qui ont eu des soutiens formidables pour se lancer moi non. J’arrive en Amérique du nord avec quelques milliers de dollars, l’argent est utilisé dans les frais d’installation et je me retrouve avec 20 dollars dans la poche, et je dois prendre soin de ma famille, ma femme et mes deux filles. Donc on arrive à un point où l’on sait qu’il faut se battre encore plus, prendre ses responsabilités par ce qu’en fait. on n’a pas le choix. Et ceux qui nous lirons doivent savoir que souvent le fait de ne pas avoir de filet de sécurité doit être pris comme un atout, une motivation additionnelle à la réussite.
Votre premier produit est l’entreprise Vox Sun comment avez-vous réussie à créer vox Sun et que proposez-vous comme produit ?
L’entreprenariat c’est écouter son marché et savoir s’adapter pour mieux servir son marché Vox Sun au départ était un entreprise qui fournissait des produits de télécommunication mais très rapidement on s’est rendu compte que cela ne suffisait pas il fallait aller plus loin. On a décidé de lancer une solution de téléphonie d’affaire réalisée dans le nuage, le cloud, et cela a tout de suite fonctionné. On a décidé de lancer Vox Sun avec un couteau et une fourchette alors qu’il fallait y mettre des pelleteuses industrielles, on a fait avec les moyens de bord, alors qu’au bas mot il fallait un demi-million de dollars au moins, on l’a fait avec quelque milliers de dollars. On a grandi en crédibilité, et aujourd’hui on a des clients réputés qui nous font confiances. On est opérateur téléphonique, on fournit également l’internet partout au Canada et aux Etats-Unis.
En tant qu’entrepreneur Afro antillais et émigré au Canada avez-vous eut quelques problèmes d’adaptation ?
L’avantage que j’ai eu c’est que j’avais l’obligation de m’adapter très vite. Cependant la première adaptation que je conseil même dans mon ouvrage, c’est de changer sa mentalité. Au lieu de se perdre dans les analyses et les propos liminaires, il faut être concret à savoir dire clairement ce que l’on a et ce que l’on veut. Chez le nord-américain que ce soit francophone ou anglophone, il y a une volonté de pragmatisme que sais- tu faire et comment ? qu’apportes-tu sur la table pour faire avancer les choses ?
Le second obstacle que j’ai eu était lié au réseautage. Il faut avoir des contacts, créer des opportunités pour avancer et s’intégrer au niveau des canadiens et des américains.
Et vos rapports avec une société en majorité blanche comment les gérer vous ? vous a-t-on déjà rappelé un jour que vous étiez noir, de la mauvaise manière ?
Rires… oui c’est arrivé… mais je crois que c’est un cadeau de la vie que d’être né en minorité visible. J’aime ma couleur de peau, j’aime mes origines j’aime ma culture. Je me permets d’avoir une vision motivante de ce que l’on a vécu en tant que peuple, car cela nous a rendu plus fort. Je le dis souvent nous sommes un peuple avec une force incroyable, nous avons souffert terriblement nous avons connu une histoire tragique malgré ça nous sommes resté debout. Bien sûr on me le rappel chaque fois dans un regard, une blague mal placée … mais je pense que ce qui fait la différence c’est la compétence. En Amérique du nord ce qui fait la différence avec les autres parties du monde, c’est que lorsque la compétence est prouvée, un respect s’installe. Notre couleur doit être utilisée comme un atout et non comme un inconvénient.
J’ai reçu une écrivain Martiniquaise qui vient de commettre un ouvrage historique intitulé Zaïre et Théophile « Pas de pitié pour les nègres » un ouvrage que je vous invite à lire… Durant l’entretien elle m’a fait comprendre que l’iles se vidait de sa jeunesse noire et qu’il y avait un génocide par substitution qui se produisait de manière sournoise, avez-vous pensez à investir dans votre pays d’origine pour contribuer à pallier ce problème ?
C’est une question très pertinente elle m’a d’ailleurs été posée il y a quelques semaines, lorsque j’étais en Martinique pendant que j’étais assis à côté du maire de Fort de France, il me parlait de ces chiffres. La plupart de jeunes quittent le pays pour la métropole et l’Amérique du nord. La question m’a été posée. Est ce que j’ai envie d’investir en Martinique ? la réponse oui. Est ce que je suis en train de le faire ? la réponse est oui. Mais au-delà, il faut analyser l’environnement car sur place il y a des réalités politiques, il y a des réalités de partenariat et c’est très complexe. Mais il y a des possibilités d’ouverture avec les discussions avec les Caraïbes françaises qui pourraient bientôt mieux intégrer la zone d’échange de l’Amérique du nord en traitant directement avec les USA et le Canada. Donc il y a des portes qui s’ouvrent. Investir dans mon pays d’origine c’est mon souhait le plus précieux, mais en même temps il faut que cela soit rentable
Vous avez gagné plusieurs prix dans l’entreprenariat comment ces succès ont influencer votre carrière ?
C’est une question que les jeunes entrepreneurs me posent souvent ou ceux qui veulent se lancer dans les affaires. Les prix en général sont une référence en matière de crédibilité. La crédibilité c’est important par ce que cela permet aux clients potentiels de nous faire confiance, est ce que c’est mesurable en chiffre ? Non. mais toujours est-il que c’est bon pour le moral. C’est aussi une satisfaction personnelle quand on reconnait que notre travail a été bien accomplit. Parfois c’est très émouvant, car cela récompense un peu tout le travail que l’on a fait depuis, toutes les pressions que l’on subit dans le secret, toutes les galères, tous les revers que l’on surmonte.
Depuis en dehors de Vox Sun vous êtes actionnaire dans plusieurs sociétés et siégez au conseil d’administration de plusieurs grosses pointures de l’économie canadienne qu’est qui vous motive le profit, ou autre chose ?
Ce n’est pas qu’une question d’argent et je pense que même si on est un homme d’affaire on ne doit pas verser dans l’égoïsme. C’est la maladie du 21e siècle. C’est vrai elle était déjà présente au 20e siècle mais elle est entrain d’atteindre des sommets inégalés ce siècle. Je pense que l’on doit être dans le partage. Est-ce que ce qui me motive c’est l’argent ? Non. Ce qui me motive c’est la réalisation et le dépassement de soi. Pourquoi est-ce que je devrais m’arrêter alors que j’ai encore la force et talent à apporter à la communauté internationale des affaires ? C’est vrai on peut gagner plus, en créant plus d’emplois, en nous aidant les uns et les autres, et en montrant que c’est possible. Aujourd’hui on est dans un monde où on manque d’exemple. Dans la francophonie on manque d’hommes d’affaires qui font les choses correctement et qui avancent. Mais je pense qu’il y a bon espoir à travers par exemple les journalistes comme vous qui doivent dirent à la jeunesse et a ceux qui arrivent après nous que c’est possible et qu’ils peuvent aller encore plus loin que nous.
Le plus important aussi c’est que vous avez commis un ouvrage, intitulé comment cartonner en Affaire qui explique un peu votre méthodologie pour le succès dans l’entreprenariat, s’il fallait donner un conseil à celles et ceux qui veulent se lancer dans le business que leur diriez-vous ?
Deux choses, la première, identifier ce qui est leur passion, ça parait être un
cliché mais c’est vrai. Pourquoi ? Par ce que le chemin est tellement difficile qu’il faut vraiment être un passionné pour tenir le coup.
Deuxièmement la discipline c’est pas toujours le talent mais la discipline qui en rajoute à la crédibilité. On est dans une société de consommation ou l’on veut tout de suite, c’est vrai au cinéma on nous conte des success story, mais ce n’est pas toujours comme ça dans la réalité dont il faut être patient et ordonné.
Troisièmement il faut être bien entouré quand on est bien entouré alors on est capable de pallier à des manquements. Et la plus part d’entrepreneurs, que je connais sont mal entouré, et cela commence parfois dans la famille. Je ne parle pas de la cellule familiale, partenaire et enfants, car eux c’est indispensable qu’ils soient avec vous. Mais, je parle au niveau des parents qui parfois ne nous sou
tiennent pas. Et puis il faut faire le tri dans ses fréquentations savoir ceux qui ont de vraies paroles d’encouragements et ceux qui critiques toujours nos choix pas toujours dans le sens positif. Ça fait la différence lorsque l’on a un long chemin à faire.
Au moment de chlore cet entretien avez-vous un mot pour le public la diaspora noire mondiale ?
Le mot que je leur dirais, c’est courage. Car après ce qui c’est passé en Afrique ou qui continue de s’y passer avec l’histoire que l’on connait aux Antilles et dans les Amériques on a tous besoin d’une bonne dose de courage pour relever les défis du présent et du future. Nous sommes depuis resté forts malgré tous les écueils et aujourd’hui dans la communauté noire du monde on ne peut pas dire qu’il n’y a pas des individualité remarquable dans tous les domaines que ce soit la culture la science le sport ou l’entreprenariat. Donc il faut continuer à travailler avancer avec brio, avec excellence. Et le dernier point et pas des moindre c’est la solidarité. Les autres communautés sont solidaires. C’est le seul point ou on a encore beaucoup d’efforts à faire. Il faut que l’on monte comme un block pour prouver à la communauté internationale ce que nous sommes capable de faire.
Jeremy Pastel Flashmag et son lectorat vous disent merci pour cet entretien.
C’est moi qui vous remercie