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Fatoumata Diawara Interview


Elle naquit en 1982 en Côte d’Ivoire de Parents maliens, et très tôt entra dans le monde des arts par la danse, devenant une virtuose de la danse Didadi de Wassoulou, un rythme venu de son terroir ancestral au Mali occidental. Après ce sera la recherche du chemin de la liberté dans une Afrique de l’ouest qui reste encore très ancrée dans certaines coutumes qui cantonnent la femme à certaines tâches ménagères. La tête pleine de rêve et les coups du destin, lui mettront en premier sur les plateaux de cinéma avec la rencontre de Cheik Oumar Sissoko qui lui donne un rôle important dans le film la Genèse sorti en 1999. Elle jouera aux côtés d’un monstre sacré du cinéma africain, de regrettée mémoire le comédien Sotigui Kouyaté qui influencera grandement sa carrière. Une fois en France elle fera les planches du théâtre et surtout fera des rencontres importantes comme Rokia Traoré, qui l’encourage à faire de la musique. Concomitamment à sa carrière d’actrice elle ne compte aujourd’hui pas moins de 10 films, elle sortira son premier opus intitulé Fatou en 2011, en suite elle participera à des projets avec certains des artistes les plus huppés dont Herbie Hancock dans imagine projet qui fut couronné de Grammy en 2011 ou encore Co-composant la musique du film nominé aux Oscars américains et gagnant de 7 Césars français, Timbuktu (Le chagrin des oiseaux), un film d’Abderrahmane Sissako sortie en 2014. Elle est devenue une globetrotter engagée dans la revalorisation de la femme africaine et de la culture du continent, se produisant dans les venues de spectacle les plus fameuses des deux côtés de l’Atlantique, de l’orient et de l’Afrique. En 2015 elle a sorti un opus Live avec en featuring Roberto Fonseca. Entre deux avions nous avons eu l’opportunité d’avoir un entretien avec Fatoumata Diawara. Fatou pour les intimes est un vrai régal aussi bien sur scène qu’en aparté elle a aborder avec nous dans un entretien franc et jovial les points saillants de sa carrière tout a donnant son avis sur certaines questions d’actualités.

Flashmag : Bonjour Fatou, l’équipe de Flashmag par ma voix vous souhaite la bienvenue, le temps de cet interview notre tribune est la vôtre ?

Fatou : Bonjour, merci

Alors dites-moi pourquoi si jeune vous vous lancez dans le monde des arts ?

Fatou : Depuis que je suis venu dans ce bas monde, la meilleure communication que j’ai trouvé, était dans les arts, je n’arrivais pas à trouver les mots facilement, j’ai toujours eut cette voix cassée quand je parle qui ne s’épure que lorsque je chante. L’expression artistique m’a toujours permis de me libérer. L’art pour moi est la voie de Dieu, la voie de la spiritualité, la voie de la fusion, la voie de l’espoir, de la positivité de la meilleure communication qui soit en ce qui me concerne.

Lorsque vous débarquez à Paris à 18 ans quels sont vos impressions et vos objectifs ?

Je suis arrivé à Paris dans un état d’adolescence et un peu perdu. Une adolescente qui se cherchait, qui avait besoins de trouver sa voie, sa paix et sa tranquillité. Sa liberté en tant que femme africaine, qui avait besoin de se battre, afin de montrer l’exemple à la future génération. J’ai échappé belle au mariage forcé avec un cousin, j’étais un peu perdu au début, je réalisais pas encore que j’avais pu échapper à cet aspect rétrograde de notre coutume. Ce fut beaucoup de souffrance, beaucoup de solitude beaucoup de réflexion, j’ai dû me construire dans cette solitude pour devenir qui je suis aujourd’hui.

Pourquoi retournez-vous au Mali en 2001 ? Certains auraient espéré que logiquement il fallait continuer à fourbir votre art, dans un environnement offrant plus d’options ?

Fatou : En fait je retourne au Mali par ce que le nouveau ministre de la culture à l’époque, Cheick Oumar Sissoko, me fait venir au pays. En tant que cinéaste, il m’avait offert mon premier rôle dans le film la Genèse. Alors il voulait savoir qu’est-ce que je devenais, où était cette jeune fille qui avait joué le rôle de Dina dans ce film la Genèse. Il avait un projet l’Opera du sahel, une comédie musicale qui malheureusement n’a pas pu aboutir. En France j’étais déjà engagé avec une compagnie de théâtre de rue, et je travaillais dans le projet Kirikou et Karaba, dans lequel j’avais un rôle très important, celui justement de Karaba la sorcière. Quand je suis retourné à Bamako, c’était mon premier retour au pays après un bon bout. C’était difficile. J’ai essayé de prendre contact avec ma famille mais hélas nous n’avons pas eu assez de temps à peine une journée, après quoi je suis retournée en France. C’est après 2012 que j’ai décidé d’aller m’installer au Mali. En tant que chanteuse, j’ai besoin de ma terre, de rester connecté à mes racines, à mes ancêtres, qui m’inspirent dans tout ce que je fais. Malgré le poids de la famille, je dois concilier avec mes ancêtres, afin qu’ils m’aident à durer dans le temps. Il faut faire une distinction entre ma famille et ma profession. Mes ancêtres m’ont toujours, soutenu dans toutes les situations. Il m’a fallu un temps de maturation pour comprendre certaines choses. Il y a un aspect visible et invisible dans notre culture que l’on ne maitrise qu’avec le temps. Voila

Avec le temps votre famille a-t-elle compris que cela était votre voie ? quels sont vos rapports actuellement avec ceux qui s’étaient opposés avant, à votre aventure artistique ?

Oui cela a beaucoup évolué, après ils ont compris. En fait dans ma famille quand j’étais enfants, ils ont eu tous peur de mon énergie, car ils avaient du mal à la contrôler, j’avais une certaine liberté de m’exprimer quand je devais danser chanter. En fait j’ai été incomprise au départ car j’étais un peu spéciale. C’est pourquoi dans mon œuvre je prône la tolérance de la différence. Quand je me suis enfui et qu’ils voyaient mes œuvres, forcement cela a aidé à leur faire comprendre que c’était ma voie. Et que j’étais sur terre pour porter un message. Ils étaient très contents quand j’ai décidé d’aller m’installer au Mali en 2012. Ils ont compris que je suis en mission. C’est plus fort qu’eux, c’est plus fort que moi-même. Je dois pérenniser l’histoire de la culture malienne, que des notables aînés ont Commencé Ali Farka Touré, Salif Keita, Oumou Sangaré, Rokia Traoré, et bien d’autres.

Entre 2002 et 2008 vous faites exclusivement le théâtre, avec la compagnie de théâtre Royal de Luxe de Jean-Luc Courcoult. Que représente ce moment pour vous ?

Fatou : Cela été très formateur pour moi une très grande école, je crois beaucoup au destin. Je pense Dieu, a tout fait pour me mettre sur une certaine trajectoire. Le théâtre m’a montré à quel point il fallait respecter son travail. J’ai appris la rigueur dans le processus de création artistique. J’ai compris à quel point il fallait se donner à fond dans son travail, si on voulait avoir des résultats positifs. Je répétais du matin au soir, nous nous produisons dans la rue souvent en plein air, même quand il commençait à pleuvoir et que le public s’en allait, on finissait toujours nos pièces. Je venais de l’Afrique je jouais dans le froid, ce n’était pas facile mais j’ai persévéré, je n’ai rien lâché. Ça été l’école, à l’état brut je ne suis pas aller à l’école pour être comédienne, j’ai tout appris sur le tas le chant, jouer aux instruments ; tout je l’ai appris sur le tas. Et j’ai eu la chance de rencontrer des metteurs en scène de talent comme Sotigui Kouyaté, ou Jean-Luc Courcoult. Aujourd’hui beaucoup de gens me demandent comment je fais pour tenir ? Ils ne comprennent pas, par ce qu’ils ne sont pas passé par le chemin que j’ai parcouru. Je peux jouer aujourd’hui à Rio, et être le lendemain à Paris et garder le sourire pour mon public, par ce que je suis passé par le théâtre, là où la nature fait partie des éléments de l’art.

La musique cependant vous ne la lâchez pas vraiment, car on vous verra contribuer aux projets des artistes de renommée mondiale, comme Cheick Tidiane Seck, Oumou Sangaré, AfroCubism, Dee Dee Bridgewater (Red Earth : A Malian Journey), l’Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou, ou Herbie Hancock avec Imagine Project, qui sera primé aux Grammy comment ces expériences vous ont influencés ?

Ça été très formateur aussi ces rencontres, d’ailleurs on est en train d’enregistrer le second album-là, et vous verrez que toutes ces rencontres m’ont influencé. Toutes ces expériences m’aident à mieux exprimer la musique traditionnelle. Je viens d’une région « pentatonique » (musique avec gamme composée de 5 notes très usuelle, car la limitation des notes permet son application dans plusieurs genres) Je garde la racine du Wassoulou, un type de chant et de rythme, qui viens de ma région d’origine, que j’applique à plusieurs autres contextes musicaux. Alors c’est un partage, un échange musical, avec les autres genres, qui permet un enrichissement mutuel. Inconsciemment nous sommes les gardiens de notre culture. Et tous ces grands artistes, ont beaucoup de sensibilité et forcement on se comprend facilement. Car ils comprennent qu’ok, cette jeune femme fait partie de la famille, on l’appelle par ce qu’on sait qu’elle est dans la même cour. Vous savez on se reconnait entre nous, il ne s’agit pas toujours de technique, mais de la concordance dans la vibration des styles.

En 2011, vous sortez votre premier opus Fatou. Comment s’est faite la préparation de cet album, qui vous a vraiment mis sur la carte des musiciennes du mondes ?

Ça s’est fait très naturellement, j’ai appris à jouer de la guitare sur cet album-là. Un album fragile, naïf mais aussi très compliqué les connaisseurs de la musique, peuvent comprendre la subtilité. Je suis allé calmement dans cet album, par ce que je me suis dit j’ai tout le temps pour montrer ce dont je suis capable de faire. C’était un propos introductif de ma personne, une présentation en fait. Il est plein de simplicité et d’amour.

C’est vrai la musique a un langage universel, mais avez-vous déjà essayé de chanter en une langue différente de celle de votre creuset familial ?

Vous savez parfois à Paris il ya des commandes, et j’ai en plus fait plusieurs collaborations comme par exemple avec Bobby Womack, c’était très intéressant comme expérience, il ya toujours des échanges ou des collaborations avec des artistes. Avec Myriam Makeba par exemple, Je me suis toujours adapté. Mais en fait, je pense que la langue africaine doit être portée. J’aime bien que lorsque je me produis en Chine au Japon, en Amérique du nord au brésil, en Inde que les gens me demandent ce que je raconte dans mes chansons. Et ils me disent waouh j’adore ce mot. Cela me permet de parler de mon Afrique. De lui donner l’attention qu’elle mérite. D’aimer mon Afrique, et de lui parler avec ma voix de femme. J’aime garder ce côté profond de l’Afrique, en gardant ma langue. C’est très important pour moi musicalement je peux aller partout, je peux essayer tous les genres jouer des morceaux un peu Jazzy, un peut funky ou reggae. Nous avons besoins de porter nos langues. Myriam Makeba n’est plus là, qui va chanter en nos langues, si nous chantons tous en anglais ou en français ? Oumou Sangaré est là, Angélique Kidjo aussi, mais il faut continuer à préserver notre héritage culturel. Il faut que la jeunesse se montre capable, de continuer ce qu’elles ont déjà accompli. Il y a beaucoup de jeunes qui chantent en anglais c’est bien mais on ne peut pas faire tous la même chose. Je pense qu’il faut garder cette profondeur-là, c’est agréable à l’écoute en plus.

Oui je pense vous n’êtes la seule qui pense de la sorte, j’ai entendu dernièrement Richard Bona qui estimait que les jeunes, ne devaient pas abandonner leur langue d’origine dans la musique. Même son de cloche dans les caraïbes avec Joceline Béroard, qui estimait que les jeunes devraient faire un zouk avec plus de créole. Vous avez notamment joué dans une dizaine de films et fait les planches du théâtre comment le cinéma et le théâtre ont influencé votre musique ?

L’image est très importante. J’aime beaucoup le cinéma, parce que je ne joue pas, en fait j’ai travaillé avec un metteur en scène Sotigui Kouyaté, à l’âge de 14 ans. Il m’a beaucoup formé j’ai fait deux films avec lui. Il était mon papa dans la Genèse, et mon oncle dans Sia le rêve du python, et après on a fait une pièce de théâtre pendant 4 ans. J’ai compris avec lui qu’un bon acteur c’est celui qui ne joue pas. C’est quand tu arrives à fusionner les rôles à ta personne, alors là tu peux dire que tu es un bon acteur. Donc je suis dans cette démarche-là, de rester naturel même dans le cinéma et il y a certains metteurs en scène qui apprécient ça, comme Abdherame Sissako dans le film Timbuktu.

Vous avez joué au grand écran avec Sotigui Kouyaté beaucoup d’autres journalistes estiment qu’il vous a beaucoup influencé de quelle manière ?

C’est la curiosité d’apprendre il me l’a toujours dit. Je l’ai rencontré à 12 ans, il m’a coaché 2 ans avant que l’on ne fasse le film. Il m’a fait comprendre qui j’étais dans la vie en fait. Il m’a appris à canaliser mon énergie. Il m’a toujours dit ne perd pas ton temps à juger les autres. Apprends à conduire ta propre moto. Apprends à respecter les autres apprends à être humble. Il a effacé l’ego en moi. C’est facile pour moi d’aimer l’autre malgré sa différence, il m’a appris à voir le bon côté des choses. Il m’a appris à ne pas me plaindre de prendre chaque jour, comme un cadeau de Dieu. C’était un sage homme, et moi j’ai eu la chance de le côtoyer avant son départ. Il m’a fait comprendre que l’apprentissage était infini.

En septembre 2012, vous participez à une campagne intitulée «30 chansons / 30 jours » pour soutenir Half the Sky : transformer l'oppression en opportunités pour les femmes dans le monde entier, un projet média multi-plateforme inspiré par Nicholas Kristof et le livre de Sheryl WuDunn. En septembre 2012, vous avez également assisté au train Africa Express avec Damon Albarn, Rokia Traoré, Baaba Maal, Amadou et Mariam, Nicolas Jaar et les Noisettes, entre autres. Le spectacle a abouti à un concert au Granary square de Londres, où vous jouerez avec Paul McCartney comment avez-vous vécu cette expérience ?

Comme je l’ai dit les artistes se reconnaissent entre eux, à un moment il n’y a plus d’âge, c’est une question de sensibilité, et on se rend compte que si la planète va bien nous on va bien aussi, et si elle va mal nous on ne peut pas chanter. Ça parait simple mais c’est un travail de fond de méditation. Il faut aller chercher au fond de son âme, pour toucher les âmes des autres ; et très peu d’artistes ont ça. Et quand on est ensemble personne n’est star, on est tous les enfants de ce monde. Et cela rassure quand à 28 ans tu vis ce genre d’expériences, tu comprends que tu as la réponse à ce que tu cherches.

Vous êtes l’une des plus fidèles représentante de la culture Africaine dans le monde ; à partir de votre expérience personnelle, comment la culture africaine est perçue par les peuples non africains, devant lesquels vous vous êtes produite ? y a-t-il moyen d’améliorer cette image de la culture africaine dans le monde, si oui de quelle manière ?

Moi je pense qu’au niveau où nous sommes, Angélique Kidjo, Oumou Sangaré, Rokia Traoré Salif Keita, tous ces artistes qui sont dans la world music, le public nous respecte beaucoup, je pense que le Mali a acquis ses lettres de noblesse au niveau mondial. En gagnant pas mal de Grammy par exemple. Pour le reste du continent et à la jeune génération j’aimerais dire que, si nous voulons que cette culture continue d’être respectée, il y a des éléments importants que nous devions préserver essayer de chanter en nos langue. Essayons de ne pas faire dans le gospel par ce que les américains le font déjà assez bien. N’essayons pas d’être la copie des autres restons originaux. Montrons au monde notre culture, vous savez avec nos Kora nos Ngoni nos balafon, on a toujours été respecté, je crois que l’astuce c’est de rester authentique. On a besoin de voir l’Africain, comme l’Africain qui joue une musique respectable directement inspirée de son terroir. L’amélioration je pense ne viens pas du reste du monde car le monde nous respecte déjà, elle devrait plutôt venir de nous, en respectant nous-même, qui nous sommes. En tout cas c’est ce que je pense c’est peut-être à débattre.

En tout cas moi je suis d’accord avec vous. La sagesse africaine dit bien que c’est plus difficile d’être quelqu’un d’autre que d’être soi-même.

Voilà on s’est compris.

Votre pays d’origine le Mali et votre pays de naissance la Côte-d’Ivoire, ont connu des évènements dramatiques ces dernières années. En tant qu’artiste pensez-vous que vous avez votre mot à dire prendre des actions dans le rétablissement de la Paix et à la sensibilisation des masses ?

Bien sûr on a tous un grand rôle à jouer, c’est comme en 2012 au Mali avec la chanson Maliko, un collectif d’artistes s’est réuni afin de sensibiliser les gens, pour donner une chance à la paix. Le Mali allait vers une histoire de génocide nord sud, encore une fois. Je suis allé au Mali, je me suis joint à tous les autres chanteurs, Tiken Jah, Salif keita tout le monde… et comme il n’y avait pas de chef d’état, les artistes ont été la voix de l’état. On s’est levé, et on a dit au peuple, tu veux tuer ton voisin, par ce que l’autre est venu te dire qu’il est mauvais ? s’il était mauvais tu as vécu avec lui pendant des siècles pourquoi tu ne t’ais pas rendu compte. Tu es assez intelligent pour réfléchir par toi-même. On a utilisé la musique, la métaphore des petites phrases pour réveiller la conscience des gens, et cela a marché. Quand j’ai appris que les gens allaient agresser les boutiquiers du nord à Bamako, les accusant que c’est à cause d’eux que nous sommes dans cette situation, je me suis dit non ce n’est pas possible ! On est assez intelligent pour comprendre que certains veulent jouer aux pompiers pyromanes contre nous. J’ai arrêté toute ma tournée et je suis allé à Bamako, on s’est mis ensemble et on a parlé. Maintenant ça va c’est un peu tendu mais ça va. Tous les Touaregs qui ont quitté le nord sont à Bamako. On cohabite. On a dit aux gens que pourrait vous apporter la guerre, à un moment où chacun essaye d’avoir une existence meilleure ? Du coup tout le monde aujourd’hui au Mali est dans la même réflexion, et c’est mieux. A partir de là on comprend que la musique au Mali est assez puissante, pour influencer positivement les masses.

On ne le dira jamais assez, la culture africaine est très riche mais elle a tendance à mal se vendre à votre avis la faute revient à qui ? Au manque de volonté politique des décideurs africains, ou alors aux artistes qui ont du mal à mieux s’organiser pour mieux profiter de leur art ?

Non c’est la faute de personne encore une fois, c’est à nous de mieux travailler notre musique. Ceux qui le fond bien, vendent aussi bien. Toumani se comporte très bien sur les marchés, moi-même avec mon Album Fatou ça été correct. Beaucoup de chanteurs nigérians se vendent très bien, Wizboy et autres. Ils ont un public qui consomme leur musique, c’est peut-être un public différent mais il se vendent très bien, la jeunesse africaine achète leurs albums. Il se passe de très bonnes choses des choses vraiment positives. J’ai l’impression que cette génération a compris, qu’il ne faut pas se culpabiliser et assumer d’être africain. Il se passe beaucoup de choses au niveau même du look. Les cheveux naturels sont à la mode, la dépigmentation de la peau est de plus en plus condamnée. Même les stars qui le font sont accusées. Au Mali certaines stars ont été critiquées pour ces pratiques discutables. Les jeunes leur ont dit vous qui êtes notre vitrine vous montrez un très mauvais exemple. Cette génération a arrêté de se plaindre. Elle agit.

Votre album le plus récent est un live intitulé At Home avec Roberto Fonseca sortit en 2015. Comment s’est faites cette symbiose avec les rythmes afro cubain, un mot sur cette expérience ?

Non, il y a un nouvel album de collaboration qui est sorti il y a deux semaines. Lamomali, de Matthieu Chedid. At home avec Roberto Fonseca était bien sur une très belle expérience je suis engagé à ma manière très calmement. Une expérience très forte pour moi car c’était la première fois que Cuba allait vers une chanteuse typiquement africaine. Donc j’avais besoins de me donner à 100%, car les Cubains sont nos frères qui ont voyagé et à travers la musique nous nous retrouvons. Donc ça été une expérience très émotionnelle très affectueuse sur scène. On continu d’ailleurs on était au Kenya l’année dernière.

Que dire de l’opus avec Matthieu Chedid, dont vous parliez tantôt ?

Disons que c’est Matthieu qui a voulu se joindre aux artistes maliens, à cause de l’actualité que vit notre pays. Une période très compliquée de notre histoire. On ne sait pas ce qui se passe au Mali. Même les maliens ne comprennent pas ce qui ne vas pas. On parle du nord pourtant les nordistes eux même ils souffrent de cette situation, il y a des rebelles certes mais ils font juste des revendications sur l’amélioration de la zone nous aussi au sud nous pouvons revendiquer l’amélioration des conditions de notre région mais cela ne sous-entend pas que nous voulons une présence militaire chez nous. L’affaire s’est compliquée et ça a pris une ampleur que même les habitants du nord ne comprennent pas. Beaucoup ont fui, ils sont à Bamako, au Niger un peu partout. Les enfants ne vont pas à l’école dont Matthieu, a compris la subtilité de la situation, et a voulu faire un clin d’œil au peuple malien. Jusqu’ aujourd’hui à Tombouctou on ne peut pas jouer de la musique. Donc nous sommes en pleine promo il ya au moins 35 dates cet été, avec Toumani Diabaté, son fils Sidiki et moi voilà. Nous sommes très reconnaissant envers Matthieu

Une question qui revient toujours et que les fans affectionnent comment est-ce que votre vie privée affecte votre vie d’artiste y a-t-il un lien entre les deux si oui lequel ?

C’est surtout mon passé. Et surtout être femme affecte beaucoup ma vie d’artiste, ma féminité affecte beaucoup ma musique. En tant que femme les choses n’ont pas toujours été faciles surtout au début. En tant que femme j’ai beaucoup à exprimer. Mon fils et mon mari, bien sûr m’aident aussi à me sentir mieux pour exprimer mon art.

Cela fait quelques temps que le public attend votre nouvel album, que pouvez-vous dire à vos fans ?

Ça arrive là, on vient de sortir du studio, d’ici la fin d’année vous aurez de nos nouvelles.

Et du point de vue du cinéma, qu’elle est votre actualité de ce côté-là ?

Pour l’instant c’est en standby. J’ai fait deux films entre l’album Fatou et aujourd’hui, pour l’instant il ya ces collaborations, Roberto, Matthieu, cet été aussi j’ai une collaboration avec Hindi Zahra. J’ai fait pas mal de casting mais à présent mon album est la priorité

Au moment de clore cet entretien avez-vous un mot spécial envers le public, quelques grosses dates à retenir dans votre agenda ?

Les dates c’est en Europe, les Etats-Unis c’est pas encore au programme, peut être que l’on viendra aux Etats-Unis l’année prochaine, car on est en tournée jusqu’en Octobre. Sinon ce sera avec mon deuxième album. Les dates sont sur ma page Facebook et mon site aussi http://www.fatoumatadiawara.com/

Un mot pour le public. Je vous adore, que l’amour règne. Aimons-nous, et donnons une chance à tous les enfants de la terre.

Fatou Flashmag et son lectorat vous disent merci pour cet entretien, bonne continuation.

Fatou : merci et à bientôt

Propos recueillis par Hubert Marlin

Journaliste.


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