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Crimes d’état ou Assassinats Ciblées


Les lois écrites en général sont des entités qui servent des agendas visibles. Des agendas visibles qui en général serve une idée que certaines nations, dites démocratiques veulent projeter. Mais dans la réalité la frontière est très fine, entre les démocraties proclamées libérales, et les régimes autocratiques qui dans la logique des crimes d’états, utilisent les mêmes tactiques d’intimidation, de crime, et de châtiment extrême souvent injustifié, que certains ont tôt fait d’appeler dommage collatéral.

Le principe de justice internationale pour tous, auquel tous les états membres d’une organisation comme les nations unis sont astreints, a toujours été démantelé par les états dits démocratiques, en créant des systèmes de caste, comme le conseil de sécurité des nations unies, qui donne le droit de veto à une poigné de membres, qui y règnent sans partage ni alternance depuis plus de 50 ans, ou pire au refus de ratification des traités comme celui instituant la cour pénale internationale qui jusqu’aujourd’hui n’a pas été entériné par le leader de la doctrine démocratique occidentale, les Etats-Unis. Ce flou légal, est le tablier de boucher dégoulinant de sang qui permet aux Etats voyous à col blanc, de mener des activités illégales, quand il revient aux assassinats politiques qui dans la règle restent réprimés par les dispositions du droit pénal international. Il est important ici de de rappeler que toute exécution extra-judiciaire, est un crime puni par la loi. Il n’y a pas de vide juridique qui puisse justifier qu’un état se fasse justice, en décidant d’exécuter un criminel présumé, car on ne saurait être juge et parti. La situation actuelle est si problématique, que l’on peut clairement affirmer qu’il y a une volonté malsaine et palpable de certains Etats de se soustraire à la loi. Les assassinats par drone ne font pas moins de victimes innocentes, que les exactions des troupes d’une armée de rebelles de l’hémisphère sud, qui parfois sont sponsorisés par les mêmes Etats voyous à cols blancs. Ici ce que l’on défend ce n’est pas simplement les vies des innocentes victimes, ou des présumées coupables, mais surtout le principe de justice équitable qui ne saurait être appliquée par les parties belligérantes

Avant l’entrée en vigueur de la cour pénale internationale, logiquement certains Etats avait le droit de traquer les auteurs présumés de crimes, contre leurs citoyens ou leurs intérêts afin de les traduire en justice y compris dans leur pays. C’est ainsi par exemple que la France dans les année 70, a enclenché le processus de recherche et de mise hors d’état de nuire des auteurs des attentats au drugstore St Germain en 1974, et de l’assassinat de 2 policiers en 1975. L’auteur n’était plus présumé, plus que lui-même à savoir Ramirez Illich Carlos, avait revendiqué ces meurtres, une revendication qui dans la doctrine n’exclut pas non plus le jugement d’une cour habileté en la matière.

Cependant la volonté politique de plusieurs du gouvernement français des années 70 fera défaut le président Giscard d’Estaing, mettant la pédale douce pour ne pas déplaire à certains états, de l’Europe de l’est et moyen orientaux avec lesquels la France avaient de gros intérêts stratégiques et économiques, comme la Hongrie, la Syrie, l’Iran ou en encore la Libye du colonel Mouammar Kadhafi avec qui elle avait des contrats de vente d’armes et d’achat de pétrole. Des pays où Carlos avait trouvé refuge plus d’une fois.

En 1981 l’élection de François Mitterrand à la présidence de la France, changera la donne, tout comme la chute du mur de Berlin, qui permettra à ce que Carlos soit lâché par les états qui jusque-là le soutenait. Il sera repéré par la CIA à Khartoum en 1992 deux ans plus tard le 14 aout 1994 il sera enlevé par les barbouzes françaises, alors qu’il allait subir une opération médicale dans un hôpital de Khartoum, il sera mis sous somnifère et expédier en France où depuis il a été jugé et condamné à perpétuité.

Les opérations homicides font parties de la politique des états, qui ont toujours assassiné, pour ce qui a souvent été présenté comme l’interet supérieur de la Nation.

Le premier Etat à se faire remarquer dans cet stratégie d’assassinats ciblés, fut Israël qui même avant le début de son existence, avait engagé une politique d’assassinats ciblés des anciens criminels Nazis, et ce dès 1946. En même temps l’Etat hébreux n’a pas souvent hésité de faire parler la poudre, contre les occidentaux qu’ils estimaient être un danger pour leurs intérêts. Le 22 juillet 1946, les agents israéliens posèrent une bombe à l'Hôtel King David, de Jérusalem dont l'aile sud abritait le commandement militaire britannique et le secrétariat du gouvernement Mandataire, tuant 91 personnes, dont 28 Britanniques, 41 Arabes. 2 ans plus tard En septembre 1948, les groupes terroristes sionistes ont assassiné l'envoyé spécial des Nations-Unies, le Comte Folke Bernadotte, simplement parce qu'il avait demandé le retour des réfugiés palestiniens expulsés des territoires saisis, pour l'établissement de l'état naissant d'Israël. Bernadotte préconisait une démilitarisation totale de Jérusalem Occupé, et avait blâmé les forces juives pour leur comportement "agressif" dans la Ville Sainte.

Cette tendance d’assassinat, allait continuer une fois l’état d’Israël établi. La décision d’assassiner étant prise secrètement au sein d’un cabinet restreint sous la présidence du premier ministre. Golda Meir dans les années 70, fut la première à initier la liquidation des adversaires de l’état sioniste, non plus pour venger quelques actes commis contre l’Etat sioniste, mais pour dissuader ceux qu’elle estimait être des adversaires d’Israël. Dès lors le Mossad et son aile dur, tueront à tour de bras, des activistes palestiniens jusqu’ au scientistes iraniens, pour les empêcher de développer un arme nucléaire qui remettrait en question l’hégémonie de l’état hébreux en matière nucléaire dans la région . Si l’Etat hébreux a souvent envoyé dans l’autre monde des centaines de membres de la résistance palestinienne il ne reste pas moins vrai qu’il a souvent connu des échec cuisant où il été attrapé la main dans le sac.

En 1997 plusieurs agents israéliens, entrent en Jordanie avec de faux passeports canadiens, ils parviennent, au beau milieu d'une rue d'Amman, à injecter dans l'oreille de Khaled Mechaal membre influent du Hamas, un mystérieux poison. Hélas l’opération échoue, grace à l'intervention des gardes du corps de Mechaal, qui parviennent à appréhender deux membres du commando. L'affaire déclenche une grave crise diplomatique, entre la Jordanie et Israël, et suscite la fureur des autorités canadiennes, qui protestent ouvertement de l’utilisation des documents officiels de leur pays, même si le Canada a toujours soutenu tacitement, la politique d’apartheid dans les territoires occupés, comme son voisin américain. La situation force Benyamin Netanyahou, premier ministre de l'époque, à un mea culpa humiliant. Les Israéliens tout penauds fournissent l’antidote du poison, qui sauve Mechaal, ils sont en plus forcés de libérer plusieurs prisonniers du Hamas, dont le cheikh Yassine, le fondateur historique du mouvement. Le chef du Mossad de l'époque, Danny Yatom, est contraint à la démission.

Les Etats-Unis sont aussi l’un des pays fondateurs des tactiques terroristes, et ceci bien avant les événements du 11 septembre 2001. L’histoire des assassinats ciblés ainsi que du financement et de l’appui clandestin à des brigades terroristes par les États-Unis est longue, et macabre. Elle remonte à la guerre du Vietnam. Les américains ont pérennisé ces tactiques dans le sponsor de la terreur en Amérique latine. John Negroponte qui a servi comme deputy secretary of state (vice-ministre des affaires étrangères) sous Barack Obama était « l’homme de la situation ». En tant qu’ambassadeur au Honduras de 1981 à 1985, Negroponte a joué un rôle prépondérant dans la supervision des Contras du Nicaragua, établis au Honduras, et dans le contrôle des escadrons de la mort de l’armée hondurienne. Sous le règne du général Gustavo Alvarez Martinez, le gouvernement militaire du Honduras qui avait la manie d’occire des dizaines d’opposants politiques, en utilisant les escadrons de la mort, était un proche allié de l’administration Reagan.

Les américains en ces mêmes années, formeront et sponsoriseront les moudjahidines afghans dans les attaques terroriste contre l’occupation soviétique du pays.

Entre 2004 et 2005, les américains mettront le même plats des escadrons de la mort, au gout du jour en Irak. Et une fois de plus John Negroponte, sera à la manette. Envoyé par le département d’Etat en Irak, en juin 2004, il contribuera à la politique d’assassinat privilégiée par l’armée américaine, qui malgré la chute du régime de Saddam Hussein, se trouvait enlisé dans une résistance des insurgés qu’elle n’avait pas prévu. En janvier 2005 le Pentagone, confirmait qu’il envisageait de former des commandos de combattants kurdes et chiites pour cibler des chefs de l’insurrection irakienne. Les forces étasuniennes et irakiennes étaient envoyées pour tuer ou enlever des chefs de l’insurrection, y compris en Syrie, où ils croyaient que certains se cachaient.

En Europe de l’est le KGB dont la réputation reste très sulfureuse ( ils ont plus tué dans des romans qu’en vrai) en Occident, ne faisait pas non plus dans la dentelle, s’étant révélé létal dans l’assassinat de plusieurs dissidents qui osaient passer à l’Ouest, et surtout terrorisant les terroristes qui s’hasardaient à porter atteinte aux intérêts de l’URSS. En octobre 1985, l’Alpha Group, l’aile des opérations punitive, fut envoyé à Beyrouth pendant que le Liban était déchiré par la guerre. Le Kremlin avait été informé de l'enlèvement de quatre diplomates soviétiques par le groupe militant, l'Organisation de libération islamique (un rejeton radical des Frères musulmans). Un enlèvement qui fut interprété comme des représailles par rapport au soutien soviétique à la participation de la Syrie à la guerre civile libanaise. Cependant, au moment où l’Alpha group atterrissait à Beyrouth, l'un des otages avait déjà été tué. Grâce à un réseau d'agents du KGB de soutien, les unités de l’alpha group identifièrent chacun des auteurs impliqués dans la crise, et commencèrent à prendre ces derniers y compris leurs membres de famille en otages. Conformément aux standards de la politique soviétique qui interdit toute négociation avec des terroristes, l'un des otages pris par l’Alpha Group, fut émasculé et renvoyé vers les militants avant d'être tué. L'avertissement était clair : d'autres suivraient, à moins que les otages restants, ne soient libérés immédiatement. Le tour de force donna le résultat escompté et, pendant une période de 20 ans, aucun fonctionnaire soviétique ou russe ne fut pris en captivité, jusqu'à l'enlèvement et le meurtre en 2006 d'un membre du personnel de l'ambassade de Russie en Irak.

Les assassinats ciblés, au fil des ans se sont sophistiqués mais n’ont rien perdu de leur caractère létal. Les exécution extra-judiciaire, menées le plus souvent soit par l'armée, soit par les services de renseignement, en-dehors d'une zone de front ou d'un champ de bataille, sont de plus en plus menées par des drones et depuis les pays comme les Etats-Unis où le président ne prend plus la peine de consulter le parlement lorsqu’il décide d’assassiner, sur la base des renseignements parfois erronés, des individus accusés de terrorisme

Depuis 2004 les méthodes expéditives des drones, Rien qu’au Pakistan ont tué plus 2680 personnes. si de nombreuses personnes supposés talibans ou membres d’Al-Qaida talibans, ont péri au cours de frappes menés par ces appareils télécommandés, plusieurs victimes innocentes qui se trouvaient simplement au mauvais endroit, au mauvais moment ont perdu leur vie . les drones répandent aussi la mort en Irak, en Afghanistan et en Somalie. Le recours aux “targeted killings” s’est largement intensifié sous la présidence très démocratique de Barack Obama, qui ne s’est jamais gêner de demander la permission du parlement pour assassiner y compris des citoyens américains. Pendant son mandat tous les mardis il envoyait à la mort des ennemis supposés de l’Amérique, une tradition qui ne s’est pas arrêté avec l’administration Trump.

Cependant l’application de la technique du terrorisme local, utilisant les agents humains a continué en Syrie. Depuis mars 2011, les États-Unis et leurs alliés ont soigneusement planifié et soutenu la formation d’escadrons de la mort et l’incursion de brigades terroristes, pour combattre le régime de Bachar Al Assad. Paradoxalement, la France socialiste de François Hollande, pays où la peine de mort n’existe plus depuis 1981, a ordonné le plus grand nombre d’exécution sommaire de terroriste présumé plus que tout autre gouvernement français ; notamment contre l’AQMI en Afrique, et en Orient, et même contre les citoyens français qui avaient rejoint les rangs du djihad en Afghanistan, en Syrie ou en Irak.

Dans ce commerce odieux de la mort par procuration, L’Afrique n’est pas en reste, même si ici ce sont les opposants aux régimes politiques, de certains dictateurs soutenus souvent par les mêmes forces occidentales, qui subissent l’estocade. Les pratiques d’assassinat politique qui date depuis la période des conquêtes des indépendance dans les années 50, ont vu des grandes figures indépendantistes d’Afrique comme Patrice Lumumba du Congo, Felix Moumié ou Oum Nyobe du Cameroun passer l’arme à gauche, dans des complots ourdis par les forces coloniales. La tendance a continué jusque dans les années 90. Après la chute du mur de Berlin les puissances occidentales ont maintenu la pression des manœuvres dilatoires pour garder l’Afrique dans leur sphère d’influence. Ce fut le cas de la série de meurtres perpétrées par le régime de Paul Kagame du Rwanda en vue de taire des voix qui parlaient ouvertement de son rôle et de celui de ses souteneurs américains, dans le génocide Rwandais. Au Cameroun la disparition d’un opposant de longue date au régime de Yaoundé a fait la une des journaux il y a quelques années. Guerandi Mbara, qui avait pris part à la tentative de coup d’état contre Paul Biya le 6 avril 1984 aurait disparu dans un complot qui visait à l’assassiner par les force de sécurité du régime en place, aidé par des barbouzes occidentales en 2014.

Au demeurant la rhétorique justifiant les assassinats ciblés reste la même ; atteinte à la sûreté de l’Etat ou aux intérêts supérieurs de la nation. Cependant quand les intérêts d’un état sont en fait des intérêts des groupuscules, qui mènent des politiques loufoques à l’opposé des intérêts du peuple, il est juste de dire que les criminels restent des criminels, peu importe les habits qu’ils portent pour commettre leurs forfaits.

Hubert Marlin

Journaliste


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