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Tina Ngal -  Alma Mater


Bonjour, Tina Ngal nous sommes heureux et les lecteurs de Flashmag aussi je n’en doute pas, de vous avoir comme invitée de la page littéraire de ce mois, pour nous parler de votre ouvrage Alma mater -Parité pour quelle dualité émancipatrice de la démocratie RD congolaise ?

Tina Ngal : Bonjour, je suis ravie de la place que votre magazine m’accorde. Je remercie donc toute l’équipe Flashmag pour cette initiative. J’espère que vos lecteurs à la fin de notre entretien, s’empresseront de lire mon livre.

Flashmag : primo j’aimerais savoir quel est votre background dans quel domaine avez-vous étudiez avant d’embrasser l’écriture que faisiez-vous ?

Tina Ngal : J’ai baigné dès mon berceau dans un environnement qui a nourrit ma passion pour la littérature. Mon univers fut celui des livres, celui de la langue française comme langue maternelle. Puisque je suis issue d’une famille d’universitaires parmi lesquels mon père Georges Ngal, écrivain et Professeur-Emérite de la Sorbonne. Ce qui justifie mon premier cursus universitaire à la Sorbonne, principalement dans l’étude des lettres modernes spécialisées. C’est une de mes grandes fiertés. Celle d’être diplômée de l’université de renom à laquelle mon père a donné cours. Passionnée des médias, j’ai par la suite engagé une courte carrière dans le journalisme et la communication institutionnelle. La France offre d’excellentes grandes écoles dans ces domaines. Je suis une femme qui aime la liberté d’entreprendre. Très tôt j’ai créé mon cabinet conseil aux entreprises ce qui m’a permis d’élargir mon portefeuille relationnel et de travailler avec les Etats africains. Notamment avec la RD Congo que j’affectionne particulièrement. Pour y avoir travailler pendant une bonne décennie comme haut cadre de la fonction publique et en amont comme entrepreneuse.

Flashmag : pourquoi avez-vous pensez qu’il était important de publier cet ouvrage quel est l’élément motivateur ?

Tina Ngal : ALMA MATER est le fruit de réflexions tirées de mon expérience politique en RD Congo en qualité de conseillère en communication auprès de l’Instance Présidence de la République (2000-2005) et Mandataire économique (2010). Oui, il est important d’aborder la problématique des droits de la femme et de son émergence. Pendant mon vécu en RD Congo, j’ai observé la manière dont les femmes congolaises vivent. La rédaction de mon livre a été conditionnée par la nécessité d’exprimer mes profondes convictions et mon engagement à la cause féminine du 21è siècle fondée sur des standards à appliquer pour obtenir l’essor de la femme en société, après un 20è siècle mitigé ayant « passé à vide » en matière d’émergence de la femme en ne produisant que 21% d’effort et de résultat sur la parité obtenus depuis 1909 date à laquelle la première Journée nationale de la femme a été célébrée sur l’ensemble du territoire des États-Unis d'Amérique notamment le 28 février. Les femmes ont continué à célébrer cette journée le dernier dimanche de février jusqu’en 1913. Mais depuis, les clichés, les stéréotypes, les discriminations, dues aux us et coutumes de tout genre, sont restés presque inchangés dans le quotidien des uns et des autres, y compris dans les gouvernances publiques. Cependant, même les plus grandes démocraties comme les USA, l’Allemagne, la France n’ont pas encore accordé à la femme sa place dans les postes de prise de décision au sein de la vie publique et politique, comme le recommande la conférence de Beijing en 1995.

Flashmag : Le titre est assez évocateur : alma mater qui originellement était un terme utilisé par les romains pour décrire leurs déesses et qui en notre époque réfère plus à l’institution universitaire qui nourrit un tiers de son savoir ce terme pour vous se réfère à la femme congolaise si je ne me trompe. Pourquoi avez-vous pensé qu’il fallait lui donner ce titre de bienfaitrice par excellence ?

Tina Ngal : Nul n’ignore que la femme est la matrice et la nourricière de toute société : elle nous introduit à la vie ; elle assure nos premiers pas en nous apprenant à marcher ; elle nous apprend à marmonner les premiers mots de notre langage, d’où l’expression consacrée de « langue maternelle ». Sa présence dans nos vies embrase tous les parcours de l’humain sur terre. La symbolique que lui attribuait la société antique et l’institution universitaire souvent représentée aussi par « le livre ouvert » à l’image de l’amphithéâtre placé au cœur de cette institution en dit long… La force du symbole ALMA MATER, mère nourricière, est un titre rappel et un appel à la raison de l’humanité qui a perdu quelques repères en matière du « vivre ensemble initial ». ALMA MATER est aussi l’allégorie d’un Congo Rd qui ignore ses capacités à nourrir près de 2 milliards d’âmes dans le monde. C’est exactement ce que la RD Congo semble ignorer des capacités de la femme congolaise, dont la créativité dans l’informel sert de béquille à nos économies atones. ALMA MATER est aussi un signal d’alarme pour en appeler à l’institutionnalisation d’une Parité émancipatrice, celle qui établira la vraie démocratie participative en RD Congo et celle qui permettra à la population féminine d’être réellement impliquée et considérée à contribution et participation égale, loin des stratagèmes tutélaires que subissent les femmes au sein des partis politiques, au sein des entreprises et dans toute démarche de partage de pouvoir, comme c’est le cas dans les tractations actuelles où le « facilitateur » du dit Dialogue inclusif interconcongolais » instaurée pourprant par une résolution des Nations Unies (2277), n’a pas pu faire référence à une autre résolution 1235 recommandant aux états du monde le respect de la parité.

Flashmag : êtes-vous féministe ? et pensez-vous que le féminisme permettrait à la société africaine de donner une place de choix à la femme africaine ?

Tina Ngal : Je ne me considère pas comme féministe, ou afro-féministe. Bien au contraire, je salue le travail qu’a effectué les grandes féministes en leur temps précurseurs de ce mouvement. Le combat est tout autre aujourd’hui avec les accords de Beijing. Il est nécessaire d’institutionnaliser les actions des femmes. A titre d’exemple, les femmes africaines, et congolaises en particulier ont toujours été autonome. L’autonomisation est un terme à reconsidérer. A la lecture de mon livre, le lecteur découvre qu’un de mes personnages masculins dans son rôle de père célibataire de deux jeunes filles, se confronte aux mêmes aléas qu’une mère seule vit dans son quotidien en RD Congo.

Flashmag : Que pensez-vous de ceux qui estiment que les courants féministes occidentaux sont négatifs puisque les femmes dans les sociétés africaines depuis l’antiquité ont toujours eu une place de choix qui hélas a été rétrogradée avec l’histoire trouble du continent et justement les influences venus des autres régions du monde, je pense par exemple à la place des femmes dans les religions comme l’islam qui a beaucoup influencé l’Afrique ; Tandis que le machisme des hommes africains actuels est calqué sur le colonialisme car en 1222 déjà la charte Mandingue octroyait les droits aux femmes comme participer à la gestion de la chose publique alors que le droit de vote des femmes en occident n’arrivera qu’au 20 siècle ? Faut-il se ressourcer à la vision ancienne qui semblait plus égalitaire ou alors instituer en Afrique ce qui se voit ailleurs ?

Tina Ngal : Nous sommes en face de deux sociétés dont l’histoire et les coutumes sont différents. Je m’intéresse dans mon livre à la manière dont les femmes congolaises ont toujours vécu au sein d’une société marquée par les traditions matriarcales ou patriarcales, et aussi par ses réalités actuelles. L’Afrique n’a pas à être complexée par rapport à la notion de parité. Nous avons eu de grandes reines à la tête de grands empires. Je pense par exemple à la reine de Saba, à la reine Kuba sans oublier les Amazones du Bénin, un corps d’armée redoutable composé de 4000 femmes.

Flashmag : Alma Mater Parité pour quelle dualité émancipatrice de la démocratie RD congolaise ? Reste une question en suspens, à laquelle vous essayez de répondre. Êtes-vous satisfaite de la réponse que vous avez apporté dans votre ouvrage ? espérez-vous qu’il va sinon influencer la société africaine et congolaise au moins donner les raisons importantes pour changer les choses ?

Tina Ngal : Le sous-titre de mon livre « parité pour quelle dualité émancipatrice de la démocratie RD Congolaise, nous renvoie à la nécessité une dualité politique. Celle qui peut impliquer les femmes aux enjeux de la gestion de la société par ces temps de démocratie participative. Longtemps la femme congolaise a été exclu des arcanes du pouvoir. A mes yeux, les réalités actuelles confirment que la parité n’est pas encore une priorité dans le projet novateur des acteurs politiques, pour sortir les femmes de l’impasse dans laquelle stagne aujourd’hui la renaissance de l’équité des droits entre les genres. Cette notion de parité qui nous renvoie toujours à une dualité du genre humain dans l’égalité visant un équilibre réel au sein du corps social fait blaser la quintessence du droit humain. Il est prématuré d’annoncer ici si je suis dans l’écriture d’un tome II. C’est plutôt au lecteur de donner son avis sur la démarche qui est mienne. J’espère que mon livre dans son langage littéraire sensibilise et éclaire assez sur l’injustice et la sottise d’arguments pseudo-scientifiques qui pérennisent la situation antérieure d’infériorité de toutes les femmes. Car ils sont anachroniques à l’époque à laquelle nous vivons.

Flashmag : congolaise vivant en occident quel regard portez-vous sur la crise que vit actuellement votre pays d’origine ? Certains accusent la diaspora africaine en occident de faire le jeu des forces néocoloniales critiquant et admonestant comme les colons sans souvent apporter de réelles propositions que répondez-vous à cette accusation ?

Tina Ngal : je pense que la confusion qui se dégage de la formulation de votre question est dû au fait que nous sommes allez vite en besogne pour consacrer le concept de « double compétence » aux africains originaires d’Afrique subsaharienne vivant en occident. La situation de la femme démontre qu’elle a les mêmes problèmes partout dans le monde. Il faut une certaine mutualisation des efforts, c’est ce que je recherche dans mon livre. Je suis loin d’être passéiste.

Flashmag : Pour revenir à votre ouvrage pourquoi avez-vous pensez qu’il fallait le publier vous-même, vous pensiez qu’il fallait être plus libre et maîtriser le contenu qui parfois peut être censuré par les éditeurs, ou il fallait juste suivre la logique d’autodétermination de la femme tant traité dans cet ouvrage ?

Tina Ngal : Mon manuscrit n’a fait l’objet d’aucune censure, mais bien au contraire un succès auprès des quelques quatre éditeurs que j’ai sollicités à partir du mois d’avril 2016. Je suis moi-même chef d’entreprise, ayant déjà publier des brochures sous un autre label, et j’ai aussi travaillé dans le milieu de l’édition chez un grand éditeur de la place de Paris. J’ai préféré m’auto éditer principalement pour des questions de timing par rapport à mes projets personnels. Secundo pour permettre à de nouveaux talents d’exister à travers notre maison d’Edition Les arcanes Ngal. Le monde de l’édition étant ce qu’il est aujourd’hui, j’estime qu’il faut donner la chance à la nouvelle génération d’écrivains de perpétrer ce que nos pères de la Négritude nous ont laissés comme héritage. Dans mon cas, ma pensée généalogique débute à partir des communications d’Aimé Césaire et de celles de Georges Ngal.

Flashmag : Où est disponible votre ouvrage ?

Tina Ngal : mon livre est disponible en France dans plusieurs librairies (chez Présence Africaine, à la librairie Galerie Congo et chez Tamery Librairie kamite Panafricaine). Mon livre est aussi référencé sur des sites connus. Vos lecteurs peuvent donc le commander en ligne sur Amazone.fr, abebook.fr, abebook.com, decitre.fr

Flashmag : Au moment de clore cet entretien avez-vous un message particulier envers le public ?

Tina Ngal : ALMA MATER a trois publics : les institutionnels et les politiques. Ceux à qui je recommande d’être fidèles à toutes les résolutions qu’ils prennent. Récemment au dialogue dit « inclusif » en RD Congo, il me semble qu’il y a eu un droit de veto sur la participation des femmes. A mon troisième public, c’est-à-dire les femmes de toutes les couches sociales ; je leur dis de prendre conscience de la dimension et de l’importance du rôle qu’elles doivent jouer pour l’émergence de la démocratie. Si on en vient à la quintessence des mamans congolaises, dans mon livre ALMA MATER, j’interpelle les consciences de tous ces acteurs que je cite car ils font jusqu’à présent un travail illusoire. Que tous ces lecteurs se mettent en synergie pour que la parité soit le nouvel enjeu quantifiable de la démocratie congolaise.

Flashmag : Tina Ngal, Flashmag et son lectorat vous disent merci pour cet entretien cordial et ouvert, bonne continuation.

Tina Ngal : A la réciproque je remercie Flashmag et je vous souhaite à vous et à votre lectorat une bonne lecture d’ALMA MATER.

Propos recueillis par Hubert Marlin

Journaliste - Ecrivain


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