Charles Onana Journaliste et écrivain engagé. l'Africain doit réagir avec la même force que ce

A la une de Flashmag ce mois un journaliste et écrivain engagé prolifique. Il est l’auteur à ce jour de pas moins de 18 ouvrages, qui sont grandement ancrés dans le besoin de justice et de vérité. Charles Onana dans ses ouvrages traite aussi bien de la reconnaissance des soldats Africains dans la libération de l’Europe du nazisme, du racisme en occident, du problème Israélo- palestinien, et surtout des grands lacs une région du monde où il a consacré pas moins de 4 ouvrages à l’heure qu’il est. Dans les lignes qui suivent ils nous parle, de son engagement et de quelques dossiers brulants qui ont marquer et continuent de marquer notre époque le public a le droit de savoir pour mieux comprendre.
Flashmag : Charles Onana, bonjour nous sommes heureux que vous ayez pris quelques instants de votre précieux temps pour nous accorder cet entretien. Quand on parcourt vos ouvrages on a le sentiment que vous avez toujours envie de dire les choses sous un autre angle, si certains vous ont traité de négationniste je pense plus tôt que vous racontez l’autre version des faits qui est souvent en faux avec les versions officielles qui sont souvent formatées pour influencer la populace mondiale, d’où vous est venue cette envie de dires les vérités qui fâchent si on peut ainsi dire ? qu’est-ce qui vous a mis sur cette voie je dirais révolutionnaire ?
Charles Onana : je vous remercie pour cet entretien. En réalité ma démarche est d’abord celle d’un enquêteur. Je suis journaliste d’investigation, c’est pourquoi je cherche toujours d’abord à comprendre, et il se trouve que lorsque l’on cherche à comprendre on est toujours obligé d’aller d’abord en profondeur. Et en allant en profondeur il se retrouve que l’on remette toujours en question ce qui est dit par les canaux dit officiels, ou alors que l’on découvre les choses qui ne sont pas dites. C’est ainsi que ; en travaillant sur les évènements des grands lacs, mon idée était d’abord d’enquêter sur l’attentat qui s’était déroulé dans la région, puis que les Nations-unies avaient déclaré que cet évènement était l’évènement déclencheur du génocide, je ne comprenais pas pourquoi tout le monde s’obstinait à parler du génocide estimant qu’un génocide avait eu lieu contre une communauté au Rwanda et personne ne cherchait à savoir qui avait déclenché ce génocide et pourquoi. Je me suis rendu compte que lorsque les Nations-unies disaient que l’attentat était l’élément déclencheur du génocide, personne n’avait daigné enquêter sur cet attentat. J’ai constaté que la France qui avait un équipage entier qui a péri dans cet attentat, n’a pas voulu ouvrir une enquête sur cette affaire, pas plus que le Rwanda lui-même, ni encore moins le Burundi car il y avait quand même deux chefs d’Etats dans cet avion, celui du Rwanda et du Burundi, et je ne comprenais pas pourquoi personne ne voulait enquêter. En outre il faut souligner qu’au moment de l’attentat l’aéroport de Kigali était sous contrôle de la MINUAR mission des

Nations-unies au Rwanda, comment les forces des Nations-unies voient un attentat être commis sous leur yeux et elles n’enquêtent pas? J’ai rencontré le chef de la mission des Nations-unies Mr Jacques Roger Booh Booh et il m’a dit que le chef de la force d’interposition des Nations unies au Rwanda avait disparu pendant l’attentat entre 20 h30 l’heure où l’attentat avait eu lieu et minuit. Pendant ces heures graves le Commandant Romeo Dallaire était injoignable et ce commandant n’a jamais fait une enquête de circonstance pour que l’on sache ce qu’il s’était passé afin qu’au moins l’on soit édifié sur le drame. Je me suis dont dis que la situation était préoccupante, si personne ne voulait savoir la vérité. J’ai donc décidé de voir plus clair, tout en sachant que ce serait une affaire compliquée. Par la suite je me suis rendu compte que même le tribunal pénal international, était réticent à enquêter. À la fin on a sortie plusieurs théories qui étaient très loin de la vérité. Voilà comment j’ai commencé à faire ce travail. Pour revenir à la question il est évident que sans chercher les sujets qui fâchent comme vous dites le simple fait de rechercher la vérité et de l’exposer ne plait pas toujours à ceux qui ont des choses à cacher.
Flashmag : nous reviendrons plus en profondeur sur cet épisode des grands lacs au cours de cet entretien.
Vous avez été président de l’association des journalistes panafricains indépendants pensez-vous qu’avec la conjoncture actuelle il est facile d’être vraiment indépendant ? ce souci d’indépendance est d’ailleurs mis en exergue dans votre ouvrage L’Édition menacée : Livre blanc sur l'édition indépendante, où vous dénoncez le manque d’indépendance de l’édition à votre avis que faut -il faire pour sortir de ce marasme et de quand même vivre en même temps de son métier d’écrivain ou de journaliste. On a l’impression que la presse et l’édition la plus fortunée a une philosophie hélas qui ne cadre pas toujours avec les idéaux justice de vérité tant que cela ne sert pas ses intérêts ?
Charles Onana : c’est une question de choix personnel, chacun est libre de faire ce qu’il veut de sa carrière travailler de manière indépendante, ou ne pas le faire. Et une fois que l’on choisit d’être indépendant c’est un choix qui forcement a des conséquences. On paye le prix d’une certaine façon de sa liberté, c’est le cas pour les Etats. Si un Etat veut être indépendant il doit payer le prix. J’ai des confrères qui travaillent dans les grands médias, je connais les difficultés qui sont les leurs, ce à quoi ils sont confrontés. Je crois qu’à la fin c’est un choix, il faut simplement en assumer les conséquences. Ceux qui prétendent être indépendants ne le sont souvent pas totalement, ils ont des obstacles sérieux dans la réalisation de leur travail dont c’est une équation très difficile souvent à résoudre.
Flashmag : Très tôt vous vous engagez pour une cause historique la reconnaissance du rôle des soldats africains dans la libération de l’Europe du Nazisme dans vos ouvrages la France et ses Tirailleurs, et Noirs Blancs Beurs 1940-1945 : Libérateurs de la France à votre avis pourquoi ce rôle continue d’être occulté par certains en Europe? Cela est dû au simple racisme ou à une certaines idéologie de domination qui refuse d’accepter que les forces armées venus d’Afrique aient pu s’interposer comme les force occidentales aujourd’hui en Afrique pour régler des problématiques guerrières ?
Charles Onana : il ya plusieurs choses la première c’est le regard qui est porté

sur l’Afrique et les africains en occident. il ya eu à un certain moment un discours scientifique qui considérait les Africains comme des sous hommes, avec les thèses raciste d’André Gobineau et autres. Ces thèses n’ont jamais accepté que l’Afrique avait joué un grand rôle dans l’histoire de l’humanité. Cette vision des choses a été remise en cause par Cheik Anta Diop, beaucoup de gens continuent de mal interpréter la pensé de Cheik Anta Diop, qui avait un vision idéologique de l’histoire. Il a essayé de remettre les choses à leur place en rétablissant la vérité historique aussi certains diraient à chacun sa vérité, mais même dans ce cas-là il y a quand même une vérité universelle, qui tend à s’imposer par elle-même. Et les difficultés pour les africains de se faire accepter pendant les guerres mondiales viennent justement de ce mode de pensée là, de cette perception de l’Afrique en occident.
La seconde problématique vient de la période de la seconde guerre mondiale Hitler lui-même avait des visées sur ce continent, de par la colonisation et ce qui en découlait, celui qui avait le contrôle de l’Afrique avait le contrôle du monde en quelque sorte, en y exploitant ses richesses et il se trouve que lorsque les grandes puissances comme la France se retrouve envahies par le Nazisme, l’Armée allemande faisant une bouché de l’armée française après deux semaines de combat seulement, le général De Gaule qui se réfugie à Londres a du mal à avoir des soldats, et il se tourne très naturellement vers l’Afrique, et dans sa stratégie il comprend que seul l’Afrique peut contribuer efficacement dans cette guerre pour la France, et permettre un retournement de situation. C’est ce qui va se passer le Gouverneur Felix Eboué alors au Tchad va œuvrer pour la mobilisation des troupes Africaines, et l’Afrique donnera au General De Gaulle une puissance militaire que De Gaulle ne pouvait pas avoir en Angleterre. Et les Africains apparaissent comme de très bons guerriers face à l’armée la plus puissance du monde à l’époque la Wehrmacht. Et cette situation n’est pas du tout du gout de beaucoup de français au lendemain de la seconde guerre mondiale, des français qui ne s’étaient pas montrés suffisamment combatifs pour défendre leur pays. Ceux que l’on a souvent estimé être des sous hommes se sont comportés vaillamment dans leurs combats dans les Ardennes, la Somme, en Alsace jusqu’ en Italie dans la bataille de Monté Cassino et en Allemagne. Donc ces actes de bravoure qui ont clamé la vie de certains ont permis de libérer les européens. Et certains à la fin de la guerre n’accepteront pas cette vérité, contraire à l’idéologie de domination de l’européen sur l’Africain, alors les discriminations de toutes sorte et le racisme vont se mêler, afin qu’il n’y ait pas de reconnaissance envers les africains qui pourtant n’exigeait pas d’être vu comme les seuls libérateurs de l’Europe occidentale, mais comme des gens qui ont pesé de tout leur poids dans cette libération comme les américains et autres. Alors ils subiront des rejets jusqu’ au refus de leur droit de pension, leur salaire de militaire, car beaucoup de ces soldats étaient reconnus comme sujets ou citoyens français.
Flashmag : Tout à fait La libération de l’Europe par les Africains est aussi vue comme un élément catalyseur de la lutte pour les indépendances en Afrique, les soldats rentrés au bercail ne voulant plus vivre sous le code de l’indigénat colonial.
Vous défendez une vision plus réelle de l’histoire mais vous ne vous cantonnez pas à cela car vous tacler aussi bien les problématiques actuelles notamment la place de la communauté noire en occident dans Pourquoi la France brûle, la racaille parle, et Un racisme français : et Le communautarisme blanc menace la République (avec Frédérique Mouzer et Kofi Yamgnane), à votre avis qu’est ce qui pose problème l’Occident refuse d’assumer son histoire en forçant de donner une vision plus globaliste qui ne tient pas compte de la diversité culturelle et ethnique ? ou c’est la faute aux différentes communautés dont la noire qui refusent de s’assimiler et d’intégrer les rangs de la grande famille blanche ?
Charles Onana : il ya des problèmes des deux côtés vous savez entre l’Europe et

l’Afrique il y a une histoire de domination, la France considérant que les ressortissants de ses anciennes colonies sont des gens que l‘on doit éduquer et aider, et n’ont jamais regarder ces gens comme des personnes capables et autonomes. Ils savent le contraire quelque part car la traitre negrière a prouvé que l’on ne pouvait pas prendre les gens en esclavage s’ils étaient des incapables. Et puis il faut comprendre que la France pendant la période des deux guerres a connu des administrateurs coloniaux qui par la suite sont devenus des personnalités historiques comme Felix Eboué et ce sont fait remarquer dans d’autres domaines comme l’écriture avec René Maran, dans la politique Gaston de Monnerville qui a été président du Senat pendant 22 ans jusqu’en 1968, les descendants de l’Afrique dans les caraïbes ont démontré une grande capacité d’intégration à la société Française. Toute fois les différents pouvoirs politiques économiques et sociaux n’ont pas toujours voulu cette intégration à part entière, utilisant des tactiques pas toujours claires, même si l’on dira que le racisme n’était pas légal comme en Afrique du Sud avec les lois ségrégationnistes, même si dans la pratique le racisme n’était pas officiel il se pratiquait de manière courante. Et la chose la plus difficile quand il n’y a pas de loi écrite c’est de démontrer qu’on est victime de racisme.
D’un autre coté aussi il faut dire que les africains ont leur part de responsabilité c’est pas par ce qu’un système vous est hostile que l’on doit éternellement se regarder comme une victime et espérer la compassion de ceux dont justement on accuse d’injustice, au lieu de faire tous les efforts nécessaires pour gagner sa place dans la société française comme l’ont fait d’autres illustres citoyens français d’origine et de descendance africaine. Ce qu’il s’est passé en 2005 c’est une conjonction de deux facteurs, d’un côté une grande marginalisation des africains dans la périphérie de la ville de paris, les banlieusards, et aussi une mise à l’écart des enfants du pays, à la vie politique et économique, très peu étant représentés dans les milieux politiques économiques intellectuels et autres. Dans un premier temps les grands discours disaient pour être ceci ou cela il fallait mériter avoir un brillant cursus académique, mais à la fin on se rend compte que même avec ces parchemins beaucoup avaient du mal à vraiment se stabiliser socialement, un discours raciste car je ne pense pas que tous les français sont des gens excellents dans la vie pour s’intégrer plus facilement, ce n’est qu’une infime partie de personnes qui excellent vraiment.
En outre les africains sont aussi coupables, car lorsque vous avez des droits sociaux dans un pays qui est le vôtre et pour lequel vos ancêtres ont payé le tribut le plus lourd, vous devez d’une manière ou d’une autre vous imposer par différents moyens, vous avez des droits et vous devez vous faire entendre. En 2005 les jeunes de banlieue se sont fait entendre à leur façon, en brulant les voitures en s’insurgeant en se révoltant. Malheureusement ces actions n’ont pas débouché sur une prise en compte réelle des préoccupations de cette jeunesse. Mais cela dit je ne pense pas que le combat est perdu mais dans cette histoire la chacun a sa part de responsabilité
Flashmag : Certains estiment que, au lieu d’attendre que les autres les acceptent les noirs devraient se prendre en main eux mêmes car le manque de respect envers la communauté noire est surtout du à son faible poids économique malgré l’histoire de l’esclavage et de la colonisation qui l’on retardé. Ne pensez-vous pas que, une fois que cette communauté gagnera en puissance économique comme par exemple les asiatiques qui ont émigré en France très récemment, elle gagnera aussi le respect des autres et deviendra une voix qui compte ?
Charles Onana : vous savez beaucoup de problèmes qui concernent la communauté noire sont aussi liés à l’attitude de la même communauté, je ne le dis pas pour la culpabiliser ou la criminaliser, c’est tout simplement qu’ à un moment donné, la force de la domination et de l’ostracisme dont l’on fait l’objet doit recevoir une force de réaction égale de votre côté afin de pouvoir vous en défaire, mais en faisant des efforts inférieurs à l’ostracisme dont on souffre on ne peut que continuer à en souffrir. Je ne crois pas que les africains sont assez choqués et indigné d’aller acheter leur denrée alimentaire chez les indiens ou les chinois, je crois que si cela les choquait vraiment ils ne le feraient plus et trouveraient d’autre solutions, et cet état des choses est assez préoccupant d’autant plus que dans toute la communauté noire, il ya des sommes faramineuses qui circulent et il y a, en même temps des africains qui font du commerce. Mais pourquoi ceux qui ont les moyens préfèrent aller acheter chez les autres non africains ?
A ce moment-là c’est pas la faute du chinois qui est là pour faire son argent et s’enrichir y compris sur le dos de la communauté noire.
Les africains ont encore ce problème de croire que c’est ce que fait les autres qui est meilleur que ce qu’ils font eux-mêmes et forcement ne supportent pas toujours les entreprises des leurs, par jalousie ou par manque de confiance. Tant que l’on ne s’attaque pas à ces problèmes de fond il sera difficile d’avancer. Cependant les africains sont responsable du respect ou du mépris qu’on les accorde dans tous les cas de figure ils ont désormais l’intelligence les capacités technologiques, les capacités d’adaptation pour faire mieux pourtant. Comment les gens qui sont capables de vivre dans des pays les plus froids en venant de la chaleur des tropiques, ne sont pas capables de s‘organiser pour s’en sortir économiquement ? Ça c’est quelque chose qu’il va falloir nous expliquer de façon rationnelle un jour. Si on les demande de se mobiliser pour aller à un concert ils le feront mais une fois que l’on demande d’investir dans des projets qui touchent le progrès social de la communauté ils ne sont plus là il y a un problème de confiance et solidarité sérieux.
Flashmag : Vous avez fait des ouvrages biographiques sur quelques grandes figures noires comme Josephine Baker, Roger Milla ou René Maran pensez-vous que si on estime qu’il est important que la jeunesse noire actuelle ait des modèles comme leurs illustres aînés, certains estiment qu’ils faillent non seulement s’inspirer, mais surtout de faire mieux, mais le mieux est -il possible dans un environnement qui continue à vouloir cantonner les noirs dans certaines disciplines ?
Charles Onana : Pourquoi les gens devraient aider les africains ? Qu’est ce

qu’ils ont à y gagner ? s’il n’y a pas d’intérêt il n’y a pas d’action c’est comme en politique. Alors est ce que ceux qui sont dans le milieu artistique ou sportifs et qui arrivent à faire des très grandes carrières sont conscients du fait qu’il faille investir ne serait-ce qu’une infime partie de leurs moyens dans d’autres domaines pour tirer la communauté vers le haut ? Je ne sais pas s’ils trouvent qu’ils ont intérêt à le faire, qu’ils considèrent eux qu’ils ont intérêt à le faire. Je n’ai pas toujours eu l’occasion de discuter avec eux, mais je me rends compte que chaque fois qu’ils veulent faire quelque chose ils le font au même titre que les stars occidentales à savoir, avoir de belle voiture, avoir des châteaux, ils le font au même titre que les occidentaux, ce n’est pas une mauvaise chose mais en même temps se sentent -ils vraiment concernés par la condition des leurs ?
Les occidentaux qui le font n’ont plus ces problèmes-là dans leur communauté. Pensent-ils souvent aux difficultés qu’ils auraient eu au début de leur carrière en aidant les autres qui viennent après eux, afin qu’ils n’aient pas les mêmes problèmes ? Originaires d’Afrique ou afro descendants pensent-ils à mettre en place des structures qui aideraient au progrès de leur communauté ? De l’autre côté ceux qui travaillent dans d’autres domaines comme la médecine, ils soignent les gens dans le monde entier mais pensent-ils par exemple à aider à soigner les gens de leur communauté, à créer des structures pour mettre leur compétence au service de leur communauté ?
Je le disais tantôt plus vous êtes opprimé, plus votre réaction doit être adéquate. C’est ce qu’ont fait les gens comme Mohamed Ali ou Martin Luther King qui se sont battus pour que les noirs aient des droits. Joséphine Baker par exemple est une femme qui n’a pas fait beaucoup d’études mais elle fut la première grosse célébrité noire connue dans le monde entier, et elle a, à sa manière milité pour la cause des noirs. Beaucoup ne le savent pas, elle avait souvent insisté d’avoir dans ses contrats que ses performances soient faites devant un public tout aussi noir que blanc en pleine période de ségrégation aux Etats-Unis, et elle a d’ailleurs souvent rompu des contrats qui refusaient d’accepter cette clause.
Flashmag : Vous êtes un spécialiste des grands lacs, l’un des rares africains d’origine spécialiste de l’Afrique à avoir pignon sur rue en Europe, et votre version des faits sur cette région du monde ne vous a pas toujours fait des amis, selon vous les troubles au Congo dès la fin de le guerre froide sont dû à un plan des Etats-Unis sur la conquête du continent et de ses ressources pourquoi ?
Charles Onana : écoutez c’est tout simplement que l’on a tendance à oublier l’histoire. Les Etats-Unis ne se sont pas intéressés au Congo seulement après la guerre froide ; les Etats-Unis s’y sont intéressés dès la seconde guerre mondiale, comme beaucoup de Congolais le savent déjà les bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki étaient confectionnées avec de l’uranium congolais. La Belgique a toujours été pendant cette période la puissance coloniale qui sous traitait beaucoup de choses pour les Etats-Unis.
Et il n’est pas du tout anodin que l’assassinat de Patrice Lumumba le nationaliste, intervienne au lendemain de son discours mémorable contre la Belgique. Et ce que l’on sait aujourd’hui, c’est que la décision de faire assassiner Lumumba venait de la CIA, et elle a été exécutée par des agents belges qui ne s’en sont pas cachés d’ailleurs. Cela signifie que le tandem Belgique Etats-Unis était déjà en marche depuis la seconde guerre mondiale. Le long règne du maréchal Mobutu est aussi lié au fait que ce dernier était soutenu par les Etats-Unis car il était considéré comme un rempart contre le communisme, et une fois que Mobutu a été sorti du jeu les Etats-Unis ont toujours gardé une main mise sur ce pays riche en minerais.
Quand on regarde les grandes lignes de l’histoire mondiale depuis au moins 70 ans on se rend bien compte qu’à aucun moment les Etats-Unis n’ont pas contrôlé le Congo, et au regard de cela le Rwanda, voisin de ce pays qui a toujours déstabilisé le Congo a toujours aussi reçu le soutien des Etats-Unis du temps même ou ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui à Kigali étaient en exile en Ouganda au sein de l’armée Ougandaise, et que Kagamé qui est devenu président a été formé par le pentagone. Tous ces éléments, tout ce cheminement montre sans parler de complot qu’il ya eu une action politique réfléchie qui a abouti à ce que nous vivons aujourd’hui dans les grands lacs . Des acteurs qui décident de mettre un plan à exécution. Bill Clinton et Madeleine Albright avaient décidé de passer à l’action du plan qui a vocation à mettre le Congo à genoux, pour pouvoir s’emparer de ses richesses. Et il s’en suit que malgré tous les rapports des Nations-unies qui déplorait un pillage des richesses du Congo les Etats-Unis n’ont jamais trouvé qu’il fallait un tribunal pénal international pour juger les acteurs de ces méfaits, ils n’ont jamais estimé que le peuple congolais méritait qu’on lui rende justice. Et je crois que la stratégie qui a été mise en place est en œuvre jusqu’ à ce jour.
Flashmag : pour abonder dans ce sens, voir le Memo de 250 pages publié le 10 Décembre 1974 par le conseil national de sécurité américain intitulé “National Security Memorandum South 200 : Implications of Worldwide population Growth for U.S. Security and Overseas Interests. L’administration de Richard Nixon trouve que la croissance de la population des pays comme l’Ancien Zaïre menace les intérêts économiques américain dans l’exploitation des richesse minières.
Sur l’attentat contre l’avion du General Habyarimana vous soutenez la version selon laquelle les Etats unis savaient ce qui se tramait et que la vie du général Habyarimana aurait été épargnée s'il était resté aux Etats-Unis comme les autorités américaines le lui avaient demandé afin de laisser champs libres à Kagamé, qui a tué le général Juvénal Habyarimana ?
Charles Onana : je m’en tiens à ce que j’ai toujours dit et qui n’a pas été démenti, au contraire cela a été renforcé, j’ai dit clairement que c’est Paul Kagamé qui était le principal instigateur de cet acte car il avait envie de prendre le pouvoir il en est donc le bénéficiaire essentiel. Lorsque je l’ai dit en 2002, cela m’a valu une plainte de l’Etat Rwandais et de son président. Ils ont retiré leur plainte suite aux éléments que j’avais produit. Et aujourd’hui c’est dans le camp de Kagamé lui-même que viennent les coups de massue les plus importants.
C’est à dire que son ancien patron des services de renseignements extérieurs a

confirmé cela, et il a été assassiné en Afrique du Sud. Son chef d’état-major l’a dit et il a reçu plusieurs balles dans le corps, puis qu’il avait osé dire cela, beaucoup d’autres issus de son camp l’on dit, et ont été assassiné, ou ont reçu des menaces de morts. Certains ont purement et simplement disparus d’autres sont en exil et vivent sous cette menace.
Je pense que s’il ya autant d’assassinats autant de persécution sur les gens qui parlent de l’attentat, cela signifie tout simplement que Kagamé est en mauvaise posture dans ce dossier il ya eu de thèses selon lesquels ce sont les Hutus qui auraient attenté à la vie d’Habyarimana. Moi je pense que si c’était les Hutus qui avaient abattu cet avion, le tribunal pénal international se serait fait un plaisir de poursuive ces derniers et les condamner comme il l’a fait pour tous les autres auteurs du génocide entre guillemets, et il serait difficile de prouver que, puis que ce sont les Hutus qui avaient abattu l’avion, dont ils avaient préparé le génocide. On a du mal à citer le nom d’un seul Hutu qui aurait tiré sur l’Avion du général Habyarimana, alors que du côté de Kagamé on cite plusieurs noms. Je pense que la vérité commence à crever les yeux lorsque les agents du FBI en faisant leur enquête se font stopper par Louise Arbour procureure du tribunal pénal pour le Rwanda, alors qu’ils étaient en train de mettre à jour la réalité, depuis on est dans une situation ou plus de 20 ans plus tard on veut faire comprendre que l’on ne sait toujours pas qui a initié le génocide et commis cet attentat. Ce n’est pas très sérieux tout ça. Je pense que ceux qui ont tiré les ficelles derrière ce génocide n’ont pas intérêt à ce que Kagamé et ses hommes soient tenus responsables et trainés devant les tribunaux pour un attentat qui a coûté la vie à deux chef d’Etats africains.
Flashmag : Certains trouvent qu’avec l’assassinat des soldat belges il y a avait une volonté de neutraliser les soldats de la mission des nations unies. Etes-vous de cet avis ?
Charles Onana : non je pense qu’ il faut remettre les choses en place , les casques bleus belges, une partie de ces éléments ce sont comportés au Rwanda comme en terrain conquis; et ceci plusieurs rapport y compris des Nations-unies l’attestent. Et la seconde chose c’est que le groupe qui a été assassiné était le groupe qui était allé voir le premier ministre Rwandais le 7 après l’attentat du 6 Avril , et c’est ce même groupe qui a fait chemin avec les éléments de l’armée patriotique Rwandaise de Paul Kagamé , qui avait commis la veille l’attentat sur l’avion présidentiel un acte qui n’a pas été enquêté en profondeur. Les Nations unis n’ont pas cherché à savoir, ce qu’il s’était vraiment passé. Et plus grave le Senat belge avait proposé la création d’une commission de suivi sur l’assassinat des soldats belges et de l’attentat du 6 avril cette commission n’a jamais vu le jour et on comprend très bien que la Belgique est mal à l’aise devant ce dossier-là, puis que effectivement ce sont les Hutus qui ont tué les casques bleus belges mais pourquoi n’a-t-on pas cherché à savoir ce que ce peloton avait fait la veille ? pourquoi on a pas voulu comprendre pourquoi ils ont été assassinés et qu’est-ce que l’on les reprochait ?
Donc toutes les personnes qui voulaient apporter leur témoignage sur cette affaire n’ont donc pas pu le faire ni devant le tribunal pénal international ni devant les tribunaux belges pour moi le dossier de l’attentat et le dossier de la mort des soldat belges sont des dossiers connexes. Il faut comprendre en quoi ils sont connexes et que signifie le silence qui entoure ces dossiers. Je pense que le réseau de connivence envers l’armée patriotique Rwandaise est très important. Et ce réseau de connivence va jusque dans la mission des Nations unies puis que le General Romeo Dallaire a lui-même avoué qu’il avait beaucoup de fascination pour Paul Kagamé.
Et à de nombreuses occasions, lorsque les forces des Nations unies avaient à fouiller les armements de l’armée républicaine Rwandaise elles le faisait avec beaucoup de zèle, et quand il s’agissait de fouiller les armements de l’armée patriotique Rwandaise, il y avait quasiment aucune rigueur dans les contrôles lorsque l’on disait que c’était du bois qui se trouvait dans les camions et bien les gens des Nations unies ne cherchaient pas à ouvrir ces camions pour vérifier.
Les armes étaient transportées de l’Ouganda au Rwanda jusqu’à Mulindi. Dans les rapports confidentiels des Nations unies il est dit que le FPR transportait ses armes de l’Ouganda au Rwanda mais personne n’a jamais voulu en parler. Donc la complaisance avec laquelle la mission des Nations unies a travaillé, laisse croire à un réseau de complicité bien établi, ceci est problématique car à un moment donné il faut que les gens disent pourquoi ils l’ont fait. Et autre chose le nombre de casques bleus qui ont été tués fait encore polémique ; certains disent 10 morts d’autres 12, ce n’est pas normal que l’on ait une discussion sur le nombre de personnes tuées par les Rwandais, si toutes ces personnes n’étaient que des soldats de la mission des Nations unies si vous voulez il ya beaucoup de zones d’ombres dans cette histoire, et le malaise est plus du côté de ceux que l’on a félicité d’avoir stoppé le génocide, que de ceux que l’on accuse de l’avoir commis.
Flashmag : certains mercenaires belges aurait pris part à cet attentat selon d’autres sources, cela peut expliquer la dichotomie des nombres.
Pourquoi on a l’impression que dans ce dossier le pouvoir civil représenté par Jacques Roger Booh Booh, et le pouvoir militaire représenté par le Colonel Romeo Dallaire ne s’entendaient pas sur la gestion de ce conflit ? Pourquoi y avait-il cette ambivalence surtout que selon certaines sources Romeo Dallaire aurait même menacé la vie du représentant du secrétaire général des Nations unies dans la région. Pourquoi ne s’entendaient-ils pas ?
Charles Onana : selon ce que Jacques Roger Booh Booh m’a dit lui-même, je pense que le General Dallaire avait du mal à rester à sa place de simple commandant de la force sous les ordres du représentant des Nations unies Jacques Roger Booh Booh, et Dallaire ne supportait pas sans doute d’être sous les ordres d’un diplomate africain c’était peut-être cela ou alors le général Dallaire avait un autre agenda qu’ il pensait exécuter et qui était en contradiction avec la mission à laquelle il avait été convié .
Je me souviens à l’époque tous les médias disaient que le General Dallaire avait aidé à mettre fin au génocide, tandis que l’on se souvient que Jacques Roger Booh Booh disait que cela n’était pas le mandat assigné par les Nations unies aux casques bleus, cette mission était une mission de paix et d’assistance, et cette mission pour la paix devait parler avec toutes les partie à égalité, et ne devait en aucun cas prendre parti hors c’est ce que le général Dallaire a fait car il a pris fait et cause pour le FPR de Kagamé, il ne s’en cache pas lui-même dans son ouvrage.
On ne demande pas à un commandant de la mission d’avoir de la fascination pour un belligérant on lui demande d’aller assurer la paix et la sécurité entre deux parties en conflit. Et là, il n’a pas fait ce qui lui était assigné à moins qu’il ait rempli plutôt l’agenda caché que certains lui avait confié. Et l’on remarque que le général Dallaire plusieurs fois dans l’exercice de sa mission a failli dans sa tâche, lorsqu’ il fait par exemple rentrer les éléments du front patriotique Rwandais en conflit avec l’armée régulière dans les locaux de l’états major de la force des Nations unies au Rwanda pour leur montrer les positions de leur adversaire, cela est grave lorsque l’on sait que la neutralité devrait être la règle de cette mission. Là il a fait preuve d’un parti pris flagrant alors c’est pour ces raisons que je crois que, soit il avait un agenda, soit il a décidé d’outrepasser les règles du mandat qui lui était assigné.
Flashmag : Les massacres des populations au Rwanda étaient-ils évitable ? beaucoup refusent de croire en la fatalité ?
Charles Onana : oui les massacres au Rwanda étaient évitables ce qui est important c’est de savoir comment la guerre a été déclenchée ?
La guerre a été déclenchée en 1988 par une attaque de la rébellion Tutsi qui venait d’Ouganda, dont les éléments de l’armée Ougandaise qui ont attaqué le Rwanda pour renverser le pouvoir en place, l’attaque fut mise en échec par les troupes du Maréchal Mobutu avec un soutien logistique français aux troupes gouvernementales rwandaises. Apres l’armée patriotique du Rwanda a occupé le nord du pays pendant pratiquement 3 ans entre 1990 et 1993 le nord du Rwanda a été littéralement occupé les populations déplacées et les troupes de Paul Kagamé siégeait dans cette partie du pays avec un armement puissant venant de l’Ouganda ils ont réussi à avoir toutes sortes de concessions politiques, au point où on les a fait rentrer dans la capitale pour soit disant des négociations et ils en ont profité pour s’approcher le plus près de leur cible le général Habyarimana, et le 6 avril 1994 ils ont commis cet attentat, et une fois après que le FPR est posé cet acte il s’est passé deux mois avant que les Nations unies daignent réagir.
Je me souviens très bien que pendant que l’Armée française était à Kigali le président Habyarimana était en sécurité et la population de Kigali n’étaient pas soumises aux massacres. L’armée française a quitté le Rwanda fin 1993 à la demande du gouvernement Rwandais qui était un gouvernement de l’opposition et quelques mois plus tard le président Habyarimana fut assassiné. Ce qui prouve que l’armée française au Rwanda avait une présence dissuasive au moins en ce qui concerne les massacres et la sécurité de la capitale, et pendant les deux mois qui ont suivi l’assassinat d’Habyarimana , Kagamé a refusé le cessé le feu, demandé par le gouvernement intérimaire, le secrétaire général des nations unies Boutros Boutros Ghali et un certain nombre des membres du conseil de sécurité des Nations -unis. Il a fallu que l’opération Turquoise intervienne pour que les troupes d’interposition puissent se rendre au Rwanda et pendant ce temps tout le monde était au courant de ce qui se passait au Rwanda; le secrétaire général des Nations unies en avait fait un rapport détaillé des événements qui s’y déroulaient mais personne, ne voulait réagir, et on se rend compte que l’on a laissé pourrir la situation pour favoriser le camp du FPR, et aujourd’hui on se rend compte que si les Nations unies avaient intervenues à temps, le FPR aurait été contraint de partager le pouvoir avec les Hutus. Et deuxièmement si l’on envoyait une force d’interposition cela allait changer la manière dont les massacres ont été commis ; hors le FPR avait besoins de massacres pour justifier sa prise de pouvoir, ils avaient besoin qu’il y ait suffisamment de morts pour prendre le pouvoir de façon définitive et totale en criminalisant le régime Hutu, car dans cette histoire de massacres, personne n’a enquêté dans ce que faisait le FPR à la même période.
Vous ne pouvez pas occuper militairement 80% du territoire d’un pays sans commettre des crimes. Militairement ce n’est pas explicable, dont si les forces gouvernementales ont commis des crimes contre les civils et le FPR de son côté le FPR aussi en a commis il ya d’ailleurs des rapports des Nations unies qui attestent que pendant que le FPR avançait il commettait des crimes massacrant des populations civiles jusqu’à son arrivée à Kigali. Et de l’autre côté pendant la mission Turquoise on a observé des millions de personnes qui traversaient la frontière pour se réfugier au Congo, et ceux qui soutenaient le FPR savaient très bien ce qu'il se passait en étant réticent sur l’envoi d’une force d’interposition au Rwanda. Ils ont simplement laissé le pays se vider de sa population majoritaire les Hutus, pour que le FPR vienne enfin dire que c’est eux qui ont arrêté le génocide, et faire toute la propagande qui a été faite post massacre pour légitimer sa prise de pouvoir, et empêcher que les gens regardent à la loupe ce qu’il s’était vraiment passé, si le FPR était déjà à Kigali pourquoi il n’a pas empêché le massacre des Tutsis qui s’y trouvaient? Quand les membres du FPR entre à Kigali ils massacrent les gens et laissent massacrer les Tutsi car ils en avaient besoin pour justifier leur prise de pouvoir.
Flashmag : Les massacres de Tutsis, que certains auteurs attribuent au FPR car à ce qu’il paraîtrait il existait une rixe entre les Tutsis francophones qui étaient restés au pays et avaient collaboré avec le régime d’Habyarimana, et les Tutsis anglophones qui étaient parti en exile en Ouganda et était revenu avec le FPR de Paul Kagamé.
Vous semblez innocenter le président français François Mitterrand car selon vous il n’avait pas agis assez énergiquement car il n’avait pas tous les éléments du dossier, on a l’impression que les Etats-unis qui soutenait le FPR ne lui avait pas dit toute la vérité comment appréciez-vous des années plus tard la position de la France et du président François Mitterrand dans ce dossier ?
Charles Onana : je disais tout à l’heure que tant que les troupes françaises

étaient au Rwanda le président Habyarimana était en sécurité, quand les troupes françaises ont quitté le