Entretien avec Wally Badarou musicien chevronné
Il est mieux connu dans les arcanes des professionnels de la musique et très peu du grand public, il est l’épitomé de la maxime qui implique que la grande popularité de rime pas toujours avec le génie artistique, il est pourtant le nec plus ultra en matière de composition de musique il a travaillé avec les plus grands de Mick Jagger à James Brown en passant par Manu Dibango, Yossou Ndour ou Papa Wemba. Il a flirté avec le cinéma, composant des musiques pour film primés aux Oscar. Nous avons eu la chance que cette encyclopédie de la musique mondiale, ait bien voulu nous consacrer quelques instants de son temps si précieux pour répondre à nos questions. Nous lui en sommes reconnaissant et c’est une quasi-certitude que le public appréciera à sa juste valeur cette causerie affable et instructive avec cette icône de la musique mondiale.
Flashmag : Wally Badarou nous sommes heureux et notre lectorat avec, de vous avoir comme invité vedette ce mois. Le temps de cette interview notre tribune est la vôtre. Vous êtes d’origine béninoise et français de naissance, vous êtes né à Paris et avez passer plus de 10 ans en Afrique. Une question que vous avez déjà répondu un millier de fois, mais qui du moins reste importante pourquoi avez-vous finis musicien surtout que l’on sait que l’aviation a toujours été votre passion ?
Wally Badarou : Le monde est tel qu'aujourd'hui, plus que jamais, on ne finit jamais que lorsque le repos éternel se présente. Pour le grand public, je suis compositeur, musicien, producteur, certes. Pour un public plus restreint, je suis aussi acteur, et peut-être réalisateur un jour. Pour d'autres, je suis également développeur informatique. Ces dernières années, je me suis fait également défenseur du droit d'auteur dans le monde, et bien des eurodéputés ne connaissent que cela de moi. En vérité, je reste multi-facettes en évolution permanente, et soyez-en assurés, l'aviation ne me quitte pas.
Flashmag : Alors que vous entrez dans la musique, à quel moment avez-vous décidé qu’il fallait finalement vous y mettre à fond ? Avez-vous eu des doutes a un moment ?
Wally Badarou : J'en ai douté les trois ans que j'ai passées à étudier le droit à l'Université de Paris X, Nanterre. J'ai même mis fin à mon sursis étudiant pour faire mon service militaire, histoire de prendre du temps. Puis à ma libération, les séances d'enregistrements s'enchaînant les unes aux autres, j'ai réalisé que je pouvais en vivre et me payer un loyer. C'est ainsi que la musique a progressivement pris le dessus et qu'un jour les bancs de la fac ne m'ont plus revu.
Flashmag : C’est en 1979 que vous sortez votre premier opus solo Back to scales tonight suivront en 1983 Echoes, Words of mountain en 1989, en 2001 Colors of silence : musicale poetry for yoga, et en 2009 Musical Trilogy. S’il fallait dire un mot sur ces compositions personnelles, elles représentent quoi pour vous ? Aujourd’hui quand vous les regarder quel sentiment avez-vous ?
Wally Badarou : Elles sont tout pour moi. Toute autre œuvre, fruit de collaboration aussi illustre et/ou couronnée de succès fût-elle, ne m'est jamais que secondaire à mes yeux, par rapport à mes œuvres personnelles. De la conception à la réalisation, elles disent tout de moi.
Flashmag : En 1997 vous vous mettez au service de l’Afrique et militez pour l’organisation des Kora Awards qui depuis récompensent l’excellence africaine en matière de musique et bien sûr on se souvient du titre So Why qui a vu la collaboration de Yossou Ndour, Salif Keita et surtout de Papa Wemba qui vient de quitter ce monde.. pourquoi avez-vous pensé qu’il fallait qu’il y ait des Kora ? Pensez-vous que les Kora ont depuis rempli leur objectif qui était de faire avancer les choses dans le bon sens?
Wally Badarou : Je suis de celles et ceux qui pensent que la meilleure façon pour l'artiste de militer, c'est à travers son art. Je considère m'être mis au service de mes origines dès mes premières musiques, sans même y penser. Puis un jour, sur le projet de mon ami Ernest Adjovi, j'ai réalisé qu'à l'inverse de tous les autres continents et de toutes les grandes nations de ce monde, l'Afrique n'avait pas encore conçu moyen de déclarer au monde, comme à elle-même, celles et ceux de ses artistes qu'elle entendait célébrer de manière libre et souveraine. Les Kora furent - et continuent à être bon an mal an - habitées de cette brillante vocation, et je suis extrêmement fier d'y avoir apporté les modestes lumières qui furent les miennes, quand bien même l'idée de compétition dans le domaine des arts me paraîtra, toujours et encore, absurde. Car c'est, en définitive, à l'idée de commémoration de notre culture et d'hommage souverainement rendu à nos plus grands que je me suis finalement rangé.
Flashmag : cela fut l’une de vos plus proches collaborations avec Papa Wemba qu’elle image il vous a laissez ?
Wally Badarou : Une grande modestie, la marque des plus grands. Une gentillesse et une confiance qui ne m'ont jamais fait défaut depuis. Le talent qu'on lui connait en bonus bien évidemment.
Flashmag : Le développement de votre carrière prouve que vous êtes généreux ouvert à travailler pour les autres les aider à atteindre l’excellence, a un moment donné malgré tout, n’avez-vous pas pensé que vous preniez plus de temps pour les autres et moins pour votre carrière solo, surtout que l’on sait que le milieu des artistes est un milieu souvent plein d’égoïstes ?
Wally Badarou : J'ai toujours pensé que travailler pour les autres, c'était en définitive travailler pour moi. Ma musique se retrouve dans toutes les musiques auxquelles je collabore. Je n'ai absolument pas le sentiment d'avoir sacrifié quoique ce soit de ma carrière solo à celle des autres. la mienne a pris un chemin qui a toujours été le sien, singulier, atypique, à nulle autre comparable, et je suis loin de m'en plaindre, bien au contraire ! Il n'y a guère de modèle dans mon secteur, et je creuse mon sillon en pionnier perpétuel. Demandez-vous plutôt ceci. A combien de compositeurs musiciens africains non chanteurs , de surcroît armé de si peu d'œuvres personnelles en comparaison à d'autres, est-il arrivé de connaître semblable notoriété ?
Flashmag : Vous êtes un proche ami de Chris Blackwell le fondateur de Island record une grosse maison de production une major comme on les appelle, mais apparemment vous n’avez jamais vraiment voulu être sous contrat avec ce genre de maison de production pourquoi ? à la longue pensez-vous que cela a influencé votre carrière ?
Wally Badarou : En vérité, je ne me suis jamais fait de religion quant à la taille de celles avec lesquelles les circonstances m'ont amené à signer. Au début de mon contrat avec Blackwell, Island n'était qu'un (gros) indépendant, et n'est devenue major qu'une fois absorbée par Polygram, ensuite devenue Universal. Majors ou indépendantes, l'essentiel était de réussir à avoir l'équipe de la promotion à ses côtés. Un dicton de Chris Blackwell était affiché aux murs: "If you don't promote, a terrible thing happens: nothing."( si vous ne faites pas la promo quelque chose de terrible se passe : Rien !) Cela n'était vrai qu'en principe, car lorsque "Hi-Life" éclate en Afrique et aux Caraïbes en 1984, Island n'y a ni promotion, ni distribution ...
Flashmag : Un musicien camerounais Jay Lou Ava disait : « avant pour être au top il fallait être bon et maintenant il faut être con pour l’être » pensez-vous qu’il avait raison de l’affirmer ? puis que l’ on a l’impression que la célébrité a pris le pas sur la musicalité
Wally Badarou : Ce sera toujours le sort réservé aux musiques populaires. Dans les années 60, on parlait déjà de "tubes de l'été "et de "vedettariat". Que le star-système ait toujours voulu s'imposer, je ne saurais dire si c'est plus vrai aujourd'hui qu'hier. Mais il est certain que, les nouvelles technologies - ainsi que le phénomène de zapping qu'elles engendrent - aidant, l'éclatement exponentiel du nombre de prétendants rend le discernement et l'émergence de valeurs vraies et durables bien plus difficiles, faisant la part belle à la starification rapide, érigée en référence incontestable. C'était à prévoir.
Flashmag : Beaucoup pense qu’il y a la musique commerciale qui remplit les stades et la bonne musique qui a un public restreint pourquoi ? certains dirait les bons musiciens sont des diamants rare et forcément très peu, peuvent se permettre le luxe de les avoir est-ce vrai ? Ou plutôt c’est lié au refus de certains d’accepter n’importe quoi juste pour faire la une des journaux ? l’idéal comme disait Jacob Devarieux c’est de faire de la bonne musique commercialisable au plus grand nombre, est-ce possible encore ?
Wally Badarou : C'est tout le problème de la musique "sérieuse", élitiste par définition, opposée à la musique "pop", populaire par définition elle aussi. C'est un fait qu'on ne peut célébrer et déplorer à la fois. Jacob a parfaitement raison: cette tâche est celle qui incombe à tout artiste car, en résumé, peut-être est-ce là, la définition du chef-d’œuvre: sophistiqué et populaire tout à la fois. Les chefs-d’œuvre sont-ils encore possibles ? Il faut l'épreuve tu temps pour y répondre vraiment. Qui vivra verra.
Flashmag : Cette anecdote selon laquelle pendant que vous avez travaillé avec James Brown il vous avait demander de lui donner tout le produit de votre travail artistique est-elle vrai ? pourquoi cet Album avec James Brown n’est jamais sorti ?
Wally Badarou : C'est vrai et, compte-tenu de ce désaccord, c'est la raison même pour laquelle il n'est jamais sorti. Dans un état de droit, la commercialisation ne peut s'effectuer qu'avec l'accord des parties engagées.
Video So why
Flashmag : En tant que musicien de studio vous n’avez jamais eu la frustration de travailler tant pour le succès des autres ?
Wally Badarou : Non, comme je l'ai déjà expliqué, je ne fais jamais que ma musique en définitive. Le cas de Level 42 est éloquent à cet égard. En outre, s'est instauré et renforcé depuis, partout dans le monde, un système de rémunération des droits dits voisins (droits des interprêtes, musiciens, producteurs, etc, autres que purs droits d'auteurs), droits qui disent bien la collégialité de la création de ce que le public reçoit en définitive.
Flashmag : Il est impossible de citer tous les artistes avec qui vous avez travaillé j’aimerais cependant que vous disiez un mot sur chaque artiste que je citerais concernant votre travail et la collaboration
1985 Mick Jagger She's The Boss- comment c’etait?
Wally Badarou : Drôle, parce que, ce que nous avions envisagé lui et moi quelques mois auparavant, vu les éloges qu'il m'avait faites à propos de l'album "A Child's Adventure" de Marianne Faithfull, aurait dû être de tout autre nature, bien plus intimiste. En choisissant Bill Laswell comme producteur, il a finalement opté pour une approche plus rock et plus agressive. C'est un bosseur qui a tout mon respect, et qui a eu l'élégance de m'en envoyer une copie dédicacée, c'est rare.
Flashmag : 1979 Myriam Makeba dans, Comme Une Symphonie d'Amour ?
Wally Badarou : Drôle aussi, car figurez-vous que, vu son absence pendant ma séance, et n'étant pas prévenu qu'il s'agissait d'elle, je me suis longtemps demandé, pendant mon enregistrement, à qui était cette voix si ressemblante ...
Flashmag : 1981 Jimmy Cliff: Give the People What They Want?
Wally Badarou : Modestie et effacement, la marque des vrais grands.
Flashmag : 1982 Grace Jones : Living My Life?
Wally Badarou : Curieuse interrogation sur "Living My Life", un troisième album à propos duquel il n'y avait rien de particulier à se souvenir, une certaine routine s'étant finalement installée, par rapport aux deux premiers, "Warm Leatherette" et "Nightclubbing" qui, pour le coup, était bien plus riches en émotions vu qu'ils étaient ceux de la rencontre et de la découverte ...
Flashmag : 1982 Joe Cocker : Sheffield Steel?
Wally Badarou : Un être chaleureux et authentique, rien de fabriqué. Et probablement, grâce au savoir-faire d'Alex Sadkin, ingénieur-coproducteur, l'album soniquement le plus réussi des Compass Point All Stars.
Flashmag : 1986 Fela Ransome Kuti Teacher Don't Teach Me NonSense?
Wally Badarou : Il avait amené le village dans le studio ... Il y avait tellement de monde que Mick Hucknall (Simply Red) ne savait même pas qui était en charge de quoi quand il est passé, comme tous les curieux, dire bonjour. Fela ne me connaissait pas, et j'ai tenu à le laisser entièrement libre de faire sa musique comme il l'entendait, me contentant de faire en sorte que la technique le suive et non le contraire. Il m'en a été reconnaissant. Un tel héros qu'aujourd'hui encore, j'ai du mal à réaliser la chance qui a été la mienne de simplement le côtoyer.
Flashmag : 1988 Manu Dibango: Electric Africa?
Wally Badarou : Notre aîné à tous, celui qui le premier, à la sortie de mon service militaire, m'a appelé pour une séance, coup de fil déterminant dans ma décision de faire de la musique mon métier ; celui aussi qui, parlant de moi lors d'une interview, m'a fait prendre conscience de ce que j'étais en définitive : un peintre.
Flashmag : 1988 Melissa Etheridge?
Wally Badarou : Une grande dame au superbe album de laquelle j'ai eu l'insigne honneur de travailler, sans avoir jamais eu la chance de la rencontrer ... Choses de la vie.
Flashmag : 1988 Julio Iglesias: Libra?
Wally Badarou : Un être affable et drôle, bien éloigné de l'image polissée de crooner que l'on a, et qui en short et t-shirt, venait pieds nus dans mon studio me parler, en connaisseur, de sa passion pour Pro-Tools juste naissant, premier enregistreur numérique enfin abordable.
Flashmag : Serge Gainsbourg ?
Wally Badarou : Gainsbourg était ... Gainsbourg, rien de bien surprenant. A cinq, avec Alain Chamfort, Lio et Bambou, on formait un drôle d'assemblage dans cette maison louée à une actrice, à Beverly Hills. C'était mon premier séjour à Los Angeles. Sentiment d'étrangeté, vite dilué dans l'atmosphère sérieuse du studio.
Flashmag : Herbie Hancock ?
Wally Badarou : Là encore, le génie se reconnait par son charisme et son hospitalité. Il demeure l'un de mes maîtres absolus, et je ne sais toujours pas par quelle étoile nos routes ont fini par se croiser.
Flashmag : Stevie Wonder ?
Wally Badarou : C'est une légende : je ne l'ai jamais rencontré - et encore moins - travaillé avec lui. Il est également l'un de mes maîtres absolus. Mais, curieusement, je n'ai jamais vraiment rêvé le rencontrer (ni lui, ni aucun de mes héros à vrai dire). Je ne crois pas que ce soit par peur d'être déçu. Tout simplement que je ne crois pas que nos rencontres puissent vraiment produire quoique ce soit de supérieur à ce que l'incroyable magnitude de ses œuvres ont déjà produit. Ce serait, tout au plus comme avec Paul McCartney, une rencontre purement amicale.
Flashmag : Parlant de la musique noire pensez-vous qu’elle va dans la bonne direction ? aussi bien du point de vue de la qualité que des messages qu’elle porte on a tendance que la diaspora noire globale a été formatée par ce que l’on voit à la télévision. Ne pensez-vous pas par exemple que si les noirs sont de plus en plus perçu comme des criminels et des femmes de peu de foi, la musique noire y a grandement contribué ? qui faut-il blâmer ? les médias qui diffusent ce qu’ils reçoivent, les producteurs qui supportent de pareils projets, ou le public qui en aval consomme ce qu’on lui donne ?
Wally Badarou : Autant de questions en un seul paragraphe m'amènent à vous suggérer un peu plus de réserve sur vos affirmations. Je ne vois pas une direction unique et globale à la musique noire en général. Il y en a autant que de territoires, de langues, de peuples, et par conséquent, de destinées. Que ceux chez qui une certaine désespérance s'est installée, suite à la désillusion des mouvements d'émancipation durement confrontés aux réalités politiques et géopolitiques en tous genres, finissent par connaître une certaine radicalisation aux allures de facilité, agressivité et même vulgarité, c'est possible. Mais je n'en ferais ni une permanence ni une généralité.
Flashmag : Le journaliste est aussi la courroie de transmission des interrogations de la populace rien de personnel… pour être honnête beaucoup s’interrogent sur l’influence des variantes les plus populaires comme le Hip Hop… Maintenant parlant la technologie et la musique. Avant on privilégiait les bons musiciens en studio qui gagnaient leur vie en jouant des pistes dans la composition des projets. Aujourd’hui le numérique à amener des électroniciens qui n’ont aucune formation musicale mais font des millions de dollars. Le musicien de studio est-il une espèce en voie de disparition que privilégiez-vous la composition avec les ordinateurs ou avec les musiciens qui apportent plus de vie a des projets une pensée humaine plus chaude par opposition au calcul froid des machines ?
Wally Badarou : Le musicien électronique que je suis vous fera une réponse dite de normand : oui et non. Tout dépendra de ce que les oreilles du public, maintenant habitués à la perfection froide que les machines "peuvent" produire, décident de rejeter ou non toute idée d'imperfection "humaine". A en juger par ne serait-ce que quelques faits, tels le retour (relatif mais durable) du vinyle, l'engouement pour le mp3 (qualité dégradée par rapport au CD), le succès des concerts live (où l'imperfection, même informatisée, règne en maître), on peut espérer que même en présence d'algorithmes susceptibles de remplacer auteurs, compositeurs et interprètes, l'humain restera, pour longtemps encore, avide d'humain quand il s'agit de culture. Mais bien prétentieux qui peut affirmer où, quand, comment et combien la facilité, la commodité et, surtout, l'argent, finiront par imposer à toutes et à tous l'acceptabilité de la robotisation universelle rampante. Aucun secteur ne sera épargné ...
Flashmag : Votre pédigrée peut nous permettre de vous poser la question de savoir c’est quoi le succès ? quelle est à meilleure manière d’y parvenir ?
Wally Badarou : J'ai coutume de le définir comme étant l'intersection de deux courbes: celle de la trajectoire esthétique de l'artiste, et celle des goûts du public. Il y a, semble-t-il, gros lot, lorsque les deux se rencontrent. Je dis bien "semble-t-il" car le plus difficile reste à venir : comment le rendre durable ? Pour cette question, comme pour savoir la meilleure manière d'y parvenir, une seule réponse: la diversité des cas, des trajectoires et des impondérables est telle que toute recette dans l'un comme dans l'autre reste drastiquement impossible. C'est pourquoi je ne recommande qu'une chose: rester soi-même et ne rechercher que l'excellence selon sa propre échelle de valeurs. C'est déjà beaucoup, bien plus gratifiant en cas de succès, et bien plus consolant en cas d'échec.
Flashmag : Plus tard dans votre carrière vous avez fait la composition musicale de film notamment avec en 1985 the kiss of the spider woman un film d’ Héctor Babenco, avec en vedette William Hurt qui gagna l’oscar du meilleur acteur. Le film fut le premier film indépendant à être nominé dans la catégorie de meilleure image, meilleur réalisateur et meilleur jeu à l’écran Y a-t-il une spécificité dans la composition de musique de film comparé aux autres ?
Wally Badarou : Une énorme : le compositeur de musique de film crée sur la création d'un autre, les images du réalisateur du film. L'imaginaire de l'un est tributaire de l'imaginaire de l'autre. Le compositeur de film est très difficilement perçu comme un compositeur à part entière, hormis le cas (très rare) de ceux dont la notoriété d'artiste en nom propre a su précéder celle de compositeur de musique de film. Cette quasi-dépendance peut être source de frustration pour certains.
Flashmag : Si vous avez mis l’accent dans le synthétiseur vous aimer bien toucher a d’autres instruments avez-vous déjà essayé de jouer à tous les instruments pour composer une musique ?
Wally Badarou : Je joue de la guitare, de la basse, des percussions, du vibraphone, du mélodica, de la flûte, de l'orgue, du piano acoustique évidemment, je ne me suis jamais interdit grand chose en vérité.
Flashmag : Vous est-il déjà arrivé dans votre carrière que l’on ne croit pas en votre potentiel ? si oui comment avez-vous géré ces sceptiques ? en tant qu’Africain cela vous est déjà arrivé au moins une fois dans votre carrière j’en suis certain ?
Wally Badarou : Toute commande a toujours représenté une prise de risque pour qui me l'adressait, et la possibilité que je ne sois pas à la hauteur a toujours fait partie de l'équation, dans mon esprit tout du moins, quelques soient les succès dont je pouvais déjà me prévaloir. C'est la beauté de nos métiers. gloires et fortunes n'y font rien, on n'est jamais assuré de rien. Mais loin d'être handicapant, j'ai toujours trouvé le challenge plutôt motivant.
Flashmag : Vous avez touché à tous les styles de musiques de nos jours quand on vous propose un projet qu’est-ce qui vous décide à prendre le chalenge ?
Wally Badarou : Beaucoup trop de choses pour être résumées en une réponse. Chaque cas est spécifique et met en jeu des éléments artistiques, esthétiques, éthiques, amicaux, moraux, sociaux, familiaux, financiers, que sais-je, en tous genres et en toutes combinaisons. Mais aujourd'hui, en vérité, je ne me consacre qu'à un seul projet : ma trilogie qui est loin d'être terminée.
Flashmag : Parlant du future depuis 2009 on ne vous a pas vue dans la production solo peut-on espérer un nouvel opus de Wally Badarou dans le future ? avez-vous des projets sur lesquels vous travaillez ces jours cis ou alors vous aller vous contenter d’enseigner dans les universités ?
Wally Badarou : Depuis 2009, je ne fais qu'une chose: la sortie lente et progressive de "The Unnamed Trilogy", l'équivalent de 3 CD dont seulement 5 titres sont aujourd'hui disponibles (en ligne uniquement), et dont "Colors Of Silence" (sortie limitée) n'était qu'un avant-goût. Je sais, c'est extrêmement lent, mais pour le moment seulement.
Flashmag : Au moment de clore cet entretien avez-vous un conseil à donner à ceux qui se lancent dans ce métier ?
Wally Badarou : Oui, comme dit précédemment. Rester soi-même. Ce qu'on loue chez les plus grands, au-delà de leur génie, c'est leur authenticité. Du talent, il y en a beaucoup autour de nous. Mais quand génie il y a, il ne se révèle que par-là.
Flashmag : Flashmag et son lectorat vous disent merci pour cet entretien.
Wally Badarou : Tout le plaisir était pour moi.
Hi life Wally Badarou
Propos recueillis par Hubert Marlin
Journaliste - Ecrivain