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Aimey Bizo : faire du showbiz en Afrique un métier rentable


Flashmag a comme invité vedette ce mois un musicien qui vient de publier un ouvrage académique sur l’organisation des Spectacles au Cameroun son pays d’origine, Aimey Bizo connais depuis plus de 20 ans la scène, musicale ancien membre du groupe camerounais d’Afro funk, Star System, le féru de musique n’a pas rechigner à parfaire son cursus académique avec des études de gestion économique à l’université Lumière de Lyon, dans un entretien sans retenue, l’auteur de SPECTACLES VIVANTS AU CAMEROUN: de la production à l’organisation d’une tournée, nous parle de sa carrière artistique et de son ouvrage référence co-écrit avec Marie-Anne Clerget.

Flashmag : Salut Aimey Bizo, Flashmag et son lectorat, vous disent merci pour avoir bien voulu nous accorder cet entretien.

Aimey Bizo : Bonjour Flashmag, tout le plaisir est le mien, de parler de la musique camerounaise en particulier mais aussi, de la culture en générale.

Flashmag : Le temps de cet entretien notre tribune est la vôtre. Pour commencer on vous connaissait déjà, spécialement pour ceux qui depuis plus de 20 ans suivent la musique africaine, comme un musicien de talent ayant fait partie du groupe d’Afro funk Star System, aussi j’aimerais savoir comme beaucoup, qu’est-ce qui vous a amener très tôt dans les métiers de l’art, avant bien sûr votre seconde vie académique ?

Aimey Bizo : Très tôt, comme beaucoup de jeunes des quartiers populaires de Yaoundé, j'ambitionne de me lancer en dehors des études, aux activités extra scolaires. Donc, je m'essaye au sport, sans succès, à la religion Rasta, sans succès, à la danse ensuite. Parce que je fais partie, de ceux qui ont connu le mouvement hip hop avec Sydney C'est ainsi que je vais me lancer dans le domaine de la culture en compagnie du System Breaker's dans la mouvance Rap - Hip – Hop,

Par la suite, et avec la naissance de la CRTV, à l'époque CTV, Tata Coco Rosy (grande animatrice des programmes de Télévision au Cameroun) va nous proposer de monter une chorégraphie pour son émission de l'époque ''Tata Coco Rosy''

Et à partir de cette émission, nous allons monter des chorégraphies pour Govy et autres, Yolande Ambiana. Des artistes très en vue au Cameroun à l’époque.

Flashmag : Comment se forme le Groupe Star System?

Le groupe Star system a connu beaucoup de succès chez les jeunes, en Afrique dans les années 90’ si c’était à refaire l’expérience Star System, que changeriez-vous ?

Aimey Bizo : C'est Nkembé Pesauk qui va finalement choisir pour nous, en nous sollicitant pour mettre des voix et des musiques sur nos chorégraphies. C'est ainsi que va naître le groupe musical Star System.

Le Star System se forme grâce à Léopold Essomba Tamba avec le concours de Nkembe Pesauk. Nous étions alors à l’époque composée, d’Armand Beyar, Marquis Papale, Nini Ossanga et moi. Ensuite, nous rajouterons Peckey Power, Florent Ahandza et Jessy. Nous avons connu à l'époque des tournées en Côte d'ivoire, avec le groupe RAS ou des soirées comme Noël en couleur avec Consty Eka. Si l'expérience était à refaire, je ne changerais rien, parce que les conditions de l'époque étaient telles que l'amateurisme était de mise, et nous n'y pouvions vraiment rien, malgré notre très bonne volonté. D'ailleurs, nous ne savions pas à l'époque qu'une gestion culturelle était possible.

Flashmag : une question dont tous les fans de Star System aimeraient avoir une réponse, pourquoi ce groupe qui semblait être parti pour tutoyer les cimes de la musique Afro s’est disloqué, après 2 albums ? Avez-vous gardez le contact avec les autres membres du groupe ? Que sont-ils devenus ?

Aimey Bizo : Le groupe se disloque à l'époque du fait de manque de politiques culturelles, qui nous auraient permis à juste titre de vivre de notre activité professionnelle. Aujourd’hui, certains de nos frères vivent de leur art, ça je peux le dire. A l’époque Nous étions jeunes, nous avions des obligations sociales et ne gagnions pas d'argent venant de nos activités musicales, donc nous étions bloqués. Comment construire socialement une vie de famille sans argent ? Du coup, nos familles étaient obligées de subvenir à nos besoins et donc, malgré nos volontés individuelles, de décider de ce qui était bon pour nous et nos carrières, nous étions obligés à l'époque de suivre les injonctions familiales.

J'ai un contact suivi avec chacun des membres de Star System et nous avons d'ailleurs un groupe privé sur Facebook qui a été créé par Jessy.

Jessy bosse aux States, Chris Beyar est conseiller culturel à la mairie d’ Ermont en France, Marquis Papale est cinéaste et réside entre la France et le Benin. Peckey Power est professeur certifié auprès des Lycées au Cameroun, etc.

Flashmag : Maintenant que certains de vous avez trouvé une certaines assise sociale avez-vous pensé à faire un album? Un comeback de quelque sorte?

Aimey Bizo : Oui !!! Avec la publication de mon guide sur le spectacle vivant au Cameroun, nous avons pensé à faire publier un remake, retravaillé et revisité de notre premier album mais juste pour le fun et vraiment pas pour une nouvelle carrière professionnelle.

Flashmag : vos nombreux fans ne manqueront pas de déguster ce nouvel opus j’en suis sûr...Plus tard vous émigrez d’abord en Suisse, et puis en France pourquoi ? Il fallait se donner les meilleures moyens de poursuivre votre carrière je présume ?

Aimey Bizo : Non !!! J'émigre en Suisse personnellement pour des raisons économiques. J'avais à l'époque (1994) ouvert au Cameroun une entreprise de sécurité privée avec le producteur de notre premier album ''Djé Dance'' sorti en juillet 92, Alex Edo'o Edo'o et malheureusement, pour des raisons que je ne vais mentionner ici, notre société a fermé boutique et il a fallu se chercher. C'est ainsi que je m'installe en 1999 en Suisse et par la suite en 2006, en France pour des raisons déjà familiales et ensuite professionnelles. Pour ceux qui viennent en Europe en aventure, ils comprendront. C’est ainsi que, je comprends finalement que dans ces pays, il existe des politiques culturelles, des professionnels du domaine du spectacle vivant, qui excellent, qui dans la production phonographique, qui dans l'organisation de spectacles, qui dans l’organisation des tournées, qui dans l'édition musicale, etc... Je me dis mais mince, donc, dans notre milieu, il y a une organisation, professionnelle et économique.

Flashmag : dans le même temps pendant vos séjours en Europe vous retournez à l’école pourquoi aviez-vous senti le besoins de le faire ?

Aimey Bizo : J'avais une rage de comprendre, de connaître les pratiques professionnelles en cours en Suisse, en France, aux States et ensuite, de dire à la jeunesse camerounaise, aux artistes camerounais qu'il existe cette option professionnelle, de dire aux politiciens camerounais, qu'il y a une possibilité de rendre le spectacle au Cameroun plus professionnel, plus efficient, plus économique mais surtout, de crier haut et fort à la face des camerounais qu'il existe une possibilité de permettre aux artistes interprètes camerounais de vivre de leurs activités professionnelles. C'est aujourd'hui le sens de ma démarche nouvelle. Je ne vais pas arriver à changer immédiatement la culture du statu quo en cours au Cameroun, mais au moins, je vais jeter une bouteille dans la mer, qui je suis sûr, portera ses fruits plus tard.

Flashmag : en choisissant de faire dans la gestion économique vous avez sans

doute voulu connaitre des arcanes de l’industrie des arts, elles sont légions, les complaintes des artistes partout dans le monde qui ont souvent maille à partir avec des producteur véreux.

Espérons vivement que votre ouvrage aide à changer la donne.

Cependant pour aller plus en profondeur, parlant spécifiquement de cet ouvrage coécrit avec Marie –Anne Clerget, d’où vous est venue l’idée de mettre en édition SPECTACLES VIVANTS AU CAMEROUN: de la production à l’organisation d’une tournée, Et la coauteure peut-on savoir qui elle est ? Et quelle a été son apport spécifique dans cet ouvrage ? comment s’est faite votre collaboration ?

Aimey Bizo : Votre question comprend plusieurs volets et je vais essayer de vous répondre par étapes parce qu'elles méritent des réponses claires, les unes des autres mais en attendant, je voulais vous préciser que dans le monde en particulier et dans le milieu du spectacle, les ordonnances juridiques imposent aux uns et aux autres de prendre des dispositions pour non seulement la gestion de leur carrière, pour ce qui concerne les artistes interprètes par exemple, mais aussi, de prendre des dispositions pour la gestion d'une entreprise privée et commerciale

Prendre des dispositions, c’est, s'entourer des personnes dûment habilitées pour savoir comprendre, gérer et administrer une carrière. Les producteurs sont véreux simplement parce que de l'autre côté, il n'existe pas d'artistes interprètes qui s'entourent de personnes capables de lire, de comprendre et d'imposer une vision professionnelle de la gestion de la carrière de l'artiste et enfin, nous savons tous que généralement, les artistes viennent souvent, et pour la plupart des milieux très défavorisés, beaucoup n'ont pas fait des études et ont faim ; et soif de réussir, c’est pourquoi ils ne regardent pas toujours avec attention l'offre faite par un producteur.

Et pour revenir à votre dernière question, je vais la disséquer

Primo - L'idée de publier des guides professionnels sur le spectacle au Cameroun nait durant mes études universitaires à l'université de Lyon. Je me dis qu'il n'est pas possible de comprendre et d’acquérir autant de connaissances sans les partager avec mes frères artistes, politiques et autres journalistes culturels camerounais. Je me décide du coup en marge de mon activité comme tourneur, de publier ces guides

Mme Clerget, ma Coauteure est une française qui a écrit des ouvrages sur

les premières dames de France. Je la contacte lors du final de mon guide, parce que mon éditeur m'impose d'apporter des corrections nécessaires. Je me rends compte du coup que je ne suis pas écrivain traditionnel, que j'écris comme je pense, avec mes mots. C'est au fur et à mesure de la correction que je me rends d'ailleurs compte, qu'elle réécrit certains de mes passages, de mes phrases. Ne pouvant pas au final la payer à la hauteur de son apport, c'est ainsi que je vais lui proposer de lui céder certains de mes droits

Notre collaboration s'est faite dans une sérénité totale. J'avais fait le gros du travail, toutes les recherches et écris le texte dans son entièreté et elle, m'a apporté un énorme coup de main dans la phase liée à sa correction.

Flashmag : Combien de temps il vous a fallu pour publier cet ouvrage ? J’imagine vous vous êtes inspiré de votre vécu artistique, pour le réaliser et avez essayé sans doute de pallier certaines difficultés que vous avez connu vous-même en tant qu’artiste.

Aimey Bizo : Je suis à mon deuxième guide. Le premier a été publié en 2009 aux éditions ACorias - France le second m'a pris pratiquement deux ans entre les recherches, son écriture, les différentes modifications, les corrections. Bien évidemment, mon vécu artistique et administratif dans le spectacle a été mon leitmotiv surtout, mon viagra pour permettre aux artistes interprètes camerounais, chacun dans son domaine (danse, théâtre, humour, musique, etc.) de prendre des dispositions sociales et fiscales y compris professionnelles pour mieux gérer sa carrière aussi bien au Cameroun qu'à l'international.

Flashmag : votre ouvrage rompt définitivement avec l’amateurisme, et apporte des conseils pratiques idoines, dans l’organisation des spectacles au Cameroun, mais le cas du Cameroun peut être appliqué dans beaucoup d’autres pays africains.

Vous connaissez bien l’Afrique s’il fallait donner votre avis sur l’organisation des concerts en Afrique, et la production de la musique dans le continent que diriez-vous que reste-t-il à faire pour que les choses se portent mieux ?

Aimey Bizo : Une organisation totalement nulle, dans l'organisation de spectacles pour plusieurs raisons, donc les plus évidentes sont le manque de politiques culturelles et le très grand amateurisme en vigueur dans le domaine. Et pour ce qui concerne la production phonographique, c'est encore plus désastreux, parce que non seulement il n'existe pas un marché organisé du disque en Afrique mais, la piraterie est un fléau qui n'arrange pas les choses. La seule chose à faire est d'organiser ces secteurs qui sont pourtant les plus économiques du domaine culturel mais pour des raisons politiques, ce n'est pas pour demain matin. Je suis d'ailleurs convaincu que même la génération à venir ne connaitra pas un secteur du spectacle apaisé, régulé et organisé.

Flashmag : En tout cas vous semblez avoir pris le taureau par les cornes en décidant d’éduquer les masses, qui elles peuvent changer les choses, ne pensez- vous pas qu’il est temps pour que les gens s’organisent et que les personnes privées prennent des initiatives au lieu d'attendre tous des pouvoirs publics?

Aimey Bizo : Non !!! Les personnes privées ne peuvent pas prendre les choses en main. Dans toute société il faut une loi pour mettre tout le monde d'accord, une loi, et pour réguler cette loi mise en place, il faut une autre pour contrôler ce qu'il s'y passe. C'est par la suite que les personnes privées pourront organiser leurs activités autour de cette loi, que les masses seront éduquées de façon organisées et que les activités seront exercées normalement, dans l'équité.

Il y a ce que nous appelons généralement la volonté politique. Elle est très importante. Elle manque cruellement au Cameroun. Un universitaire camerounais me disait récemment, que nous sommes plus dans l'attentisme politique, plus qu'autre chose. Regardez le cas du Cameroun, il y a des pseudos producteurs, organisateurs de spectacles, agents d’artistes et d'autres noms pompeux et à foison les uns des autres, dans des domaines culturels. Le problème est que non seulement ceux qui se présentent sous ces étiquettes ne connaissent même pas les définitions, les obligations et les contraintes de ces appellations tandis que l'Etat ne prend aucune disposition pour pallier ces manquements. Conclusion des courses : tout le monde y perd (l'Etat perd des recettes fiscales et un moyen de juguler le chômage qui touche une partie très importante de la jeunesse camerounaise. Et les camerounais n'ont pas droit à des produits culturels de qualité et les artistes interprètes ne bénéficient pas d'une condition sociale adéquate). C’est bien Dommage

Flashmag : intellectuel je présume que vous pensez plus à la formation appropriée des professionnels du secteur, après avoir produit un ouvrage comme celui-ci avez-vous pensé à l’enseigner dans des écoles d’arts, dans le cas du Cameroun avez-vous pris, les disponibilités pour que les différentes universités du pays incorporent la gestion artistique dans les programmes académique ? On ne le dira jamais assez le savoir est une arme à posséder si l’on veut sortir de l’ornière ?

Aimey Bizo : Bonne citation mon cher Hubert, et dans la logique qui est la mienne pour la sensibilisation des décideurs, la mise en place des politiques culturelles inclut obligatoirement le secteur de la formation qui est très important, c’est un maillon très efficace. Non, je n'ai pas encore entrepris cette démarche auprès des universités et grandes écoles basées au Cameroun mais, chaque chose en son temps.

Flashmag : En Afrique et au Cameroun en particulier, ne font foule que des artistes étrangers de renommée internationale comme les vedettes américaines, et en général quand elles arrivent en Afrique elles ont une grosse équipe de production avec elles, qui ne laisse presque rien au locaux que faire selon vous pour pallier ce genre de situation ?

Et on voit bien qu’il y a un public qui est prêt à payer les tickets pour les voir sur scène?

Donc si les choses ne marchent pas ce n'est toujours pas à cause de la misère supposée des africains je pense?

L’extraversion des mentalités serait-elle un frein au progrès culturel dans le continent, dans la mesure où l’on préfère ce qui vient d’ailleurs, que ce qui est produit localement?

Aimey Bizo : Une fois de plus, nous avons des publics accessibles à la consommation des produits culturels, mais nous manquons cruellement des personnes formées et aptes à l'organisation des spectacles; déjà des locaux mais pire, des étrangers. Les artistes interprètes de renom et originaires des pays développés lorsqu'ils sont invités, très souvent par les Etats ou des Fonctionnaires véreux, on mets du prix pour satisfaire les caprices de ces vedettes internationales mais surtout, l'égo des financeurs.

Non, la misère des africains n'a ici rien à voir sur l'organisation d'un spectacle. Imaginons, un organisateur de spectacles basé au Cameroun qui exerce son activité de façon professionnelle. C'est à dire qu'il dispose d'une structure déclarée, des bureaux physiques et d'un plan d'affaire évident. Il sait que lorsqu'il organise un spectacle de Manu Dibango, de Béyoncé ou de Lady Ponce. En fonction de chaque artiste interprète une gestion économique sera mise en place.

L'extraversion des mentalités une fois de plus est du ressort du politique. Nous avons dans tous les pays ce que nous appelons : préférence nationale. Est-ce qu'au Cameroun par exemple, il est clairement fait mention d'une obligation de diffuser suivant un pourcentage, des musiques camerounaises ou étrangères ? Culturellement, les médias camerounais ruinent plus les artistes locaux tout en diffusant gracieusement par exemple, les musiques venues d'ailleurs. Voilà. Un journaliste préfère demander à Mani Bella 1.000.000 et y compris une obligation déviante, et en cas de refus, va plutôt se tourner vers des musiques étrangères qu'il va diffuser sans obligations particulières. Sensibiliser les masses, diffuser les musiques camerounaises permettra au peuple camerounais d'aimer d'avantage sa musique, ses artistes or, ce n'est pas le cas de nos jours. Vous savez bien, vous qui êtes dans le journalisme que les médias sont un pouvoir qui oriente les masses vers des politiques souvent dangereuses

Ce problème que vous posez est plus du côté des médias camerounais que des artistes ou du peuple. Le peuple ne suivant que ce que les médias propagandistes lui imposent.

Flashmag : Tout à fait devant certains de vos confrère tels que Nneka, dont j’ai reçu il y a quelques temps je n’ai jamais nié le fait , que nous sommes responsables aussi bien de la qualité de musique que la populace mondiale consomme, que des clichés véhiculés par les artistes, et par conséquent de l'éducation, en effets la perte de qualité dans les produits et l'extraversion, des mentalités les comportements déviants , sont intimement liés aux medias, qui choisissent ce qu’ils diffusent ou en sont contraint, quand certains font jouer certains artistes à longueur de journée en se plaignant de la déliquescence de l’art un phénomène tout aussi grave ici aux USA, chacun devrait prendre ses responsabilités et la nôtre les medias est importante.

Aimey Bizo : Je ne vous le fait pas dire...

Flashmag : en tout cas chez nous essayons de faire les choses différemment, mais il faut savoir que les medias ne sont plus libres, ils appartiennent de plus en plus aux personnes qui produisent certains artistes dont il est difficile d’avoir une certaine alternance si on n’est pas Independent.

L’art et l’argent ne font pas toujours bon ménage, pourtant le premier a besoin du second pour mieux se vendre et le second a besoin du premier pour se fructifier, cependant on assiste à des ingérences, et à un combat. Ceux qui investissent leur argent dans l’art ont tendance à vouloir dicter le genre d’art qu’ils veulent voir; tandis que l’art lui réclame toujours plus de liberté pour s’exprimer ? Est-il possible qu’une gestion plus scientifique de la chose artistique et le suivi stricte des politiques de gestion économiques puisse dénaturer l’art en faisant un simple produit de consommation économique ?

Aimey Bizo : La chance chez nous est qu'aujourd'hui, il est encore possible de tout refaire. Les réseaux n'ayant pas réussi à contrôler ces systèmes au pays.

L'art ne peut pas se passer de l'argent. C'est déjà d'abord, l’expression du profit pour celui qui crée. Un objet, un texte, une composition artistique, né de ses tripes, est son bébé, mais comme il a besoin à un moment de publier, de diffuser, d'être célèbre et qu'il n'a pas de finances nécessaires pour arriver à ces fins, il va faire appel à un financier. Les artistes qui arrivent à dépasser certains cadres sociaux, qui sont ''arrivés'' et donc, qui bénéficient d'une indépendance financière, sont régulièrement mis à l'abri des chantages pernicieux venus des financeurs. Le but est donc d'arriver à permettre à tout créateur lorsqu'il est dans une phase disons, de rentabilisation financière, de s'assurer qu'il ne pourra plus dépendre financièrement d'un quelconque producteur et en ce moment, il pourra proposer et imposer des œuvres artistiques scientifiques, personnalisées et non imposées. Vous devez également comprendre celui qui finance. Il a besoin de rentabiliser son affaire parce que très souvent, les artistes n'ont pas affaire à des philanthropes mais à des hommes d'affaires. C’est le jeu en tout cas.

Flashmag : A terme pensez-vous que votre ouvrage va atteindre ses objectifs en premier en comblant un manque et deuxièmement en changeant de manière drastique la gestion artiste en Afrique et au Cameroun en particulier ?

Aimey Bizo : C'est un souhait en tout cas, mais pour cela, je compte beaucoup sur des médias comme le vôtre pour y arriver. Parce que c'est ensemble que nous y arriverons. Un combat n'est jamais mené seul.

Flashmag : en tout cas votre ouvrage a été commandé par la rédaction du Magazine, car Flashmag devra bientôt mettre la main à la pâte , au-delà de la rhétorique il est temps que nous nous impliquions dans la gestion de la chose artistique, nous travaillons depuis sur la création d’un observatoire cybernétique de la musique africaine, il faut plus de visibilité des musiciens africains sur le net et qui sait bientôt nous organiserons bien des cérémonie de remise de prix avec concert à l'appuis dont il faut que cela se fasse dans les normes.

Flashmag : Au moment de clore cet entretien avez-vous un mot particulier envers le public ? Où est disponible SPECTACLES VIVANTS AU CAMEROUN: de la production à l’organisation d’une tournée?

Aimey Bizo : Je remercie déjà vos lecteurs et j'espère qu'ils recevront avec beaucoup d'intérêt ces mots et je remercie surtout Flashmag pour ses objectifs et surtout sa volonté de mettre en avant le travail des créateurs africains. Je vous souhaite bon courage et je ne manquerais pas le moment venu de vous apporter mon expertise.

Le livre est disponible aux éditions L'Harmattan.

Flashmag : Aimey Bizo Flashmag et son lectorat vous remercie pour cet entretien franc et ouvert bonne continuation.

Pour acquerir le livre bien vouloir suivre le lien suivant:

Star System - Dje Dance

Entretien réalisé par Hubert Marlin - Photoghraphies: Chantal photographie


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