Afrique du Sud Xénophobie ou coup d’état ?
Ce n’est un secret pour personne que la masse populaire est à la base de toute manipulation dans les sociétés politisées comme l’Afrique contemporaine qui est vouées aux gémonies d’un monde de charognes. L’occasion fait le larron, et ce n’est pas la violence ou l’ignominie des actes qui peuvent empêcher les monstres froids de spéculer sur les vies des individus pour le gain égoïste. Mais que faut-il vraiment tirer comme enseignement de la situation qui prévaut actuellement en Afrique sud?
Vouloir donner une explication laconique serait faire le jeu de ceux qui refusent de soigner le mal à la racine de peur d’élucider les vrais agents pathogènes, aussi on ne serait aujourd’hui parler de violence sociale en Afrique du sud sans parler des années d’apartheid, de la chute du mur de Berlin, de la fin de la guerre froide, de la libération de Mandela, de sa prise de pouvoir, et de son exit de la scène politique sans lauriers.
Pendant la guerre froide, à l’apogée de l’apartheid, ce n’est un secret que pour ceux qui ne se donnent pas la peine de savoir, que le monde occidental en l’occurrence la Grande Bretagne, le Canada, les États-Unis, l’Allemagne, la France, et Israël qui a bénéficié du programme nucléaire Sud-Africain du régime de Peter Botha, entretenaient des relations privilégiés avec Pretoria, un allié sure du bloc de l’ouest qui s’était montre pertinent dans les opération clandestine contre l’est, tout en dénonçant publiquement la politique d’apartheid qui y sévissait juste pour garder leur col blanc immaculé.
En Afrique du Sud Les agences d’espionnage occidentales ont gardé un réseau de connections qui malgré la fin officielle de l’apartheid reste très actifs. Car en fait en Afrique du sud rien n’a changé sinon les apparences. En février 2015 les fuites de documents ultra secret de l’agence de renseignement sud-africaine (SSA) a fait des vagues une opération qui sans doutes avait pour objectif de discréditer, et de créer l’émoi dans le camp adverse. Une manière de baliser le terrain afin de lancer la première phase d’attaque contre cette Afrique du Sud qui veut s’affranchir du joug occidental. On voit mal comment les organes de presse comme Al Jazeera, et le Guardian auraient pu mettre la main sur des documents ultra secrets, sans qu’il y ait une complicité interne au cœur même de l’appareil d’état Sud-Africain.
Une dissension profonde règne entre les tenants du pouvoir politique en Afrique du Sud et la minorité blanche qui continue à détenir la puissance économique et la technologie. Cette dernière est plus prône à rester dans le camp de l’occident qui reste son allié traditionnel, tandis que la majorité noire avec à sa tête le Congrès National Africain a clairement depuis déclaré ses intentions de joindre le camp de l’alternance globale, en rejoignant le camp de la Russie et de la Chine. La guerre de tranchée qui restait secrète vient d’éclater au grand jour sans pour autant définir clairement les deux camps en bataille ou les objectifs poursuivis.
Aussi pour trouver les objectifs de la situation qui prévaut actuellement en Afrique du sud il faut analyser les conséquences qui en découleront. Aussi les élucubrations xénophobes d’une populace mal avisée, sous éduquée et manipulée ne sont que la résultante de la guerre asymétrique que se livre 2 camps en Afrique du Sud. La République sud-africaine est devenu un allié important de l’alternance globale en rejoignant les BRICS ( bloc, Bresil, Russie, Inde, Chine ), elle est au centre de toute les préoccupations des chancelleries occidentales. Johannesburg, ce n’est un secret pour personne, est devenu le Varsovie du 21 e siècle, les puissances occidentale s’y livrant une bataille sans merci dans l’ombre. Dans cette guerre asymétrique tous les coups sont permis, et surtout les vieux alliés d’hier sont revampés au gout du jour.
A l’aube de l’accession de l’ANC et de Mandela au pouvoir dans les années 90 ‘ la minorité blanche bourgeoise et ses alliés occidentaux s’était efforcée`` de trouver une 3e force politique qui fragiliserait le congres national africain, et la seule manière de le faire était de jouer la lutte d’influence entre l’autorité républicaine et le pouvoir coutumier. Si la démocratie avait porté au pouvoir l’ANC, le pouvoir coutumier détenu par les Zulu n’a jamais voulu perdre de son appoint, aussi le parti Zulu InKhata de Buthelezi fut soutenu par l’occident et la minorité blanche afin de contrer les velléités de l’ ANC. On se souvient que le parti Zulu à l’époque avait utilisé déjà la violence pour se faire entendre, il avait fallu des négociations importantes de la part de Mandela et des leaders de la Sous-région comme Robert Mugabe ou Sam Nujoma pour calmer le foyer des tensions et faire avancer l’Afrique du sud sur une ère plus pacifique. Le foyer de tension calmé à domicile, le nouveau gouvernement de Mandela d’alors fit face à une pénurie de capitaux sans précédent encouragé par les institutions de Breton Woods, et les bailleurs de fonds internationaux qui estimaient que la destination Afrique du Sud n’était pas un investissement viable, tandis que la plus part des grosses fortunes de la minorité blanche avait décidé de planquer leur magot à l’étranger on ne pouvait pas espérer mieux.
C’est le Panafricanisme, le pécher mortel dont on veut faire payer l’Afrique du Sud aujourd’hui qui sauva la tête du pays et de ses millions d’individus de la majorité noire, une majorité noire maintenue dans le quasi illettrisme depuis l’apartheid, ne saurait avoir la moindre recollection de ce que le restant de l’Afrique a fait pour elle. Le seul pays qui bénéficiait de liquidité importante, libre de toute emprise de la cabale occidentale sur ses affaires, et capable de maintenir à flot la république arc en ciel était la Libye de feu le colonel Mouammar Kadhafi, qui apporta à Mandela un soutien sans faille. La conséquence directe de cette déconvenue, allait mettre la puce à l’oreille des dirigeants Sud-africains et Libyens. Une feuille de route pour un véritable panafricanisme des institutions africaines allait être mise sur pieds. Et aujourd’hui alors que cette feuille de route est entrain de rentrer dans sa phase décisive avec le climat actuel des relation Nord- Sud, et Est -Ouest, il ne faut pas être devin pour comprendre pourquoi les violences xénophobes éclatent en Afrique du Sud avec un timing aussi parfait, et surtout avec une configuration qui rappelle les protagonistes d’hier à savoir la royauté Zulu qui semble être le Cheval de Troie des forces tapis dans l’ombre, et l’ANC qui une fois de plus est prise entre ses balbutiements qui visent à contenter la minorité blanche, et ses ambitions traditionnelles de panafricanisme.
La conséquence directe des violences xénophobes en Afrique du Sud est l’onde de choc qui vient de délégitimer l’emprise de l’Afrique du sud sur la gestion des dossiers panafricanistes. Un camouflet soigneusement ourdi par une main loin d’être innocente. Que va expliquer l’Afrique du Sud et la presidente de la commission l’Union Africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma,ancienne épouse du président sud-africain Jacob Zuma, au reste du Continent? Que malgré le fait que l’on brule les citoyens des autres pays africains sur son territoire, elle peut continuer à peser sur les affaires du continent africain et gérer avec sérénité tous ces dossiers brulants, comme la création d’une banque centrale africaine et le rejet unanime de la cours pénale internationale? Les manipulateurs aguerris viennent là, de frapper un coup de maitre, qui risque de mettre un gel perpétuel des relations entre l’Afrique du Sud et le reste du continent. Pourtant l’Afrique du sud avec son avancé technologique et son poids economique reste quand même un partenaire important dans le regain des lettres de noblesse du continent noir.
Loin de faire dans l’apologie complotiste il est important de relever que depuis Mandela la classe dirigeante de l’Afrique du sud, a sa part de responsabilité. Avec une population noire majoritairement sous éduquée et mal informée et gardant encore en elle les stigmates de l’apartheid les leadeurs Sud-Africain, avant de prendre le rôle de panafricaniste n’ont pas assez éduqué leur population de base pour leur inculquer le sentiment de fraternité africaine qu’eux-mêmes en tant que refugiés politiques, dans les pays étrangers ont su en bénéficier. Les politiciens, certains diront préfèrent un peuple malléable, mais un peuple malléable peut se faire manipuler contre ceux qui pensent l’avoir dans la poche, pour peu que le marionnettiste soit plus habile. Aussi un changement de régime actuellement en Afrique du Sud, ferait les affaires des manipulateurs.
Les mouvements populaires renversant les gouvernants sont la marque déposée de la CIA qui depuis l’opération Ajax qui avait renversé le premier ministre iranien Mossadegh (nationaliste) dans les années 50 ne serait pas à leur premier coup, surtout que les décennies de la politique de contentement de la minorité blanche depuis la fin de l’apartheid tel que voulu par les mêmes forces ont tôt fait de creuser un fossé énorme entre la majorité noire pauvre, l’élite dirigeante noire et la minorité blanche qui en général gagne 6 fois plus que les membres de la communauté noire. Dans cette situation dilettante le bouc émissaire qui en général est l’immigré n’a pas échappé à l’échafaud, comme il est de coutume. Il est aberrant de constater que les seules victimes de ces violences ne sont que des africains qui malgré l’austérité qui règne en Afrique du sud ont réussi bon an mal an à survivre dans les ghettos avec les sud-africains, qui auraient mieux fait de copier leur exemple de génie dans l’entreprenariat, car en rien ils ne bénéficient des coudées franche du gouvernement de Zuma qui n’a pas hésité à prendre des lois d’immigration plus draconiennes récemment, ou encore de la minorité blanche raciste, qui voient d’un mauvais œil leur promiscuité avec des immigrants africains plus outillés dans le combat existentialiste .
On ne le dira jamais assez, en forçant les leadeurs africains à prendre des décisions impopulaires les faiseurs de rois, tapis dans l’ombre, gardent leur marge de manœuvre qui peut leur permettre à tout temps d’activer des leviers pour faire tomber des marionnettes qui essayent de s’affranchir de leur jeux.
En serait-on arrivé là, si une réforme agraire avait été faite? Si une politique d’incitation à l’entreprenariat des populations noires avec les micros crédits comme le prévoyait au départ l’agenda socialiste de l’ANC pour lutter contre la pauvreté avait été réalisée? Au lieu de cela Mandela et ceux qui l’on suivit, on embrassé le capitalisme favorisant plutôt l’émergence d’une minorité noire bourgeoise qui fait ami-ami avec la minorité blanche au détriment de la masse populaire noire qui croupit dans une misère affligeante.
Par Hubert Marlin Elingui Jr.
Journaliste Ecrivain