Quelles seront les conséquences du conflit opposant Boko Haram au pays du bassin du lac Tchad
Depuis de long mois il ne se passe pas une semaine sans que le sang ne coule dans le Bassin du lac Tchad, une région de l’hémisphère sud dont les principaux pays limitrophes sont le Nigeria Le Cameroun le Tchad et le Niger. Depuis des temps immémoriaux Le bassin du lac Tchad, a toujours été une zone d’échanges privilégiées, un carrefour où transite les échanges commerciaux entre l’Afrique subsaharienne, l’Afrique du nord et l’orient. Ces 25 dernières années la découverte et le début d’exploitation des nouvelles ressources économiques (agricoles, minières, industrielles) ont donné une nouvelle importance à cet espace, marquée par une grande mobilité des populations et l’apparition de conflits intercommunautaires. Le principal conflit qui menace de faire sombrer une région dont l’avenir est prometteur vu la densité de sa population chiffrée à environ 40 million d’individus, et sa richesse en ressource minière dont la majorité reste inexploitée, est la nébuleuse terroriste Boko Haram, qui au fil du temps se révèle être un véritable outil de géostratégie international, à la solde des protagonistes pas toujours clairement défini.
Aucun mouvement rebel ne fait la guerre sans avoir un agenda, et pour travailler à la réalisation de ces agendas ils ont besoins de moyens et de sponsors qui sont des ordonnateurs car en fait ils définissent souvent la ligne de conduite à tenir.
Si dans les années 70 et 80 le conflit entre le Tchad et la Lybie, sur la bande d’Aozou, a laissé des séquelles, dans la forte circulation d’armes à feu dans cette région, avec le phénomène bien connu des coupeurs de routes, la chute planifiée par les chancelleries occidentales du régime de Mouammar Kadhafi en Lybie, a ouvert une boite de pandore, qui a amener une instabilité plus que notoire dans la région. Les hordes Djihadistes imbibées de Takfirisme y ont trouvé un havre de paix pour prospérer indéfiniment tandis que les géo stratèges véreux en ont fait un pain béni pour fourbir les armes de leur agenda ombrageux.
Le Takfirisme est la peste du développement humain, une espèce d’anarchie sanguinolente (kharidjisme) qui se revendique être le bras séculier d’un ordre religieux désuet, il est aujourd’hui l’apanage de plusieurs mouvements néo-fondamentalistes développant une rhétorique de retour à une pureté de l'Islam originel. Le Takfiri accuse les autres musulmans d’être kafir infidèles. Le takfirisme a été popularisé dans les médias occidentaux par le journaliste d'investigation de la BBC Peter Taylor, dans un documentaire intitulé Le Nouvel Al Qaida. Les combattants takfiristes ont des pratiques de guerre qui les caractérisent : Profanation de tombes, destruction des mausolées, et de lieux de cultes ; Atrocités, parfois filmées, utilisées pour intimider et terroriser les populations). Cependant loin d’être une apologie à la sacro sainteté de la religion le Takfirisme est intimement lié au baphometisme, d’Hassan ibn al Sabbah ce mouvement mystique et criminelle du 11ème siècle qui jadis influença les templiers et la franc-maçonnerie moderne, l’alliance secrètes entre les services secret occidentaux et ces nébuleuses est strictement liée à cela.
De nos jours il est légitime de se poser la question de savoir si la chute de Kadhafi n’avait pas été anticipé pour justement crée le chaos dans la région, la Libye dans ce cas n’aurait été qu’un cheval de Troie, qui aurait été utilisé pour masquer les desseins plus étendus. Si la manne pétrolière libyenne se proposait d’œuvrer au développement de la sous-région avec des projets ambitieux comme reverdir le Sahara, en utilisant les millions des mètres cube d’eau enfouis dans les nappes phréatique du désert, et mieux quand on sait que l’eau douce est en passe de devenir l’or claire, une envolée de la valeur exponentiel de l’eau douce, serait strictement lié au fait que toutes les nappes d’eaux de l’hémisphère nord sont polluées à l’arsenic, à cause de l’activité industrielle. Au demeurant il y’a des raisons de se poser des bonnes questions, car seul un questionnement adéquat peut mener à la vérité.
Et la première des bonnes questions à se poser est de savoir pourquoi Boko Haram a pris racine?
Pour le comprendre il faut savoir que les différents gouvernements qui se sont succédés depuis la période d’indépendance des années soixante, ont toujours fait la politique des forces néo coloniales tapis dans l’ombre. Ce n’est un secret pour personne qu’au cours des 50 dernières années tous les dirigeants issus de l’Afrique subsaharienne, à l‘exception du Zimbabwe devaient être adoubés par l’occident, qui a toujours garder la main haute dans le choix des dirigeants, leur durée au pouvoir, et leur orientation politique. Aussi la corruption et toutes les errances étatiques furent toujours encouragées par les puissances occidentales justement pour créer un milieu fertile au sous-développement et à l’instabilité socio politique, gage d’obscurantisme des peuples, et véritable levier d’éviction des dirigeants qui ne suivraient pas les directives à eux données par les puissances néocoloniales, un dirigeant impopulaire qui ne doit son siège qu’ à l’influence des forces néo coloniales qui implique une tribalisation des regimes pour mieux diviser les pays est l’idéale marionnette dans ce paradigme. Ce système, à deux pivots permet dans une premier temps, de maintenir dans l’ignorance la masse populaire des dits pays en pérennisant le sous-développement, car une masse sous éduquée et sous informée ne peut pas permettre l’éclosion des consciences qui est la pépinière des leaders, tandis que de l’autre côté les masses affamées, le moment venu peuvent être facilement manipulées pour commettre les atrocités contre leur propres concitoyens, si la famine des masses aide tout aussi bien à maintenir au pouvoir les régents de l’occident, il ne faut pas oublier que l’occident essaye de garder la main haute en faisant miroiter au peuple soumis sa richesse et sa liberté factice, si seulement ils obéissaient à leur directive dans l’optique d’une alternance politique sous son contrôle. Aussi les leaders corrompus ne sont que des fruits pourris qui ne peuvent que tomber sous le vent des libertés factices dictées par l’occident. Avec ce stratagème digne des meilleures écoles de behaviorisme américaines, l’occident se permet d’avoir le contrôle aussi bien sur les dirigeants des pays africains que sur le peuple africain.
Au sortir des indépendances tronquées en Afrique aucune véritable société libérale et progressiste n’a jamais été encouragée par l’occident. Les assassinats des divers leaders africains démocrates dans l’âme, défendeurs de liberté et d’épanouissement socio-économique de leur peuple en dit long. Comment l’africain ne peut pas comprendre, une fois pour toute que ceux qui ont assassiné les démocrates comme, Patrice Lumumba, ou Oum Nyobe ne sauraient en aucun cas leur amener la véritable démocratie si elle n’était pas gage de chaos qui ferait leurs affaires. Pourquoi au Mali alors que la transparence et la démocratie semblait avoir pris pieds avec Amani Toumani Touré qui s’apprêtait à passer la main très démocratiquement, le processus d’institution étatique fiable, a été assassiné avec les coups d’états et le terrorisme en toile de fond?
L’actualité terroriste dans la région du bassin du lac Tchad est un cas classique, une fois son hégémonie menacée avec la prise de conscience de la nouvelle génération et les velléités d’ouverture de l’Afrique à l’Est, l’occident a compris qu’il fallait activer son système de chaos contrôle, semer le Chaos et garder le contrôle des ressources dont elle a besoins à tout prix. Aussi la misère qu’elle entretient depuis des décennies avec son FMI et ses programmes d’ajustement structurelle, qui perpétuèrent l’esclavage et l’endettement , tout en détruisant les termes de l’échange nord-sud, et en encourageant la corruption et les dictatures de dirigeants, a conduit à une quasi destruction du tissu socio-économique, qui à son tour a permis à la nébuleuse terroriste, son outils de prédilection de politique international, de s’implanter dans les zones défavorisées, tandis que les dirigeants dont elle a entretenu la folie des grandeurs sont désormais sur le qui-vive, par ce qu’assis tous sur des sièges éjectables. Le prince selon la doctrine machiavélique est toujours prêt à sacrifier la tête de son gouverneur Dracon pour garder le beau rôle et continuer sa politique de tromperie.
Si au Cameroun le peuple semble plus s’intéresser à la destruction de leur ennemi commun qu’est le terrorisme importé du grand voisin qui dans le passé s’est montré encombrant avec les conflits frontaliers, on se refuse dans la majorité des cas à parler de succession à la tête du pays avant que la victoire contre l’ennemi ne soit totale, au Nigeria ce n’est pas le cas, les élections prévues cette année malgré le fait qu’elles aient été reportées devraient sanctionner Godluck Jonathan, lui qui pourtant naivement pendant son mandat a fait les affaires de l’occident.
Ce report qui est une conséquence directe de l’action des terroristes, fait les affaires de ceux qui tapis dans l’ombre espèrent une division du Nigeria en micro états. Car l’élection d’une personnalité du nord comme cela semble se profiler à l’horizon aiderait à sceller une alliance qui détruirait la nébuleuse terroriste, sa raison d’être et certains de ses supports dans l’élite du nord, qui a très mal vécu le holdup up électoral du Sud qui à deux fois successivement a placé un des leurs à la magistrature suprême alors que de facto au Nigeria la présidence est tournante, un coup au nord un coup au sud. Ce manquement au respect de la loi non écrite aurait courroucé des élites du nord qui secrètement aurait été les premiers argentiers de la nébuleuse terroriste. Le report des élections au Nigeria donne un bol d’air aux terroristes, à ceux qui les soutiennent, et au régime en place qui semble être devenu impopulaire au Nigeria, bien que soutenu par certaines chancelleries occidentales.
Au Tchad, dont Ndjamena la capitale n’est qu’a 50 kilomètres du foyer de tension, les choses semblent plus tassées, car Boko Haram n’a jamais attaqué le Tchad , avant son entrée dans la coalition, et ceci malgré le fait que ce soit un pays où l’islam et le christianisme sont grandement pratiqués. Cet état de grâce le Tchad le doit sans doute à sa bonne entente avec les puissances néo colonisatrices, comme la France qui y dispose d’une base militaire depuis plus de 30 ans, pendant que l’exploitation du pétrole Tchadien est l’apanage des mêmes forces. La rentrée de l’armée Tchadienne dans la guerre sonne sans doute une entrée indirecte de la France dans le conflit, a quel dessein?
Il clair qu’une fois la paix rétablie dans cette partie du monde quelqu’un devra payer pour le sang versé, la France par l’entremise du Tchad qui est en train de payer un lourd tribut , devrait renégocier sans doute le frais du passage de son pétrole en sol camerounais, des tarifs qu’une certaine presse française trouve exorbitants, d’un autre côté le Cameroun qui est devenu la véritable cible de cette guerre (le pays a un peuple insoumis à l’occident, rébellion des Bétis et des Doualas contre les allemands au 19ème siècle, guerre d’indépendance contre la France années 50-70, et regorge des ressources importantes, il est le poumon économique de l’Afrique Centrale avec débouchés sur la mer, ) perdrait une autre source de revenu potentiel a côté du délestage des recettes douanières de la région du bassin lac Tchad, qui a déjà laisser un trou de plusieurs milliard de FCFA dans l’assiette budgétaire, tandis que l’effort de guerre quant à lui pourrait devenir un poids qui deviendrait de plus en plus pesant pour le gouvernement, même si le peuple semble avoir trouvez le moyen de compatir à cet épreuve en se proposant de soutenir même matériellement leur armée. Tandis que le gouvernement camerounais très habile est en train d’exploiter la morosité des relations entre l’occident, la Russie et la Chine pour avoir les appuis nécessaires pour mener à bien ce combat. Les deux géants de l’est prennent en même temps une option de soutient de l’Afrique subsaharienne dans l’optique d’un conflit global qui les opposerait à l’OTAN
Au demeurant lorsque le Tchad joue la carte de la prudence en essayant aussi bien de contenter les puissances coloniales que les pays frontaliers, il sait qu’en soutenant un pays frère il obtient en même temps une créance sur le future, menacé qu’il est par la rébellion touareg du nord du pays, une rébellion qui est entretenue par les mêmes forces qui avec ce stratagème exerce une pression sur ses dirigeants. Si un jour la situation se dégradait il est clair que le Cameroun comme ce fut le cas lors du conflit de la bande d’Aozou lui prêterait main forte et cette fois-ci sans doute en lui adjoignant des troupes.
Quant à Boko Haram le fameux cheval de Troie, ses jours sont comptés la nébuleuse terroriste dans son modus operandi a perdu sa légitimité politique en massacrant les populations dont elle dit vouloir inféoder en califat. Elle a sacrifié sous l’autel de sa déchéance, l’élément principal d’un état la population, comment peut –on diriger un peuple qui n’existe plus par qu’il a été assassiné ou contraint à l’exile.
Les États-Unis en mettant un prix sur la tête de son leader Aboubacar Shekau savent que son rôle est terminé. Un Aboubacar Shekau qui ressemble plus à un produit hollywoodien qu’à autre chose. Avec l’avancée de la technologie du maquillage artistique, on sait très bien qu’il est possible que l’immortel Shekau ne soit qu’un masque porté par plusieurs individus, voilà pourquoi sûres de leur coup, certaines puissances occidentales ont toujours refusé de croire aux nouvelles donnant pour mort le leader de la nébuleuse terroriste. On peut ainsi aisément comprendre pourquoi ce dernier soit mort plus d’une fois puisque sans doute plusieurs porteurs de ce masque ont été tués forçant les souteneurs à créer un autre chaque fois pour le remplacer.
La France et les États-Unis quant à eux, ont définitivement perdu la face dans ce conflit avec des prises de position qui prouvent leur participation sournoise à la déstabilisation de la région du bassin du lac Tchad. le président Américain Barack Obama a trouvé très opportun de rappeler il y a quelques temps aux américains qu’il y a dix siècles les chrétiens pendant les croisades eux aussi avaient commis des atrocités semblables à ce que commet DAESH ou Boko Haram, une rhétorique très usité par les adeptes du fondamentalisme islamique. Des mots qui choquent lorsqu’ils sont prononcés par le soi-disant leadeur du monde libre, entre le 11 siècle et le 21 siècle il y a quand même un gouffre de mille années pendant lesquelles l’humanité devrait avoir appris de ses erreurs du passé. A moins que l’agenda d’une certaine Amérique, c’est de renvoyer une partie du monde au chaos du moyen-âge.
En outre le retour de l’activation des réseaux diplomatiques franco-américains qui veulent absolument cette fois ci rentrer dans la guerre contre la nébuleuse qu’ils avaient créer au début des années 2000 n’est rien d’autre qu’un tour de passe-passe. Après avoir convié les chef d’états major d’armée africaine, à un sommet le 10 février 2015 à Dakar, les États-Unis, avec AFRICOM, veulent juste sauver la face et contrôler une situation qui n’est plus dans leur rayon d’influence, il est aberrant qu’ils aient fait croire au monde entier qu’un groupe de brigands comme Boko Haram pouvait défier des États souverains avec polices et armées bien structurés, pendant si longtemps, sans jamais bénéficier de la logistique et du soutien de puissances étrangères à l’Afrique. Beaucoup ont oublié que l’Ecomog (Economic Community of West African States Monitoring Group), la force militaire de la CDEAO (Communauté de développement des États de l’Afrique de l’Ouest), majoritairement constituée de militaires nigérians avait joué un rôle important (institution de cessez-le-feu) dans les guerres civiles au Libéria et en Siéra-Léone dans les années passées. Craignant que le Nigéria utilise l’Ecomog pour supplanter l’influence des grandes puissances dans la sous-région, le président Georges Bush, fonda l’ACRI (Africa Crisis Response Initiative) en 2004. Avec l’aide de la CIA, l’ACRI recruta des jeunes islamistes qu’elle forma le long de la frontière avec le Cameroun, à la collecte du Renseignement, au maniement des armes, et aux techniques de survie. Les jeunes formés ne furent jamais enrôlés dans les armées de quelques pays que ce soit, mais ce sont plutôt organisé en hordes de brigands de campagne, qui trouvèrent une légitimité fantoche en s’arrogeant les idées fondamentalistes pour mieux voiler leurs parrains qui leur avaient confié la mission de déstabiliser la sous-région. (Boko Haram fondé en 2002 recruta intensement dans ces jeunes)
Il est indéniable que ce conflit devra décidément changer la manière de faire les choses entre les pays de la sous-région et l’occident, si la France et les États-Unis sont en crise, le pire est pour la France qui a une monnaie sous contrôle, par le biais de l’union européenne qui est l’antichambre des États-Unis. Alors que les États-Unis sont plus libres avec leurs monnaies qu’ils contrôlent et créent sur la base du vent avec leur planche à billets. Il est indéniable qu’aucune de ces « grandes puissances » ne saurait refaire son déficit sans voler, ou s’approprier des richesses par la force. Aucun respect dans les termes de l’échange dans le commerce avec les autres nations ne résoudra jamais tout seul leur problème de déficit, tout comme aucune saine émulation dans les échanges commerciaux n’a fait leur fortune insolente dans le passé. Même la liquidation des avoirs Libyens élevés à plusieurs trillion de dollars n’a pas suffi à régler le problème de la dette de ces pays. Leur situation reste critique. Acculés par la Chine et la Russie ils sont au bord de l’agonie, une agonie dont les citoyens desdits pays semblent ne pas voir, tant leur esprit est obnubilé par les horreurs de l’islamisme qui sévit à travers la planète.
Et si la non livraison des mistrals à la Russie n’était qu’une arnaque vue la situation déliquescente de la France? Le ministre français de la défense soulignait en décembre 2014 "On pourrait ne jamais livrer. Il faut que les Russes se rendent compte de cette situation." Et il ajouta : "Je n'ai rien à commenter de plus, les responsables russes savent très bien ce dont il s'agit." Une phrase qui en dit plus long sur ce qui se passe réellement. L’occident a besoin du beurre et de l’argent du beurre pour se refaire une santé et s’y attèle de la pire des manières. Le sage dit lorsque que Dieu veut faire perdre quelqu’un la première des choses qu’il lui enlève c’est la raison.
Hubert Marlin Elingui Jr.
Journalist Ecrivain