Alain Missala insuffle une nouvelle vie à la musique des racines
L’année artistique de Flashmag démarre sous les effluves de la musique roots dans une ville d’Europe du nord bien connue pour sa diversité culturelle. A Berlin nous avons rencontré Alain Missala un véritable régal musical qui n’a d’égale que son parcours musical, un archétype du genre globetrotter autodidacte. En 1999 résidant au Sénégal il sort un premier album Psaume 139 une véritable alchimie de plusieurs genres afro tels le Makossa, le Zouk, le reggae, et la rumba, et puis ce sera l’Europe et l’Allemagne où il continuera dans la même lancée sortant des opus tels que Jésus Care en 2006 un album dans le genre musique gospel un clin d’œil sans doute à son grand-père pasteur qui jadis dans son Cameroun natal lui fit faire ses premières armes dans la chorale de l’église. En 2005 Alain Missala aura quand même le temps de finir ses études en empochant un master en économie internationale. En 2009 ce sera la sortie de Soul Expérience un album ancré dans l’afro acoustique et le R&B en 2011 c’est la rencontre avec Daveman son compère africain avec qui ils formeront le Foulaa System un groupe musical qui mélange les musiques traditionnelles africaines, à la musique pop ainsi naitra l’Afro pop. Aujourd’hui Alain Missala est un nom incontournable de la musique groove à Berlin il y travaille avec les artistes les plus expérimentés dans le genre en attendant la sortie de son prochain Album Notes Of My Life un opus qui s’annonce dans le genre afro rythmique et Jazz. Alain Missala est l’invité de Flashmag ce mois dans les lignes qui suivent il nous en dit un peu plus sur sa personne et son art.
Flashmag : Salut Alain Missala Flashmag et son lectorat sont heureux de vous avoir comme invité de la page culturelle ce mois-ci. Pour commencer si dans mon propos introductif il y a une définition laconique de votre biographie et parcours musical, j’aimerais néanmoins savoir pourquoi Alain Missala choisi de faire carrière dans la musique ?
Alain Missala : Bonjour , ah oui pourquoi je suis rentré dans la musique et bien j’ai toujours été dans la musique il y a eu une approche un peu familiale mon grand-père étant pasteur très top je me suis retrouvé dans la chorale de l’église avec la musique gospel , où j’ai fait mes premières armes et lorsque je suis parti du Cameroun pour le Sénégal en 1995 j’ai continué sur la même lancée côtoyant l’église et bien sûr c’est là-bas que je prends mon premier instrument, la guitare à l’âge de 17 ans. Au Sénégal j’ai eu mon baccalauréat puis je suis parti pour l’Allemagne pour continuer mes études supérieurs, je suis titulaire d’un master en économie internationale. Cependant a cote de la musique j’ai un emploi normal lié a mon cursus académique, malgré tout je suis resté très attaché à la musique par ce que c’est un peu ma balance mon repère. La musique reste une très grosse partie de ma vie du point de vue culturel et spirituel.
Flashmag : à quel moment vous avez senti que c’était votre truc?
Alain Missala :J’ai toujours senti que la music était une partie intrinsèque de ma personne une seconde nature en somme j’ai finis mes études en 2005 et malgré tout j’ai toujours su que la musique prendrais une place très importante dans ma vie même si actuellement je ne vis pas que de la musique, mais si la musique à elle seule devait devenir mon gagne-pain je serais beaucoup plus ravi. Et bien sûr je travaille dessus et je voudrais que la musique que je fais ne représente pas seulement l’Afrique mais que ce soit quelque chose de respectable et de respecté
Flashmag : à 17 ans vous quittez votre Cameroun Natal pour le Sénégal la bas vous allez parfaire votre connaissance de la musique le Sénégal un pays qui a vue séjourné Jacob Desvarieux dans son enfance l’un des illustres personnages que nous avons reçu dans cette page, que représente le séjour au Sénégal dans votre parcours artistique?
Alain Missala : le Sénégal a eu une influence assez forte déjà par ce que je suis allé dans un pays qui a une culture différente du mien, du point de vue humain et musical, il y a eu des influences des rythmes comme le M’bala et bien sûr une bonne présence afro cubaine au Sénégal avec la Salsa et qui parle salsa, parle aussi des accords de Jazz cela m’intéresse … déjà par ce que je suis parti au Sénégal assez jeune 16 , 17 ans culturellement j’ai été vraiment influencé ça m’a ouvert vers d’autres horizons avec les grands artistes comme Yossou N’dour avec qui on touche un peu à la pop aux sonorités occidentales mais aussi et surtout on reste dans une essence Africaine avec un mélange des rythmes du terroir et de la diaspora noire du reste du monde, tels que la musique Afro cubaine et historiquement on sait que le Sénégal a été une porte de sortit vers l’Europe et les Amériques alors il y a toutes ces influences là, dans le jeu des mots et des cordes qui reste très intéressant pour moi.
Flashmag : votre instrument de prédilection c’est la guitare acoustique pourquoi avez-vous choisi d’en faire votre principal instrument?
Alain Missala : pour moi c’est par ce que c’est un instrument assez chaud il a deux valeur c’est déjà assez parlant lorsque l’on écoute les notes d’un guitariste, c’est très évocateur et même si l’on ne chante pas, la guitare peut nous permettre de nous exprimer c’est un instrument très proche de l’homme avec grand H c’est un instrument qui a assez de chaleur il touche d’une manière particulière les sensibilités des uns et des autres, plus jeune j’en écoutait énormément avant, à l’âge de 17 ans, d’en emprunter une, je ne l’ai plus lâchée, jusqu’aujourd’hui c’est l’instrument qui m’inspire le plus. Le bois, le son qui sort de cet instrument est assez expressif par exemple quand je le joue d’une certaine manière je peux produire des sonorités qui me rappellent mon Afrique natale, il est très proche de certains de nos instruments traditionnels, parfois lorsque je mets du papier entre les cordes je peux reproduire le bruit de la pluie sur des toitures de taule ondulé de ma ville de naissance Douala, où la sonorité d’un balafon. C’est un instrument pas toujours accessible à tout le monde mais lorsque l’on le maitrise c’est une source énorme d’inspiration
Flashmag : s’il fallait vous définir musicalement parlant que diriez-vous?
Alain Missala : c’est toujours assez difficile de me définir musicalement , pour avoir moi-même fais un voyage musical c’est une question que l’on me pose souvent de savoir si je suis un musicien gospel Jazziste ou autre pop soul, moi en fait je dis je suis un musicien du monde je suis multiculturelle je suis possédé par tout ce qui fait de moi un citoyen du monde mais je suis aussi un africain qui est parti de chez lui pour d’autres horizon qui dans son périple a été influencé par une pléiade de cultures différentes je suis en fait un musicien du monde même si je fais beaucoup dans ce que j’appelle de l’afro jazz en fait, mais je dirais que je suis les traces des précurseurs dans le genres que ce soit Richard Bona ou le grand tonton Manu Dibango, tous ces gens-là, et aussi bien des musiciens américains ont beaucoup influencé ma musique. Donc je suis un musicien qui aime les couleurs qui prends un peu de tout ce que nous offre le monde mais qui reste très encrée à l’Afrique je chante dans ma langue maternelle avec les sonorités du monde entier les indes l’Arabie, les Amériques apportent des effluves à mon art..
Flashmag : en 1999 vous sortez un premier album quel est la genèse de cet opus lorsque l’on sait que le premier album n’est pas toujours facile pour les artistes débutants?
Alain Missala : la genèse ça part de mon expérience personnelle au niveau de l’église c’est un album gospel que j’ai fait pour rendre grâce à Dieu, pour la voix et le don qu’il m’a légué, c’était à une période ou autodidacte j’apprends à joué de cet instrument en 2 semaines j’étais capable de jouer et de chanter en même temps jouant les gammes de ré, sol, et je me suis dit waouh! Il y a quelque chose, et là je me suis rendu compte qu’il fallait que je rende grâce à Dieu pour ce don, mais également c’est la genèse d’une première expérience dans cet album je raconte beaucoup de choses de la vie c’est surtout un album basé sur la foi et l’espoir même s’il est avant tout un album d’action de grâce.
Flashmag : 5 ans plus tard vous exportez votre talent en Allemagne à ce stade-là vous sentiez que l’Afrique ne suffisait plus à votre quête artistique? Quel accueil avez-vous reçu dans les milieux artistiques en Allemagne?
Alain Missala : je pars surtout pur continuer mes études, et bien sûr la musique m’accompagne par ce que j’ai toujours ma guitare dans mon sac, je forme un petit groupe de gospel et après je grandi dans tous ce que j’avais commencé à faire avant mais sans oublier l’Afrique et aujourd’hui même si ça devient très gros je reste en contact avec les musiciens du terroir je reviens d’ailleurs du Cameroun où j’ai rencontré des amis et j’essaie avec eux de voir comment on peut encourager les jeunes qui se battent afin qu’ils fassent le métier des arts dans les meilleures conditions.
En Allemagne j’ai reçu un accueil très t positif dès mon arrivée l’Allemagne est devenue plus ouverte à la musique africaine je me souviens qu’au début des années 2000 Richard Bona venait, il faisait des concerts de jazz salle comble dans une boite de Jazz. C’est vrai maintenant quand il vient il joue dans des salles plus grandes ce qui prouve que le public qui aime la musique africaine s’est agrandi pareil pour Salif Keita. L’Allemagne reste très ouverte peu importe la langue que vous utilisez lorsque vos accords touche le public le reste suit, lorsque l’on est ouvert et que l’on a de la créativité on réussit à s’en tirer à bon compte, c’est ce qui se passe avec moi en ce moment.
Flashmag : En 2006 votre second opus Jésus Care sort un album en plein dans le style musique gospel pourquoi avez-vous choisi de faire tout un Album de Musique Gospel?
Alain Missala : oui comme je disais tantôt j’avais un groupe de Gospel et comme je disais tantôt mes influence dès le bas âge avec mon grand-père qui était pasteur et en plus comme le premier album cet album est le fruit d’une expérience personnel assez forte à cette époque je m’étais fait opérer les cordes vocales pendant un an je ne pouvais pas chanter c’était une période de doute et je me suis dit seigneur si un jours je suis capable De chanter à nouveau je ferais un album gospel et c’est ce qui s’est passé
Flashmag : en 2009 le 3 Album sort Soul Expérience un album encré dans la e R&B et l’acoustique africaine comment fut l’accueil du public pour cet Album?
Alain Missala : très intéressant l’accueil fut chaleureux vivant en Allemagne il y a une chanson en allemand dans cet album et comme je disais en tant que musicien du monde c’était un peu une manière de toucher les horizons divers et de grandir artistiquement.
Flashmag : malgré 3 albums de bonne qualité qui n’ont rien à envier à ce qui est produit par exemple aux USA, vous restez néanmoins très peu connu du grand public selon vous cela est dû à quoi votre manque d’exposition aux medias main Stream ou votre production qui n’est pas faite par les majors?
Alain Missala : je crois cela doit être du au deux les medias et moi-même, je crois que si j’avais juste choisi la musique je ne serais pas aller faire un master en économie, 6 ans d’études pendant lesquelles il fallait faire un compromis, cependant la musique je ne la faisait pas forcement par ce que je voulais être célèbre mais simplement par ce que cela fait partie de ma vie, je la fait parce que j’aime ce que je fais dont j’ai fait des études et j’ai un métier qui subvient à mes besoins c’est vrai la musique ça m’apporte ce que ça m’apporte et j’en suis fier… je ne cherche pas que la célébrité et je sais que si cela doit arriver ça n’arrivera que si je le prends beaucoup plus au sérieux et c’est que je suis en train de faire avec l’album que je prépare, et aussi grandir musicalement en touchant les cimes comme le Jazz, et dans un second plan m’exposer un peu plus et c’est ce qui va se passer dès cette année une équipe de management devra s’occuper désormais de ce côté-là, aussi bien qu’ au niveau des labels il y’a des rencontres qui sont prévues, et si je venais aux USA dans les jours à Venir cela voudrait dire forcement que le travail aura payé. En tout cas il y a énormément de demandes et moi-même j’ai énormément grandi.
Flashmag : en 2011 vous rencontrez Daveman ensemble vous faites un melting pot des musiques traditionnelles Africaines avec la pop ainsi nait l’Afro pop et le groupe Foulaa System que dire de cette collaboration comment avez-vous rencontré Daveman? Et où en êtes-vous avec le Foulaa System? Un album dans le lab.?
Alain Missala : j’ai rencontré Daveman en 2006 il était aussi étudiant on s’est rencontre dans une scène musicale. Moi je faisais du Gospel et lui du Reggae et on s’est dit qu’il fallait que l’on fasse quelque chose de typiquement africain, car il y’a pas trop de musiciens africains en Allemagne qui font de la musique africaine mais pour qu’en Allemagne ils comprennent ce que nous faisions, puis que c’est un pays qui n’est pas francophone ou très lié à l’Afrique comme la France ou la Belgique, aussi on s’est dit pour qu’il comprennent ce que l’on fait, il fallait que l’on trouve la bonne sauce en mixant un peu tout ça ainsi nous y avons ajouter des sonorités pop à la musique africaine atypique ainsi est né l’afro pop et le Foulaa System . Et c’est comme ça que le Foulaa system est devenu quelque chose d’assez fou en Allemagne nous avons des vidéos sur YouTube qui se porte bien certaines ont même enregistrées le million de vue. Avec le Foulaa system nous avons produit un album l’année dernière un album qui continue à se vendre très bien nous avons fait des tournées, le tour de l’Allemagne nous l’avons déjà fait on espère faire le tour de l’Europe aussi. C’est vrai que chacun de nous a son projet personnel on représente en tout cas chacun l’Afrique dans sa diversité on utilise parfois des clichés pour rendre la musique un peu plus amusante. Ainsi que des sketches de théâtre nous, ça nous défoule en tout cas
Flashmag : depuis novembre votre single de 4 titres Notes of my Life est disponible en streaming en ligne sur Sound cloud, en prélude à l’album. Parlant de Notes of my life qu’est-ce qui vous y a inspirer, ou placez-vous cet album dans votre carrière il représente quoi cet opus?
Alain Missala : je travaille avec des musiciens des amis que je connais il sont d’ailleurs des professeurs de musique le saxophoniste et le guitariste, ça fait un an que je travaille sur cet album, je me suis finalement dis qu’il fallait que je prenne ma musique un peu plus au sérieux vous me disiez tantôt que vous en tant que journaliste vous étiez surpris de ne pas me connaitre, et bien c’est ce que j’ai souvent entendu pas mal de gens me dire qu’il fallait que je me fasse un peu plus connaitre depuis l’année dernière il y’a une demande forte qui m’a poussé à travailler un peu plus sur ce projet.
Cet album va représenter l’album qui aura fait de moi un musicien car chaque fois les gens me demandaient tu es musicien? Je leur disais je le suis à temps partiel, cet album représentera aussi mon parcours musical j’ai l’impression que ce sera celui du breakthrough, de la percée
Flashmag : faire de la musique jazz un genre qui reste réservé a certain public ne vous dérange pas ?
Alain Missala : non ça ne me gêne pas je suis un musicien du monde, je ne suis pas un musicien de jazz atypique je l’appel afro jazz je suis plus world music que jazz tout ce que je fais c’est de mettre en vitrine toutes mes influences musicales, et j’y ajoute la diversité du jazz. Ce qui est bien c’est que j’ai la possibilité d’être sur un festival de musique africaine un festival de musique jazz et un festival de world musique.
Flashmag : vous êtes de retour en Allemagne après un séjour en Afrique comment se porte la scène africaine aujourd’hui? A votre avis qu’est ce qui manque pour tirer la musique locale vers le haut?
Alain Missala : je pense que c’est l’investissement les infrastructures, ce n’est pas la créativité, l’africain a toujours été très inventif je pense que c’est un don que l’on doit lui reconnaitre. cependant il faut mettre de la discipline dans la manière de faire les choses avec plus de discipline, la musique africaine serait mieux vue sur la scène internationale ou elle y est déjà de toutes les façons, mais hélas ce qui me chagrine un peu dans cette musique africaine aujourd’hui c’est que ça devient de plus en plus au niveau des jeunes une copie de ce qui se fait aux États-Unis donc ce n’est plus vraiment la musique typique Africaine à la quelle l’on se reconnaitrait lorsque l’on écoute le Makossa ou la Rumba du Congo, il y a que peut être la langue qui est encore Africaine lorsque que j’ai regardé les vidéos que j’ai vu la bas on ne reconnaissait plus la vidéo du musicien africain avec des scènes beaucoup plus pittoresques, ce n’est pas mauvais en tant que tel de montrer des grosses bagnoles des chaines en or mais lorsque ça devient l’essentiel pour se faire connaitre ça devient dangereux pour la culture, africaine. Mais quand même il y a des musiciens qui restent dans les racines et qui se battent pour avoir une place sur le podium, c’est vrai certains versent dans la facilité et si ça continu on ne saura plus si les musicien africain ou des américains au point où vont les choses pourtant on n’a pas besoins de copier quoi que soit lorsque l’on est déjà original
Flashmag : soit dit en passant les musiques noires américaine viennent d’Afrique pourtant.
Flashmag : au moment de clore cet entretien avez-vous un mot à dire au public c’est quoi votre agenda du future proche?
Alain Missala : l’agenda il n’est pas entre mes mains, mais c’est sûr qu’en 2015 on me verra beaucoup plus sur la scène internationale il faut rester connecté s’ils aiment ce que je fais qu’ils s’intéressent à ce que je fais mon web site est en ligne ainsi que ma page Facebook et bien sûr Sound cloud et YouTube où l’on peut écouter et voir ce je fais. http://www.missalamusic.com/
Flashmag : Alain Missala Flashmag et son Lectorat vous disent merci pour cet entretien
Alain Missala : C’est moi qui vous remercie pour le travail de cœur que vous faites envers la culture sans demander de contrepartie sinon le bien pour tous. Mes hommages à toute l’équipe de Flashmag.
Interview réalisée par Hubert Marlin Elingui Jr.