Le code vestimentaire noir manipulation et préjudice
Il y’a de cela quelques années couvrant un défilé de mode aux États-Unis pour un magazine français ayant pignon sur rue, j’eus une discussion assez instructive avec un designer afro-américain, parlant du mode vestimentaire des noirs. Pour lui la mode et le processus d’habillement était exclusivement une chose issue de l’occident, soutenant mordicus que lorsque que les européens arrivèrent dans le continent noir, les africains étaient tout ou presque nus vivant dans une léthargie sauvage comme des individus très peu civilisés. Pas surpris de son raisonnement mais outré néanmoins par la légèreté de ses propos, je me sentis obligé de le ramener à la genèse du vêtement chez les peuples d’Afrique, en lui disant que : « admettre que les africains n’avaient point conscience de cacher leur nudité c’est leur denier la qualité d’être humain et ceci est simplement du racisme. » En outre je lui expliquais de manière véhémente avec exemple à l’appui, en soutenant que les Africains paraissaient moins vêtus à cause de la chaleur qui sévit sous les tropiques. Je vois très mal pourquoi les Africains qui sont considérés comme les premiers hommes modernes de l’histoire de l’humanité, et qui avaient déjà maitrisés le feu, le fer et les travaux de tisserand avant les européens, s’encombreraient d’habits très chauds comme les européens qui à cause des rigueurs de leur climat et environnement se sentirent obligés de trouver des solutions idoines. Si cela est vrai pour la praticabilité je ne tardais pas à rentrer dans l’histoire pour expliquer que bien avant il y’a très longtemps les peuplades africaines étaient mieux vêtues et encore mieux organisées mais l’état de siège qu’elles commencèrent a subir dès le 14 siècle allait plonger le continent dans une période de récession sans pareil, avec le pillage des ressources humaine et matérielle, aussi le wax qui devint hollandais tissu pagne très en vogue en Afrique avant cet état de siège a simplement été revendu aux africains quelques siècles plus tard sans qu’ils ne se doutent que c’est leur propre culture que l’on leur revendait a prix d’or. Cela dit il fut très important pour moi de lui faire comprendre et ceci malgré son titre de grand designer que la mode ou code vestimentaire avait toujours existée en Afrique et sa richesse reste une variante liée aux régions, aux ethnies, et aux us et coutumes. Aussi les habits usuels de tous les jours ont souvent été différents des habits de cérémonies, de même les différents métiers ont toujours eu un style distinct de vêtement. Le chasseur garnira son torse de certaines peintures et peaux de bêtes, de feuillage, pour les besoins de camouflage, tandis qu’un simple pagne noué autour des reins et un torse nu, serait suffisant pour le pécheur qui ne devrait pas s’encombrer dans ses mouvements. Les habits cérémonieux quant à eux ont toujours été bien plus festifs et représentent dans bien des cas un art d’une beauté incommensurable. Dans les régions des haut plateaux au Cameroun ou dans les régions sahélienne comme le Mali, pendant les grandes cérémonies festives les femmes les hommes et les enfants ce sont toujours parés de plus grands atours et ces traditions ne datent pas de l'après colonisation, bien au contraire elles existent depuis la nuit des temps. La reine Nzinga lorsqu’elle visita le Portugal au 16e siècle n’était pas nue que je sache, et son royaume existait déjà, bien des siècles avant l’invasion portugaise.
Plus perspicace mon amie designer noir américain me posait la question de savoir « whatwas their most common fabrics »?
Sur quel support matériel est ce qu’ils concevaient leurs vêtements très heureux du fait que j’avais enfin réussi à lui faire rentrer quelque chose dans la cervelle, je lui répondis bien gaiement « et bien saches que les peuplades africaines ont toujours vécues en harmonie avec leur milieu naturel. En Afrique équatoriale par exemple les peuples de la forets ce sont toujours habillés des matériaux issus de leur écosystème. les écorces d’arbres, les feuillages, les peaux d’animaux les plumes d’oiseaux, ont toujours fait l’affaire, à l’exemple de ‘’ l’Obom’’ cet arbre qui une fois travaillé donne un tissu que l’on utilisait jadis pour faire les vêtements et qui de nos jours est remis en exergue par des designers Africains tels Imane Ayissi ou encore le regretté Chris Seydou, dont il me confirma, qu’il eut la chance de rencontrer à New-York ; il travaillait pas mal de matériaux locaux tels le bogolan.
Non content de m’en tenir à cela, je jetais un pavé dans la mare en lui révélant que la mode, les défilés et saison de mode furent inventés par un Africain de souche Ziryab ‘’oiseau noir’’. Au 8e siècle lorsque l’Espagne était sous l’influence Mauresque, c’est de la cour de Saragosse, en Andalousie au sud de l’Espagne que furent établies les saisons de mode tels que nous les connaissons aujourd’hui, et c’est aussi de là-bas, que les grands royaumes en devenir tels la France et l’Angleterre envoyèrent des émissaires pour s’éduquer à ce style de vie et le transposer à leur pays. Et pire des récentes études scientifiques ont prouvé par l’analyse des poux et des vêtements fossilisés trouvés dans une grotte en Afrique du sud que les premières étoffes jamais conçues par l’homme provenaient d’Afrique. Eberlué et fier à la fois du fait qu’il y'avait plus de 1200 ans un de ses lointains ancêtres avait posé les jalons du métier dont il vivait aujourd’hui… je pris congé de lui non sans tirez des conclusions assez pertinentes qui aujourd’hui plus qu’hier nous interpellent tous.
Le code vestimentaire noir reste très ancré au dictat de l’occident sans doute la faute au Gigantisme de la machine de production occidentale et à l’ambition globale des designers occidentaux qui se sont arrogés le droit d’habiller les mases dont les Africain et Afro descendants. Faisant de ces derniers des objets qu’ils peuvent modeler à souhait.
Ce terme modeler prend ici un sens plus profond. Certaines personnalités du monde des arts étant devenus de véritable pantins, des galops d’essais, de véritable champs d’expérimentation, des vocables, capables de drastiquement modifier l’image d’un groupe d’individus qui les regardent comme model, et les imitent sans trop réfléchir. C’est ainsi que les pantalons Baggy taille basse, juste en dessous du fessier, une vague qui jadis naquit dans les prisons américaines, ou l’homosexualité règne en maitre, est devenu un style courtisé par la jeunesse noire du monde entier. Baisser ainsi son pantalon dans le milieu carcéral américain signifiait que l’on était prêt à recevoir un amant. C’est ainsi qu’une génération d’individus à cause d’un comportement vestimentaire outrageant pourrait aisément être taxé de gay le terme ’’gay ass nigger’’(or gay as a nigger) (pour les mauvaise langues pédé comme un nègre) très en vogue dans les ghettos américain de New-York à Los Angeles en passant par Chicago se trouve ainsi justifié de manière métaphorique, même si dans la réalité ceux qui s’habillent de la sorte ne sont pas toujours homosexuels, et plus grave personne n’a jamais vu Elton John se pavaner exhibant son fessier ; c’est par ce qu’on est gay que l’on doit mal s’habiller.
La mode vestimentaire peut hélas influencer le comportement des individus leur donnant une attitude qui peut être décisive dans leur choix de vie car pour rester en harmonie avec les idées prônées par un code vestimentaire, ils font des choix conséquents. Aussi on observe à la longue une implosion de la société noire américaine avec des distorsions et les tensions que ce comportement peut créer sur l’équilibre de la famille, de la communauté et de la société avec les jeunes qui pour être fidèle à l’attitude gansta préfèrent rester célibataires en flirtant de manière éhontée avec l’homosexualité.
En outre si certains moguls du monde du showbiz se targuent d’être propriétaires de certaines marques, toutes ces dernières ont pour designer des non africains ou afro descendants par exemple ; Phat farm de Russell Simmons a pour designer Kevin Léon un américain d’origine asiatique, Roca wear qui a longtemps appartenu à Jay-z a pour designer Doug Evans un caucasien, tout comme ’’Sean John’ ’de Puff Daddy travaille en étroite collaboration avec Zac Posen un autre designer américain blanc Caucasien. C’est à croire qu’après les regrettés Willi Smith et Patrick Kelly les africain-américains ce sont totalement désintéressés à la création de la mode, puisque ce métier pour certains reste étroitement lié à l’orientation sexuelle, les deux proéminents designers afro-américains ouvertement gays, ont succombé tous deux au sida à la fleur de l’âge.
Le future et l’image des africains et afro descendant pour ce qui est de l’apparat et de l’image est essentiellement façonné par des mains étrangères ce qui n’est pas moins dangereux tant il y a inadéquation entre les besoins et les styles. Si beaucoup de noirs lorsqu’ils s’habillent veulent se sentir important, à la fin, vu ce qui leur est donné comme habits, ils finissent par ressembler aux clowns enguirlandés. Une espèce de bouffonnerie expressément voulue et de manière assez élusive par ceux qui définissent leur code vestimentaire. C’est ainsi que certaines figure célèbre de la diaspora noire mondiale contribuent souvent sans le savoir en général, à l’avilissement du restant de la communauté. Et la vulgarité vestimentaire de bas étage, affichée par certains membre de la gent féminine a tôt fait d’assimiler la femme noire à une femme aux mœurs légères qui n’hésite pas d’exhiber son corps comme une marchandise bon marché.
Le model vestimentaire correct et précautionneux des années 60 qui pour les africains s’inspirait de leur héritage culturel était la métaphore de leur désir d’indépendance vis-à-vis de l’occident. Cette liberté de conscience entrainera le boom de l’industrie du textile en Afrique Noire avec la saga des ‘Nana Benz’ qui reste un exemple patent de l’ingéniosité, du sens des affaires et de la réussite sociale. Tandis qu’en occident, dans les caraïbes et en Amérique latine la diaspora Noire se contentera de copier et d’adopter le mode vestimentaire occidental à cause de la rugosité du climat dans certains cas (Europe, Amérique du nord) mais aussi et surtout afin d’affirmer leur appartenance à la race humaine marquant ainsi leur désir d’égalité et de justice sociale, même si pour beaucoup il s’agissait juste de simple assimilation. Dans un environnement hostile beaucoup ont toujours cru que la meilleure solution s’était de se perdre dans cette société en s’assimilant.
Les années 90 et 2000 verront une domination conglomérée des modes vestimentaire occidentaux sur le restant de la planète avec des grosses maisons de haute couture, dictant chaque année ce qui est chic, ce qui est chouette, ou encore ce qui est ’’in’’ et ce qui est ’’out’’. C’est néanmoins dans ce contexte que bénéficiant des nouveaux outils de l’industrie de la mode, certains designers venu du continent noir vont marquer de leur empreinte le monde de la mode. Si leur congénères de l’occident tels Steve Burrow sont simplement assimilable à la culture occidentale et perdent par conséquent une visibilité, submergés, qu’ils sont par les autres designers, les designers africains quant à eux apporteront quelques chose de très spécial dans l’univers très conservateur de la mode. Des noms tels Imane Ayissi, Alphadi, Xuly Bet, Bumni Koko, Duro Olowu et autres sont devenus de véritables références en matière de haute couture ; alliant à la fois la culture africaine aux grands standards de l’industrie du vêtement. Aujourd’hui plus que jamais les noirs ont les moyens de se faire habiller par les leurs, mais cependant très peu est fait pour que les designers Africains ou Afro-descendants répondent aux expectatives de leur marché, qui hélas reste aux mains des autres marques occidentales.
Un effort doit être fait pour que beaucoup comprennent que ceux des leurs qui sont créateurs de mode sont tout aussi talentueux et sérieux dans leur métier que les occidentaux. Aux États-Unis par exemple les noirs dépensent plus de 27 milliards de dollars chaque année rien que dans les articles vestimentaires ; c’est un marché que les Afro-descendants et Africains devraient essayer de conquérir alors que l’Afrique noire avec ses plus de 800 millions d’âmes reste un marché très porteur. C’est une véritable bataille qui a commencé depuis longtemps, mais dont beaucoup d’Africains et Afro descendants n’ont cependant encore pas pris conscience. La diaspora Noire mondiale c’est environ un milliards 200 millions d’individus de l’Afrique à l’Europe en passant par l’Amérique du nord les caraïbes et l’Asie pacifique. Aussi il est grand temps que ces derniers définissent leur code vestimentaire, choisissent librement comment s’habiller, en imposant leur gouts, et en créant leur circuits ; car il n’y’a rien de plus aberrant que de consommer des marques issues des maisons de couture qui ne procurent aucun emploi aux model noirs, mais se targuent de vouloir habiller la population noire. Les personnalités les plus représentatives ont désormais le devoir moral envers leur communauté de porter des vêtements conçus par les designers de leur race qui feront d’eux de nouveau des princes et des princesses par un style chic et noble. Pas des bouffons comme certains essaient de les dépeindre. C’est pourquoi certaines star comme Kanye West qui sont en train de s’essayer à la création, ne devrait pas verser dans la mégalomanie mais essayer plutôt de se reconnecter à la richesse culturelle de leur héritage ancestrale pour peu qu’ils s’en revendiquent fièrement car le snobisme capitaliste a aidé beaucoup à rejeter leur origines africaines pour l’américanisme qui est antagonique a l’africanité. Malgré tout La maxime, for us by us (pour nous par nous) libellé par FUBU et son créateur Daymond John depuis 1992 reste plus que jamais d’actualité. Cependant il faut imposer par les moyens de notre ère une vision plus saine et attrayante des codes vestimentaires Noirs.
(picture Duro Olowu designer)
Editorial by Hubert Marlin Jr.
Journalist-writer