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La Mafia et les Etats


l'ochlocratie, règne de la mafia ou du sectarisme  est un  gouvernement qui fonctionne sur la base d’un groupe d’individus  qui à cause de leur appartenance à un groupe tribal une société secrète, ou tout autre organisation loufoque, jouissent de pouvoirs illimités dans les exactions d’un gouvernement. Cette caste d’intouchables au-dessus de toute règle de droit car elle est la loi, n’est pas seulement l’apanage des états du tiers monde, où  la corruption, le trafic d’influence propre aux dictatures a créé une caste de jouisseurs impénitents, mais aussi et surtout  dans les pays de l’hémisphère nord et de l’Europe de l’Est où le mariage entre la mafia et les gouvernements est devenu la chose la plus normale qu’il soit.  Le détournement  des deniers publics dans tous les pays du monde en général suit les mêmes circuits de blanchiment d’argent que la mafia utilise, tandis que le clientélisme même dans les nations dites démocrates, n’est plus à démontrer. Les grands patrons de l’oligarchie, en général influence les décisions gouvernementales .

Les politiciens qui exercent le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif, sont en général sous leur botte, en contribuant à la campagne électorale des politiciens en termes de millions, et avec l’influence sur le tissu économique et social que leur confère l’emploi de la populace dans leurs multinationales, ils sont devenus de véritables faiseurs de roi, à qui les gouvernants obéissent parfois aveuglement. Aux Etats-Unis par exemple si General Motors ou Ford décide de délocaliser leurs usines en Asie, ils pourraient créer une crise de l’emploi qui est capable de faire tomber les gouvernants. Cette dépendance des gouvernements à l’oligarchie a été définie comme étant la synarchie. A savoir que les gouvernants sont sous la protection des oligarques, comme dans la mafia classique. Ils ont le pouvoir visible, comme les hommes de mains de la mafia, mais ils n’ont pas l’autorité, en ce sens que leur décisions sont en fait des actes d’obéissance aux injonctions de l’oligarchie, qui elle reste invisible dans son schéma de manipulation.

La naissance des services d’espionnage est intrinsèquement liée à la mafia. Il est indéniable que les templiers qui plus tard deviendront parmi les premiers à se constituer en société secrète, étaient le bras armé du pouvoir exécutif de l’époque à savoir la papauté. Dans leur mission ils s’allièrent à la secte des assassins, une organisation mortifère de bandits de grand chemin, pour faire des croisades. Répendant ainsi le christianisme par l’épée avec des organisations non-chrétiennes. 

Les  relations entre le crime organisé  et l’espionnage sont très anciennes, et sont souvent entourées  d’un mysticisme qui fait à ce que les membres aussi bien des services d’espionnage que du grand banditisme soient affiliés,  aux mêmes sociétés secrètes, qui leurs confèrent  un canal coopératif furtif; car dans les loges maçonniques par exemple les membres peuvent secrètement discuter de certains de leurs agendas et définir des stratégies communes.   Les plus brillants agents du servizio segreto dans les année 30  en Italie étaient en général ceux qui avaient fait leurs  armes dans la mafia sicilienne, ou napolitaine. Tous les services d’espionnage du monde qui  dans la norme évoluent  dans l’ombre, ne sont pas moins familiers aux pratiques de la mafia, car ils naviguent  dans la même nébulosité.  En fait dans bien des cas, les services d’espionnage et le crime organisé   sont des frères d’armes, les deux faces de la  même pièce ; qui souvent se combattent dans la sauvegarde de leurs intérêts respectifs, mais qui en même temps savent où se trouver pour éventuellement collaborer. 

Depuis que les organisations humaines existent, il y a toujours eu ce besoin des dirigeants d’affermir leur pouvoir, et la force de leur organisme, par des méthodes loufoques. Le terme raison d’état  rappel à qui veut comprendre le caractère opaque de certaines activités des Etats, qui depuis toujours ont eu recours soit aux  pirates, aux  mercenaires, voir même aux intégristes religieux comme c’est le cas de nos jours, pour atteindre des agendas secrets.  En 2007, un dossier de la CIA a été publié dans le cadre de la loi sur la liberté de l'information. Ce document qui date de la fin des années 50 précise qu’il fallait  assassiner Fidel Castro, qui tentait à l'époque, de renverser le dictateur cubain Fulgencio Batista, en faveur d'une révolution communiste. Les responsables américains affirmaient  dans la missive, que Castro était une menace pour la sécurité nationale. Après la prise de  pouvoir de Castro en 1959, au cours des années 1960, la CIA engagea  John Roselli, un gangster influent à Chicago, à Hollywood et à la Strip de Vegas; Le  parrain Sam Giancana de Chicago; et le grand Capi  de la Nouvelle-Orléans, Santo Trafficante, pour que Castro soit empoisonné. Plusieurs tentatives, les unes plus audacieuses, comme le cigare pistolet suivirent sans succès .

Bien avant les années 60, pendant la seconde guerre mondiale, connu comme le père du crime organisé en Amérique, Charles "Lucky" Luciano (né Salvatore Lucania) qui avait fait une fortune colossale dans le marché illégal des alcools pendant la Prohibition, vit sa peine de prison de 30 à 50 ans commuée en libération conditionnelle suivie d’une déportation vers l’Italie . Alors qu'il était en prison, Luciano offrit son aide aux États-Unis en utilisant ses relations dans les milieux criminels en Italie, pour faire avancer la cause des Alliés. L'opération, connue sous le nom d'Opération Husky,  eu lieu dans la nuit du 9 juillet 1943, lorsque 160 000 soldats alliés  débarquèrent  sur l'extrême sud-ouest de la Sicile. Le même Luciano réapparaîtra à Cuba dans les années 60 alors que la CIA tentait coûte que vaille de tuer Castro.

Après le gambit manqué  sur la tête de Castro , Sam Giancana, le chef du crime de Chicago, demandera que l’on lui rende des petits services, de temps en temps. Aussi, amant jaloux, il enverra des agents de la CIA espionner sur sa copine d'alors, la chanteuse Phyllis McGuire, pour savoir si elle le trompait avec le comédien Laugh-In Dan Rowan. Cette histoire sordide  précise dans le dossier rendu public  que l’agent en question fut arrêté, pendant qu’il plaçait des mouchards dans l’appartement de la chanteuse.

Ces dernières années les gouvernement eux-mêmes sont devenus de véritables mafias. Dans les année 60 après la perte de l’Algérie sous le General de Gaulle, l’organisation l’armée secrète (OAS) qui était constituée des caciques qui avaient très mal digéré l’octroi de l’indépendance à l’Algérie par le gouvernement du général de Gaulle, mèneront une cabale pour l’assassiner. Le général de Gaulle pour protéger ses arrières fera appel à l’oligarchie sioniste des Rothschild, et aussi et surtout à la mafia corse en engageant à ses cotés, le très énigmatique Charles Pasqua, qui pendant des décennies aura été très impliqué  dans des affaires scabreuses de la France, dont sa fameuse relation incestueuse avec l’Afrique dites francophone, où l'exploitation brute des ressources et la subordination règnent. Les bonnes relations de Charles Pasqua, avec les dictatures africaines permettront d’implanter les succursales légales de la mafia corse en Afrique, comme le pari mutuel urbain.

L’argent est le nerf de la guerre, et certains services d’espionnage étatique ont souvent eu recours à des méthodes de gangster pour financer certaines de leurs entreprises. Aussi, il y a une quantité écrasante de preuves qui lient la CIA à l'introduction du crack dans les quartiers noirs, dans les années 1980, provoquant l'épidémie de cocaïne des années 80 en Amérique. L’Associated Press fit un article sur ces connexions en 1985. L’argent de la drogue aurait aidé à financer certaines opérations clandestines en Iran et Amérique latine. Dans les années 1980, le secteur financier des États-Unis, connu une crise de l'industrie de l'épargne et des prêts, ce fut le plus grand effondrement du secteur bancaire depuis la Grande Dépression de 1929. Selon l'ancien journaliste du Houston Chronicle Pete Brewton, la CIA aurait fait équipe avec la mafia sous le règne de George Bush Senior, pour voler des milliards de dollars dans le scandale des économies et des prêts, des années 1980, qui a paralysé l'économie américaine. Son livre The Mafia, The CIA & George Bush fait la chronique des résultats de son enquête, qui a commencé comme une série de journalisme d'investigation qu'il a écrite pour le Houston Post. Il suggère que le président de l'époque, George W. Bush, faisait partie d'un petit cercle de puissants business men du Texas, qui se mirent en affaire avec la mafia, avec l'aide de la CIA pour escroquer l'argent de l'épargne et des prêts.

Les intérêts nationaux et ceux du crime organisé, sont inextricablement liés dans certains pays. Le député et ex-patron du contre-espionnage bulgare, Atanas Atanasov affirme en des termes plus que claires «d’autres pays ont une mafia; en Bulgarie, c’est la mafia qui a le pays». Au Venezuela, l’ancien président de la Cour suprême, Eladio Aponte, a apporté de multiples preuves qui confirmeraient que des hauts fonctionnaires de l’Etat sont à la tête d’importants groupes criminels transnationaux. En 2010, un autre Vénézuélien, Walid Makled, accusé par divers gouvernements de diriger l’un des plus gros cartels du pays, a soutenu, au moment de son arrestation, qu’il détenait des documents, vidéos et enregistrements impliquant pas moins de 15 généraux vénézuéliens (parmi lesquels le chef du Renseignement militaire et le directeur du Bureau de lutte contre les stupéfiants) En Afghanistan, Ahmed Wali Karzaï, le frère du président et gouverneur de la province de Kandahar, assassiné en 2011, a été régulièrement accusé de participer au trafic d’opium. la principale activité économique de ce pays.

Selon le Financial Times, la fuite des capitaux sous forme de billets de banque transportés dans des mallettes par des trafiquants et des hauts fonctionnaires équivaut peu ou prou au budget de l’Etat. Le trafic de l'héroïne ou la connexion afghane est toujours citée par certaines enquêtes sur l'utilisation du trafic de drogue par la CIA.

La Guinée-Bissau, pays dans la tourmente depuis des décennies qui détient le record du monde des coups d’états, est devenu une plaque tournante pour les narco trafiquants. La drogue qui avant entrait directement par les voies aériennes et maritimes en Europe désormais transite par l’Afrique, à cause des mesures de hautes sécurité dans les ports et aéroports européens dues au terrorisme. 

Ce n’est un secret pour personne que les juntes au pouvoir ont toujours eu un certain attrait pour le grand banditisme, comme dans le cas de Noriega du Panama, la junte militaire qui tient Bissau dans une poigne de fer, depuis le coup d’état de Mamadu Ture Kuruma en 2012, s’engraisse du droit de passe qu’il prélève au Narco trafiquants. Ce qui sauve encore le continent africain d’une épidémie de drogue c’est le pouvoir d’achat des habitants qui met hors de portée certaines substances prohibées qui y transitent simplement. Si en Russie on a réussi en quelque sorte de mettre les oligarques au pas tout en contrôlant la mafia il ne reste pas moins vrai que ce contrôle de l’oligarchie et de la mafia s’est fait en infiltrant aussi bien l’oligarchie que la mafia. Cependant il reste une certaine opacité dans la gestion de certaines ressources vitales comme le gaz. Le schéma de distribution et d’octroi de contrats est très complexe, si complexe qu’il ne faille pas être un expert en politique internationale pour comprendre que les services d’espionnages russes ont réussi depuis à prendre le dessus sur les nébuleuses qu’ils peuvent utiliser de manière ponctuelle, comme les membres influents de la criminalité cybernétique qui souvent travaillent pour les services d’état russe.

Alors que ces dernières années la mafia classique, semble s’assagir en rentrant dans le cadre légal, il ne reste pas moins que le monde de la politique semble avoir hérité  de ses habitudes et est très loin de se défaire de ces malfaisances. Les raisons sécuritaires ces dernières années ont été l’élément facilitateur des dictatures dans l’hémisphère nord, où le peuple est forcé de troquer un semblant de sécurité contre sa liberté et ses droits. Par conséquent, les pouvoirs accrus des gouvernements sur la chose publique et privée, comme dans les dictatures de l’hémisphère sud qui elles n’ont pas besoins de prétextes pour sévir en subrogeant tous les droits, créé à terme une caste de privilégiés qui pour les raisons de sécurité d’Etat, peuvent désormais s’affranchir légalement de la loi et de la morale pour commettre des forfaits des plus odieux.

Hubert Marlin

Journaliste


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