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Un Dialogue truffé de questions prouverait -il l’intelligence des africains ? -  le cas du Cameroun


C’est Comment non ? Quoi de neuf ?

Il ya quoi ? Rien de dix, toi-même tu sais, est ce que ça nous laisse ?

Ce genre d’échange que l’on rencontre quotidiennement dans les conversations en Afrique et spécialement au Cameroun peut continuer à l’infinie. Le vernaculaire truffée de mille questions, de sous-entendus, de vérités et de demi vérités, est un art dans lequel excelle les habitant des métropoles comme Douala ou Yaoundé.

D’où vient-il donc que ces gens décident de parler de la sorte ?

pour le comprendre il faut savoir que les africains aussi bien pendant l’esclavage que sous la période coloniale ce sont toujours sentis épiés par les regards inquisiteurs des puissances autocratiques, aussi ils ont souvent instinctivement créer un langage qui échappait au contrôle du pouvoir esclavagiste ou colonial en puisant dans la riche sagesse africaine où les fables sont racontées pour passer un message de manière hermétique afin que seuls ceux qui ont un certain type d’intelligence et sont par conséquent initiés à un certain dialogue puissent comprendre. Ainsi naquirent dans les régions de l’Ouest anglophone du Cameroun le Pidgin et le Mongo Ewondo dans les régions du sud francophone.

Une fois les colons partis, dès les années 70 et 80, les jeunes camerounais trouvèrent un autre vernaculaire pour cette fois échapper à la férule des parents, car le rigorisme chrétien et islamique, teinté du traditionalisme et de l’envie de réprimé à la manière du colon, allait influencer de beaucoup les parents des années 70 dans la manière d’éduquer leurs progénitures. Les enfants face à cette situation, naturellement développèrent un espace de libre échange où ils pouvaient parler sans crainte d’être compris par l’autorité parentale, c’est ainsi qu’ils créèrent le Cam franglais, un argot africain qui puise dans le français l’anglais et les langues locales.

Les années 90, 2000, et 2010 quant à elles verront des périodes de crise économiques graves dont le pic sera justement en Afrique francophone la dévaluation du franc CFA et la détérioration constante des termes de l’échange avec l’occident. Ces situations dramatiques décidés par un pouvoir invisible allaient affecter profondément les vies des citoyens africains qui auront une réaction de pudeur et de sagesse face à une situation catastrophique deshumanisante. Aussi ils verseront dans la philosophie de la vie qui transpira des expressions qui sont de plus en usitées de nos jours sur le continent.

La résultante sera l’émergence d’un langage codée très suggestif, de la subversion des siècles d’oppression sur leur terre, ils passeront à la suggestion face à ces ennemis invisibles qui les apportaient leur cohorte de maladies et de misères. Le langage empreint de suggestion en stimulant la réflexion des interlocuteurs dans des échanges, qui défient toutes les lois de la grammaire française, est plus rattachable à l’Egypte antique. Le langage codée des camerounais actuels, comme les hiéroglyphes antiques est une espèce d’idéogramme phonétique et philosophique car les mots qui sont parlées sont souvent des homonymies qui signifient en réalités autre choses, et des choses que l’on ne peut comprendre que s’il on a baigné dans une certaine ambiance qui puisse vous permettre de décodé un langage qui volontiers va souvent chercher dans l’humour qui lui aussi est un autre exutoire des turpitudes de la vie, car en Afrique quand les pérégrinations de la vie vous donnent mille raisons de pleurer, il est courant de souvent réussir l’acrobatie de trouver l’ultime raison qui arrache le sourire.

Au demeurant tout dialogue qui comme les mathématiques force à la réflexion n’est qu’un bon exercice mental qui ne peut qu’être bénéfique au développement des facultés intellectuelles des uns et des autres, même si les canons du français se trouvent titillés, il y a de bonnes raisons d’apprécier à juste titre cette inculturation intelligente de la langue française sur le continent africain qui avec ses 120 millions de francophone reste le plus grand bastion de la francophonie dans le monde.

Hubert Marlin

Journaliste -écrivain


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