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Charles Onana   Journaliste et écrivain engagé. l'Africain doit réagir avec la même force que ce


A la une de Flashmag ce mois un journaliste et écrivain engagé prolifique. Il est l’auteur à ce jour de pas moins de 18 ouvrages, qui sont grandement ancrés dans le besoin de justice et de vérité. Charles Onana dans ses ouvrages traite aussi bien de la reconnaissance des soldats Africains dans la libération de l’Europe du nazisme, du racisme en occident, du problème Israélo- palestinien, et surtout des grands lacs une région du monde où il a consacré pas moins de 4 ouvrages à l’heure qu’il est. Dans les lignes qui suivent ils nous parle, de son engagement et de quelques dossiers brulants qui ont marquer et continuent de marquer notre époque le public a le droit de savoir pour mieux comprendre.

Flashmag : Charles Onana, bonjour nous sommes heureux que vous ayez pris quelques instants de votre précieux temps pour nous accorder cet entretien. Quand on parcourt vos ouvrages on a le sentiment que vous avez toujours envie de dire les choses sous un autre angle, si certains vous ont traité de négationniste je pense plus tôt que vous racontez l’autre version des faits qui est souvent en faux avec les versions officielles qui sont souvent formatées pour influencer la populace mondiale, d’où vous est venue cette envie de dires les vérités qui fâchent si on peut ainsi dire ? qu’est-ce qui vous a mis sur cette voie je dirais révolutionnaire ?

Charles Onana : je vous remercie pour cet entretien. En réalité ma démarche est d’abord celle d’un enquêteur. Je suis journaliste d’investigation, c’est pourquoi je cherche toujours d’abord à comprendre, et il se trouve que lorsque l’on cherche à comprendre on est toujours obligé d’aller d’abord en profondeur. Et en allant en profondeur il se retrouve que l’on remette toujours en question ce qui est dit par les canaux dit officiels, ou alors que l’on découvre les choses qui ne sont pas dites. C’est ainsi que ; en travaillant sur les évènements des grands lacs, mon idée était d’abord d’enquêter sur l’attentat qui s’était déroulé dans la région, puis que les Nations-unies avaient déclaré que cet évènement était l’évènement déclencheur du génocide, je ne comprenais pas pourquoi tout le monde s’obstinait à parler du génocide estimant qu’un génocide avait eu lieu contre une communauté au Rwanda et personne ne cherchait à savoir qui avait déclenché ce génocide et pourquoi. Je me suis rendu compte que lorsque les Nations-unies disaient que l’attentat était l’élément déclencheur du génocide, personne n’avait daigné enquêter sur cet attentat. J’ai constaté que la France qui avait un équipage entier qui a péri dans cet attentat, n’a pas voulu ouvrir une enquête sur cette affaire, pas plus que le Rwanda lui-même, ni encore moins le Burundi car il y avait quand même deux chefs d’Etats dans cet avion, celui du Rwanda et du Burundi, et je ne comprenais pas pourquoi personne ne voulait enquêter. En outre il faut souligner qu’au moment de l’attentat l’aéroport de Kigali était sous contrôle de la MINUAR mission des

Nations-unies au Rwanda, comment les forces des Nations-unies voient un attentat être commis sous leur yeux et elles n’enquêtent pas? J’ai rencontré le chef de la mission des Nations-unies Mr Jacques Roger Booh Booh et il m’a dit que le chef de la force d’interposition des Nations unies au Rwanda avait disparu pendant l’attentat entre 20 h30 l’heure où l’attentat avait eu lieu et minuit. Pendant ces heures graves le Commandant Romeo Dallaire était injoignable et ce commandant n’a jamais fait une enquête de circonstance pour que l’on sache ce qu’il s’était passé afin qu’au moins l’on soit édifié sur le drame. Je me suis dont dis que la situation était préoccupante, si personne ne voulait savoir la vérité. J’ai donc décidé de voir plus clair, tout en sachant que ce serait une affaire compliquée. Par la suite je me suis rendu compte que même le tribunal pénal international, était réticent à enquêter. À la fin on a sortie plusieurs théories qui étaient très loin de la vérité. Voilà comment j’ai commencé à faire ce travail. Pour revenir à la question il est évident que sans chercher les sujets qui fâchent comme vous dites le simple fait de rechercher la vérité et de l’exposer ne plait pas toujours à ceux qui ont des choses à cacher.

Flashmag : nous reviendrons plus en profondeur sur cet épisode des grands lacs au cours de cet entretien.

Vous avez été président de l’association des journalistes panafricains indépendants pensez-vous qu’avec la conjoncture actuelle il est facile d’être vraiment indépendant ? ce souci d’indépendance est d’ailleurs mis en exergue dans votre ouvrage L’Édition menacée : Livre blanc sur l'édition indépendante, où vous dénoncez le manque d’indépendance de l’édition à votre avis que faut -il faire pour sortir de ce marasme et de quand même vivre en même temps de son métier d’écrivain ou de journaliste. On a l’impression que la presse et l’édition la plus fortunée a une philosophie hélas qui ne cadre pas toujours avec les idéaux justice de vérité tant que cela ne sert pas ses intérêts ?

Charles Onana : c’est une question de choix personnel, chacun est libre de faire ce qu’il veut de sa carrière travailler de manière indépendante, ou ne pas le faire. Et une fois que l’on choisit d’être indépendant c’est un choix qui forcement a des conséquences. On paye le prix d’une certaine façon de sa liberté, c’est le cas pour les Etats. Si un Etat veut être indépendant il doit payer le prix. J’ai des confrères qui travaillent dans les grands médias, je connais les difficultés qui sont les leurs, ce à quoi ils sont confrontés. Je crois qu’à la fin c’est un choix, il faut simplement en assumer les conséquences. Ceux qui prétendent être indépendants ne le sont souvent pas totalement, ils ont des obstacles sérieux dans la réalisation de leur travail dont c’est une équation très difficile souvent à résoudre.

Flashmag : Très tôt vous vous engagez pour une cause historique la reconnaissance du rôle des soldats africains dans la libération de l’Europe du Nazisme dans vos ouvrages la France et ses Tirailleurs, et Noirs Blancs Beurs 1940-1945 : Libérateurs de la France à votre avis pourquoi ce rôle continue d’être occulté par certains en Europe? Cela est dû au simple racisme ou à une certaines idéologie de domination qui refuse d’accepter que les forces armées venus d’Afrique aient pu s’interposer comme les force occidentales aujourd’hui en Afrique pour régler des problématiques guerrières ?

Charles Onana : il ya plusieurs choses la première c’est le regard qui est porté

sur l’Afrique et les africains en occident. il ya eu à un certain moment un discours scientifique qui considérait les Africains comme des sous hommes, avec les thèses raciste d’André Gobineau et autres. Ces thèses n’ont jamais accepté que l’Afrique avait joué un grand rôle dans l’histoire de l’humanité. Cette vision des choses a été remise en cause par Cheik Anta Diop, beaucoup de gens continuent de mal interpréter la pensé de Cheik Anta Diop, qui avait un vision idéologique de l’histoire. Il a essayé de remettre les choses à leur place en rétablissant la vérité historique aussi certains diraient à chacun sa vérité, mais même dans ce cas-là il y a quand même une vérité universelle, qui tend à s’imposer par elle-même. Et les difficultés pour les africains de se faire accepter pendant les guerres mondiales viennent justement de ce mode de pensée là, de cette perception de l’Afrique en occident.

La seconde problématique vient de la période de la seconde guerre mondiale Hitler lui-même avait des visées sur ce continent, de par la colonisation et ce qui en découlait, celui qui avait le contrôle de l’Afrique avait le contrôle du monde en quelque sorte, en y exploitant ses richesses et il se trouve que lorsque les grandes puissances comme la France se retrouve envahies par le Nazisme, l’Armée allemande faisant une bouché de l’armée française après deux semaines de combat seulement, le général De Gaule qui se réfugie à Londres a du mal à avoir des soldats, et il se tourne très naturellement vers l’Afrique, et dans sa stratégie il comprend que seul l’Afrique peut contribuer efficacement dans cette guerre pour la France, et permettre un retournement de situation. C’est ce qui va se passer le Gouverneur Felix Eboué alors au Tchad va œuvrer pour la mobilisation des troupes Africaines, et l’Afrique donnera au General De Gaulle une puissance militaire que De Gaulle ne pouvait pas avoir en Angleterre. Et les Africains apparaissent comme de très bons guerriers face à l’armée la plus puissance du monde à l’époque la Wehrmacht. Et cette situation n’est pas du tout du gout de beaucoup de français au lendemain de la seconde guerre mondiale, des français qui ne s’étaient pas montrés suffisamment combatifs pour défendre leur pays. Ceux que l’on a souvent estimé être des sous hommes se sont comportés vaillamment dans leurs combats dans les Ardennes, la Somme, en Alsace jusqu’ en Italie dans la bataille de Monté Cassino et en Allemagne. Donc ces actes de bravoure qui ont clamé la vie de certains ont permis de libérer les européens. Et certains à la fin de la guerre n’accepteront pas cette vérité, contraire à l’idéologie de domination de l’européen sur l’Africain, alors les discriminations de toutes sorte et le racisme vont se mêler, afin qu’il n’y ait pas de reconnaissance envers les africains qui pourtant n’exigeait pas d’être vu comme les seuls libérateurs de l’Europe occidentale, mais comme des gens qui ont pesé de tout leur poids dans cette libération comme les américains et autres. Alors ils subiront des rejets jusqu’ au refus de leur droit de pension, leur salaire de militaire, car beaucoup de ces soldats étaient reconnus comme sujets ou citoyens français.

Flashmag : Tout à fait La libération de l’Europe par les Africains est aussi vue comme un élément catalyseur de la lutte pour les indépendances en Afrique, les soldats rentrés au bercail ne voulant plus vivre sous le code de l’indigénat colonial.

Vous défendez une vision plus réelle de l’histoire mais vous ne vous cantonnez pas à cela car vous tacler aussi bien les problématiques actuelles notamment la place de la communauté noire en occident dans Pourquoi la France brûle, la racaille parle, et Un racisme français : et Le communautarisme blanc menace la République (avec Frédérique Mouzer et Kofi Yamgnane), à votre avis qu’est ce qui pose problème l’Occident refuse d’assumer son histoire en forçant de donner une vision plus globaliste qui ne tient pas compte de la diversité culturelle et ethnique ? ou c’est la faute aux différentes communautés dont la noire qui refusent de s’assimiler et d’intégrer les rangs de la grande famille blanche ?

Charles Onana : il ya des problèmes des deux côtés vous savez entre l’Europe et

l’Afrique il y a une histoire de domination, la France considérant que les ressortissants de ses anciennes colonies sont des gens que l‘on doit éduquer et aider, et n’ont jamais regarder ces gens comme des personnes capables et autonomes. Ils savent le contraire quelque part car la traitre negrière a prouvé que l’on ne pouvait pas prendre les gens en esclavage s’ils étaient des incapables. Et puis il faut comprendre que la France pendant la période des deux guerres a connu des administrateurs coloniaux qui par la suite sont devenus des personnalités historiques comme Felix Eboué et ce sont fait remarquer dans d’autres domaines comme l’écriture avec René Maran, dans la politique Gaston de Monnerville qui a été président du Senat pendant 22 ans jusqu’en 1968, les descendants de l’Afrique dans les caraïbes ont démontré une grande capacité d’intégration à la société Française. Toute fois les différents pouvoirs politiques économiques et sociaux n’ont pas toujours voulu cette intégration à part entière, utilisant des tactiques pas toujours claires, même si l’on dira que le racisme n’était pas légal comme en Afrique du Sud avec les lois ségrégationnistes, même si dans la pratique le racisme n’était pas officiel il se pratiquait de manière courante. Et la chose la plus difficile quand il n’y a pas de loi écrite c’est de démontrer qu’on est victime de racisme.

D’un autre coté aussi il faut dire que les africains ont leur part de responsabilité c’est pas par ce qu’un système vous est hostile que l’on doit éternellement se regarder comme une victime et espérer la compassion de ceux dont justement on accuse d’injustice, au lieu de faire tous les efforts nécessaires pour gagner sa place dans la société française comme l’ont fait d’autres illustres citoyens français d’origine et de descendance africaine. Ce qu’il s’est passé en 2005 c’est une conjonction de deux facteurs, d’un côté une grande marginalisation des africains dans la périphérie de la ville de paris, les banlieusards, et aussi une mise à l’écart des enfants du pays, à la vie politique et économique, très peu étant représentés dans les milieux politiques économiques intellectuels et autres. Dans un premier temps les grands discours disaient pour être ceci ou cela il fallait mériter avoir un brillant cursus académique, mais à la fin on se rend compte que même avec ces parchemins beaucoup avaient du mal à vraiment se stabiliser socialement, un discours raciste car je ne pense pas que tous les français sont des gens excellents dans la vie pour s’intégrer plus facilement, ce n’est qu’une infime partie de personnes qui excellent vraiment.

En outre les africains sont aussi coupables, car lorsque vous avez des droits sociaux dans un pays qui est le vôtre et pour lequel vos ancêtres ont payé le tribut le plus lourd, vous devez d’une manière ou d’une autre vous imposer par différents moyens, vous avez des droits et vous devez vous faire entendre. En 2005 les jeunes de banlieue se sont fait entendre à leur façon, en brulant les voitures en s’insurgeant en se révoltant. Malheureusement ces actions n’ont pas débouché sur une prise en compte réelle des préoccupations de cette jeunesse. Mais cela dit je ne pense pas que le combat est perdu mais dans cette histoire la chacun a sa part de responsabilité

Flashmag : Certains estiment que, au lieu d’attendre que les autres les acceptent les noirs devraient se prendre en main eux mêmes car le manque de respect envers la communauté noire est surtout du à son faible poids économique malgré l’histoire de l’esclavage et de la colonisation qui l’on retardé. Ne pensez-vous pas que, une fois que cette communauté gagnera en puissance économique comme par exemple les asiatiques qui ont émigré en France très récemment, elle gagnera aussi le respect des autres et deviendra une voix qui compte ?

Charles Onana : vous savez beaucoup de problèmes qui concernent la communauté noire sont aussi liés à l’attitude de la même communauté, je ne le dis pas pour la culpabiliser ou la criminaliser, c’est tout simplement qu’ à un moment donné, la force de la domination et de l’ostracisme dont l’on fait l’objet doit recevoir une force de réaction égale de votre côté afin de pouvoir vous en défaire, mais en faisant des efforts inférieurs à l’ostracisme dont on souffre on ne peut que continuer à en souffrir. Je ne crois pas que les africains sont assez choqués et indigné d’aller acheter leur denrée alimentaire chez les indiens ou les chinois, je crois que si cela les choquait vraiment ils ne le feraient plus et trouveraient d’autre solutions, et cet état des choses est assez préoccupant d’autant plus que dans toute la communauté noire, il ya des sommes faramineuses qui circulent et il y a, en même temps des africains qui font du commerce. Mais pourquoi ceux qui ont les moyens préfèrent aller acheter chez les autres non africains ?

A ce moment-là c’est pas la faute du chinois qui est là pour faire son argent et s’enrichir y compris sur le dos de la communauté noire.

Les africains ont encore ce problème de croire que c’est ce que fait les autres qui est meilleur que ce qu’ils font eux-mêmes et forcement ne supportent pas toujours les entreprises des leurs, par jalousie ou par manque de confiance. Tant que l’on ne s’attaque pas à ces problèmes de fond il sera difficile d’avancer. Cependant les africains sont responsable du respect ou du mépris qu’on les accorde dans tous les cas de figure ils ont désormais l’intelligence les capacités technologiques, les capacités d’adaptation pour faire mieux pourtant. Comment les gens qui sont capables de vivre dans des pays les plus froids en venant de la chaleur des tropiques, ne sont pas capables de s‘organiser pour s’en sortir économiquement ? Ça c’est quelque chose qu’il va falloir nous expliquer de façon rationnelle un jour. Si on les demande de se mobiliser pour aller à un concert ils le feront mais une fois que l’on demande d’investir dans des projets qui touchent le progrès social de la communauté ils ne sont plus là il y a un problème de confiance et solidarité sérieux.

Flashmag : Vous avez fait des ouvrages biographiques sur quelques grandes figures noires comme Josephine Baker, Roger Milla ou René Maran pensez-vous que si on estime qu’il est important que la jeunesse noire actuelle ait des modèles comme leurs illustres aînés, certains estiment qu’ils faillent non seulement s’inspirer, mais surtout de faire mieux, mais le mieux est -il possible dans un environnement qui continue à vouloir cantonner les noirs dans certaines disciplines ?

Charles Onana : Pourquoi les gens devraient aider les africains ? Qu’est ce

qu’ils ont à y gagner ? s’il n’y a pas d’intérêt il n’y a pas d’action c’est comme en politique. Alors est ce que ceux qui sont dans le milieu artistique ou sportifs et qui arrivent à faire des très grandes carrières sont conscients du fait qu’il faille investir ne serait-ce qu’une infime partie de leurs moyens dans d’autres domaines pour tirer la communauté vers le haut ? Je ne sais pas s’ils trouvent qu’ils ont intérêt à le faire, qu’ils considèrent eux qu’ils ont intérêt à le faire. Je n’ai pas toujours eu l’occasion de discuter avec eux, mais je me rends compte que chaque fois qu’ils veulent faire quelque chose ils le font au même titre que les stars occidentales à savoir, avoir de belle voiture, avoir des châteaux, ils le font au même titre que les occidentaux, ce n’est pas une mauvaise chose mais en même temps se sentent -ils vraiment concernés par la condition des leurs ?

Les occidentaux qui le font n’ont plus ces problèmes-là dans leur communauté. Pensent-ils souvent aux difficultés qu’ils auraient eu au début de leur carrière en aidant les autres qui viennent après eux, afin qu’ils n’aient pas les mêmes problèmes ? Originaires d’Afrique ou afro descendants pensent-ils à mettre en place des structures qui aideraient au progrès de leur communauté ? De l’autre côté ceux qui travaillent dans d’autres domaines comme la médecine, ils soignent les gens dans le monde entier mais pensent-ils par exemple à aider à soigner les gens de leur communauté, à créer des structures pour mettre leur compétence au service de leur communauté ?

Je le disais tantôt plus vous êtes opprimé, plus votre réaction doit être adéquate. C’est ce qu’ont fait les gens comme Mohamed Ali ou Martin Luther King qui se sont battus pour que les noirs aient des droits. Joséphine Baker par exemple est une femme qui n’a pas fait beaucoup d’études mais elle fut la première grosse célébrité noire connue dans le monde entier, et elle a, à sa manière milité pour la cause des noirs. Beaucoup ne le savent pas, elle avait souvent insisté d’avoir dans ses contrats que ses performances soient faites devant un public tout aussi noir que blanc en pleine période de ségrégation aux Etats-Unis, et elle a d’ailleurs souvent rompu des contrats qui refusaient d’accepter cette clause.

Flashmag : Vous êtes un spécialiste des grands lacs, l’un des rares africains d’origine spécialiste de l’Afrique à avoir pignon sur rue en Europe, et votre version des faits sur cette région du monde ne vous a pas toujours fait des amis, selon vous les troubles au Congo dès la fin de le guerre froide sont dû à un plan des Etats-Unis sur la conquête du continent et de ses ressources pourquoi ?

Charles Onana : écoutez c’est tout simplement que l’on a tendance à oublier l’histoire. Les Etats-Unis ne se sont pas intéressés au Congo seulement après la guerre froide ; les Etats-Unis s’y sont intéressés dès la seconde guerre mondiale, comme beaucoup de Congolais le savent déjà les bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki étaient confectionnées avec de l’uranium congolais. La Belgique a toujours été pendant cette période la puissance coloniale qui sous traitait beaucoup de choses pour les Etats-Unis.

Et il n’est pas du tout anodin que l’assassinat de Patrice Lumumba le nationaliste, intervienne au lendemain de son discours mémorable contre la Belgique. Et ce que l’on sait aujourd’hui, c’est que la décision de faire assassiner Lumumba venait de la CIA, et elle a été exécutée par des agents belges qui ne s’en sont pas cachés d’ailleurs. Cela signifie que le tandem Belgique Etats-Unis était déjà en marche depuis la seconde guerre mondiale. Le long règne du maréchal Mobutu est aussi lié au fait que ce dernier était soutenu par les Etats-Unis car il était considéré comme un rempart contre le communisme, et une fois que Mobutu a été sorti du jeu les Etats-Unis ont toujours gardé une main mise sur ce pays riche en minerais.

Quand on regarde les grandes lignes de l’histoire mondiale depuis au moins 70 ans on se rend bien compte qu’à aucun moment les Etats-Unis n’ont pas contrôlé le Congo, et au regard de cela le Rwanda, voisin de ce pays qui a toujours déstabilisé le Congo a toujours aussi reçu le soutien des Etats-Unis du temps même ou ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui à Kigali étaient en exile en Ouganda au sein de l’armée Ougandaise, et que Kagamé qui est devenu président a été formé par le pentagone. Tous ces éléments, tout ce cheminement montre sans parler de complot qu’il ya eu une action politique réfléchie qui a abouti à ce que nous vivons aujourd’hui dans les grands lacs . Des acteurs qui décident de mettre un plan à exécution. Bill Clinton et Madeleine Albright avaient décidé de passer à l’action du plan qui a vocation à mettre le Congo à genoux, pour pouvoir s’emparer de ses richesses. Et il s’en suit que malgré tous les rapports des Nations-unies qui déplorait un pillage des richesses du Congo les Etats-Unis n’ont jamais trouvé qu’il fallait un tribunal pénal international pour juger les acteurs de ces méfaits, ils n’ont jamais estimé que le peuple congolais méritait qu’on lui rende justice. Et je crois que la stratégie qui a été mise en place est en œuvre jusqu’ à ce jour.

Flashmag : pour abonder dans ce sens, voir le Memo de 250 pages publié le 10 Décembre 1974 par le conseil national de sécurité américain intitulé “National Security Memorandum South 200 : Implications of Worldwide population Growth for U.S. Security and Overseas Interests. L’administration de Richard Nixon trouve que la croissance de la population des pays comme l’Ancien Zaïre menace les intérêts économiques américain dans l’exploitation des richesse minières.

Sur l’attentat contre l’avion du General Habyarimana vous soutenez la version selon laquelle les Etats unis savaient ce qui se tramait et que la vie du général Habyarimana aurait été épargnée s'il était resté aux Etats-Unis comme les autorités américaines le lui avaient demandé afin de laisser champs libres à Kagamé, qui a tué le général Juvénal Habyarimana ?

Charles Onana : je m’en tiens à ce que j’ai toujours dit et qui n’a pas été démenti, au contraire cela a été renforcé, j’ai dit clairement que c’est Paul Kagamé qui était le principal instigateur de cet acte car il avait envie de prendre le pouvoir il en est donc le bénéficiaire essentiel. Lorsque je l’ai dit en 2002, cela m’a valu une plainte de l’Etat Rwandais et de son président. Ils ont retiré leur plainte suite aux éléments que j’avais produit. Et aujourd’hui c’est dans le camp de Kagamé lui-même que viennent les coups de massue les plus importants.

C’est à dire que son ancien patron des services de renseignements extérieurs a

confirmé cela, et il a été assassiné en Afrique du Sud. Son chef d’état-major l’a dit et il a reçu plusieurs balles dans le corps, puis qu’il avait osé dire cela, beaucoup d’autres issus de son camp l’on dit, et ont été assassiné, ou ont reçu des menaces de morts. Certains ont purement et simplement disparus d’autres sont en exil et vivent sous cette menace.

Je pense que s’il ya autant d’assassinats autant de persécution sur les gens qui parlent de l’attentat, cela signifie tout simplement que Kagamé est en mauvaise posture dans ce dossier il ya eu de thèses selon lesquels ce sont les Hutus qui auraient attenté à la vie d’Habyarimana. Moi je pense que si c’était les Hutus qui avaient abattu cet avion, le tribunal pénal international se serait fait un plaisir de poursuive ces derniers et les condamner comme il l’a fait pour tous les autres auteurs du génocide entre guillemets, et il serait difficile de prouver que, puis que ce sont les Hutus qui avaient abattu l’avion, dont ils avaient préparé le génocide. On a du mal à citer le nom d’un seul Hutu qui aurait tiré sur l’Avion du général Habyarimana, alors que du côté de Kagamé on cite plusieurs noms. Je pense que la vérité commence à crever les yeux lorsque les agents du FBI en faisant leur enquête se font stopper par Louise Arbour procureure du tribunal pénal pour le Rwanda, alors qu’ils étaient en train de mettre à jour la réalité, depuis on est dans une situation ou plus de 20 ans plus tard on veut faire comprendre que l’on ne sait toujours pas qui a initié le génocide et commis cet attentat. Ce n’est pas très sérieux tout ça. Je pense que ceux qui ont tiré les ficelles derrière ce génocide n’ont pas intérêt à ce que Kagamé et ses hommes soient tenus responsables et trainés devant les tribunaux pour un attentat qui a coûté la vie à deux chef d’Etats africains.

Flashmag : Certains trouvent qu’avec l’assassinat des soldat belges il y a avait une volonté de neutraliser les soldats de la mission des nations unies. Etes-vous de cet avis ?

Charles Onana : non je pense qu’ il faut remettre les choses en place , les casques bleus belges, une partie de ces éléments ce sont comportés au Rwanda comme en terrain conquis; et ceci plusieurs rapport y compris des Nations-unies l’attestent. Et la seconde chose c’est que le groupe qui a été assassiné était le groupe qui était allé voir le premier ministre Rwandais le 7 après l’attentat du 6 Avril , et c’est ce même groupe qui a fait chemin avec les éléments de l’armée patriotique Rwandaise de Paul Kagamé , qui avait commis la veille l’attentat sur l’avion présidentiel un acte qui n’a pas été enquêté en profondeur. Les Nations unis n’ont pas cherché à savoir, ce qu’il s’était vraiment passé. Et plus grave le Senat belge avait proposé la création d’une commission de suivi sur l’assassinat des soldats belges et de l’attentat du 6 avril cette commission n’a jamais vu le jour et on comprend très bien que la Belgique est mal à l’aise devant ce dossier-là, puis que effectivement ce sont les Hutus qui ont tué les casques bleus belges mais pourquoi n’a-t-on pas cherché à savoir ce que ce peloton avait fait la veille ? pourquoi on a pas voulu comprendre pourquoi ils ont été assassinés et qu’est-ce que l’on les reprochait ?

Donc toutes les personnes qui voulaient apporter leur témoignage sur cette affaire n’ont donc pas pu le faire ni devant le tribunal pénal international ni devant les tribunaux belges pour moi le dossier de l’attentat et le dossier de la mort des soldat belges sont des dossiers connexes. Il faut comprendre en quoi ils sont connexes et que signifie le silence qui entoure ces dossiers. Je pense que le réseau de connivence envers l’armée patriotique Rwandaise est très important. Et ce réseau de connivence va jusque dans la mission des Nations unies puis que le General Romeo Dallaire a lui-même avoué qu’il avait beaucoup de fascination pour Paul Kagamé.

Et à de nombreuses occasions, lorsque les forces des Nations unies avaient à fouiller les armements de l’armée républicaine Rwandaise elles le faisait avec beaucoup de zèle, et quand il s’agissait de fouiller les armements de l’armée patriotique Rwandaise, il y avait quasiment aucune rigueur dans les contrôles lorsque l’on disait que c’était du bois qui se trouvait dans les camions et bien les gens des Nations unies ne cherchaient pas à ouvrir ces camions pour vérifier.

Les armes étaient transportées de l’Ouganda au Rwanda jusqu’à Mulindi. Dans les rapports confidentiels des Nations unies il est dit que le FPR transportait ses armes de l’Ouganda au Rwanda mais personne n’a jamais voulu en parler. Donc la complaisance avec laquelle la mission des Nations unies a travaillé, laisse croire à un réseau de complicité bien établi, ceci est problématique car à un moment donné il faut que les gens disent pourquoi ils l’ont fait. Et autre chose le nombre de casques bleus qui ont été tués fait encore polémique ; certains disent 10 morts d’autres 12, ce n’est pas normal que l’on ait une discussion sur le nombre de personnes tuées par les Rwandais, si toutes ces personnes n’étaient que des soldats de la mission des Nations unies si vous voulez il ya beaucoup de zones d’ombres dans cette histoire, et le malaise est plus du côté de ceux que l’on a félicité d’avoir stoppé le génocide, que de ceux que l’on accuse de l’avoir commis.

Flashmag : certains mercenaires belges aurait pris part à cet attentat selon d’autres sources, cela peut expliquer la dichotomie des nombres.

Pourquoi on a l’impression que dans ce dossier le pouvoir civil représenté par Jacques Roger Booh Booh, et le pouvoir militaire représenté par le Colonel Romeo Dallaire ne s’entendaient pas sur la gestion de ce conflit ? Pourquoi y avait-il cette ambivalence surtout que selon certaines sources Romeo Dallaire aurait même menacé la vie du représentant du secrétaire général des Nations unies dans la région. Pourquoi ne s’entendaient-ils pas ?

Charles Onana : selon ce que Jacques Roger Booh Booh m’a dit lui-même, je pense que le General Dallaire avait du mal à rester à sa place de simple commandant de la force sous les ordres du représentant des Nations unies Jacques Roger Booh Booh, et Dallaire ne supportait pas sans doute d’être sous les ordres d’un diplomate africain c’était peut-être cela ou alors le général Dallaire avait un autre agenda qu’ il pensait exécuter et qui était en contradiction avec la mission à laquelle il avait été convié .

Je me souviens à l’époque tous les médias disaient que le General Dallaire avait aidé à mettre fin au génocide, tandis que l’on se souvient que Jacques Roger Booh Booh disait que cela n’était pas le mandat assigné par les Nations unies aux casques bleus, cette mission était une mission de paix et d’assistance, et cette mission pour la paix devait parler avec toutes les partie à égalité, et ne devait en aucun cas prendre parti hors c’est ce que le général Dallaire a fait car il a pris fait et cause pour le FPR de Kagamé, il ne s’en cache pas lui-même dans son ouvrage.

On ne demande pas à un commandant de la mission d’avoir de la fascination pour un belligérant on lui demande d’aller assurer la paix et la sécurité entre deux parties en conflit. Et là, il n’a pas fait ce qui lui était assigné à moins qu’il ait rempli plutôt l’agenda caché que certains lui avait confié. Et l’on remarque que le général Dallaire plusieurs fois dans l’exercice de sa mission a failli dans sa tâche, lorsqu’ il fait par exemple rentrer les éléments du front patriotique Rwandais en conflit avec l’armée régulière dans les locaux de l’états major de la force des Nations unies au Rwanda pour leur montrer les positions de leur adversaire, cela est grave lorsque l’on sait que la neutralité devrait être la règle de cette mission. Là il a fait preuve d’un parti pris flagrant alors c’est pour ces raisons que je crois que, soit il avait un agenda, soit il a décidé d’outrepasser les règles du mandat qui lui était assigné.

Flashmag : Les massacres des populations au Rwanda étaient-ils évitable ? beaucoup refusent de croire en la fatalité ?

Charles Onana : oui les massacres au Rwanda étaient évitables ce qui est important c’est de savoir comment la guerre a été déclenchée ?

La guerre a été déclenchée en 1988 par une attaque de la rébellion Tutsi qui venait d’Ouganda, dont les éléments de l’armée Ougandaise qui ont attaqué le Rwanda pour renverser le pouvoir en place, l’attaque fut mise en échec par les troupes du Maréchal Mobutu avec un soutien logistique français aux troupes gouvernementales rwandaises. Apres l’armée patriotique du Rwanda a occupé le nord du pays pendant pratiquement 3 ans entre 1990 et 1993 le nord du Rwanda a été littéralement occupé les populations déplacées et les troupes de Paul Kagamé siégeait dans cette partie du pays avec un armement puissant venant de l’Ouganda ils ont réussi à avoir toutes sortes de concessions politiques, au point où on les a fait rentrer dans la capitale pour soit disant des négociations et ils en ont profité pour s’approcher le plus près de leur cible le général Habyarimana, et le 6 avril 1994 ils ont commis cet attentat, et une fois après que le FPR est posé cet acte il s’est passé deux mois avant que les Nations unies daignent réagir.

Je me souviens très bien que pendant que l’Armée française était à Kigali le président Habyarimana était en sécurité et la population de Kigali n’étaient pas soumises aux massacres. L’armée française a quitté le Rwanda fin 1993 à la demande du gouvernement Rwandais qui était un gouvernement de l’opposition et quelques mois plus tard le président Habyarimana fut assassiné. Ce qui prouve que l’armée française au Rwanda avait une présence dissuasive au moins en ce qui concerne les massacres et la sécurité de la capitale, et pendant les deux mois qui ont suivi l’assassinat d’Habyarimana , Kagamé a refusé le cessé le feu, demandé par le gouvernement intérimaire, le secrétaire général des nations unies Boutros Boutros Ghali et un certain nombre des membres du conseil de sécurité des Nations -unis. Il a fallu que l’opération Turquoise intervienne pour que les troupes d’interposition puissent se rendre au Rwanda et pendant ce temps tout le monde était au courant de ce qui se passait au Rwanda; le secrétaire général des Nations unies en avait fait un rapport détaillé des événements qui s’y déroulaient mais personne, ne voulait réagir, et on se rend compte que l’on a laissé pourrir la situation pour favoriser le camp du FPR, et aujourd’hui on se rend compte que si les Nations unies avaient intervenues à temps, le FPR aurait été contraint de partager le pouvoir avec les Hutus. Et deuxièmement si l’on envoyait une force d’interposition cela allait changer la manière dont les massacres ont été commis ; hors le FPR avait besoins de massacres pour justifier sa prise de pouvoir, ils avaient besoin qu’il y ait suffisamment de morts pour prendre le pouvoir de façon définitive et totale en criminalisant le régime Hutu, car dans cette histoire de massacres, personne n’a enquêté dans ce que faisait le FPR à la même période.

Vous ne pouvez pas occuper militairement 80% du territoire d’un pays sans commettre des crimes. Militairement ce n’est pas explicable, dont si les forces gouvernementales ont commis des crimes contre les civils et le FPR de son côté le FPR aussi en a commis il ya d’ailleurs des rapports des Nations unies qui attestent que pendant que le FPR avançait il commettait des crimes massacrant des populations civiles jusqu’à son arrivée à Kigali. Et de l’autre côté pendant la mission Turquoise on a observé des millions de personnes qui traversaient la frontière pour se réfugier au Congo, et ceux qui soutenaient le FPR savaient très bien ce qu'il se passait en étant réticent sur l’envoi d’une force d’interposition au Rwanda. Ils ont simplement laissé le pays se vider de sa population majoritaire les Hutus, pour que le FPR vienne enfin dire que c’est eux qui ont arrêté le génocide, et faire toute la propagande qui a été faite post massacre pour légitimer sa prise de pouvoir, et empêcher que les gens regardent à la loupe ce qu’il s’était vraiment passé, si le FPR était déjà à Kigali pourquoi il n’a pas empêché le massacre des Tutsis qui s’y trouvaient? Quand les membres du FPR entre à Kigali ils massacrent les gens et laissent massacrer les Tutsi car ils en avaient besoin pour justifier leur prise de pouvoir.

Flashmag : Les massacres de Tutsis, que certains auteurs attribuent au FPR car à ce qu’il paraîtrait il existait une rixe entre les Tutsis francophones qui étaient restés au pays et avaient collaboré avec le régime d’Habyarimana, et les Tutsis anglophones qui étaient parti en exile en Ouganda et était revenu avec le FPR de Paul Kagamé.

Vous semblez innocenter le président français François Mitterrand car selon vous il n’avait pas agis assez énergiquement car il n’avait pas tous les éléments du dossier, on a l’impression que les Etats-unis qui soutenait le FPR ne lui avait pas dit toute la vérité comment appréciez-vous des années plus tard la position de la France et du président François Mitterrand dans ce dossier ?

Charles Onana : je disais tout à l’heure que tant que les troupes françaises

étaient au Rwanda le président Habyarimana était en sécurité, quand les troupes françaises ont quitté le pays les présidents du Burundi et du Rwanda ont été assassinés. Après on a voulu nous faire croire que c’est la France qui les avait fait assassiner, je dis prenons même cette hypothèse-là, la France c’est vrai a souvent été impliquée dans des coups en Afrique, et si la France avait assassiné Habyarimana ils auraient trouvé un autre Hutu pour le remplacer ou un président qui les aurait été favorable au lieu de donner le pouvoir au FPR, un parti dont le chef Kagamé était déjà bien connu pour son hostilité à la France et ce depuis très longtemps.

En outre je constate tout simplement que le président Mitterrand était déjà gravement malade il avait un cancer de la prostate et tout le monde le sais maintenant, et quel était l’intérêt du président Mitterrand de faire assassiner les gens au Rwanda ? comme je disais tantôt pas d’intérêt pas d’action, un homme politique ne pose pas d’acte non motivé, je cherche à savoir ce qu’aurait gagné Mitterrand et je ne vois pas. Il n’y a pas eu de Hutu au pouvoir, et puis pendant les massacres même les Hutus que l’on disait être soutenus par la France se sont déversés en RDC, les français n’ont pas imposés les Hutus sur le territoire Rwandais. Si la France n’a rien gagné dans ce dossier après tout ce qu’elle a investi comme aide cela veut dire qu’en face il ya quelqu’un qui a gagné, et ces gens qui ont gagné c’est les Etats-Unis, c’est la Grande Bretagne, et cela on ne peut pas me démontrer le contraire jusqu’à présent. Cela fait plus de 20 ans que Kagamé insulte la France et il est toujours là, moi je n’ai jamais vu un président africain le faire et rester en poste pendant si longtemps, et personne ne peut me dire que le Rwanda est plus puissant que tous les autres pays Africains. Il y a des pièces qui manquent dans le puzzle et moi je ne peux pas avancer dans la même logique même si la majorité tient le même discours sans preuves valables. Le Rwanda est aujourd’hui membre du Commonwealth l’anglais est devenu la langue officielle alors sur le plan géopolitique il est difficile de dire que Mitterrand y était pour quelque chose dans ce qu’il s’est passé, on ne pose pas des actes qui vous portent préjudice en politique. Et ceci n’est pas du sentimentalisme j’ai fait des travaux qui n’ont pas toujours peint la France sur un meilleur jour comme le dossier de la Côte d’Ivoire

Flashmag : Peut ont espérer que ceux à qui a profité ce crime soit un jour devant les tribunaux ?

Charles Onana : Je crois qu’aujourd’hui ce sont le congolais qui détiennent une partie de la vérité une partie du combat. Les Hutus ont largement perdu le combat pour la justice avec par exemple la veuve d’Habyarimana qui vit depuis en France sous menace, elle n’a toujours pas reçu le statut de réfugier et est sous la menace de diverses plaintes déposées par le régime de Paul Kagamé. Le mandat qui avait été attribué au tribunal pénal internationale stipulait qu’il fallait poursuivre tous ceux qui avaient commis des exactions entre le 1er janvier 1994 et le 31 décembre 1994, et il ya eu aucune poursuite contre les membres de la rébellion Tutsi du FPR, seuls les Hutus ont été massivement poursuivis et beaucoup ont été innocentés, et même après avoir été innocentés ils n’arrivent toujours pas à avoir leur droit. Donc il ya des gens qui ont été en prison pendant 10, 15 ans pour rien tout simplement parce que la propagande a voulu décapiter toute l’élite Hutu, pour ne plus jamais avoir d’opposition politique ou militaire dans le pays et depuis plus de 20 ans Paul Kagamé est au pouvoir sans la moindre opposition.

Aujourd’hui le tribunal a refermé les portes sans avoir jamais jugé une seule personne du FPR. Cependant ces mêmes éléments jamais poursuivis, ont commis les massacres en République démocratique du Congo et ces massacres sont bien répertoriés et je pense que seul les congolais pourront retourner la situation et épingler enfin ces criminels, et tant que les citoyens du Congo ne se battront pas pour avoir justice ces criminels continueront à courir.

Flashmag : Parlant toujours des grands lacs et de la situation préoccupante du Congo ou depuis un génocide est en train de prendre place depuis la chute du président Mobutu dans les années 90 a votre avis pourquoi il y a des tueries qui continuent dans cette zone et surtout le silence de la communauté dite internationale est écœurant pourtant on à bombarder la Libye alors que les preuves de massacres des population civiles par le régime de Mouammar Kadhafi n’étaient pas établies pourquoi cette ambivalence?

Charles Onana : c’est pourquoi je posais la question de savoir quel est l’intérêt pour ces gens de réagir face à ce qui se passe au Congo ? Il n’y a pas d’intérêt c’est à dire que l’on considère que ce qui se passe au Congo est un non évènement par rapport à ce que rapporte le Congo aux multinationales occidentales et à certains pays qui contribuent à mettre à genoux ce pays. FPR a, à de nombreuses reprises occupé ce pays, l’a pillé maintes fois, a commis des massacres dans ce pays, a infiltrés ce pays avec des agents jusque dans l’appareil de sécurité de ce pays et cela fait des années que ça dure. Ceux qui ont sacralisés les auteurs de crimes contre la communauté Hutu Tutsi, et Twa n’ont pas intérêt à désacralisé ceux qu’ils ont été portés aux nues, pour avoir selon eux mis fin au génocide Rwandais ; pourtant ces mêmes personnes ont commis des crimes à large échelle au Congo. C’est pourquoi je dis seul les congolais peuvent retourner cette situation car personne surtout pas la communauté dite internationale ne le fera. Et la perpétuation de ce silence sous-entend que l’on espère que les Congolais vont avec le temps être dissuadés d’entreprendre quoi que soit pour changer ce qui se passe dans ce pays-là. Et ils jouent avec la peur la lassitude l’épuisement et espèrent que les gens finiront par abandonner. Les congolais auraient tort d’abandonner car les crimes viols et pillages qui ont été commis dans ce pays-là sont insoutenables même le Maréchal Mobutu, n’a pas commis de pareils crimes, il n’a pas pillé ce pays-là comme ces gens.

Flashmag : Des auteurs que certains jugent conspirationnistes défendent la thèse selon laquelle la guerre aussi bien que les maladies comme le virus Ébola font partie d’un agenda de dépeuplement de l’Afrique qu’en pensez-vous y a-t-il assez d’éléments de preuve pour affirmer qu’il y une volonté de certaines entités de dépeupler l’Afrique si oui à quelles fins ?

Charles Onana : vous savez l’on revient toujours à la notion d’intérêt économique. Et c’est une notion qui ouvre les portes à tout, on a vu que lorsqu’ il y a eu éruption Volcanique au Congo il y a quelques années, il y a des organisations humanitaires qui ont demandé au Congolais d’aller au Rwanda, un petit Pays comme le Rwanda qui est déjà surpeuplé. On demande aux Congolais de quitter leur vaste territoire pour aller s’y refugier. Depuis 1990 il ya une action militaire qui vise à faire déserter l’est du Congo de ses populations, toutes sorte de violences sont utilisées pour forcer les natifs de cette région à abandonner leurs villages, on n’a pas besoins d’aller chercher très loin. Pour mieux piller les richesses de ces terres fertiles beaucoup ont mis en jeu l’équation de dépeuplement massif des congolais dans ces régions. Ce n’est pas un agenda secret cela se fait au vu et au su de tout le monde. Pour ces gens-là plus les peuples vont être massacrés plus cela voudra ils le font à ciel ouvert.

Flashmag : Un autre dossier ou vous ne vous êtes pas fait des amis c’est la crise Ivoirienne selon vous il y eu coup d’état en Côte d’ivoire en 2011 pourquoi ?

Charles Onana : oui il ya eu un coup d’état en Côte d’ivoire en 2011, je ne suis

plus le seul à le soutenir Nicolas Sarkozy lui-même l’a reconnu lors d’une interview, qu’il a enlevé le président Ivoirien et personne n’a rien dit. À l’époque je naviguais contre les vents contraires, j’ai résisté et aujourd’hui tout semble me donner raison.

Mr Gbagbo aurait été traduit devant la cour pénale internationale pour avoir refusé de céder le pouvoir et pour avoir commis des crimes , en 2011 l’ensemble de la presse occidentale disait qu’ il y avait suffisamment d’éléments pour incriminer le président Gbagbo, mais 5 ans après il ya pas de preuves, la procureure de la CPI a du mal à réunir des preuves, Mme Bensouada a hérité d’un dossier pourri par son prédécesseur O Campo, qui a ficelé un dossier à la hâte par ce qu’ il fallait répondre à un agenda de politique internationale, des même entités occidentales. Ridiculement on est même allé chercher une vidéo au Kenya pour l’imputer au pseudo massacre commis par Gbagbo, et c’était cela la preuve irréfutable que brandissait la CPI. Et bien je pense que tous les éléments que j’avais mis sur la table en 2011 aucun n’a été démenti.

Flashmag : A présent que Mr Ouattara a été réélu pour un second et dernier mandat pensez-vous que Gbagbo sera libéré car on a l’impression qu’il a été mis au frais juste pour dégager la voie à Ouattara ?

Charles Onana : je ne crois pas du tout au tribaux pénaux internationaux, comme le tribunal pénal du Rwanda qui a violé son mandat, en ne jugeant qu’une seule partie, la cour pénale internationale aussi ne juge qu’une seule partie dès le départ c’est une justice partisane et je n’y crois pas. Car elle a vocation à valider les coups d’états politique. Cela veut dire que l’on fait un coup d’état politique et on traîne quelqu’un devant les tribunaux pour que les gens n’examinent pas ce qu’il s’est vraiment tramé. Donc cette institution n’a pas vocation de libérer le président Gbagbo. Quel est leur intérêt la notion d’intérêt reviens en effet, car à un moment donné libérer le président Gbagbo signifie qu’on l’a arrêté pour rien, et qui va accepter de le reconnaitre ? donc cette institution a intérêt à faire traîner les affaires. Une situation que je ne souhaite pas au président Gbagbo, car je sais qu’il n’a rien fait, et n’a aucune raison de se trouver là-bas. Mais il est logique de penser qu’ils font faire traîner ce procès en longueur même sans aucune preuve en main pour donner l’impression qu’il a quand même fait quelque chose. Le président Gbagbo est en détention préventive depuis plus de 4 ans et c’est inacceptable. On aurait pu le laisser en liberté provisoire et le laisser aller se présenter librement. Et je ne comprends pas qu’il y ait des gens qui s’interrogent encore en disant le président Gbagbo ne serait pas si blanc que ça. Si les africains ne parviennent pas à prendre conscience de la gravité de certains actes qui sont posés contre eux qui le fera à leur place. J’ai enquêté sur la Côte d’Ivoire avec la même rigueur que j’ai enquêtée sur le Rwanda dans les deux cas la France est impliquée mais pas au même degré ni de la même manière.

Flashmag : En Côte d’ivoire on a l’impression que la France a fait la politique des Américains en se débarrassant d’un Laurent Gbagbo qui est pourtant socialiste et a étudié en France pour faire la place à Ouattara qui est un produit purement américain, comment appréciez-vous cette orientation de la politique internationale française qui on a l’impression est désormais sous tutelle des Etats-Unis ?

Charles Onana : effectivement vous faite bien de le souligner la France a retenu la leçon qui lui a été donnée par les américains en 1994 au Rwanda, puis que les États-Unis soutenaient une Rébellion armée qu’elle a placé au pouvoir contre le gouvernement légal en place. Et la France a utilisé la même stratégie et avec la même méthode de dénigrement. En 1994 on a dénigré Habyarimana comme étant le monstre absolu et en Côte d’ivoire se fut la même stratégie, on a présenté Gbagbo comme le monstre absolu et souvenez-vous très bien qui était le porte-parole du gouvernement français en 1994 au moment de l’attentat contre Habyarimana, et de l’opération turquoise. C’était Sarkozy porte-parole du gouvernement Balladur, le même qui en 2011 va appuyer une rébellion armée pour renverser le gouvernement élu de Laurent Gbagbo. Et le même Sarkozy est depuis un ami des Etats-Unis, on le considère aujourd’hui en France comme étant un atlantiste. Le schéma est très clair on a une politique qui a été mise en place par Mr Sarkozy calqué sur la crise du Rwanda, avec un certain succès, la même brutalité qui a été utilisée pour renverser Habyarimana, a été utiliser contre Gbagbo avec la mort en moins.

Flashmag : Notamment avec le retour de la France dans l’Otan Pensez-vous justement que le retour du terrorisme sur le sol européen est dû à la politique d’engagement auprès de l’Otan des pays européen comme la France et la Belgique que gagnent et que perdent justement ces pays en faisant la politique américaine ?

Charles Onana : ce sont des problèmes très complexes, il est difficile d’avoir une lecture univoque de ces questions-là, le terrorisme est un phénomène international avec des agents les plus insoupçonnés. Il faut dire qu’avec la guerre en Libye la France s’est trouvée confrontée à un problème de terrorisme. Mais il faut dire que les éléments qui ont contribué à cette situation, sont des éléments de politique étrangère. Quand vous menez des activités envers certains pays et qu’en même temps vous avez sur votre sol des personnes qui ont un lien étroit à cause de leur affinité avec ces pays-là sur votre territoire, il faut s’attendre à ce qu’à l’intérieur même du territoire français il y est une radicalisation des opinions contre la politique étrangère de la France, ainsi vous pouvez avoir des adversaires subjectifs ou objectifs qui entrent pour commettre des attentats sur le sol français. À un certain moment on ne sait plus lire qui mène les activités terroristes sur le sol français car il y a trop d’éléments mêlés les uns aux autres, aussi bien sur le plan de la politique intérieur qu’extérieur.

Flashmag : Dans votre ouvrage le plus récent Palestine, le malaise français, Duboiris 2015 vous estimez qu’il est dangereux que Les dirigeants français ne dissimulent même plus leur penchant pour Israël, au risque de choquer ou d'exaspérer une partie de l'opinion française qui ne comprend pas cette posture vis-à-vis de l'État hébreu.la France est -elle encore une entité crédible dans la médiation en Palestine ?

Charles Onana : la France d’aujourd’hui ce n’est pas la France de Mitterrand ,

ni du General De Gaulle , la France du général De Gaulle avait une certaine respectabilité dans les pays arabes et une certaines respectabilité en Israël, quand il était possible pour le général De Gaulle de prendre position sur certains points il a pris position sur ces questions-là, Mitterrand aussi qui était jugé pro israélien a pris position sur ces questions-là, mais lui au moins il avait une certaine crédibilité auprès des Palestiniens et des Israéliens , mais si à l’époque les Israéliens n’ont pas traité Mitterrand comme il se devait ils n’ont pas pris en considération les options qu’il avait pour apporter la paix dans la région . La France d’aujourd’hui est un peu comme la France de Guy Mollet à savoir la France des années 50 qui avait une position partisane très pro Israélienne, et dès que vous avez une position aussi partisane vous ne pouvez pas peser dans le processus de paix, car vous n’êtes pas neutre ni équitable. Cela dit tant que la France aura la position qui est la sienne à présent il lui sera difficile de peser sur le processus de paix au Moyen orient. Dans le cadre par exemple de la conférence internationale de paris sur la question palestinienne, même les autorités Israéliennes on fait comprendre aux autorités françaises que ce sera un échec, c’est dire que même du côté d’Israël que la France défend pourtant on a compris que cela ne sert à rien, le gouvernement français n’a plus de crédibilité même auprès d’eux.

Flashmag : Avec les Américains et les Français qui sont tous alignés pour Israël, quelle chance le conflit israélo palestinien a de se résoudre en reconnaissant au moins le droit aux palestiniens d’avoir un Etat libre ? Faudra-t-il qu’un majeur joueur comme la Russie s’y invite dans la négociation même si elle a une communauté juive tout aussi importante qui fait partie de l’immigration dans les territoires occupés ?

Charles Onana : Je pense qu’il est nécessaire que le conseil de sécurité des Nations unies assume ses responsabilités, c’est-à-dire faire respecter ses résolutions à ceux qui ne veulent pas les respecter. Aucune résolution des Nations unies n’est respectée et aucun moyen de pression n’est utilisé contre Israël pour l’amener à respecter les résolutions, en 1988 les palestiniens à Alger ont reconnu Israël comme un Etat viable membre des Nations Unies, mais Israël n’a jamais reconnu la Palestine comme un Etat libre et Indépendant. La concession majeure qu’Israël demandait était qu’ils soient reconnus par la Palestine, la Palestine l’a fait et eux ils ne l’on pas fait. On est dans une situation où les palestiniens considèrent qu’il s’agit d’une politique de deux poids deux mesures, pendant qu’ils font des concessions en face les autres n’en font pas et ne respectent pas les clauses. La seule solution c’est que les membres du conseil de sécurité décident d’imposer un état palestinien sur ses frontières de 1967, si on respectait ce principe on créerait une situation qui permettrait aux Palestiniens et aux Israéliens de s’asseoir autour d’une table de négociation.

Flashmag : La crise en Syrie pourrait-elle influencer l’avenir de l’Etat palestinien ?

Charles Onana: C’est difficile à dire car ce ne sont pas des dossiers similaires, la crise qui touche la région implique aussi la question palestinienne mais ce ne sont pas des dossiers similaires, je ne pense pas qu’en l’état actuel, la crise syrienne pourrait directement influencer l’avenir de la Palestine, je pense que la question palestinienne doit être réglée de manière spécifique et après on réglerait le restant des dossiers du proche et du moyen orient de manière globale. Mais si l’on veut noyer le dossier palestinien dans le dossier du Moyen Orient on arrivera à rien.

Flashmag : Que penser vous de ceux qui estiment que les ressources minières du Moyen Orient tout comme de l’Afrique font partie des raisons qui facilitent la guerre dans ces pays y a-t -il un parallèle ?

Charles Onana : vous savez le problème de la richesse du Moyen Orient est une question qui est venue s’ajouter à la question palestinienne, je pense que finalement on peut régler ces problèmes de façon hiérarchique, à savoir tabler sur la question palestinienne avant de tabler sur les autres questions, au lieu de régler les problèmes du Moyen Orient comme le préconisait à une époque Israël, ce serait faire de la navigation à vue; on y aboutirait pas à grand-chose. Une chose est sure si la crise au Moyen Orient perdure les équilibres géostratégiques vont voir la situation s’aggraver dans le continent Africain. Dans les relations internationales il est très difficile de prédire avec certitude ce qui va se passer, peut-être même que les guerres devront retourner en Europe, pas sous la forme comme celle de la Guerre du Kosovo, mais plutôt asymétrique… Mais en tout cas je pense que si les choses venaient aussi à se calmer dans le Moyen Orient d’autres fronts pourraient bien s’ouvrir sur le Continent pour déstabiliser les Etats.

Flashmag : Parlant de déstabilisation des Etats, à votre avis La destruction de la Libye était selon vous une erreur ou une tactique de chaos contrôlé pour avancer les pions de la néo colonisation de l’Afrique ?

Charles Onana : vous savez il ne faut pas considérer les stratèges occidentaux comme les gens trop intelligents, des gens qui prévoient tout, qui manipulent tout le monde, je pense que le président des Etats-Unis n’a pas tort complètement quand il dit que c’est une erreur je pense que ceux qui ont décidé d’aller en Libye pensaient qu’une fois qu’ils allaient renverser le Colonel Kadhafi, le tour serait joué. Ils auraient le contrôle de la situation. Ce n’est pas le cas. C’est exactement la même chose quand ils avaient renversé Saddam Hussein en Irak. En montant des opérations de déstabilisation on oublie souvent de prévoir que les choses peuvent se passer d’une manière contraire à ce que l’on espère.

On se retrouve dans le Chaos mais souvenez les gens se sont mobilisés pour aller voir les nouvelles autorités Libyennes, pour les questions pétrolières et de reconstruction. Il y a beaucoup d’hommes d’affaires qui étaient allés à Tripoli croyant que les choses redeviendraient sereines. Oubliant que la forte militarisation de la région et la lutte des factions pour le pouvoir allait faire dégénérer la situation. Mais néanmoins je ne pense pas que Sarkozy ou son allié américain ont à un seul moment pensé que c’était une erreur, pour eux c’était un coup parfait.

Flashmag : la faute donc à leur incompétence doublée d'arrogance... Beaucoup pensent que les groupuscules terroristes qui sèment la terreur en Afrique sont un cheval de Troie de la politique occidentale en Afrique qu’en pensez-vous ?

Charles Onana : Tout cela est devenu très compliqué. Il y a des schémas prévus par des agents de déstabilisation, et en même temps il y a des groupes mafieux qui attendent justement que certaines situations favorisent leurs affaires.

Je ne pense pas que les agents de déstabilisation ont le contrôle total des situations qu’ils créent. En multipliant les foyers de tension on multiplie aussi la possibilité d’avoir des agents opportunistes incontrôlables, qui viennent parfois alimenter l’instabilité de manière différente. Le cas du Congo est révélateur on y trouve de tout. Les mercenaires, les multinationales, le crime organisé, les trafiquants de matière première et autres… on y trouve de tout là-bas. La grande inquiétude c’est que l’Afrique devienne le grand chantier des guerres incontrôlables.

Flashmag : Face aux nouveaux défis et à la configuration actuelle des relations internationale que doit faire l’Afrique pour tirer son épingle du jeu doit ont sacrifier le progrès social pour des raisons sécuritaires car on a l’impression que ces groupuscules terroristes ont pour objectif d’empêcher une industrialisation de l’Afrique en la cantonnant en zone extractive pour les pays de l’hémisphère nord ?

Charles Onana : Les Etats Africains sont confrontés à plusieurs acteurs maintenant. Il y a des acteurs nationaux, des acteurs transnationaux des acteurs multinationaux tous ces acteurs opèrent pour s’emparer du maximum des ressources naturelles. Mais les dirigeants africains aujourd’hui ont pris du retard par rapport à la réflexion qui devrait être faite pour faire face à cette situation car ils se sont toujours contentés de leur anciennes source d’information ou de ce que leur disaient leurs alliés occidentaux, hors il se trouve que si leur alliés jouent double triple jeu, ils ne leur diront pas la vérité, dont ils devraient se débrouiller eux même et par rapport à cela ils sont très en retard, que ce soit au niveau du renseignement qu’ au niveau des groupes de réflexion, chaque pays se débrouille comme il peut, et au niveau sous régional il y'a souvent des chevaux de Troie occidentaux, qui sont utilisés pour savoir ce que veulent faire les africains face à certaines situations. La tâche est ardue et il va falloir que les africains se mettent au travail, ils auront besoin d’une certaines créativité, inventivité pour juguler la situation mais ce n’est pas impossible à gérer, mais il faudrait que les gens se défassent des vielles habitudes qui ont été accumulées, de par la négligence, le manque de sérieux et de rigueur dans le traitement des données. Il n’ya rien à sacrifier il faut simplement reprendre la réflexion là où elle s’est arrêtée c’est à dire ce ne sont plus des réflexions à court terme, mais des questions de survie des Nations qui vont se poser et il faudra avoir des gens à la hauteur pour relever ces défis.

Flashmag : Pensez-vous qu’il est temps que l’Afrique ait des organes conséquents pour la gestion de sa sécurité, l’Union Africaine n’a pas jusqu’ ici réussi à protéger la population Africaine. A quoi cela est dû ? Au fait qu’elle reçoive trop d’assistance des pays occidentaux, ou alors qu’il n'y a pas encore une politique de la pan africanisation de la sécurité ?

Charles Onana : cela va être difficile à cause du manque de moyens de l’Union Africaine, les gens hélas ne mettent pas assez de volonté pour se donner les moyens d’agir efficacement. L’Union Africaine ne peut pas défendre les intérêts du continent lorsqu’elle est financée par l’Occident, c’est contre nature, ce qui est important c’est que différents pays faisant face aux mêmes problèmes et étant sur la même longueur d’onde se mettent déjà ensemble, pour pouvoir voir ce qu’ il y a lieu de faire à 2, 3, ou 4... le vrai problèmes à présent c’est de ne pas trop s’appuyer sur l’Union Africaine qui comme l’Union Européenne a du mal à parler d’une voix commune, et à assurer la sécurité des populations Européennes, les pays avec la même vision doivent se mettre ensemble pour créer des cercles concentriques pour qu’ enfin de compte l’Union Africaine trouve une politique solide de défense et de sécurité.

Flashmag : Voilà j’espère que nous n’avons pas abusé de votre temps ce fut un réel plaisir pour nous de vous avoir comme invité ce mois merci encore.

Charles Onana : Merci et bon courage dans ce travail que vous faites ce n’est pas toujours facile.

Propos recueillis par Hubert Marlin

Journaliste Ecrivain


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