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Entretien avec Patricia Essong – Soul of Nu Bantu


Flashmag : Bonjour, Patricia Essong Flashmag et son lectorat sont heureux de vous avoir comme invitée vedette ce mois-ci. Le temps de cette interview, notre tribune est la vôtre.

Patricia Essong : Bonjour merci je suis enchantée d’être votre invitée ce mois.

Flashmag : Alors pour commencer qu’est-ce qui vous amène à la musique ?

Patricia Essong : La musique en fait c’est depuis que je suis toute petite ça fait un peu cliché de le dire, car on l’entend souvent chez des artistes mais ce que je dirais c’est que j’avais une préférence pour la danse. J’aimais beaucoup danser mon père était un grand danseur et toute petite ma mère me faisait faire des concours de danse, au fur et à mesure j’ai baigné dedans quoi… Plus tard au Lycée j’ai continué sur la même lancée côtoyant toujours les milieux musicaux passant dans des émissions télévisées de la chaine nationale au Cameroun comme Délire, Emergence bref tout ce qui avait trait à la musique m’attirait vraiment. Cela n’a cependant pas été linéaire car à un moment donné j’ai dû laisser les milieux musicaux par frustration et par obligation car il fallait bien que je continue dans mes études.

Flashmag : A côté de la musique quel background avez-vous ? Vous avez fait des études sans doute, dans quel domaine ?

Patricia Essong : Après un Deug de droit au Cameroun, je suis je suis arrivée en France, je me suis inscrite dans une école privée pour préparer un BTS en management des unités commerciales, ensuite j’ai été dans une école d’assurances banque pour préparer ma Licence, et j’ai enfin terminé dans une école de commerce où j’ai obtenu un Master commerce et un MBA en stratégie et consulting. J’ai donc travaillé dans le domaine du conseil comme consultante pour un cabinet de conseil en management et systèmes d’information, jusqu’ à ce que je me décide à arrêter à la fin de l’année 2015 pour me consacrer exclusivement à la musique.

Flashmag : Au moment que vous décidez de faire de la musique quels sont vos influences, quels genres et quels artistes vous ont le plus influencé ?

Patricia Essong : C’est très particulier pour moi, j’ai des choix très éclectique musicalement parlant. Je fonctionne plus à l’émotion et au ressenti d’une chanson… J’étais très tôt influencée par les comédies musicales indiennes, mon oncle était un inconditionnel fan de Teri Kasam… Mais musicalement je dirais que Miriam Makeba reste une référence pour moi, car elle a su garder la valeur traditionnelle du chant tout en l’exportant à l’international, Nina Simone pour son combat, les deux d’ailleurs, leurs combats tant sur la condition noire que sur les messages universels. Tracy Chapman, Richard Bona, Blick Bassy, Anne Marie Nzié, Lizz Right, Corry Denguemo, Hugh Masekela, Christine and the queens… pour leurs sensibilités musicales. Je suis très attirée par des personnes qui ont un univers et des voix atypiques.

Flashmag : Selon votre biographie votre première tentative d’expression vocale sur scène fut un échec comment avez-vous eu l’audace de recommencer ?

Patricia Essong : Après cet épisode de mon adolescence où un chef d’orchestre m’avait dit que je chantais faux, j’étais très jeune, et j’étais très timide, j’avais 14 ou 15 ans à cet âge-là on ne sait pas trop si on est une fille ou une femme et on va dans des endroits où des personnes partagent les mêmes hobbies que nous, les mêmes passions et donc on va pouvoir s’identifier à eux. Cette tentative de me voir enfin pousser la voix avait donc échoué, dès lors, le chant n’était plus pour moi donc j’ai continué ma danse et mes playbacks et ce fut ainsi.

Arrivée en France comme je vous l’expliquais, j’ai eu le parcours normal de la femme moderne, cependant j’avais la sensation qu’il me manquait quelque chose. J’avais la sensation de n’avoir pas fait ce que je voulais vraiment faire, et quand la trentaine est venue ma frustration augmentait, j’en devenais lunatique. Au travail, j’avais carrément des absences en pleine réunion, je m’imaginais autre part, en train de chanter, de fredonner, je n’arrêtais pas de griffonner des dessins, des textes, des images dans mon cahier de notes, et quand je revenais enfin dans la réunion je me demandais juste ce que je faisais là.

Et puis finalement des événements personnels sont arrivés, et je me suis posée la question de savoir si tout ce que j’avais fait jusque-là était pour réussir ma vie, ou pour réussir dans la vie tout court. Réussir sa vie c’est aller à l’écoute de soi, faire ce qui résonne vraiment en nous et non faire des choses que par nécessité matérielle. Alors j’ai eu comme des flashbacks, j’ai vu ma vie, et tous ses sacrifices, j’ai levé le pied. On va dire que c’était comme une crise de la trentaine mais pour moi ce fut une prise de conscience. Je compris donc que le premier jour de ta vie c’est le jour où tu décides que ta vie t’appartient vraiment. Alors j’ai dit stop. Ok, on m’avait dit que je ne chantais pas comme il faut et bien je vais prendre des cours de chant. Et puis après une fois que je suis retournée à la musique c’est comme si tout se mettait en place, les choses semblaient se connecter, c’est ainsi que j’ai commencé à avoir des propositions, jouer dans un festival en Allemagne, dans des belles salles parisiennes etc. Des choses que je n’avais jamais pensé être capable de faire car je me disais que ce n’était pas pour moi. Une fois que j’ai eu ces signes qui me prouvaient que c’était ma voie et bien j’ai poussé, j’ai continué à travailler jusqu’à présenter ce premier projet musical appelé Soul Of Nü Bantu.

Flashmag : J’ai écouté quelques extraits de votre musique vous chantez en dialectes africains et vous avez fait des reprises de certains grands noms de la musique africaine, pourquoi ?

Patricia Essong : Rires … Pourquoi ?! J’aime beaucoup la question parce qu’on me la pose souvent… Je pense qu’on est tous des êtres humains et qu’il important pour chacun de nous de savoir quelle est sa mission sur terre, d’où le titre d’ailleurs de mon album Soul of Nü Bantu. Soul parce qu’il s’agit de mon âme, qui je suis spirituellement, Nü pour mes questionnements, pour mon renouveau, pour ma renaissance, et Bantu parce que je viens d’Afrique subsaharienne et du Cameroun en particulier et en sachant que le peuple Bantou est assez vaste et que c’est une culture dans laquelle nos grands-parents et nos ancêtres ont baigné… Alors je me suis juste demandé au-delà de faire la musique, car c’est un outil de communication, qu’est-ce que je pouvais apporter de nouveau.

Aujourd’hui quand on dit qu’on est africain ça ne nous définit pas aussi clairement. Etre camerounais nous fait oublier ce que nous étions avant la colonisation. J’ai pensé que si je devais sortir un album en premier, je devais faire ressortir ce que je suis vraiment, faire parler mes racines bantoues à travers ma musique. Originaires d’Egypte ancienne, les bantous furent disséqués arbitrairement pendant l’époque coloniale… C’est vrai, je ne fais pas de sciences politique ou de la géopolitique mais j’ai décidé de m’inspirer des artistes qui viennent de cette région-là, comme Miriam Makeba, Brenda Fassie, Mbilia Bell, ou Bella Below qui sont des musiciennes Bantoues ayant laissé un héritage culturelle important.

Aujourd’hui on a encore tendance à surfer dans l’ère du temps, où on se formate à un modèle économique, à un idéal occidental… Je trouve cela un peu dommage parce que chacun devrait avoir le droit de communiquer sur ses origines, sur sa culture à travers sa musique et sans barrières.

La musique africaine du coup n’est pas assez partagée parce qu’elle reste dans la sphère communautaire et parce qu’on ne lui offre pas aussi une certaine accessibilité notamment dans les radios tv etc. Alors pour le coup, ma mission malgré cela, est de prendre le témoin de ce que nos pères et mères ont laissé et le revaloriser de manière plus globale. J’essaie dans ma démarche d’insuffler une nouvelle vie à ces chansons qui ont marqué des générations précédentes en les faisant découvrir aux nouvelles générations.

Flashmag : On comprend aisément que vous êtes une musicienne engagée dans la revalorisation de la culture africaine cependant pensez-vous que cette voie est porteuse ? On a l’impression que ce n’est pas toujours évident de passer ce message-là, a la génération Android ?

Patricia Essong : Je ne pense pas que l’on devrait se positionner sur le fait que cela soit porteur ou pas, mais comme je le disais précédemment c’est vrai que c’est le musicien commercial sera plus médiatisé parce qu’il créera autour de lui un buzz, un effet du moment, et jackpot. Mais je crois aussi que cette tendance ne suffit pas, les gens ont aussi besoins d’autres choses, d’authenticité, de quelque chose qui parle à leur conscience ou subconscient etc.

Aujourd’hui on a des artistes comme Rokia Traoré, Sona Jobarteh Angélique Kidjo, Richard Bona qui se sont imposés, et on peut dire qu’ils ont une bonne visibilité, et c’est grâce à leur travail de qualité. Et puis ce n’est pas bien grave si tout le monde n’adhère pas à votre musique, cela ne vous empêche de continuer de travailler et de toujours viser la qualité au lieu de la quantité, c’est mon credo.

Flashmag : La musique elle-même peut être sélective comme certains disent il y a des genres pas toujours accessibles à la compréhension de tout le monde. La cuisine interne de votre album comment elle s’est faite ? Avec qui avez-vous travaillé pour cet opus ?

Patricia Essong : Le travail a commencé en juillet 2014, un an et demi auparavant je jouais avec 4 , puis 2 et puis 1 musicien qui m’accompagnait dans les cafés-bars, il y a eu le bassiste Maurice Biyong, et ensuite Jearian Ondo chanteur et guitariste avec qui j’ai chanté pas mal de fois, une très belle rencontre musicale . Plus tard, la magie des rencontres, je tombe sur le guitariste Indy Dibong qui est d’accord pour travailler avec moi dans ce projet. Après mon boulot on se retrouvait chez moi pour bosser jusqu’à ce que tout le répertoire soit réarrangé, la pré-production était prête. Deux autres musiciens se sont joints au projet : Just Wody Cereyron à la contrebasse et Patrick Gorce aux percussions, tous les trois de brillants musiciens qui accompagnent des artistes tels que Tony Allen, Angélique Kidjo … On va dire que je me sentais honoré de les avoir dans ce projet, il n’y a pas de hasard vous savez. Ajouté à cette équipe, Christophe Malherbe qui a posé l’archet dans quelques chansons, et Lulendo un artiste musicien angolais qui a posé son joli likembé fabriqué par lui -même dans une chanson de l’album dont le titre est Oya. Bref cet album est une affaire de rencontres, rien n’était prévu ainsi dès le départ, mais une chose est sûre, c’est qu’il devait être au service de l’émotion.

La version numérique de l’album est sortie le 10 février, et la version physique sortira les 27 mai prochain, et je prépare actuellement le showcase de présentation du projet prévu le 13 juin au Sentier des Halles.

Flashmag : Pourquoi avez-vous commencé par la version numérique ?

Patricia Essong : Parce que nous sommes de plus en plus connectés sur Internet et que les CD se vendent moins, alors que la musique s’écoute, se partage, se télécharge, se stream… Il fallait tenir compte de ce contexte et que ça faisait 3 ans déjà que ceux qui me suivent attendaient que je produise quelque chose... La sortie physique est plus une question de forme, de procédure, et qu’il existe encore des mélomanes attachés à l’aspect visuel, tactile du CD et qu’il est tout aussi important de satisfaire.

Flashmag : Et s’il fallait parler de l’album Soul of Nü Bantu qu’est- ce qu’il représente pour vous ?

Patricia Essong : C’est d’un album de recueil de chansons Bantoues en dehors de Tajabone qui est une chanson en Wolof. Cet album est une invitation à la revalorisation des valeurs africaines aussi bien dans les traditions qui ont tendances à se perdre notamment les langues. Proposer un album ou il y’a du Swahili, du Wolof, du Venda, de l’Ewé, du Yoruba, du Zulu, du Bulu etc. C’est donc montrer la richesse culturelle que regorge ne serait-ce qu’une partie de l’Afrique.

Et d’autre part cet album est une réflexion, un point d’interrogation. C’est une vision erronée de penser que l’Afrique a besoin d’une aide extérieure alors qu’elle est riche de tout et même de ses cultures. A nous enfants d’Afrique de nous en inspirer, de prendre le témoin, aux institutions de faire valoir son image. Pourquoi lorsqu’un étranger vient en Afrique on ne lui impose pas une langue africaine ? Pourtant lorsque l’on va à l’étranger on nous impose bien des langues étrangères et ce même en Afrique. L’Union Africaine est là, il est peut-être temps de se pencher réellement sur la question des langues africaines, il y va de la définition de notre identité et de notre affirmation. Je parle le français mais quelque part j’ai trouvé normal que j’aille me frotter aux langues africaines pour réaliser cet album, et j’ai compris à quel point c’était important, tant d’émotions y sont passée qu’on ne saurait exprimer en français.

Flashmag : En Effet les religions importées en Afrique ont apporté un réel marasme c’est le seul continent où on a l’impression que les gens sont capables de s’entretuer pour les religions qui ne sont pas les leurs à l’origine. Les prophètes les plus importants n’étant pas des enfants du terroir…. Probablement cette inadéquation avec les réalités locales n’aide pas non plus…

Parlant de langues ne pensez-vous pas que le français et l’anglais se sont implantés justement à cause de la richesse linguistique de l‘Afrique car il y’a quelque peu un consensus qui s’est imposé avec le colonialisme il fallait bien que les uns et les autres s’entendent ? Dans un pays comme le Cameroun dont vous êtes originaire il y’a pas moins de 280 langues ne pensez-vous pas qu’avec les égoïsmes tribaux et nationaux il est difficile de trouver une langue africaine qui mettrait tout le monde d’accord ?

Patricia Essong : Je peux comprendre votre logique, mais sauf qu’avant la colonisation on faisait comment ? Même avec les langues étrangères il y a toujours des conflits, les anglophones et les francophones Camerounais ne s’entendent pas toujours. Il ne faut pas toujours voir le conflit qui peut surgir mais plutôt voir la nécessité qu’il y a de converger vers un même idéal, il est important d’avoir au niveau de l’Afrique une vision macro et pas micro. En tout cas si l’on disait qu’il y avait désormais une langue officielle pour l’Afrique, ou encore une langue officielle en Afrique du Nord, du Sud, de l’Est etc. Et que tout le monde se devait de l’apprendre vous pensez que ça ne marcherait pas ? Ou mieux, réorganiser, on a les tendances des langues, notamment les bantous, il y a forcément une langue qui les lie puisqu’elles se ressemblent, on fait cela un peu partout. Ce n’est pas une question de conflit mais une question de priorité, on nous a bien imposé des monnaies. Le problème c’est que, retirer à une population sa langue pour en épouser des langues étrangères, qu’on ne s’étonne pas qu’on manque de repère, ou qu’on a tendance à s’excuser d’être là. Vous savez même en France le français s’est imposé et il y a quand même des langues locales qui ont survécu notamment le breton gaélique et autres. Pareil pour la Chine tout le monde parle le mandarin mais il y a d’autres langues… Il faut clairement une volonté politique et institutionnelle pour atteindre cet objectif.

Flashmag : Pour ce qui est du clivage entre francophone et anglophone dans votre pays le Cameroun je vous invite à lire un éditoriale que notre équipe a écrit il y a quelques mois sur ce fléau vous serez conforté dans vos positions. On dit souvent qu’une vie sans cause est une vie sans effet quels sont vos idéaux de société ?

Patricia Essong : Je pense qu’au lieu de faire prévaloir nos différences les uns sur les autres il est important de créer des ponts des réseaux d’échanges, des réconciliations. Je n’ai pas un idéal qui définirait les individus en leur disant ce qu’ils devraient faire, mais je pense que chaque être humain sur terre y est pour une raison, à nous de découvrir notre mission et de la mener à bien. Je pense que l’humain doit être au centre de nos préoccupations, la solidarité comme prône les valeurs africaines et surtout cultiver la tolérance.

L’actualité de nos jours est d’ailleurs là pour nous le rappeler. Au lieu de cultiver la tolérance on cultive trop la différence et la haine de l’autre. En même temps pendant que l’on se plaint de nos politiques il est important de nous rappeler que c’est à nous d’être le changement que nous voulons voir. Il est plus facile de se changer soi-même que d’essayer de changer les autres… On se plaint de l’Etat, de nos dirigeants pourtant ces personnes sont comme nous, mais avec un titre en plus. Si nous, nous ne changeons pas, il y a des fortes chances que si on nous met à la place de ces dirigeants-là demain, nous ferons la même chose. Je me suis engagée dans une association appelée O.S.E.R. L’Afrique où nous avons décidé de faire bouger les choses en apportant notre soutien localement à travers des séminaires, des formations, pour accompagner des jeunes en milieu urbain et rural qui sont de plus en nombreux à s’engager sur la voie de l’entrepreneuriat mais qui n’ont pas forcément les outils nécessaires pour pérenniser leurs activités.

Saviez-vous par exemple qu’en France, la SACEM qui protège les droits d’auteurs a été créée par des personnes ayant décidé qu’il fallait changer les choses ? Idem, la Sécurité Sociale qui fait l’orgueil d’un pays comme la France aujourd’hui, ces sont des personnes lambda qui se sont réunies au départ. Donc il est important que chacun mette la main à la pâte, au lieu d’attendre que d’autres fassent pour nous ce que nous voulons. Nos petites actions d’aujourd’hui peuvent devenir de très grandes demain.

Flashmag : Pour revenir un peu votre album Soul of Nu Bantu quels sont les objectifs que vous avez fixé à cet album ?

Patricia Essong : Le faire connaitre, et pour ce faire il faudra faire beaucoup de scènes, concerts, festival, … et voyager aux quatre coins du monde et propager la bonne nouvelle pourquoi pas (rires).

Flashmag : Au moment de clore cette interview avez-vous un mot pour le public ?

Patricia Essong : Et bien je dirais comme Frantz Fanon que chaque génération doit découvrir sa mission la remplir ou la trahir. Je ne sais pas si être chanteuse aujourd’hui et passer ce message de revalorisation de notre culture est ma mission mais ce dont je suis sûre, c’est que, ce que je fais aujourd’hui va clairement m’y conduire. Je dirais donc à tout un chacun de se poser cette question, de ne pas abandonner ses rêves même si les réalités sociales vont souvent faire passer en second plan nos ambitions, il faut trouver des solutions de contournement, mais surtout ne pas lâcher, vous n’aurez pas une deuxième occasion d’être vous dans cette vie.

Flashmag : Patricia Essong Flashmag et son lectorat vous disent merci pour cet entretien.

Patricia Essong : C’est moi qui vous remercie c’est très sympa de votre part.

Video Boya Ye

Propos Receuillis par Hubert Marlin

Journaliste


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