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Lilith première femme d’Adam, pionnière du féminisme


L’idéologie de l’égalité entre l’homme et la femme serait -elle née, dans le jardin d’Éden ? En tout cas beaucoup de textes anciens exclus de la bible, parlent d’une création simultanée à partir de la poussière d’Adam et de sa compagne. Création simultanée qui serait à la base de la première revendication d’égalité de la part de la gent féminine. Dans le Sepher ha-Zohar ou Livre de la Splendeur, œuvre maitresse de la Kabbale rédigé au 13 e siècle par Moise de Léon, et l’alphabet Ben Sirah, une compilation d’écrits réunis au moyen âge, l’histoire de la première femme rebelle que le monde ait jamais connu est relatée. Ces écrits qui s’inspirent des récits de l’antiquité, font de Lilith la première femme d’Adam avant Ève.

La bible dans la genèse en ses chapitre 1 : 27 elle aussi en parle, sans vraiment en spécifier de quelle femme il s‘agit, en stipulant que, Dieu créa l’homme à son image mâle et femelle il les créa. Ce passage de la genèse peut clairement être interprété comme une création simultanée des humains de sexe masculin et féminin. Cependant toujours dans la même genèse une autre création concernant exclusivement la femme est décrite au chapitre 2 : 21-22. Car il est stipulé que Dieu fit tomber Adam dans un sommeil profond et pendant qu’il dormait il prit l’une de ses cotes pour en faire une femme et cette femme-là, serait Ève qui en fait serait la seconde femme d’Adam après que Lilith, la première épouse se rebella contre l’autorité de son mari Adam et quitta le Jardin d’Éden.

La rébellion de Lilith dans les textes anciens est intimement liée à l’égalité, selon ces écrits antédiluviens, le péché originel serait plutôt la rébellion originelle de Lilith, qui aura de lourdes conséquences sur l’humanité.

Ces textes soutiennent une version inédite des faits en précisant qu’Adam aurait demandé à Lilith de se mettre en dessous de lui pendant l’acte sexuel, celle-ci refusa en faisant valoir son égalité rappelant, à Adam qu’il avait été créé au même moment qu’elle et de la même poussière, par Dieu.

Outrée par les velléités dominatrices d’Adam, Lilith quittera le jardin d’Éden et prononcera les quatre lettres sacrées du nom de Dieu, un nom que personne n’avait jamais eu l’audace de prononcer. Après avoir prononcé ces mots sacrés elle aurait obtenu un pouvoir monumental les ailes lui poussèrent au dos et elle s’envola vers les cieux.

Le récit de Ben Sirah continu en disant que 3 anges furent dépêchés par Dieu lui-même pour convaincre Lilith de rejoindre le foyer conjugal du jardin d’Éden. Lilith refusa de s’exécuter alors Dieu lui fit dire par ses anges : « Si elle accepte de retourner vers son mari c’est bien, sinon elle devra désormais permettre que 100 de ses enfants meurent tous les jours ». Ainsi naquit la mort pour l’humanité, par la rébellion originelle, et non par la consommation du fruit défendu. Par ce que la première mère de l’humanité, malgré la mise en demeure de Dieu, refusa de retourner vers son mari, les humains devaient désormais vivre et mourir tous les jours . Cette histoire qui parait invraisemblable à cause de l’imagerie populaire et des conceptions défendues par la liturgie biblique, évoque une interrogation. Comment Lilith aurait perdu des enfants sans être mariée avec le seul homme avec qui elle aurait pu s’accoupler, en la personne d’Adam qu’elle venait de quitter ? La réponse se trouve probablement dans les nouvelles découvertes de la science qui soutiennent la théorie selon laquelle les femmes à l’origine auraient été capables à elles seules de procréer. les glandes de Bartholin qui aujourd’hui sont responsables de l’éjaculation féminine en produisant de la cyprine en effet aurait joué jadis le rôle de testicules internes produisant assez de spermatozoïde pour féconder les ovules. Si cette théorie est prouvée la science cartésienne corroborerait ainsi l’histoire ancienne, prouvant que Lilith aurait bien pu avoir les enfants toute seule. Cependant d’autres textes anciens accusent Lilith d’avoir eu une idylle avec le prince des ténèbres, avec qui elle aurait eu des enfants. Mais là encore si elle était vraiment déjà liée au prince des ténèbres la mise en demeure de Dieu quand à la perte de ses enfants ne parle que de son refus d’obtempérer à l’autorité de son époux, sans relever le fait qu’elle aurait trompé son mari avec le cornu. Avait-elle déjà un autre amant au moment de quitter le jardin d’Éden, où est-ce qu’elle se refugia après avoir quitté son mari? s’envoler vers les cieux après avoir prononcé le nom de Dieu reste vague… a-t-elle été en plus de sa rébellion, séduite et détournée de son époux par le Diable ? En tous cas les textes restent muets. Cependant La thèse du péché d’Adam communément appelé péché originel est mieux définie dans la genèse biblique, en mettant en exergue l’exclusion du Jardin d’Éden avec la rencontre du serpent par Ève, et ce qui s’ensuivit. Le terme biblique péché d’Adam quant à lui se rapporte à toute l’humanité car en hébreux ancien, Adam signifie aussi bien l’être humain de sexe que masculin que tous les Hommes.

Le livre de la genèse reste anonyme, même si Les traditions juives et chrétiennes l’attribuent à Moïse, les recherches exégétiques, archéologiques et historiques tendent à prouver, au vu des nombreux anachronismes, redondances et variations que porte le texte, que ce livre a été écrit par plusieurs personnages entres les 8e et 2e siècles avant Jésus Christ. Aussi on doit la tentative de concordance des différentes histoires sacrées entre le 8 e et 10e siècles grâce à une réécriture des textes basée sur le Midrash. Traditionnellement la compréhension du texte biblique est divisée entre le pshat (sens littéral), le remez (sens allusif), le drash (exégèse) et le sod (mystique). Le Midrash se concentre sur le remez et plus encore sur le drash. Il recourt à des procédés rhétoriques tels que l'allégorie, la métaphore, la concordance, l'analogie, et la gématrie qui est l’addition du nombre des lettres et des phrases pour interpréter les textes sacrés. Au sortir de cet exercice théologique, Lilith fut identifiée comme la première épouse d’Adam dans des livres qui ne font pas hélas partie de la bible chrétienne.

Selon ces textes la demonisation de Lilith viendra plus tard avec la création par Dieu d’une autre femme pour Adam comme la genèse en son chapitre 2 : 21-22 le stipule.

Selon le Zohar et le Ben Sirah, jalouse, Lilith qui désormais s’était vue remplacée par Ève entrera dans une colère énorme devenant le mal pour infliger des souffrances horribles à la descendance d’Adam, dont les douleurs de l’enfantement. Elle deviendra une succube, un vampire molestant et séduisant les jeunes gens les entrainant à la perdition, hantant les femmes et les hommes, tuant les nouveaux nés (le ruban rouge de la Kabbale serait noué autour des bras des nouveaux nés et des adultes pour les protéger du mal) ,ayant les rapports sexuels aussi bien avec les hommes que les femmes elle serait ainsi la première lesbienne avant la poétesse grec Sappho de l’iles de Lesbos. Le lesbianisme ésotérique de notre époque qui est intimement lié au féminisme qui a été vulgarisé à partir des loges hermétiques lui rend hommage dans plusieurs cérémonies secrètes.

Lilith, n’est que mentionnée une seule fois dans l’ancien testament dans Isaïe 34,14 les traducteurs de la bible de Jérusalem dans Job 18, 15 feront référence à elle. Elle prend cependant souvent le nom de Lamia, et est considérée comme une créature nocturne. Lilith que l’on appelle aussi Leila, Reste cependant très ancienne, car elle est clairement citée dans plusieurs mythologies antiques. Ses sculptures, ses images et des textes se référant à elle, ont été retrouvés dans l’Égypte antique à Sumer en Babylonie et en Grèce. Les Babyloniens en occurrence parlent d’elle comme d’une femme d’une beauté extrême représentée en compagnie des hiboux qui sont les oiseaux par excellence de la sorcellerie. En occident les sociétés secrètes comme le très hermétique club bohémien lui rend aussi hommage, en mimant pendant ses rituels le sacrifice d’un enfant devant l’effigie d’un hibou. Dans la tradition orale en Afrique du nord et spécialement au Maroc un personnage très populaire qui reprend ses caractéristiques dans l’imagerie islamo-mystique est celui d’Aicha Kandisha, une grande séductrice que l’on ne peut rencontrer que la nuit, elle ne s’attaque qu’aux célibataires et peut semer la zizanie dans la vie des couples en créant mésentente, maladie impuissance sexuelle et stérilité. Elle est en même temps la sorcière dont il faut craindre, la maitresse idéale au mille charmes, et la patriote de première heure puis qu’elle aurait combattu les colons portugais. En Afrique au sud du Sahara, là où le hibou est tout aussi le spectre par excellence de la sorcellerie, dans l’ethnie Nanga du sud Cameroun qui selon la légende aurait maîtrisé l’art d’orienter l’énergie du tonnerre contre des ennemies coupables, les anciens admettent volontiers dans les causeries éducative le soir au village que la première de toutes les sorcières que le monde ait jamais connu fut une femme à la beauté envoutante qui bien sur avait le pouvoir de se transformer en hibou la nuit.

Hubert Marlin Elingui Jr.

Journaliste écrivain


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